[51,12] οἶκόν τε οὖν ἐκπρεπῆ καὶ κλίνην πολυτελῆ παρασκευάσασα,
καὶ προσέτι καὶ ἑαυτὴν ἠμελημένως πως κοσμήσασα (καὶ
γὰρ ἐν τῷ πενθίμῳ σχήματι δεινῶς ἐνέπρεπεν) ἐκαθέζετο ἐπὶ τῆς
κλίνης, πολλὰς μὲν εἰκόνας τοῦ πατρὸς αὐτοῦ καὶ παντοδαπὰς
παραθεμένη, πάσας δὲ τὰς ἐπιστολὰς τὰς παρ´ ἐκείνου οἱ πεμφθείσας
ἐς τὸν κόλπον λαβοῦσα. καὶ μετὰ τοῦτο ἐσελθόντος τοῦ
Καίσαρος ἀνεπήδησέ τε ἐρρυθμισμένη, καὶ ἔφη "χαῖρε ὦ δέσποτα·
σοὶ μὲν γὰρ τοῦτο θεὸς ἔδωκεν, ἐμὲ δὲ ἀφείλετο. ἀλλ´ ὁρᾷς μέν
που καὶ αὐτὸς τὸν πατέρα σου τοιοῦτον οἷος πολλάκις πρὸς ἐμὲ
ἐσῆλθεν, ἀκούεις δὲ ὅπως τά τε ἄλλα ἐτίμησέ με καὶ δὴ καὶ βασιλίδα
τῶν Αἰγυπτίων ἐποίησεν. ἵνα δ´ οὖν τι καὶ αὐτοῦ ἐκείνου
περὶ ἐμοῦ πύθῃ, λάβε καὶ ἀνάγνωθι τὰ γράμματα ἅ μοι αὐτοχειρίᾳ
ἐπέστειλε." ταῦτά τε ἅμα ἔλεγε, καὶ πολλὰ καὶ ἐρωτικὰ
αὐτοῦ ῥήματα ἀνεγίγνωσκε. καὶ τοτὲ μὲν ἔκλαε καὶ τὰς ἐπιστολὰς
κατεφίλει, τοτὲ δὲ πρὸς τὰς εἰκόνας αὐτοῦ προσέπιπτε καὶ
ἐκείνας προσεκύνει. τά τε βλέφαρα ἐς τὸν Καίσαρα ἐπενέκλα,
καὶ ἐμμελῶς ἀνωλοφύρετο, θρυπτικόν τέ τι προσεφθέγγετο, ἄλλοτε
μὲν λέγουσα "ποῦ μοι, Καῖσαρ, ταῦτά σου τὰ γράμματα;"
ἄλλοτε δὲ ὅτι "ἀλλ´ ἐν τούτῳ καὶ σύ μοι ζῇς," εἶτα αὖθις "εἴθε
σου προετεθνήκειν," καὶ μάλα αὖθις "ἀλλὰ καὶ τοῦτον ἔχουσα σὲ
ἔχω." τοιαύτῃ τινὶ ποικιλίᾳ καὶ τῶν ῥημάτων καὶ τῶν σχημάτων
ἐχρῆτο, μελιχρὰ ἄττα καὶ προσβλέπουσα αὐτῷ καὶ λαλοῦσα. ὁ
οὖν Καῖσαρ συνίει μὲν αὐτῆς καὶ παθαινομένης καὶ πληκτιζομένης,
οὐ μέντοι καὶ προσεποιεῖτο, ἀλλ´ ἐς τὴν γῆν τοὺς ὀφθαλμοὺς
ἐρείσας τοῦτο μόνον εἶπεν, "θάρσει ὦ γύναι, καὶ θυμὸν ἔχε ἀγαθόν·
οὐδὲν γὰρ κακὸν πείσῃ." περιαλγήσασα οὖν ἐκείνη ὅτι μήτε
προσεῖδεν αὐτὴν μήτε τι ἢ περὶ τῆς βασιλείας ἢ καὶ ἐρωτικόν τι
ἐφθέγξατο, πρός τε τὰ γόνατα αὐτοῦ προσέπεσε καὶ ἀνακλαύσασα
"ζῆν μέν" ἔφη, "Καῖσαρ, οὔτε ἐθέλω οὔτε δύναμαι· ταύτην δέ
σε τὴν χάριν ἐς τὴν τοῦ πατρὸς μνήμην αἰτῶ, ἵν´ ἐπειδή με Ἀντωνίῳ
μετ´ ἐκεῖνον ὁ δαίμων παρέδωκε, μετ´ αὐτοῦ καὶ ἀποθάνω.
