[50,5] οὕτω γάρ που αὐτὸν ἐδεδούλωτο ὥστε καὶ γυμνασιαρχῆσαι τοῖς
Ἀλεξανδρεῦσι πεῖσαι, βασιλίς τε αὐτὴ καὶ
δέσποινα ὑπ´ ἐκείνου καλεῖσθαι, στρατιώτας τε Ῥωμαίους ἐν τῷ
δορυφορικῷ ἔχειν, καὶ τὸ ὄνομα αὐτῆς πάντας σφᾶς ταῖς ἀσπίσιν
ἐπιγράφειν. ἔς τε τὴν ἀγορὰν μετ´ αὐτοῦ ἐσεφοίτα, καὶ τὰς πανηγύρεις
οἱ συνδιετίθει, τάς τε δίκας συνεξήταζε, καὶ συνίππευε καὶ
ἐν ταῖς πόλεσιν, ἢ καὶ ἐκείνη μὲν ἐν δίφρῳ τινὶ ἐφέρετο, ὁ δὲ
Ἀντώνιος αὐτοποδὶ αὐτῇ μετὰ τῶν εὐνούχων ἠκολούθει. καὶ τό τε
στρατήγιον βασίλειον ὠνόμαζε, καὶ ἀκινάκην ἔστιν ὅτε παρεζώννυτο,
ἐσθῆτί τε ἔξω τῶν πατρίων ἐχρῆτο, καὶ ἐπὶ κλίνης ἐπιχρύσου δίφρου
τε ὁμοίου καὶ ἐν τῷ κοινῷ ἑωρᾶτο. συνεγράφετό τε αὐτῇ
καὶ συνεπλάττετο, αὐτὸς μὲν Ὄσιρις καὶ Διόνυσος ἐκείνη δὲ Σελήνη
τε καὶ Ἶσις λέγοντες εἶναι. ἐξ οὗπερ καὶ τὰ μάλιστα ἔκφρων ὑπ´
αὐτῆς ἐκ μαγγανείας τινὸς γεγονέναι ἔδοξεν. οὐ γὰρ ὅτι ἐκεῖνον
ἀλλὰ καὶ τοὺς ἄλλους τούς τι παρ´ αὐτῷ δυναμένους οὕτω καὶ
ἐγοήτευσε καὶ κατέδησεν ὥστ´ αὐτὴν καὶ τῶν Ῥωμαίων ἄρξειν ἐλπίσαι,
τήν τε εὐχὴν τὴν μεγίστην, ὁπότε τι ὀμνύοι, ποιεῖσθαι τὸ ἐν
τῷ Καπιτωλίῳ δικάσαι.
| [50,5] Cléopâtre, en effet, l'avait asservi au point de lui
faire accepter la charge de gymnasiarque chez les Alexandrins
et de se faire appeler par lui reine et maîtresse,
d'avoir des soldats romains dans sa garde et de voir son
nom gravé sur les boucliers de tous les soldats. Elle
se rendait avec Antoine au Forum, s'occupait avec lui
des jeux publics, examinait avec lui les causes, et
chevauchait avec lui à travers les villes; ou bien encore,
on la portait sur une sorte de chaise curule, tandis
qu'Antoine suivait à pied derrière elle avec les eunuques.
Il donnait aussi à son prétoire le nom d'habitation
royale, parfois même il se ceignait d'un cimeterre;
d'autres fois, il revêtait un costume étranger
et se laissait voir, même en public, sur un lit enrichi
d'or et semblable à une chaise curule. Il se faisait représenter
avec elle dans des tableaux et des statues,
lui, sous les traits d'Osiris et de Dionysos; elle, sous
ceux de la Lune et d'Isis. Ce fut là surtout ce qui autorisa
la croyance qu'elle avait troublé sa raison par un
charme magique. Car ce n'était pas seulement Antoine,
mais tous ceux qui avaient quelque pouvoir auprès de
lui, qu'elle avait ensorcelés et enchaînés au point que,
pour elle, le serment le plus grand, quand elle affirmait
quelque chose, était de jurer par la justice qu'elle
rendrait prochainement au Capitole.
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