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[49,4] ὀψὲ δ´ οὖν ποτε καὶ πρὸς νύκτα ἤδη οἱ τοῦ Καίσαρος
ἐκράτησαν, οὐ μέντοι καὶ ἐπεδίωξάν τινα, ὡς μὲν ἐμοὶ δοκεῖ καὶ
τὸ εἰκὸς συμβάλλεται, ὅτι μήτε καταλαβεῖν αὐτοὺς ἐδύναντο, καὶ
ἐς τὴν γῆν, βράχη ὧν ἄπειροι ἦσαν ἔχουσαν, ἐφοβήθησαν ἐξοκεῖλαι·
ὡς δέ τινες λέγουσιν, ὁ Ἀγρίππας, ἅτε καὶ ὑπὲρ τοῦ Καίσαρος
ἀλλ´ οὐχ ὑπὲρ ἑαυτοῦ μαχόμενος, ἐξαρκεῖν οἱ τὸ τρέψαι τοὺς ἀντιπάλους
ἡγεῖτο. καὶ γὰρ εἰώθει λέγειν πρὸς τοὺς πάνυ ἑταίρους
ὅτι οἱ πλείους τῶν ἐν ταῖς δυναστείαις ὄντων οὐδένα ἐθέλουσι
κρείττω σφῶν εἶναι, ἀλλὰ τὰ μὲν πλείω, ὅσα γε καὶ πρόχειρον τὴν
νίκην ἔχει, αὐτοὶ δι´ ἑαυτῶν ποιοῦνται, τὰ δὲ δὴ χείρω καὶ ἀτοπώτερα
ἄλλοις προστάττουσι. κἂν ἄρα ποτὲ τῶν ἀμεινόνων τι
ἀναγκασθῶσί σφισιν ἐπιτρέψαι, βαρύνονταί τε καὶ ἄχθονται τῇ
εὐδοξίᾳ αὐτῶν· ἡττᾶσθαι μὲν γάρ σφας καὶ κακῶς πράττειν οὐκ
εὔχονται, οὐ μέντοι καὶ παντελῶς τι καταπράξαντας τὴν δόξαν
αὐτοὺς λαβεῖν αἱροῦνται. δεῖν οὖν παρῄνει τὸν ἄνδρα τὸν σωθησόμενον
τῆς μὲν δυσχερείας αὐτοὺς τῶν πραγμάτων ἀπαλλάττειν,
τὴν δὲ δὴ κατόρθωσίν σφων ἐκείνοις φυλάττειν. ἐγὼ δὲ ὅτι μὲν
ταῦθ´ οὕτω πέφυκε καὶ ὅτι καὶ ὁ Ἀγρίππας ἐπεμελεῖτο αὐτῶν οἶδα,
οὐ μὴν ἔν γε τῷ τότε παρόντι τοῦτ´ αἴτιον τῆς οὐ διώξεως αὐτοῦ
γράφω· οὐδὲ γὰρ οὐδ´ εἰ πάνυ ἐβούλετο, οἷός τε ἦν ἐπισπέσθαι σφίσιν.
| [49,4] Ce ne fut donc que tard, et lorsqu'il était déjà nuit,
que ceux de César demeurèrent enfin victorieux ;
néanmoins ils ne firent aucune poursuite, parce que,
selon moi et selon la vraisemblance, ils n'auraient pu
saisir l'ennemi et qu'ils craignaient d'aborder un rivage
rempli de bas-fonds qu'ils ne connaissaient pas; au
rapport de quelques historiens, ce fut parce qu'Agrippa,
combattant pour César et non pour lui, pensa qu'il lui
suffisait d'avoir fait tourner le dos à l'ennemi. Agrippa,
en effet, avait coutume de dire à ses plus grands amis
que la plupart de ceux qui ont le pouvoir veulent qu'il
n'y ait personne de supérieur à eux, qu'ils se chargent
eux-mêmes de toutes les affaires où le succès est facile,
tandis qu'ils donnent à d'autres les entreprises
désavantageuses et hasardées. Si parfois ils sont forcés
de confier à un subalterne quelque expédition
favorable, ils voient sa gloire avec peine et chagrin; ils
ne lui souhaitent, assurément, ni une défaite, ni un
échec; mais ils préfèrent, même lorsqu'il a
complètement réussi, qu'il n'en recueille pas la gloire. Il
conseillait donc comme un devoir à tout homme qui
tient à conserver sa vie de se tirer des difficultés d'une
affaire, et d'en garder la réussite pour son chef. Ces
sentiments sont naturels, et Agrippa s'en préoccupait, je
le sais; cependant, dans cette occurrence, ce n'est pas là
que je sois la cause qui l'empêcha de poursuivre
l'ennemi, car, même l'eût-il voulu à toute force, il n'était
pas en état de l'atteindre.
