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[48,36] οἴκοι μὲν δὴ ταῦτ´ ἔπραττον, τῷ δὲ δὴ Σέξτῳ πρῶτον μὲν διὰ
τῶν ἑταίρων, καὶ ὅπως καὶ ἐφ´ οἷς καταλλαγήσοιντο, συνέβησαν,
ἔπειτα δὲ καὶ αὐτοὶ πρὸς Μισηνῷ ἐς λόγους ἦλθον. εἱστήκεσαν
δὲ οἱ μὲν ἐν τῇ ἠπείρῳ, ὁ δὲ ἐν χώματί τινι ἐν τῇ θαλάσσῃ ἐπ´
αὐτὸ τοῦτο περιρρύτῳ οὐ πόρρω σφῶν πρὸς ἀσφάλειαν αὐτῷ πεποιημένῳ·
καὶ παρῆν πᾶς μὲν ὁ τούτου ναυτικὸς πᾶς δὲ ὁ ἐκείνων
πεζικὸς ὄχλος, οὐχ ἁπλῶς, ἀλλ´ οἱ μὲν ἐπὶ τῆς γῆς οἱ δὲ ἐπὶ τῶν
νεῶν ἐξωπλισμένοι παρετετάχατο, ὥστε καὶ ἀπ´ αὐτοῦ τούτου δῆλον
πᾶσι γενέσθαι ὅτι ἔκ τε τοῦ φόβου τῆς παρασκευῆς σφων καὶ
ἐξ ἀνάγκης, οἱ μὲν διὰ τὸν δῆμον ὁ δὲ διὰ τοὺς συνόντας οἱ,
ἐσπείσαντο. αἱ δὲ δὴ συνθῆκαι ἐπὶ τοῖσδε ἐγένοντο, τούς τε αὐτομολήσαντας
τῶν δούλων ἐλευθέρους εἶναι, καὶ τοὺς ἐκπεσόντας
πλὴν τῶν σφαγέων κατελθεῖν· τούτους γὰρ δῆθεν ὑπεξείλοντο, ἐπεὶ
τῷ γε ἔργῳ καὶ ἐκείνων τινὲς κατιέναι ἔμελλον· καὶ γὰρ αὐτὸς ὁ
Σέξτος εἷς ἐξ αὐτῶν γεγονέναι ἐδόκει. ἀλλ´ ἐγράφη γε τοὺς ἄλλους
πλὴν τούτων πάντας ἐπί τε ἀδείᾳ καὶ ἐπὶ τῷ τετάρτῳ τῆς δημευθείσης
σφῶν οὐσίας ἐπανελθεῖν, καὶ ἐκείνων μέν τισι καὶ δημαρχίας
καὶ στρατηγίας ἱερωσύνας τε εὐθὺς δοθῆναι, αὐτὸν δὲ τὸν Σέξτον
ὕπατόν τε αἱρεθῆναι καὶ οἰωνιστὴν ἀποδειχθῆναι, ἔκ τε τῆς οὐσίας
τῆς πατρῴας χιλίας καὶ ἑπτακοσίας καὶ πεντήκοντα μυριάδας
δραχμῶν κομίσασθαι, καὶ Σικελίας καὶ Σαρδοῦς τῆς τε Ἀχαΐας ἐπὶ
πέντε ἔτη ἄρξαι μήτ´ αὐτομόλους δεχόμενον μήτε ναῦς ἐπικτώμενον
μήτε τινὰ φρούρια ἐν τῇ Ἰταλίᾳ ἔχοντα, ἀλλὰ τήν τε εἰρήνην αὐτῇ
τὴν ἐκ τῆς θαλάσσης πρυτανεύοντα καὶ σῖτον τοῖς ἐν τῇ πόλει
τακτὸν πέμποντα. τὸν δὲ δὴ χρόνον αὐτῷ τοῦτον προσέγραψαν,
ὅτι καὶ αὐτοὶ πρόσκαιρον δή τινα τὴν ἐξουσίαν ἀλλ´ οὐκ ἀίδιον
ἔχειν δοκεῖν ἤθελον.
| [48,36] Voilà ce qui se fit alors à Rome.
César et Antoine traitèrent avec Sextus, d'abord par
l'intermédiaire de leurs amis, des clauses et conditions
de la paix ; ensuite ils entrèrent eux-mêmes en
conférences avec lui près de Misène. César et Antoine
se tenaient à terre et Sextus au milieu de la mer sur une
digue baignée à dessein de tous côtés par les flots et
construite à peu de distance de ses adversaires, afin
d'assurer sa sûreté. A cette conférence assistait toute la
flotte de l'un, toutes les troupes des autres; ce n'étaient
pas des spectateurs indifférents; ils étaient, ceux-ci à
terre, ceux-là sur leurs vaisseaux, rangés en armes vis-à-vis
les uns des autres, en sorte qu'il fut évident pour
tous que la crainte de leurs préparatifs réciproques et la
contrainte imposée, aux triumvirs par le peuple, à
Sextus par ceux qui étaient avec lui, les forçait à traiter.
