[55,18] καὶ οὐ λέγω τοῦτο ὅτι δεῖ πάντων ἁπλῶς τῶν ἀδικούντων φείδεσθαι,
ἀλλ´ ὅτι τὸν μὲν ἴτην καὶ πολυπράγμονα καὶ κακοήθη καὶ κακόβουλον
καὶ ἀνηκέστῳ τινὶ καὶ διαρκεῖ πονηρίᾳ συνόντα ἐκκόπτειν ὥσπερ
που καὶ τὰ πάνυ ἀνίατα μέρη τῶν σωμάτων, τῶν δὲ δὴ ἄλλων
ὅσοι τι νεότητι ἢ ἀμαθίᾳ ἢ ἀγνοίᾳ ἢ καὶ ἑτέρᾳ τινὶ συντυχίᾳ οἱ μὲν
ἑκόντες οἱ δὲ καὶ ἄκοντες ἁμαρτάνουσιν, τοὺς μὲν λόγοις νουθετεῖν,
τοὺς δὲ ἀπειλαῖς σωφρονίζειν, τοὺς δὲ καὶ ἕτερόν τινα τρόπον
μετρίως πως μεταχειρίζεσθαι, καθάπερ καὶ ἐπὶ τῶν τἆλλα
- - - τοὺς μὲν μείζοσι τοὺς δὲ ἐλάττοσι πάντες κολάζουσιν.
ὥστε καὶ τὰ κατὰ τούτους ἀκινδύνως μετριάζειν ἔξεστί
σοι, τοὺς μὲν φυγῇ τοὺς δὲ ἀτιμίᾳ τοὺς δὲ χρήμασι ζημιοῦντι,
ἑτέρους ἐς χωρία ἑτέρους ἐς πόλεις τινὰς κατατιθεμένῳ. καὶ ἤδη
γέ τινες καὶ ὑπὸ τοῦ μὴ τυχεῖν ὧν ἤλπιζον καὶ ὑπὸ τοῦ διαμαρτεῖν
ὧν ἐφίεντο ἐσωφρονίσθησαν. ἕδραι τε ἄτιμοι καὶ στάσεις
ἐπονείδιστοι τό τε προλυπηθῆναι καὶ τὸ προφοβηθῆναι συχνοὺς
βελτίους ἐποίησε· καίτοι καὶ ἀποθανεῖν ἕλοιτ´ ἄν τις εὖ τε γεγονὼς
καὶ ἀνδρεῖος ὢν ἢ τοιοῦτό τι παθεῖν. ἐξ οὖν τούτων ἐκείνοις
μὲν οὐδὲν ῥᾴων ἡ τιμωρία, ἀλλὰ καὶ χαλεπωτέρα γίγνοιτ´ ἄν, ἡμῖν
δὲ δὴ τὸ μήτε τινὰ ἐπηγορίαν ἔχειν καὶ ἀσφαλῶς ζῆν ὑπάρξειεν.
ὡς νῦν γε πολλοὺς μὲν - - - πολλοὺς δὲ ἐπιθυμίᾳ χρημάτων,
ἄλλους ἀνδρείας φόβῳ καὶ μάλα ἄλλους ἀρετῆς τινος φθόνῳ κτείνειν
δοκοῦμεν. οὐδεὶς γὰρ ῥᾳδίως πιστεύει ὅτι τις ἔν τε ἐξουσίᾳ
καὶ ἐν δυνάμει τοσαύτῃ ὢν ὑπ´ ἰδιώτου τινὸς ἀόπλου ἐπιβουλευθῆναι
δύναται, ἀλλ´ οἱ μὲν ταῦτα λογοποιοῦσιν, οἱ δὲ ὅτι ψευδῆ
πολλὰ ἀκούομεν καὶ πολλοῖς μάτην ὡς καὶ ἀληθέσι προσέχομεν.
