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[49,6] καὶ ὁ μὲν τὸν Ἀγρίππαν σπουδῇ πρὸς τὴν ἐπικουρίαν αὐτῶν
μετεπέμπετο, ἐκεῖνοι δὲ ἐπολιορκοῦντο. καὶ ἐπειδὴ τά τε ἐπιτήδεια
ἐπιλείπειν σφᾶς ἤρχετο καὶ βοήθεια οὐδεμία πω ἐφαίνετο, φοβηθεὶς
ὁ Κορνουφίκιος (οὗτος γὰρ αὐτῶν ἦρχε) μὴ καὶ ὑπὸ λιμοῦ
τῷ χρόνῳ κατὰ χώραν μένων ἐκπολιορκηθῇ, καὶ νομίσας διατρίβοντι
μέν οἱ αὐτοῦ ταύτῃ μηδένα τῶν πολεμίων ἐς χεῖρας, ἅτε καὶ
κρείττονι τοῖς ὁπλίταις ὄντι, ἥξειν, ἂν δέ πῃ προχωρῇ, δυοῖν θάτερον,
ἢ προσμίξαντάς σφισιν αὐτοὺς κρατήσειν, ἢ μὴ βουληθέντων
αὐτῶν τοῦτο ποιῆσαι πρός τε τὸ ἀσφαλὲς ἀποχωρήσειν καὶ τῶν
ἐπιτηδείων εὐπορήσειν καί τινα καὶ ὠφελίαν παρὰ τοῦ Καίσαρος
ἢ καὶ τοῦ Ἀγρίππου σχήσειν, τά τε σκάφη ὅσα ἔκ τε τῆς ναυμαχίας
ὑπελέλειπτο καὶ πρὸς τὸ τάφρευμα ἐξεπεπτώκει κατέκαυσε,
καὶ αὐτὸς ἄρας ὡς πρὸς τὰς Μύλας ἐπορεύετο. καὶ αὐτῷ προσβαλόντες
καὶ ἱππῆς καὶ ψιλοὶ πόρρωθεν (οὐ γὰρ δὴ καὶ ὁμόσε
χωρῆσαι ἐτόλμων) ἄποροι δεινῶς ἐγίγνοντο. αὐτοὶ μὲν γὰρ καὶ
ἐπῄεσαν ὁπότε καιρὸς εἴη, καὶ ἀνέστρεφον διὰ βραχέος· οἱ δέ, ὥς
γε ὁπλῖται, οὔτ´ ἄλλως ἐπιδιώκειν σφᾶς ὑπὸ τοῦ βάρους ἐδύναντο,
καὶ τοὺς ἀόπλους τοὺς ἐκ τοῦ ναυτικοῦ σωθέντας περιέστελλον.
κἀκ τούτου ἔπασχον μὲν πολλὰ καὶ δεινά, ἀντέδρων δὲ οὐδέν· εἰ
γάρ που καὶ ἐπᾴξειάν τισιν, ἔτρεπον μὲν αὐτούς, πέρα δ´ οὐ δυνάμενοι
διώκειν χαλεπωτέρους σφᾶς ἐν τῇ ἀναστροφῇ, ἅτε καὶ
μονούμενοι ταῖς ἐκδρομαῖς, εἶχον. ἔν τε οὖν τῇ ἄλλῃ πορείᾳ καὶ
ἐν ταῖς διαβάσεσι τῶν ποταμῶν μάλιστα ἰσχυρῶς ἐταλαιπώρουν·
περιστοιχιζόμενοι γὰρ αὐτοὺς οἱ ἐναντίοι καὶ κατ´ ὀλίγους, οἷα ἐν
τῷ τοιούτῳ, σπουδῇ ἀτάκτως χωροῦντας, ἔς τε τὰ καίρια παραγυμνουμένους
ἔπαιον, καὶ ἐς τὰ πηλώδη τά τε ῥοώδη ἐσπίπτοντας
ὡς καὶ ἐνισχομένους ἢ καὶ παραφερομένους ἔβαλλον.
