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[49,12] Καῖσαρ δὲ πρὸς μὲν ταῦτα οὐδὲν ἀντεῖπε, νομίσας δὲ δὴ πάντα
τὰ δίκαια παρά τε ἑαυτῷ καὶ παρὰ τοῖς ὅπλοις, ἅτε καὶ ἰσχυρότερος
αὐτοῦ ὤν, ἔχειν, εὐθὺς ἐπ´ αὐτὸν μετ´ ὀλίγων τινῶν ὥρμησεν
ὡς καὶ ἐκεῖνόν τε ἐκ τοῦ αἰφνιδίου, οἷα μηδὲν δραστήριον ἔχοντα,
καταπλήξων, καὶ τοὺς στρατιώτας αὐτοῦ προσποιησόμενος. καὶ
ἐσῆλθε μὲν ἐς τὸ στρατόπεδον δόξας σφίσι διὰ τὴν ὀλιγότητα τῶν
συνακολουθούντων οἱ εἰρηνικόν τι πράξειν· ὡς δ´ οὐδὲν κατὰ γνώμην
αὐτοῖς ἔλεγε, παρωξύνθησαν καὶ ἐπέθεντο αὐτῷ, καί τινας τῶν
ἄλλων καὶ ἀπέκτειναν· ἐκεῖνος γὰρ ἐν τάχει βοηθείας τυχὼν ἐσώθη.
καὶ μετὰ τοῦτ´ ἐπῆλθέ τε αὖθις αὐτοῖς μετὰ παντὸς τοῦ στρατοῦ,
καὶ κατακλείσας σφᾶς ἐς τὸ τάφρευμα ἐπολιόρκει. φοβηθέντες οὖν
τὴν ἅλωσιν κοινῇ μὲν οὐδὲν διὰ τὴν τοῦ Λεπίδου αἰδῶ ἐνεόχμωσαν,
ἰδίᾳ δὲ κατ´ ὀλίγους ὡς ἕκαστοι ἐγκατέλιπον αὐτὸν καὶ μεθίσταντο·
καὶ οὕτω καὶ ἐκεῖνος ἠναγκάσθη ἐθελοντὴς δὴ ἐν ἐσθῆτι
φαιᾷ ἱκέτης αὐτοῦ γενέσθαι. καὶ ὁ μὲν ἐκ τούτου τῆς τε ἐξουσίας
πάσης παρελύθη, καὶ δίαιταν ἐν τῇ Ἰταλίᾳ οὐκ ἄνευ φυλακῆς
εἶχε· τῶν δὲ δὴ τὰ τοῦ Σέξτου πραξάντων οἱ μὲν ἱππεύοντες ἢ
καὶ βουλεύοντες ἐκολάσθησαν πλὴν ὀλίγων, τοῦ δὲ ἐν τῷ τεταγμένῳ
ὄντος τὸ μὲν ἐλεύθερον ἐς τὰ τοῦ Καίσαρος στρατόπεδα κατελέχθη,
τὸ δὲ δεδουλευκὸς τοῖς δεσπόταις πρὸς τιμωρίαν ἀπεδόθη· εἰ δέ
του μηδεὶς κύριος εὑρίσκετο, ἀνεσκολοπίζετο. τῶν τε πόλεων αἱ
μὲν ἑκούσιαί οἱ προσχωρήσασαι συγγνώμης ἔτυχον, αἱ δ´ ἀντάρασαι
ἐδικαιώθησαν.
| [49,12] A cela César ne répondit rien; mais, persuadé que la
justice était de son côté et du côté des armes, attendu
qu'il était plus fort que son rival, il marcha aussitôt
contre Lépidus avec quelques hommes seulement, dans
la pensée de frapper de frayeur par la soudaineté de son
attaque un adversaire sans énergie et d'attirer à lui ses
soldats. Il entra dans leur camp avec des intentions
pacifiques, comme ils le crurent en voyant sa suite peu
nombreuse; mais, aucune de ses paroles ne répondant à
leur attente, ils s'irritèrent, lui tendirent des embûches et
tuèrent même quelques-uns des siens ; lui-même ne dut
la vie qu'à un prompt secours qui lui arriva. Il revint
ensuite avec toute son armée, et, ayant investi leurs
retranchements, il les y tint assiégés. Craignant alors
d'être pris de vive force, ils ne tentèrent néanmoins
aucun mouvement en commun par respect pour
Lépidus, mais ils l'abandonnèrent séparément par
petites bandes et passèrent à l'ennemi ; de cette façon
Lépidus fut réduit à venir en habit de deuil se rendre le
suppliant volontaire de César. Il fut dépouillé de toute
autorité et vécut en Italie, mais non sans être surveillé.
