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[49,36] ἐπεὶ δ´ οὖν οὗτοί τε ἀπωλώλεσαν καὶ οἱ ἄλλοι κατεστράφατο
μηδὲν ἀξιόλογον πράξαντες, ἐπὶ Παννονίους ἐπεστράτευσεν, ἔγκλημα
μὲν οὐδὲν αὐτοῖς ἐπιφέρων (οὐδὲ γὰρ οὐδ´ ἠδίκητό τι ὑπ´ αὐτῶν),
ἵνα δὲ δὴ τοὺς στρατιώτας ἀσκῇ τε ἅμα καὶ ἐκ τῶν ἀλλοτρίων
τρέφῃ, πᾶν τὸ τῷ κρείττονι τοῖς ὅπλοις ἀρέσκον δίκαιον ἐς τοὺς
ἀσθενεστέρους ποιούμενος. οἱ δὲ δὴ Παννόνιοι νέμονται μὲν πρὸς
τῇ Δελματίᾳ, παρ´ αὐτὸν τὸν Ἴστρον, ἀπὸ Νωρικοῦ μέχρι τῆς
Μυσίας τῆς ἐν τῇ Εὐρώπῃ, κακοβιώτατοι δὲ ἀνθρώπων ὄντες
(οὔτε γὰρ γῆς οὔτε ἀέρων εὖ ἥκουσιν· οὐκ ἔλαιον, οὐκ οἶνον, πλὴν
ἐλαχίστου καὶ τούτου κακίστου, γεωργοῦσιν, ἅτε ἐν χειμῶνι πικροτάτῳ
τὸ πλεῖστον διαιτώμενοι, ἀλλὰ τάς τε κριθὰς καὶ τοὺς κέγχρους
καὶ ἐσθίουσιν ὁμοίως καὶ πίνουσιν) ἀνδρειότατοι δ´ οὖν διὰ
πάντων ὧν ἴσμεν νομίζονται· θυμικώτατοι γὰρ καὶ φονικώτατοι,
οἷα μηδὲν ἄξιον τοῦ καλῶς ζῆν ἔχοντες, εἰσί. ταῦτα δὲ οὐκ ἀκούσας
οὐδ´ ἀναγνοὺς μόνον, ἀλλὰ καὶ ἔργῳ μαθὼν ὥστε καὶ ἄρξας
αὐτῶν, οἶδα· μετὰ γάρ τοι τὴν ἐν τῇ Ἀφρικῇ ἡγεμονίαν τῇ τε
Δελματίᾳ, ἧς ποτε καὶ ὁ πατήρ μου χρόνον τινὰ ἦρξε, καὶ τῇ
Παννονίᾳ τῇ ἄνω καλουμένῃ προσετάχθην, ὅθεν ἀκριβῶς πάντα
τὰ κατ´ αὐτοὺς εἰδὼς γράφω. ὀνομάζονται δὲ οὕτως ὅτι τοὺς
χιτῶνας τοὺς χειριδωτοὺς ἐξ ἱματίων τινῶν ἐς πάννους ἐπιχωρίως
πως καὶ κατατέμνοντες καὶ προσαγορεύοντες συρράπτουσι. καὶ οἱ
μὲν εἴτ´ οὖν διὰ τοῦτο εἴτε καὶ δι´ ἄλλο τι οὕτως ὠνομάδαται·
τῶν δὲ δὴ Ἑλλήνων τινὲς τἀληθὲς ἀγνοήσαντες Παίονάς σφας
προσεῖπον, ἀρχαίου μέν που τοῦ προσρήματος τούτου ὄντος, οὐ
μέντοι καὶ ἐκεῖ, ἀλλ´ ἔν τε τῇ Ῥοδόπῃ καὶ πρὸς αὐτῇ τῇ Μακεδονίᾳ
τῇ νῦν μέχρι τῆς θαλάσσης. ὑφ´ οὗπερ καὶ ἐγὼ ἐκείνους μὲν
Παίονας τούτους δὲ Παννονίους, ὥσπερ που καὶ αὐτοὶ ἑαυτοὺς
καὶ Ῥωμαῖοί σφας καλοῦσι, προσαγορεύσω.
