[51,11] ἐκείνη δὲ ἐθάρσησε μέν πως τὸν Καίσαρα, καὶ εὐθὺς
αὐτῷ τὸ γεγονὸς ἐδήλωσεν, οὐ μὴν καὶ πάνυ ἐπίστευε μηδὲν κακὸν
πείσεσθαι. κατεῖχεν οὖν ἑαυτὴν ἔνδον, ἵν´ εἰ καὶ διὰ μηδὲν ἄλλο
σωθείη, τῷ γε φόβῳ τῶν χρημάτων καὶ τὴν ἄδειαν καὶ τὴν βασιλείαν
ἐκπρίηται. οὕτω που καὶ τότε ἐν τηλικαύτῃ συμφορᾷ
οὖσα τῆς δυναστείας ἐμέμνητο, καὶ μᾶλλόν γε ἔν τε τῷ ὀνόματι
καὶ ἐν τῷ σχήματι αὐτῆς ἀποθανεῖν ἢ ἰδιωτεύσασα ζῆν ᾑρεῖτο.
ἀμέλει εἶχε μὲν καὶ τὸ πῦρ ἐπὶ τοῖς χρήμασιν, εἶχε δὲ καὶ ἀσπίδας
ἄλλα τε ἑρπετὰ ἐφ´ ἑαυτῇ, προπειραθεῖσα αὐτῶν ἐν ἀνθρώποις,
ὅντινα τρόπον ἕκαστόν σφων ἀποκτίννυσι. Καῖσαρ δὲ ἐπεθύμει
μὲν καὶ τῶν θησαυρῶν ἐγκρατὴς γενέσθαι καὶ ἐκείνην ζῶσάν τε
συλλαβεῖν καὶ ἐς τὰ νικητήρια ἀναγαγεῖν, οὐ μέντοι καὶ αὐτὸς
πίστιν τινὰ αὐτῇ δοὺς ἀπατεὼν δόξαι γεγονέναι ἠθέλησεν, ἵν´ ὡς
καὶ αἰχμαλώτῳ καὶ ἀκουσίᾳ τρόπον τινὰ χειρωθείσῃ χρήσηται.
καὶ διὰ τοῦτ´ ἔπεμψε πρὸς αὐτὴν Γάιόν τε Προκουλέιον ἱππέα
καὶ Ἐπαφρόδιτον ἐξελεύθερον, ἐντειλάμενός σφισιν ὅσα καὶ εἰπεῖν
καὶ πρᾶξαι ἐχρῆν. καὶ οὕτως ἐκεῖνοι συμμίξαντες τῇ Κλεοπάτρᾳ
καὶ μέτριά τινα διαλεχθέντες, ἔπειτ´ ἐξαίφνης συνήρπασαν αὐτὴν
πρίν τι ὁμολογηθῆναι. κἀκ τούτου ἐκποδὼν πάντα ἀφ´ ὧν ἀποθανεῖν
ἐδύνατο ποιησάμενοι, ἡμέρας μέν τινας κατὰ χώραν αὐτῇ
τὸ τοῦ Ἀντωνίου σῶμα ταριχευούσῃ διατρῖψαι ἐπέτρεψαν, ἔπειτα
δὲ ἐς τὰ βασίλεια αὐτὴν ἤγαγον, μήτε τῆς ἀκολουθίας τι μήτε
τῆς θεραπείας τῆς συνήθους οἱ παραλύσαντες, ὅπως ἔτι καὶ μᾶλλον
ἐλπίσῃ τε ὅσα ἐβούλετο καὶ μηδὲν κακὸν ἑαυτὴν δράσῃ. ἀμέλει
καὶ ὀφθῆναι καὶ διαλεχθῆναί τι τῷ Καίσαρι ἐθελήσασα ἐπέτυχε·
καὶ ἵνα γε ἐπὶ πλεῖον ἀπατηθῇ, αὐτὸς ἀφίξεσθαι πρὸς αὐτὴν ὑπέσχετο.
| [51,11] Quant à elle, elle mit quelque confiance en César,
et lui fit aussitôt connaître ce qui s'était passé, mais sans
se croire, malgré cela, à l'abri de tout malheur. Elle se
tint donc renfermée, afin d'acheter de César, à défaut
d'autres moyens de salut, en lui faisant craindre de
perdre ses trésors, l'impunité et le trône. Même alors,
au milieu de tels malheurs, elle songeait au pouvoir, et
préférait mourir avec le titre et les ornements de reine,
plutôt que de vivre dans une condition privée. Aussi
tenait-elle prêts pour ses trésors du feu, pour elle-même
des aspics et autres reptiles, dont elle avait auparavant
éprouvé sur des hommes l'action mortelle. César
désirait vivement se rendre maître des trésors et prendre
Cléopâtre vivante pour la conduire. en triomphe.
Néanmoins, il ne voulut pas, en lui faisant une promesse,
passer pour avoir été lui-même un trompeur, afin de
pouvoir se conduire à son égard comme à l'égard d'une
captive ou d'une femme soumise pour ainsi dire malgré
elle. Aussi, lui envoya-t-il C. Proculéius, chevalier romain,
et Épaphrodite, son affranchi, qu'il instruisit de
ce qu'il fallait dire et faire. Ceux-ci, s'étant en conséquence
abouchés avec Cléopâtre et lui ayant tenu un
langage plein de mesure, s'assurèrent subitement de sa
personne avant toute espèce de convention. Après avoir
écarté tout ce dont elle pouvait se servir pour se donner
la mort, ils lui accordèrent quelques jours de délai
pour embaumer le corps d'Antoine; puis ils la conduisirent
dans sa demeure royale, où rien ne fut retranché
ni de sa suite ni de son service habituel, afin
qu'elle espérât davantage ce qu'elle désirait, et ne se fit
aucun mal à elle-même. C'est ainsi que, lorsqu'elle eut
manifesté l'intention de voir César et de lui parler, elle
obtint sa demande, et que, pour l'abuser davantage encore,
il promit de se rendre lui-même auprès d'elle.
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