| [49,6] Il se hâta d'appeler à leur aide Agrippa; ils étaient
cernés. Comme les vivres commençaient à manquer et
qu'il ne voyait paraître aucun secours, Cornificius, qui
les commandait, craignant, s'il gardait sa position, d'être
enfin réduit par la famine, et pensant d'ailleurs que
rester plus longtemps en cet endroit n'était pas le moyen
d'amener les ennemis à un combat, attendu la
supériorité de son armée ; au lieu qu'en marchant en
avant, il arriverait de deux choses l'une : ou il y aurait
un engagement dans lequel il serait vainqueur, ou, si les
ennemis refusaient le combat, il se retirerait en lieu sûr,
aurait des vivres en abondance, et même pourrait
recevoir quelque assistance de César ou d'Agrippa, il
mit le feu aux embarcations qui lui étaient restées après
la bataille, et qu'on avait renversées pour en former le
retranchement; puis, levant son camp, il se mit en
marche dans la direction de Myles. Pendant ce temps, la
cavalerie et les troupes légères de Sextus, en le
harcelant de loin (ils n'osaient l'attaquer de près),
rendaient la route excessivement pénible. En effet, ils
fondaient sur l'ennemi quand l'occasion se présentait, et
se retiraient ensuite avec rapidité; les soldats de
Cornificius, soldats légionnaires et pesamment armés,
ne pouvaient les poursuivre, d'autant plus qu'ils avaient
au milieu d'eux les marins sans armes échappés au
désastre de la flotte. Aussi souffrirent-ils beaucoup sans
rendre aucun mal à leurs adversaires; car, si parfois ils
se lançaient contre une troupe, ils la mettaient en fuite,
mais, ne pouvant la poursuivre jusqu'au bout , ils n'en
étaient, à leur retour, que plus vivement pressés par
l'ennemi, attendu que cette course les avait isolés.
Pendant toute leur route donc, et principalement au
passage des fleuves, ils furent en proie à de grandes
souffrances : cernés par l'ennemi, s'avançant par faibles
détachements, comme cela se pratique en pareilles
circonstances, et dans un désordre complet, ils étaient
frappés aux endroits mortels qui se trouvaient à
découvert, et, quand ils s'embarrassaient dans les
marécages ou étaient entraînés par les courants rapides,
ils étaient accablés de traits.
| [49,7] καὶ τοῦτ´ ἐπὶ τρεῖς ὅλας ἡμέρας ἐποίησαν, καὶ τῇ γε τελευταίᾳ
παντελῶς αὐτοὺς ἐκάκωσαν, ἄλλως τε καὶ τοῦ Σέξτου τῷ ὁπλιτικῷ
προσγενομένου σφίσιν, ὥστε τῶν μὲν ἀπολλυμένων οὐδένα ἔτι λόγον
ἐποιοῦντο, ἀλλὰ καὶ ἐν κέρδει τὸ μηκέτ´ αὐτοὺς κακοπαθεῖν ἐτίθεντο, καὶ
ἤθελον καὶ αὐτοὶ τῶν ἤδη τεθνηκότων ὑπὸ τῆς ἀνελπιστίας εἶναι. οἱ
δὲ δὴ τραυματίαι πολλοί τε καὶ πλείους τῶν τελευτώντων ὄντες
(ἅτε γὰρ καὶ λίθοις καὶ ἀκοντίοις πόρρωθεν βαλλόμενοι, καὶ μηδεμίαν
ἐκ χειρὸς πληγὴν ὑπομένοντες, πολλαχῇ τε καὶ οὐ πάντῃ
καιρίαν ἐτιτρώσκοντο) αὐτοί τε δεινῶς ἐταλαιπώρουν, καὶ τοῖς περιλοίποις
πολὺ πλείω πόνον ἢ οἱ πολέμιοι παρεῖχον· εἴτε γὰρ φέροιντο,
καὶ τοὺς ἀνέχοντάς σφας προσαπώλλυσαν, εἴτε καὶ κατελείποντο,
τὸ στράτευμα πᾶν ἐς ἀθυμίαν ὀλοφυρόμενοι καθίστασαν.