| [49,5] ἐν ᾧ δ´ οὖν ἡ ναυμαχία ἐγίγνετο, ὁ Καῖσαρ ὡς τάχιστα τόν
τε Σέξτον ἐκ τῆς Μεσσήνης ἀπεληλυθότα καὶ τὸν πορθμὸν φυλακῆς
ἔρημον ὄντα ᾔσθετο, τὸ μὲν καινὸν τοῦ πολέμου οὐ παρέλιπεν,
ἀλλ´ εὐθὺς ἐπιβὰς τῶν Ἀντωνιείων νεῶν πρὸς Ταυρομένιον ἐπεραιώθη,
οὐ μὴν καὶ ἐν τύχῃ αὐτῷ ἐχρήσατο. πλέοντα μὲν γὰρ
οὐδ´ ἀποβαίνοντα αὐτὸν οὐδεὶς ἐκώλυσεν, ἀλλὰ καὶ πάνυ καθ´
ἡσυχίαν τά τε ἄλλα καὶ τὸ στρατόπεδον ἐποιήσατο· ἐπεὶ δὲ ἥ τε
ναυμαχία ἐγένετο, καὶ ὁ Σέξτος ἔς τε τὴν Μεσσήνην σπουδῇ ἀφίκετο,
καὶ μαθὼν παρόντα αὐτὸν ἄλλους τε διὰ ταχέων ἀκραιφνεῖς
ἐς τὰς ναῦς ἀντενεβίβασε καὶ ἐκείναις τε αὐτῷ ἅμα καὶ τοῖς ὁπλίταις
κατὰ γῆν προσέμιξε, τούτοις μὲν οὐδ´ ἐπεξῆλθεν, ἀνταναχθεὶς
δὲ καταφρονήσει τῆς τε ὀλιγότητος τῶν ἐναντίων νεῶν καὶ ὅτι καὶ
προήττηντο, τοῦ τε ναυτικοῦ τὸ πλεῖον ἀπέβαλε καὶ αὐτὸς ὀλίγου
προσδιεφθάρη. οὔκουν οὐδ´ ἠδυνήθη πρὸς τοὺς ἑαυτοῦ τοὺς ἐν
τῇ Σικελίᾳ ὄντας διαφυγεῖν, ἀλλ´ ἀγαπητῶς ἐς τὴν ἤπειρον ἀπεσώθη.
καὶ αὐτὸς μὲν ἐν ἀσφαλεῖ ἦν, ὁρῶν δὲ τὸ στράτευμα ἐν τῇ
νήσῳ ἀπειλημμένον δεινῶς ἤχθετο. καὶ οὐ πρότερον ἀνεθάρσησε
πρὶν ἰχθύν τινα ἐκ τῆς θαλάσσης αὐτόματον ἀναθορόντα πρὸς
τοὺς πόδας αὐτοῦ προσπεσεῖν· ἐκ γὰρ τούτου πιστεύσας τοῖς μάντεσιν,
εἰποῦσίν οἱ ὅτι δουλώσεται αὐτήν, ἀνερρώσθη.
| [49,5] Tandis que l'on combattait sur mer, César, aussitôt
qu'il s'aperçut que Sextus était parti de Messine et que
le détroit était libre de toute garde, ne laissa point
perdre l'occasion : montant aussitôt sur les vaisseaux
fournis par Antoine, il poussa jusqu'a Taurominium. La
fortune, cependant, ne lui fut pas favorable. Personne
ne mit obstacle à sa traversée ni à son débarquement; il
put même établir son camp en toute tranquillité; mais
quand, le combat terminé, Sextus fut revenu en hâte à
Messine, et qu'instruit de sa présence, il eut
promptement remplacé l'équipage de ses vaisseaux par
des gens frais, qu'il eut engagé contre lui l'action à la
fois avec ses vaisseaux et avec ses troupes de terre,
alors, sans s'inquiéter de combattre les troupes de terre,
s'avançant à la rencontre des vaisseaux ennemis qu'il
méprisait à cause de leur petit nombre et de leur récente
défaite, il perdit la plus grande partie de sa flotte, et peu
s'en fallut qu'il ne pérît lui-même. II ne put donc
s'enfuir auprès de son armée en Sicile, et fut trop
heureux de pouvoir se sauver sur le continent. Quant à
lui, il était en sûreté, mais la vue de ses soldats
abandonnés en Sicile l'affligeait vivement, et il ne reprit
confiance que lorsqu'un poisson, s'élançant tout à coup
spontanément de la mer, fut venu tomber à ses pieds;
persuadé, après ce prodige, et sur la réponse des devins,
que la mer lui serait soumise, il reprit courage.
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