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[48,50] ἐν τῇ Κύμῃ τῇ Καμπανίδι χωρίον τι μεταξὺ Μισηνοῦ καὶ
Πουτεόλων μηνοειδές ἐστιν· ὄρεσί τε γὰρ σμικροῖς καὶ ψιλοῖς, πλὴν
βραχέων, περιείληπται, καὶ θάλασσαν τριπλῆν κολπώδη ἔχει. ἡ
μὲν γὰρ ἔξω τε καὶ πρὸς ταῖς πόλεσίν ἐστιν, ἡ δ´ ὀλίγῃ διαφυῇ
ἀπ´ αὐτῆς διείργεται, ἄλλη ἐν αὐτῷ τῷ μυχῷ λιμνώδης ὁρᾶται.
καὶ καλεῖται αὕτη μὲν Ἀουερνίς, ἡ δὲ μέση Λουκρινίς· ἡ γὰρ ἔξω,
τοῦ Τυρσηνικοῦ οὖσα, ἐς ἐκεῖνο καὶ τὴν ἐπωνυμίαν τελεῖ. ἐν ταύτῃ
δὴ τῇ θαλάσσῃ τῇ ἐντὸς ἑκατέρας, στενοῖς τότε ἔσπλοις τὸ διεῖργον
τὴν Λουκρινίδα ἀπὸ τοῦ πελάγους ἐπ´ ἀμφότερα παρ´ αὐτὴν τὴν
ἤπειρον ὁ Ἀγρίππας συντρήσας λιμένας ναυλοχωτάτους ἀπέδειξεν.
ἐργαζομένων δ´ αὐτῶν εἰκών τις ὑπὲρ τῆς Ἀουερνίδος, εἴτ´ οὖν τῆς
Καλυψοῦς, ᾗ τὸ χωρίον ἀνατιθέασιν, ἐς ὃ καὶ τὸν Ὀδυσσέα ἐσπλεῦσαι
λέγουσιν, εἴτε καὶ ἑτέρας τινὸς ἡρωίνης οὖσα, ἱδρῶτος ὥσπερ
τι σῶμα ἀνθρώπινον ἀνεπλήσθη. καὶ τοῦτο μὲν ὅπῃ ποτὲ συμβαίνει,
οὐκ ἔχω εἰπεῖν· τὰ δ´ ἄλλα ὅσα ἐν τῷ τόπῳ ἐκείνῳ ἀξιαφήγητα
ἐθεασάμην, φράσω.
| [48,50] A Cumes, en Campanie, entre Misène et Putéoli, est
une plaine en forme de croissant ; elle est entourée de
montagnes peu élevées et nues, à l'exception d'un petit
nombre, et renferme trois lacs sinueux. Le premier est
en dehors de la plaine et près des villes; le second n'est
séparé du précédent que par une étroite langue de terre;
le troisième, sorte de marécage, se voit au fond même
du croissant. On l'appelle Averne, et celui du milieu
Lucrin ; quant à celui qui est en dehors de la Tyrhénie,
il s'étend jusqu'à cette contrée, et en tire son nom. Dans
le lac du milieu, Agrippa ayant, par des ouvertures
étroites pratiquées le long du continent, coupé l'espace
qui des deux côtés séparait le Lucrin de la mer, en fit un
port commode pour les vaisseaux. Pendant les travaux,
une image parut au-dessus de l'Averne (soit celle de
Calypso, à qui ce pays est consacré, et où, dit-on,
Ulysse aussi pénétra sur son vaisseau, soit celle de
quelque autre héroïne), et se couvrit de sueur, comme si
c''eût été une personne humaine. Je ne saurais dire la
cause de ce phénomène ; je n'en vais pas moins
rapporter les autres singularités remarquables que j'ai
vues dans ce lieu.