| [49,36] Après la destruction de ce peuple et la soumission
des autres, qui ne firent rien de mémorable, il marcha
contre les Pannoniens, non qu'il eût quelque grief à leur
reprocher (il n'avait reçu d'eux aucune injure), mais
simplement pour exercer ses soldats et les nourrir aux
dépens d'autrui, regardant comme juste, à l'égard des
faibles, tout ce qui plaisait à celui qui avait la
supériorité des armes. Les Pannoniens habitent un pays
proche la Dalmatie, le long des bords mêmes de l'Ister,
depuis la Norique jusqu'à la Mysie d'Europe. Leur
existence, la plus misérable qui puisse être au monde
(ils ne sont favorisés ni du côté du sol, ni du côté du
climat; ils ne tirent de leur territoire ni huile ni vin,
sinon en petite quantité, et encore du vin détestable,
attendu que la plus grande partie de la vie s'écoule pour
eux au milieu d'un hiver très âpre, mais seulement de
l'orge et du millet dont ils font leur nourriture et leur
boisson), leur a valu de passer pour les plus vaillants
des peuples que nous connaissions. Ils sont, en effet,
très enclins à la colère et au meurtre, comme gens que
rien n'encourage à vivre avec honneur. Je connais ces
détails, non pour en avoir entendu parler ou seulement
pour les avoir lus, mais pour les avoir appris par
expérience, ayant été gouverneur de ce pays; car, à la
suite de la préfecture d'Afrique, je fus chargé de la
Dalmatie, dont mon père aussi avait été quelque temps
le gouverneur; ainsi que de la Pannonie appelée
Pannonie Supérieure ; ce qui fait que c'est avec une
exacte connaissance de tout ce qui concerne ces peuples
que j'écris ces renseignements. Ils sont nommés
Pannoniens, parce que leurs tuniques à manches sont,
suivant une coupe et une dénomination particulière à
leur pays, formées de pans de manteaux cousus
ensemble. Enfin, quelle qu'en soit la raison, leur nom
est tel ; quelques historiens grecs, ignorant la vérité, les
ont appelés Paeoniens, appellation antique qui ne
s'applique pas à ces peuples, mais à ceux du Rhodope et
des environs de la Macédoine actuelle jusqu'à la mer.
C'est pourquoi j'appellerai les uns Paoniens, et les
autres Pannoniens, conformément au nom qu'ils se
donnent eux-mêmes, et que leur donnent aussi les Romains.
| [49,37] ἐπὶ οὖν τούτους ὁ Καῖσαρ τότε στρατεύσας τὸ μὲν πρῶτον
οὔτε τι ἐδῄου οὔτε τι ἥρπαζε, καίπερ καὶ τὰς κώμας αὐτῶν τὰς
ἐν τοῖς πεδίοις ἐκλιπόντων· ἤλπιζε γὰρ ἐθελοντὰς αὐτοὺς ὑπάξεσθαι·
ὡς δὲ καὶ προχωροῦντα αὐτὸν πρὸς Σισκίαν ἐλύπησαν,
ὠργίσθη καὶ τήν τε χώραν σφῶν ἔκαιε καὶ πάνθ´ ὅσα ἐδύνατο
λείαν ἐποιεῖτο. πλησιάσαντος δ´ αὐτοῦ τῇ πόλει οἱ ἐπιχώριοι
παραυτίκα μὲν ὑπὸ τῶν δυνατῶν ἀναπεισθέντες ὡμολόγησάν τε
αὐτῷ καὶ ὁμήρους ἔδοσαν, μετὰ δὲ τοῦτο τάς τε πύλας ἀπέκλεισαν
καὶ ἐς πολιορκίαν κατέστησαν. εἶχον μὲν γὰρ καὶ τείχη ἰσχυρά,
τὸ δ´ ὅλον ποταμοῖς δύο ναυσιπόροις ἐθάρσουν. ὁ γὰρ Κόλοψ
ὀνομαζόμενος παρ´ αὐτὸν τὸν περίβολον παραρρέων ἐς τὸν Σάουον