τοὺς γάρ τοι διοπτεύοντάς τε καὶ ὠτακουστοῦντας τὰ τοιαῦτα,
τοὺς μὲν ἔχθρᾳ τοὺς δὲ ὀργῇ, ἄλλους ἀργύριον παρὰ τῶν ἐχθρῶν
αὐτῶν λαβόντας, ἄλλους παρ´ αὐτῶν ἐκείνων μὴ λαβόντας, πολλὰ
καὶ ψευδῆ σκευωρεῖσθαί φασιν, οὐ μόνον ὅτι τι δεινὸν ἔπραξάν
τινες ἢ καὶ ποιήσειν μέλλουσι λέγοντας, ἀλλὰ καὶ ὅτι ὁ μὲν ἐφθέγξατο
τοιόνδε τι, ὁ δὲ ἀκούσας ἐσιώπησεν, ἄλλος ἐγέλασεν, ἄλλος ἐδάκρυσεν.
| [55,18] Je ne prétends pas dire pour cela qu'il faille
épargner tous tes coupables indistinctement : l'homme
audacieux, inquiet, de moeurs et de desseins pervers,
dont la maladie est incurable et continuelle, doit être
retranché comme on retranche les parties du corps qui
ne sauraient être guéries : parmi ceux, au contraire,
dont les fautes, volontaires chez ceux-ci, involontaires
chez ceux-là, sont le résultat de la jeunesse, ou
de l'inexpérience, ou de l'ignorance, ou d'un concours
quelconque de circonstances fortuites, il faut adresser
aux uns des paroles de reproche, ramener les autres
par des menaces, traiter un autre avec une certaine
mesure ; il faut, comme tout le monde le fait pour les
enfants, appliquer des peines ici plus grandes, là
plus faibles. Il est donc en ton pouvoir, dans les conjonctures
actuelles, de montrer de la modération
sans danger en infligeant aux uns l'exil, aux autres
l'infamie, à d'autres une amende pécuniaire, en reléguant
ceux-ci dans certains pays, ceux-là dans certaines villes.
Quelques-uns même se sont corrigés
pour n'avoir pas obtenu ce qu'ils espéraient et pour
avoir échoué dans leurs entreprises. Une place ignominieuse,
une résidence infamante, la douleur et
la crainte préalablement éprouvées, en ont ramené
un grand nombre à la vertu; car un homme
bien né, un homme courageux préférerait mourir
plutôt que de subir un pareil affront. Aussi le
supplice, loin de rien faciliter, ne ferait ici qu'aggraver
les choses; nous n'y trouverions pas une
excuse, et il ne nous offrirait aucune sûreté pour
notre vie. Aujourd'hui on se persuade que nous
faisons mourir un grand nombre de citoyens ...,
ceux-là par convoitise de leurs biens, d'autres par
crainte de leur courage, et bien d'autres encore par
jalousie pour quelque mérite. On a peine à croire qu'un
homme possédant une telle puissance et une telle
autorité puisse être attaqué par un particulier sans
armes : c'est un bruit que les uns propagent, tandis
que d'autres prétendent que nous écoutons beaucoup
de faux rapports, et que nous les accueillons
légèrement comme s'ils étaient véridiques. Ceux,
en effet, ajoutent-ils, qui voient de telles choses
et qui les entendent de leurs oreilles, poussés les uns
par la haine, les autres par la colère, d'autres, parce
qu'ils ont reçu de l'argent des ennemis de ceux qu'ils
accusent, d'autres parce qu'ils n'en ont point reçu de
leurs victimes, accumulent une foule d'accusations mensongères :
ce ne sont pas seulement les citoyens coupables
d'avoir formé ou même médité une entreprise
criminelle qu'ils dénoncent; d'autres encore, d'après
ces délations, sont coupables, celui-ci d'avoir tenu
certains propos, celui-là, d'avoir, en les entendant,
gardé le silence, tel d'avoir ri, tel d'avoir pleuré. »
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