Quant aux partisans de Sextus, les chevaliers et les
sénateurs furent punis, à un petit nombre d'exceptions
près; parmi les légionnaires, les hommes libres furent
incorporés dans les légions de César, les esclaves furent
rendus à leurs maîtres pour être châtiés; ceux dont on
ne trouva pas le maître furent mis en croix. Les villes
qui se soumirent volontairement obtinrent leur pardon;
celles qui résistèrent furent traitées avec rigueur.
| [49,13] πράσσοντι δ´ αὐτῷ ταῦτα οἱ στρατιῶται ἐστασίασαν· ἄλλως
τε γὰρ οὐκ ὀλίγοι ὄντες πρὸς τὴν ὄψιν τοῦ πλήθους σφῶν ἐθρασύνοντο,
καὶ τοὺς κινδύνους τάς τε ἐλπίδας τὰς ἐπ´ αὐτοῖς ἐκλογιζόμενοι
πρός τε τὰ γέρα ἀπλήστως εἶχον, καὶ συλλεγόμενοι κατ´
ἀλλήλους ᾔτουν ὅ τι τις ἐπόθει. ἐπειδή τε μάτην ἐθρύλουν (ὁ
γὰρ Καῖσαρ, ἅτε μηδενὸς ἔτι πολεμίου οἱ παρόντος, ἐν ὀλιγωρίᾳ
αὐτοὺς ἐποιεῖτο), ἐθορύβουν· καὶ αὐτῷ καὶ προφέροντες πάνθ´ ὅς´
ἐτεταλαιπώρηντο, καὶ προβάλλοντες εἴ τί που ὑπέσχητό σφισι, πολλὰ
ἐπηπείλουν, καὶ ἐνόμιζον καὶ ἄκοντα αὐτὸν καταδουλώσεσθαι. ἐπεὶ
δ´ οὐδὲν ἐπέραινον, τῆς γοῦν στρατείας ὡς καὶ κεκμηκότες ἀφεθῆναι
ἠξίουν, θυμῷ καὶ βοῇ ἀπλέτῳ χρώμενοι, οὐχ ὅτι καὶ ἐβούλοντο
αὐτῆς ἀπαλλαγῆναι (καὶ γὰρ ἤκμαζόν σφων οἱ πλείονες), ἀλλ´ ὅτι
τὸν μὲν πόλεμον τὸν πρὸς τὸν Ἀντώνιόν οἱ ἐσόμενον ὑπετόπουν καὶ
διὰ τοῦθ´ ἑαυτοὺς ἀνετίμων· ὧν γὰρ ἀπαιτοῦντες οὐκ ἐτύγχανον,
ταῦτ´ ἐγκαταλείψειν αὐτὸν ἀπειλοῦντες λήψεσθαι προσεδόκων. οὐ
μὴν οὐδὲ τοῦτό σφισι προυχώρησεν· ὁ γὰρ Καῖσαρ, εἰ καὶ τὰ μάλιστα
τόν τε πόλεμον ἀκριβῶς ᾔδει γενησόμενον καὶ τὰ ἐκείνων βουλήματα
σαφῶς συνίει, ἀλλ´ οὔτοι καὶ ὑπεῖξεν αὐτοῖς, νομίζων μηδὲν δεῖν τὸν
ἄρχοντα παρὰ γνώμην ὑπὸ τῆς τῶν στρατιωτῶν βίας ποιεῖν, ὡς καὶ ἄλλο
τι αὖθίς σφων διὰ τοῦτο πλεονεκτῆσαι ἐθελησόντων.
| [49,13] Sur ces entrefaites, les soldats se révoltèrent.
Comme ils étaient nombreux, le spectacle de leur
multitude leur inspirait de l'audace, et, calculant leurs
dangers et les espérances qui leur étaient offertes, ils se
montraient insatiables de récompenses, et se
rassemblaient tous ensemble pour mutuellement
demander ce que chacun d'eux désirait. Voyant que
leurs prétentions étaient vaines, car César, n'ayant plus
aucun ennemi en présence, ne s'en inquiéta pas, ils se
livrèrent au désordre, et, reprochant à César les maux
qu'ils avaient soufferts, lui rappelant les promesses qu'il
leur avait faites, ils lui prodiguaient les menaces et se
flattaient de le réduire malgré lui sous leur dépendance.
N'obtenant aucun résultat, ils demandèrent à quitter le
service, sous prétexte de fatigue, ne mettant aucune
borne à leur colère et à leurs cris: ce n'était pas qu'ils
voulussent leur congé, car la plupart d'entre eux étaient
dans la force de l'âge : mais ils soupçonnaient qu'il
aurait la guerre avec Antoine, et c'est pour cela qu'ils
faisaient les renchéris; car ce qu'ils n'obtenaient pas par
leurs réclamations, ils s'attendaient à l'avoir en
menaçant de l'abandonner. Ce moyen ne leur réussit pas
davantage : César, bien que sachant à n'en pas douter
que la guerre aurait lieu et connaissant clairement leurs
projets, ne leur céda pas néanmoins, persuadé qu'un
chef ne doit rien faire contre son gré par la pression des
soldats, attendu que c'est donner prétexte à de nouvelles
demandes.
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