| [48,51] τὰ ὄρη ταῦτα πρὸς ταῖς ἔνδον θαλάσσαις
ὄντα πηγὰς πυρός τε ἅμα πολλοῦ καὶ ὕδατος συμμιγοῦς ἔχει· καὶ
αὐτὸ μὲν καθ´ ἑαυτὸ ἑκάτερον οὐδαμοῦ εὑρίσκεται (οὔτε γὰρ πῦρ
αὐτὸ οὔθ´ ὕδωρ ψυχρὸν αὐτὸ φαίνεται), ἐκ δὲ δὴ τῆς ὁμιλίας
σφῶν τό τε ὕδωρ θερμαίνεται καὶ τὸ πῦρ ὑγραίνεται· καὶ ἐκεῖνο
μὲν πρὸς τὴν θάλασσαν διὰ τῶν προπόδων ἐς τὰς δεξαμενὰς χωρεῖ,
τὴν δ´ ἀτμίδα αὐτοῦ ἔς τε οἰκήματα μετέωρα διὰ σωλήνων ἀνάγουσι,
κἀνταῦθα αὐτῇ πυριῶνται· ὅσῳ γὰρ ἂν ἐπὶ πλεῖον ἀπό τε
τῆς γῆς καὶ ἀπὸ τοῦ ὕδατος ἀναδράμῃ, ξηροτέρα γίγνεται. κατασκευαί
τε οὖν περὶ ἀμφότερα πολυτελεῖς ἤσκηνται, καὶ ἔστιν ἔς τε
βίου διαγωγὴν καὶ ἐς ἄκεσιν ἐπιτηδειότατα. ταῦτά τε οὖν τὸ ὄρος
ἐκεῖνο καὶ προσέτι καὶ γῆς φύσιν τοιάνδε παρέχεται. τοῦ πυρὸς
τὸ μὲν καίειν οὐκ ἔχοντος (ὑπὸ γὰρ τῆς τοῦ ὕδατος συνουσίας πᾶν
τὸ φλογῶδες αὐτοῦ σβέννυται), διακρίνειν δὲ δὴ καὶ διατήκειν τὰ
προστυχόντα οἱ καὶ ὣς δυναμένου, συμβαίνει τῆς γῆς τὸ μὲν λιπαρὸν
ἐκτήκεσθαι ὑπ´ αὐτοῦ, τὸ δὲ τραχὺ καὶ ὀστῶδες ὡς εἰπεῖν
ὑπολείπεσθαι. σηραγγώδεις τε οὖν οἱ ὄγκοι ἐξ ἀνάγκης γίγνονται,
καὶ αὐχμῷ μὲν δοθέντες ἐς κόνιν διαλύονται, ὕδατι δὲ σὺν κονίᾳ
φυραθέντες συνίστανται, καὶ ἐφ´ ὅσον γ´ ἂν ἐν τῷ ὑγρῷ ὦσι, πήγνυνταί
τε καὶ πετροῦνται. αἴτιον δὲ ὅτι τὸ μὲν κραῦρον αὐτῶν
ὑπὸ μὲν τοῦ πυρὸς ὁμοφυοῦς οἱ ὄντος ἐπιτείνεταί τε καὶ θραύεται,
τῇ δὲ δὴ συμμίξει τῆς νοτίδος ἀναψύχεται, κἀκ τούτου εἴσω διὰ
παντὸς συμπιληθὲν ἄλυτον γίγνεται. τοιαῦται μὲν αἱ Βαῖαί εἰσι,
καὶ ἐς αὐτὰς τότε ὁ Ἀγρίππας, ἐπειδὴ τάχιστα τοὺς ἔσπλους ἐξεποίησε,
τάς τε ναῦς καὶ τοὺς ἐρέτας ἤθροισε, καὶ τὰς μὲν κατέφραττε,
τοὺς δὲ ἐπ´ ἰκρίων ἐρέττειν ἤσκει.
| [48,51] Ces montagnes, situées près des lacs intérieurs,
renferment des sources d'un feu très fort et d'eau mêlée
avec le feu ; nulle part on n'y trouve l'un ou l'autre de
ces deux éléments isolé (on n'y voit, en effet, ni feu seul
ni eau froide seule) ; leur union rend l'eau chaude et le
feu humide; l'eau se rend, à travers le pied des
montagnes, du côté de la mer, dans des citernes; on en
fait arriver la vapeur au moyen de tuyaux dans des
chambres élevées, et on s'en sert pour chauffer des
étuves; car, plus elle monte en s'éloignant de la terre et
de l'eau, plus cette vapeur devient sèche. Des édifices
somptueux sont construits sur les deux rives et offrent
les ressources les mieux appropriées aux jouissances de
la vie et à la guérison des maladies. Outre ces
particularités, cette montagne présente un terrain de la
nature que je vais dire. Le feu ne pouvant brûler (toute
sa force comburante, en effet, s'éteint par son union
avec l'eau) et conservant néanmoins encore le pouvoir
de désagréger et de liquéfier les matières qu'il
rencontre, il arrive que la partie grasse de la terre est
dissoute par lui, au lieu que la partie dure et osseuse,
pour parler ainsi, demeure dans son entier. Or les glèbes
sont nécessairement poreuses; si on les met dans un
endroit sec, elles se résolvent en poussière; mais si on
les pétrit avec l'eau unie à la chaux, elles acquièrent de
la consistance, et, tant qu'elles sont dans un endroit
humide, elles s'épaississent et prennent la dureté de la
pierre. La cause en est que leur partie friable se dilate et
se brise par l'action du feu, de la nature duquel elles
participent, au lieu que, par leur mélange avec un
élément humide, elles se refroidissent, et que, ne
cessant de se resserrer à l'intérieur, elles deviennent
insolubles. Tel est le terrain de Baies (ainsi se nomme
le pays) ; c'est là qu'alors Agrippa, aussitôt qu'il eut
achevé les passes, rassembla vaisseaux et rameurs,
arma les uns et exerça les autres à ramer sur leurs bancs.
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