HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LII

Chapitre 8

  Chapitre 8

[52,8] ἔτι τοίνυν πολλοὶ χωρὶς τῶν τι ἀδικούντων, οἱ μὲν γένει οἱ δὲ πλούτῳ οἱ δὲ ἑτέρῳ τινὶ ἐπαιρόμενοι, ἄλλως μὲν οὐ κακοὶ ἄνδρες, τῇ δὲ δὴ προαιρέσει τῇ τῆς μοναρχίας ἐναντίοι φύονται· καὶ αὐτοὺς οὔτ´ αὔξεσθαί τις ἐῶν ἀσφαλῶς δύναται ζῆν, οὔτ´ αὖ κολούειν ἐπιχειρῶν δικαίως τοῦτο ποιεῖν. τί ποτ´ οὖν τούτοις χρήσῃ; πῶς αὐτοὺς μεταχειρίσῃ; ἂν μὲν γὰρ τά τε γένη σφῶν καθέλῃς καὶ τοὺς πλούτους ἐλαττώσῃς τά τε φρονήματα ταπεινώσῃς, οὐδεμίαν ἂν εὔνοιαν παρὰ τῶν ἀρχομένων λάβοις· πῶς γάρ, εἰ μήτε γεννηθῆναί τῳ καλῶς μήτε πλουτῆσαι δικαίως, μήτ´ ἰσχυρῷ μήτ´ ἀνδρείῳ μήτε συνετῷ γενέσθαι ἐξείη; ἂν δὲ ἐάσῃς ταῦθ´ ὡς ἕκαστα αὔξειν, οὐκ ἂν ῥᾳδίως αὐτὰ διάθοιο. καὶ γὰρ εἰ αὐτὸς μόνος πρός τε τὸ τὰ πολιτικὰ καὶ πρὸς τὸ τὰ πολεμικὰ καλῶς καὶ κατὰ καιρὸν πράττειν ἐξήρκεις, καὶ μηδενὸς συνεργοῦ πρὸς μηδὲν αὐτῶν ἔχρῃζες, ἕτερος ἂν ἦν λόγος· νῦν δὲ πᾶσά σε ἀνάγκη συναγωνιστὰς πολλούς, ἅτε τοσαύτης οἰκουμένης ἄρχοντα, ἔχειν, καὶ προσήκει που πάντας αὐτοὺς καὶ ἀνδρείους καὶ φρονίμους εἶναι. οὐκοῦν ἂν μὲν τοιούτοις τισὶ τά τε στρατεύματα καὶ τὰς ἀρχὰς ἐγχειρίζῃς, κίνδυνος ἔσται καὶ σοὶ καὶ τῇ πολιτείᾳ καταλυθῆναι· οὐ γὰρ ἔστιν οὔτ´ ἄνευ φρονήματος ἀξιόλογον ἄνδρα φῦναι, οὔτ´ αὖ φρόνημα μέγα λαβεῖν ἐκ δουλοπρεποῦς ἐπιτηδεύσεως, οὐ μὴν οὐδὲ φρονηματίαν γενόμενον μὴ οὐκ ἐλευθερίας ἐπιθυμῆσαι καὶ πᾶν τὸ δεσπόζον μισῆσαι. ἂν δὲ δὴ τούτοις μὲν μηδὲν ἐπιτρέπῃς, τοῖς δὲ δὴ φαύλοις καὶ τοῖς τυχοῦσι τὰ πράγματα προστάσσῃς, τάχιστα μὲν ἂν ὀργὴν παρ´ ἐκείνων ὡς ἀπιστουμένων λάβοις, τάχιστα δ´ ἂν ἐν τοῖς μεγίστοις πταίσειας. τί μὲν γὰρ ἂν ἀγαθὸν ἀμαθὴς ἀγεννὴς ἄνθρωπος ἐργάσαιτο; τίς δ´ οὐκ ἂν καταφρονήσειεν αὐτοῦ τῶν πολεμίων; τίς δ´ ἂν πειθαρχήσειέν οἱ τῶν συμμάχων; τίς δ´ οὐκ ἂν καὶ αὐτῶν τῶν στρατιωτῶν ἀπαξιώσειεν ὑπὸ τοιούτου τινὸς ἄρχεσθαι; καὶ μὴν ὅσα ἐκ τούτου κακὰ γίγνεσθαι πέφυκε, τὰ μὲν ἄλλα οὐδὲν δέομαί σοι σαφῶς εἰδότι διηγεῖσθαι, ἐκεῖνο δὲ δὴ μόνον ἀναγκαίως ἐρῶ, ὅτι ἂν μὲν μηδὲν δέον τοιοῦτος πράττῃ, πολὺ πλείω ἄν σε τῶν πολεμίων βλάψειεν, ἂν δέ τι τῶν προσηκόντων ποιῇ, καὶ αὐτὸς ἄν σοι φοβερὸς ἐκφρονήσας ὑπ´ ἀπαιδευσίας γένοιτο. [52,8] « Même en dehors de ceux qui se rendent coupables de quelque délit, il y a beaucoup de citoyens, fiers, les uns de leur naissance, les autres de leur richesse, ceux-là de quelque autre avantage, hommes d'ailleurs honorables, mais naturellement opposés au principe monarchique. On ne saurait, ni, en les laissant s'élever, vivre en sûreté ; ni, en essayant de les en empêcher, agir avec justice. Comment en useras-tu avec eux ? Comment les gagneras-tu ? Enlever le prestige de leur noblesse, diminuer leurs richesses, abaisser leur fierté, c'est le moyen de n'obtenir aucune bienveillance de ceux à qui tu commandes. Comment, en effet, en obtenir, s'il n'est permis à personne ni d'avoir une origine illustre, ni de s'enrichir par des moyens justes, ni d'être fort, brave ou intelligent? Et cependant, si tu laisses ces qualités se développer séparément, tu ne les régleras qu'avec peine. En effet, si tu suffisais toi-même à exécuter bien et en temps opportun les travaux civils et militaires, et que, pour aucun d'eux, tu n'eusses besoin d'aucun aide, je te tiendrais un autre langage ; mais il est de toute nécessité que tu aies beaucoup de gens pour te seconder, attendu la grandeur de cette portion de l'univers à laquelle tu commandes, et il convient qu'ils soient tous braves et intelligents. Si donc tu confies à de tels hommes les légions et les charges, tu seras en danger d'être renversé, toi et ton gouvernement; car il n'est pas possible qu'un homme de mérite naisse sans élévation dans les sentiments, ni qu'il puise une grande élévation de sentiments dans une éducation servile; il n'est pas possible, non plus, que, rempli de sentiments élevés, il ne désire pas la liberté, et qu'il ne haïsse pas tout pouvoir despotique. Si tu ne confies rien à ces hommes-là, et que tu mettes à la tête des affaires des hommes sans valeur et les premiers venus, tu ne tarderas pas à irriter contre toi les autres par cette méfiance ; tu ne tarderas pas à échouer dans les plus grandes en- treprises, Car que pourrait faire de bien un homme sans instruction et sans naissance ? Quel ennemi ne le mépriserait ? Qui, même parmi les soldats, ne refuserait d'être commandé par un tel chef? Les maux qui en sont la suite naturelle, il n'est nul besoin que je te les expose, tu les connais suffisamment; mais il est une chose que je suis obligé de dire, c'est qu'un tel homme, s'il ne faisait rien de ce qu'il faut, te causerait beaucoup plus de tort que les ennemis; et que, s'il faisait quelque chose d'utile, il te deviendrait bientôt lui-même redoutable, l'esprit égaré par le manque d'instruction.


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Dernière mise à jour : 28/09/2006