εἴθε μὲν γὰρ ἀπωλώλειν εὐθὺς τότε μετὰ τὸν Καίσαρα· ἐπεὶ δέ
μοι καὶ τοῦτο παθεῖν ἐπέπρωτο, πέμψον με πρὸς Ἀντώνιον, μηδέ
μοι τῆς σὺν αὐτῷ ταφῆς φθονήσῃς, ἵν´ ὥσπερ δι´ ἐκεῖνον ἀποθνήσκω,
οὕτω καὶ ἐν Ἅιδου αὐτῷ συνοικήσω."
| [51,12] Ayant donc orné sa chambre avec magnificence et
son lit avec somptuosité, parée elle même négligemment
(ses habits de deuil rehaussaient l'éclat de sa beauté), elle
s'assit sur le lit avec toute sorte de portraits du père de
César près d'elle, et portant dans son sein toutes les lettres
qu'il lui avait adressées. Puis, quand César entra, elle
s'élança vers lui en rougissant et lui dit: «Salut, ô maître.
Un dieu t'a donné ce titre, qu'il m'a ravi, à moi. Tu vois
ton père tel qu'il est venu souvent vers moi; tu as entendu
dire comment, entre autres honneurs qu'il m'accorda, il
me fit reine d'Égypte. Si tu veux savoir de lui en quel
estime il me tenait, prends et lis ces lettres qu'il m'a
écrites de sa main. » Elle lui disait ces paroles, et en
même temps, elle lui lisait mainte parole d'amour adressée
par son père. Tantôt elle pleurait et couvrait les lettres
de baisers, tantôt elle se prosternait devant ses images
et les adorait. Puis elle détournait ses paupières vers
César, gémissait avec d'adroits ménagements, et prononçait
des paroles langoureuses, s'écriant parfois : « Que
me servent, ô César, ces lettres de toi ? » parfois : Mais,
pour moi, tu vis dans celui-ci ; » puis, encore : « Oh
que ne suis-je morte avant toi! » puis, une autre fois :
« Mais en possédant celui-ci, je te possède. » Elle
employait ainsi divers propos et divers gestes, jetant sur
lui de doux regards et lui adressant de douces paroles.
César comprit bien qu'elle était émue et cherchait à exciter
la compassion, mais il feignit de ne pas s'en apercevoir,
et, tenant les yeux baissés vers la terre, il se contenta
de lui dire : « Prends confiance, ô femme, aie bon
courage, il ne te sera fait aucun mal. » Mais elle, au
comble de la douleur de ce qu'il ne l'avait pas regardée
et ne lui avait parlé ni de royauté ni d'amour, tomba
à ses genoux et s'écria fondant en larmes : "La vie,
César, je ne veux ni ne puis la supporter ; mais j'ai une
grâce à te demander en souvenir de ton père, c'est,
puisque, après avoir été à lui, le sort m'a livrée à Antoine,
de me laisser mourir avec lui. Oh ! que ne suis-je
morte alors aussitôt après César ! Puisqu'il était dans ma
destinée d'éprouver aussi ce malheur, envoie-moi vers
Antoine, ne m'envie pas de partager son tombeau, afin
que, mourant à cause de lui, j'habite à côté de lui dans les enfers.»
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