[52,9] οὐ μέντοι καὶ ταῖς δημοκρατίαις τοιοῦτό τι πρόσεστιν, ἀλλ´
ὅσῳ ἂν πλείους καὶ πλουτῶσι καὶ ἀνδρίζωνται, τόσῳ μᾶλλον αὐτοί
τε φιλοτιμοῦνται καὶ τὴν πόλιν αὔξουσι, καί σφισι καὶ ἐκείνη κέχρηται
καὶ χαίρει, πλὴν ἄν τις τυραννίδος ἐπιθυμήσῃ· τοῦτον γὰρ
ἰσχυρῶς κολάζουσι. καὶ ὅτι ταῦθ´ οὕτως ἔχει καὶ πολλῷ κρείττους
αἱ δημοκρατίαι τῶν μοναρχιῶν εἰσι, δηλοῖ μὲν καὶ τὸ Ἑλληνικόν·
τέως μὲν γὰρ οὕτως ἐπολιτεύοντο, οὐδὲν μέγα κατέπραξαν, ἐπειδὴ
δὲ ἐκείνως ζῆν ἤρξαντο, ὀνομαστότατοι ἐγένοντο· δηλοῖ δὲ καὶ τὰ
τῶν ἄλλων ἀνθρώπων, ὧν οἱ μὲν ἐν τυραννίσι καὶ νῦν ἔτι διαγόμενοι
ἀεί τε δουλεύουσι καὶ ἀεὶ τοῖς ἄρχουσιν ἐπιβουλεύουσιν, οἱ δὲ δὴ
προστατείαις ἐπετησίοις ἢ καὶ ἐπὶ πλείω τινὰ χρόνον χρώμενοι καὶ
ἐλεύθεροι καὶ αὐτόνομοι διατελοῦσιν ὄντες. ἀλλὰ τί δεῖ ἡμᾶς ἀλλοτρίοις
παραδείγμασιν οἰκεῖα ἔχοντας χρῆσθαι; ἡμεῖς γὰρ αὐτοὶ
οἱ Ῥωμαῖοι ἄλλως τὸ πρῶτον πολιτευόμενοι, ἔπειτα ἐπειδὴ πολλὰ
καὶ δεινὰ ἐπάσχομεν, τῆς τε ἐλευθερίας ἐπεθυμήσαμεν καὶ λαβόντες
αὐτὴν πρὸς τοσοῦτον ὄγκον προήλθομεν, οὐκ ἄλλοις τισὶν ἢ τοῖς
ἐκ τῆς δημοκρατίας ἀγαθοῖς ἰσχύσαντες, ἐξ ὧν ἥ τε γερουσία
προεβούλευε καὶ ὁ δῆμος ἐπεκύρου τό τε στρατευόμενον προεθυμεῖτο
καὶ τὸ στρατηγοῦν ἐφιλοτιμεῖτο. ὧν οὐδὲν ἂν ἐν τυραννίδι
πραχθείη. ἀμέλει τοσοῦτον αὐτῆς διὰ ταῦτα μῖσος οἱ πάλαι Ῥωμαῖοι
ἔσχον ὥστε καὶ ἐπάρατον τὸ πολίτευμα ποιήσασθαι.
| [52,9] « Dans un gouvernement populaire, un pareil
inconvénient n'a pas lieu ; au contraire, plus grand
est le nombre des citoyens riches et braves, plus les
citoyens eux-mêmes conçoivent d'émulation et assurent
la grandeur de l'Etat. L'Etat s'en sert et s'en
applaudit, excepté lorsque quelqu'un aspire à la tyrannie ;
celui-là, on le punit sévèrement.
La vérité de mes paroles et la supériorité du gouvernement
populaire sur la monarchie sont prouvés par l'histoire de la
Grèce : tant qu'ils eurent cette dernière forme de gouvernement,
les Grecs n'accomplirent aucune grande action ;
mais, quand ils eurent commencé à vivre sous l'autre régime,
ils acquirent une renommée incomparable.
Ce qui le montre aussi, ce sont les annales des autres peuples :
ceux qui sont aujourd'hui encore soumis à des tyrans sont toujours
esclaves, et toujours dressent des embûches à leurs chefs ;
tandis que ceux chez qui les dignités durent un an ou même un
temps plus long, continuent à jouir de la liberté et de l'indépendance.
Mais qu'avons-nous besoin de nous réduire
à des exemples étrangers, quand nous en avons dans
notre propre patrie ? Nous-mêmes, Romains, qui
avions d'abord un gouvernement différent, nous avons,
dans la suite, après de nombreuses calamités, désiré la
liberté, et, l'ayant conquise, nous sommes arrivés à
cette hauteur sans autre force que les avantages d'un
gouvernement populaire, où les mesures étaient proposées
par le sénat, ratifiées par le peuple, où l'on
recherchait avec empressement le service militaire,
et où l'on ambitionnait le commandement. Rien de
tout cela n'aurait pu se produire sous le règne de la
tyrannie. Aussi les anciens Romains eurent-ils pour
elle une haine si grande qu'ils ont déclaré exécrable
cette forme de gouvernement. »
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