[50,26] καίτοι ἔγωγε καὶ τὸ κατ´ ἀρχὰς οὕτω περὶ αὐτὸν ἐσπούδασα
ὥστ´ αὐτῷ καὶ τῆς ἡμετέρας ἡγεμονίας μεταδοῦναι καὶ τὴν ἐμαυτοῦ
ἀδελφὴν συνοικίσαι καὶ στρατεύματα χαρίσασθαι· καὶ μετὰ
τοῦθ´ οὕτως ἐπιεικῶς, οὕτω φιλικῶς πρὸς αὐτὸν ἔσχον ὥστε μήθ´
ὅτι τὴν ἀδελφήν μου ὕβρισε, μήθ´ ὅτι τῶν γεννηθέντων οἱ ἐξ αὐτῆς
τέκνων ἠμέλησε, μήθ´ ὅτι τὴν Αἰγυπτίαν αὐτῆς προετίμησε,
μήθ´ ὅτι τοῖς ἐκείνης παισὶ πάνθ´ ὡς εἰπεῖν τὰ ὑμέτερα ἐδωρήσατο,
μήτε δι´ ἄλλο μηδὲν ἐθελῆσαι αὐτῷ πολεμῆσαι. αἴτιον δὲ ὅτι
πρῶτον μὲν ἐνόμιζον οὐ τὸν αὐτὸν δεῖν τρόπον πρός τε τὴν Κλεοπάτραν
καὶ πρὸς τὸν Ἀντώνιον προσφέρεσθαι· ἐκείνην μὲν γὰρ καὶ
ὑπὸ τοῦ ἀλλοφύλου πολεμίαν εὐθὺς οἷς ἔπραττεν εἶναι, τοῦτον δέ,
ἅτε καὶ πολίτην, ἐνδέχεσθαι σωφρονισθῆναι. ἔπειτα δὲ ἤλπιζον
ὅτι εἰ καὶ μὴ ἐθελούσιος, ἀλλ´ ἄκων γε ἐκ τῶν ἐπ´ ἐκείνῃ ψηφισθέντων
μεταγνώσεται. διὰ μὲν δὴ ταῦτα οὐδένα αὐτῷ πόλεμον
ἐπήγγειλα· ἐπειδὴ δὲ ὑπεριδὼν αὐτὰ καὶ καταφρονήσας οὔτ´ ἀφιέντων
αὐτῶν ἡμῶν ἀφεθῆναι οὔτ´ ἐλεούντων ἐλεηθῆναι βούλεται, ἀλλ´
εἴτε ὡς ἀλόγιστος εἴθ´ ὡς μαινόμενος (καὶ γὰρ τοῦτ´ ἐγὼ ἀκηκοὼς
πεπίστευκα, ὅτι ὑπ´ ἐκείνης τῆς καταράτου μεμάγευται) τῆς μὲν
ἡμετέρας εὐεργεσίας καὶ τῆς παρ´ ἡμῶν φιλανθρωπίας οὐδὲν προτιμᾷ,
τῇ δὲ γυναικὶ δουλεύων τόν τε πόλεμον καὶ τοὺς κινδύνους
τοὺς ὑπὲρ αὐτῆς αὐθαιρέτους καὶ καθ´ ἡμῶν καὶ κατὰ τῆς πατρίδος
ἀναιρεῖται, τί λοιπὸν ἄλλο πλὴν ἀμύνασθαι καὶ τοῦτον μετὰ
τῆς Κλεοπάτρας ἡμῖν προσήκει;
| [50,26] Et pourtant, dans les commencements, j'ai
poussé la complaisance pour cet homme jusqu'à lui
donner une part de notre souveraineté, jusqu'à lui
faire épouser ma propre soeur, jusqu'à lui prêter des
légions ; de plus, ma bienveillance et mon amitié pour
lui ont été assez fortes pour que ni l'outrage fait
à ma soeur, ni l'abandon des enfants qu'il avait eus
d'elle, ni la préférence accordée à l'Égyptienne, ni
le don fait aux enfants de cette femme de presque
tout ce qui vous appartient, ni aucun motif ne m'a
pu décider à le considérer comme ennemi de l'Etat.
La cause de cette conduite, c'est d'abord que je ne
me croyais pas autorisé par les lois à traiter de la
même manière Cléopâtre et Antoine : étrangère,
Cléopâtre devait être immédiatement, à raison de
ses actes, reconnue comme ennemie ; citoyen de
Rome, Antoine pouvait venir à résipiscence. Ensuite,
j'avais l'espoir que, lors même qu'il ne le voudrait
pas, les décrets rendus au sujet de cette femme
l'amèneraient, sinon de son plein gré, du moins malgré
lui, à changer de sentiments. Voilà pourquoi je
ne lui ai point déclaré la guerre. Mais puisque,
dédaignant et méprisant notre indulgence, il ne veut
ni, malgré notre pardon, être pardonné, ni, malgré
notre pitié, accepter la pitié, et que, soit sottise, soit
démence (je crois, en effet, à ce qui m'a été dit, qu'il
est ensorcelé par cette abominable créature), loin de
tenir compte de nos bienfaits et de notre compassion,
il ne recule pas, esclave de cette femme, devant
la guerre et devant les dangers auxquels il s'expose
volontairement pour elle contre nous et contre la
patrie, quel parti nous reste-t-il, que de le combattre
en même temps que nous combattrons Cléopâtre?
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