κἂν πασσυδὶ διεφθάρησαν, εἰ μήπερ οἱ πολέμιοι καὶ ἄκοντές σφων
ἀπέσχοντο. ὅ τε γὰρ Ἀγρίππας τότε μὲν νικήσας τὴν ναυμαχίαν
πρὸς τὴν Λιπάραν ἀνέπλευσε, μαθὼν δὲ τόν τε Σέξτον ἐς τὴν
Μεσσήνην πεφευγότα καὶ τὸν Δημοχάρην ἄλλοσέ ποι ἀπεληλυθότα,
ἐπεραιώθη ἐς τὴν Σικελίαν καὶ καταλαβὼν τάς τε Μύλας καὶ τὴν
Τυνδαρίδα σῖτόν τέ σφισι καὶ στρατιώτας ἔπεμψε· καὶ ὁ Σέξτος
οἰηθεὶς καὶ αὐτὸν ἐκεῖνον ἥξειν ἐφοβήθη καὶ σπουδῇ προανεχώρησεν,
ὥστε καὶ σκεύη τινὰ καὶ ἐπιτήδεια ἐν τῷ ἐρύματι καταλιπεῖν,
ἐξ ὧν τὴν τροφὴν ἄφθονον οἱ περὶ τὸν Κορνουφίκιον
ἔχοντες πρὸς τὸν Ἀγρίππαν ἀπεσώθησαν. καὶ αὐτοὺς ὁ Καῖσαρ
καὶ ἐπαίνοις καὶ δωρεαῖς ἀνεκτήσατο, καίπερ ὑπεροπτικώτατά σφισιν
ἐπὶ τῇ τοῦ Ἀγρίππου ναυκρατίᾳ, ὡς καὶ διαπεπολεμηκότος,
χρησάμενος. τοσοῦτον γάρ που καὶ ὁ Κορνουφίκιος ἐπὶ τῇ τῶν
στρατιωτῶν σωτηρίᾳ ἐφρόνει ὥστε καὶ ἐν τῇ Ῥώμῃ ἐπὶ ἐλέφαντος,
ὁσάκις ἔξω τῆς οἰκίας ἐδείπνει, ἀνακομίζεσθαι.
| [49,7] Cette position se prolongea trois jours entiers; le
dernier, ils furent fortement maltraités, d'autant plus que
Sextus survint avec ses légions. Aussi ne songeaient-ils
plus à ceux qui périssaient; loin de là, ils les jugeaient
heureux de ne plus souffrir, et, dans leur désespoir, ils
auraient voulu être eux-mêmes au nombre des morts.
Les blessés aussi, qui étaient nombreux, plus nombreux
que les morts (assaillis de loin de pierres et de javelots,
n'ayant en à se défendre contre aucun coup porté de
près, ils étaient atteints en diverses parties , sans l'être
tout à fait mortellement), les blessés étaient eux-mêmes
en proie à de terribles souffrances, et causaient au reste
de leurs compagnons plus d'embarras encore que les
ennemis. En effet, si on les emportait, ils entraînaient
dans leur perte ceux qui s'occupaient d'eux; si on les
abandonnait, ils jetaient par leurs gémissements toute
l'armée dans le découragement. Tous auraient péri
jusqu'au dernier, si les ennemis n'eussent été, bien que
malgré eux, contraints de s'éloigner. Car, après sa
victoire sur mer, Agrippa avait fait voile pour Lipari; là,
instruit que Sextus s'était réfugié à Messine et que
Démocharès était parti dans une autre direction, il passa
en Sicile, où, après s'être emparé de Myles et de
Tyndaris, il envoya aux siens du blé et des soldats.
Sextus, persuadé qu'Agrippa allait arriver en personne,
fut saisi de frayeur, et fit retraite avec tant de hâte qu'il
abandonna dans son camp une partie de ses bagages et
des vivres, qui, en fournissant aux soldats de
Cornificius une nourriture abondante, leur permirent de
rejoindre Agrippa. César les anima par des éloges et par
des gratifications, bien que, regardant la guerre comme
terminée par la victoire navale d''Agrippa, il eût agi à
leur égard avec le plus grand dédain. Cornificius, en
effet, se montra tellement fier d'avoir sauvé ses soldats,
que même à Rome, toutes les fois qu'il soupait hors de
chez lui, il ne rentrait jamais que porté sur une chaise curule.
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