[51,14] καὶ τὸ μὲν σαφὲς οὐδεὶς οἶδεν ᾧ τρόπῳ διεφθάρη· κεντήματα γὰρ
λεπτὰ περὶ τὸν βραχίονα αὐτῆς μόνα εὑρέθη· λέγουσι δὲ οἱ μὲν ὅτι ἀσπίδα
ἐν ὑδρίᾳ ἢ καὶ ἐν ἄνθεσί τισιν ἐσκομισθεῖσάν οἱ προσέθετο, οἱ δὲ
ὅτι βελόνην, ᾗ τὰς τρίχας ἀνεῖρεν, ἰῷ τινι, δύναμιν τοιαύτην ἔχοντι
ὥστε ἄλλως μὲν μηδὲν τὸ σῶμα βλάπτειν, ἂν δ´ αἵματος καὶ
βραχυτάτου ἅψηται, καὶ τάχιστα καὶ ἀλυπότατα αὐτὸ φθείρειν,
χρίσασα τέως μὲν αὐτὴν ἐν τῇ κεφαλῇ ἐφόρει ὥσπερ εἰώθει, τότε
δὲ προκατανύξασά τι τὸν βραχίονα ἐς τὸ αἷμα ἐνέβαλεν. οὕτω
μέν, ἢ ὅτι ἐγγύτατα, μετὰ τῶν δύο θεραπαινῶν ἀπώλετο· ὁ γὰρ
εὐνοῦχος ἅμα τῷ συλληφθῆναι αὐτὴν τοῖς τε ἑρπετοῖς ἑαυτὸν
ἐθελοντὴς παρέδωκε, καὶ δηχθεὶς ὑπ´ αὐτῶν ἐς σορὸν προπαρεσκευασμένην
οἱ ἐσεπεπηδήκει. ἀκούσας δὲ ὁ Καῖσαρ τὴν τελευτὴν
αὐτῆς ἐξεπλάγη, καὶ τό τε σῶμα αὐτῆς εἶδε, καὶ φάρμακα αὐτῷ
καὶ ψύλλους, εἴ πως ἀνασφήλειε, προσήνεγκεν. οἱ δὲ δὴ ψύλλοι
οὗτοι ἄνδρες μέν εἰσι (γυνὴ γὰρ οὐ γίγνεται ψύλλα), δύνανται δὲ
πάντα τε ἰὸν παντὸς ἑρπετοῦ παραχρῆμα, πρὶν θνήσκειν τινά,
ἐκμυζᾶν, καὶ αὐτοὶ μηδὲν ὑπὸ μηδενὸς αὐτῶν δηχθέντες βλάπτεσθαι.
φύονται δὲ ἐξ ἀλλήλων, καὶ δοκιμάζουσι τὰ γεννηθέντα
ἤτοι μετ´ ὄφεών που εὐθὺς ἐμβληθέντα, ἢ καὶ τῶν σπαργάνων
αὐτῶν ἐπιβληθέντων τισίν· οὔτε γὰρ τῷ παιδίῳ τι λυμαίνονται,
καὶ ὑπὸ τῆς ἐσθῆτος αὐτοῦ ναρκῶσι. τοῦτο μὲν τοιοῦτόν
ἐστιν, ὁ δὲ δὴ Καῖσαρ μηδένα τρόπον ἀναβιώσασθαι τὴν Κλεοπάτραν
δυνηθεὶς ἐκείνην μὲν καὶ ἐθαύμασε καὶ ἠλέησεν, αὐτὸς
δὲ ἰσχυρῶς ἐλυπήθη ὡς καὶ πάσης τῆς ἐπὶ τῇ νίκῃ δόξης ἐστερημένος.
| [51,14] Personne ne sait au juste comment elle périt; on
ne trouva que de légères piqûres à son bras. Quelques-uns
rapportent qu'elle y appliqua un aspic qui lui avait
été apporté soit dans une aiguière, soit parmi des fleurs ;
d'autres, qu'elle avait une aiguille, avec laquelle elle
relevait ses cheveux, enduite d'un venin, dont la subtilité
était telle que, sans faire aucun mal au corps, si
peu qu'il fût mis en contact avec le sang, il causait
une mort prompte et exempte de douleur, aiguille
qu'elle portait constamment à sa tête, suivant la coutume,
et qu'alors, après s'être préalablement fait une
piqûre, elle enfonça jusqu'au sang. Telle est la vérité,
ou du moins ce qui en approche le plus, sur la manière
dont elle périt avec ses deux femmes : car l'eunuque,
dès que sa maîtresse fut saisie, s'était livré lui-même
volontairement aux reptiles, et, mordu par eux, s'était
élancé dans un cercueil qu'il s'était préparé.
César, à la nouvelle de la mort de Cléopâtre, fut frappé de
douleur; il visita son corps, fit venir des remèdes et des
Psylles, pour tâcher de la sauver. Les Psylles sont des
hommes (il ne naît aucune femme Psylle) ; ils peuvent,
sur le moment, avant qu'une personne soit morte, faire
sortir par la succion tout le venin d'un reptile, sans eux-mêmes
en éprouver aucun danger, attendu qu'aucun de
ces animaux ne les mord. Ils naissent les uns des autres,
et, pour éprouver la légitimité de leurs enfants, ils les
lancent, aussitôt nés, au milieu de serpents, ou bien ils
jettent leurs langes sur les serpents. Les reptiles ne font
aucun mal à l'enfant et s'engourdissent au contact de ses vêtements.
Voilà ce qui en est à cet égard. César, n'ayant
pu par aucun moyen rappeler Cléopâtre à la vie, fut saisi
d'admiration et de pitié pour elle, de douleur pour lui-même,
comme s'il eût été par là privé de la plus belle partie de sa victoire.
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