ὀλίγον ἀπέχοντα αὐτοῦ ἐμβάλλει καὶ νῦν πᾶσαν τὴν πόλιν ἐγκεκύκλωται,
Τιβερίου τάφρῳ τινὶ μεγάλῃ ἐς τοῦτο αὐτὸν καταστήσαντος,
δι´ ἧς ἐς τὸ ἀρχαῖον αὖθις ῥεῖθρον ἐπανέρχεται. τότε δὲ τῇ
μὲν τοῦ Κόλοπος παρ´ αὐτὰ τὰ τείχη παρεξιόντος, τῇ δὲ τοῦ
Σάουου ὀλίγον ἄπωθεν παραρρέοντος διάκενόν τι κατελέλειπτο,
ὃ καὶ σταυρώμασι καὶ ταφρεύμασιν ὠχύρωτο. ὁ οὖν Καῖσαρ πλοῖα
παρὰ τῶν ταύτῃ συμμάχων ποιηθέντα λαβών, καὶ διά τε τοῦ
Ἴστρου ἐς τὸν Σάουον καὶ δι´ ἐκείνου ἐς τὸν Κόλοπα αὐτὰ ἀγαγών,
προσέβαλέ σφισι τῷ πεζῷ ἅμα καὶ ταῖς ναυσί, καί τινας καὶ
ναυμαχίας ἐν αὐτῷ ἐποιήσατο. καὶ γὰρ οἱ βάρβαροι μονόξυλα πλοῖα
ἀντικατασκευάσαντες διεκινδύνευον, καὶ ἔν τε τῷ ποταμῷ ἄλλους
τε συχνοὺς καὶ τὸν Μηνᾶν τὸν τοῦ Σέξτου ἐξελεύθερον ἀπέκτειναν,
καὶ ἐν τῇ γῇ ἰσχυρῶς αὐτὸν ἠμύνοντο, μέχρις οὗ τῶν συμμάχων
τινὰς ἐνηδρεῦσθαί τε καὶ ἐφθάρθαι ἐπύθοντο· τότε γὰρ
ἀθυμήσαντες ἐνέδοσαν. καὶ οὕτως ἁλόντων ἐκείνων καὶ τὸ ἄλλο
Παννονικὸν ὁμολογίᾳ προσηγάγετο.
| [49,37] Dans son expédition contre ces peuples, César
s'abstint d'abord de rien ravager et de rien piller, bien
qu'ils eussent abandonné les villages situés en plaine,
car il espérait les amener à se soumettre volontairement
; mais quand ils en vinrent à gêner sa marche contre
Siscia, il s'irrita, brûla le pays et fit le plus de butin qu'il
put. Quand if fut arrivé près de la ville, les habitants, à
la persuasion des principaux d'entre eux, traitèrent avec
lui et lui donnèrent des otages ; mais ensuite ils lui
fermèrent leurs portes et furent mis en état de siège. Ils
avaient de fortes murailles, et, en somme, ils mettaient
leur confiance dans deux fleuves navigables. En effet,
le Colops, qui baigne l'enceinte, se jette dans le Save
qui est peu éloigné et entoure aujourd'hui la ville tout
entière, Tibère l'y ayant conduit au moyen d'un grand
fossé par lequel il retourne dans son ancien lit. Mais, à
cette époque, le Colops, d'un côté, passant au pied
même des remparts, et, d'un autre, le Save coulant à peu
de distance, laissaient dans le milieu un espace vide qui
avait été fortifié avec des palissades et des fossés.
César, prenant des barques construites aux environs par
ses alliés, et les faisant passer par l'Ister dans le Save, et
par celui-ci dans le Colops, attaqua la ville à la fois
avec ses troupes de terre et avec ses vaisseaux, et livra
plusieurs batailles navales sous ses murs. Les Barbares,
en effet, ayant à leur tour fabriqué des barques d'une
seule pièce, soutinrent la lutte, tuèrent, entre autres, sur
le fleuve, Ménas, l'affranchi de Sextus, et sur terre
repoussèrent vigoureusement César, jusqu'au moment
où ils apprirent que quelques-uns de leurs alliés étaient
tombés dans des embuscades et avaient péri. Alors ils
cédèrent par découragement. Leur soumission amena
celle du reste de la Pannonie.
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