Les conditions furent la liberté pour les esclaves fugitifs
et le rappel des exilés, à l'exception des meurtriers. Ces
derniers furent exceptés, sans doute parce que
quelques-uns d'entre eux étaient vraiment sur le point
de rentrer, Sextus lui-même semblant être un des
meurtriers. On décida que les autres citoyens, ceux-là
seuls exceptés, pourraient revenir sans être inquiétés et
recevraient le quart de leurs biens confisqués; que
quelques-uns même obtiendraient sur-le-champ des
charges de tribuns du peuple et de préteurs, ainsi que
des sacerdoces: que Sextus lui-même serait élu consul
et nommé augure, qu'il recouvrerait sur la fortune
paternelle dix-sept millions cinq cent mille drachmes,
aurait pour cinq ans le gouvernement de la Sicile, de la
Sardaigne et de l'Achaïe, à la condition de ne recevoir
plus les esclaves fugitifs, de ne point se procurer de
nouveaux vaisseaux, de n'avoir aucune garnison en
Italie, d'assurer la paix maritime et d'envoyer à Rome
une quantité de blé déterminée. Ils lui fixèrent ce terme
de cinq ans, parce qu'ils voulaient paraître ne posséder
eux-mêmes qu'une puissance temporaire et non une
puissance perpétuelle.
| [48,37] ταῦτα μὲν οὖν συνθέμενοι καὶ συγγραψάμενοι τά τε γραμματεῖα
ταῖς ἱερείαις ταῖς ἀειπαρθένοις παρακατέθεντο, καὶ μετὰ τοῦτο
δεξιάς τέ σφισιν ἔδοσαν καὶ ἐφίλησαν ἀλλήλους. γενομένου δὲ
τούτου πολλὴ καὶ ἄπλετος βοὴ καὶ ἐκ τῆς ἠπείρου ἅμα καὶ ἐκ τῶν
νεῶν ἠγέρθη. πολλοὶ μὲν γὰρ στρατιῶται πολλοὶ δὲ καὶ ἰδιῶται
παρόντες ἀθρόον καὶ ἐξαπιναίως, ἅτε καὶ τῷ πολέμῳ δεινῶς ἀχθόμενοι
καὶ τῆς εἰρήνης ἰσχυρῶς ἐπιθυμοῦντες, ἐξέκραγον, ὥστε καὶ
τὰ ὄρη συνηχῆσαι, κἀκ τούτου καὶ φρίκην σφίσι καὶ ἔκπληξιν μεγάλην
ἐγγενέσθαι, καὶ πολλοὺς μὲν ὑπ´ αὐτῶν τούτων ἐκθανεῖν,
πολλοὺς δὲ συμπατηθέντας ἢ καὶ ἀποπνιγέντας ἀπολέσθαι. οἵ τε
γὰρ ἐν τοῖς σκάφεσιν ὄντες οὐκ ἀνέμειναν τῇ γῇ αὐτῇ προσελθεῖν,
ἀλλ´ ἐξεπήδων ἐς τὴν θάλασσαν, καὶ οἱ ἕτεροι ἐς αὐτὸν τὸν βυθὸν
ἐπεσέβαινον. κἀν τούτῳ ἠσπάζοντό τε ἀλλήλους ἅμα νηχόμενοι
καὶ περιέβαλλον κολυμβῶντες, ὥστε ποικίλην μὲν αὐτῶν θέαν ποικίλην
δὲ καὶ ἀκοὴν συμβῆναι. οἱ μὲν γὰρ τούς τε συγγενεῖς καὶ
τοὺς ἑταίρους ζῶντας εἰδότες καὶ τότε παρόντας ὁρῶντες ἀπλήστῳ
τῇ ἡδονῇ ἐχρῶντο· οἱ δὲ ἀπολωλέναι τέ σφας πρότερον νομίζοντες
καὶ τότε παρὰ δόξαν θεωροῦντες ἄποροί τε ἐπὶ πολὺ ἐγίγνοντο καὶ
ἀφασίᾳ συνείχοντο, ἀπιστοῦντές τε ἅμα τῇ ὄψει καὶ εὐχόμεν
ἀληθῆ ταύτην εἶναι· καὶ οὐ πρότερόν γε ἐγνώριζόν σφας πρὶν τά
τε ὀνόματα αὐτῶν ἀνακαλέσαι καὶ φθεγγομένων τι ἀκοῦσαι· οὕτω
δὲ ἔχαιρον μὲν ὡς καὶ ἀναβιωσκομένων σφῶν, ἀναγκαζόμενοι δὲ
ἀθρόως ἥδεσθαι οὐκ ἀδακρυτὶ διῆγον. καὶ ἕτεροι ἀγνοοῦντές τε
τοὺς φιλτάτους ἀπολωλότας, καὶ ζῆν παρεῖναί τε αὐτοὺς ἡγούμενοι,
ἐζήτουν τέ σφας ἅμα περιφοιτῶντες, καὶ πάντα τὸν προστυγχάνοντα
περὶ αὐτῶν ἐπηρώτων· καὶ τέως μὲν οὐδὲν ἀκριβὲς ἐμάνθανον,
μαινομένοις τε ἐῴκεσαν καὶ ἐν ἀπόρῳ καθειστήκεσαν, ἐλπίζοντές
τε ἅμα αὐτοὺς εὑρήσειν καὶ φοβούμενοι μὴ τεθνήκασι, καὶ μήτ´
ἀπογνῶναι πρὸς τὴν ἐπιθυμίαν μήτ´ ἀπαλγῆσαι πρὸς τὴν ἐλπίδα
δυνάμενοι· μαθόντες δὲ τὴν ἀλήθειαν τάς τε τρίχας ἐσπαράττοντο
καὶ τὰς ἐσθῆτας περιερρήγνυντο, ὀνομαστί τε αὐτοὺς ἀνεκάλουν
ὡς καὶ ἐπακοῦσαί τι δυναμένους, καὶ πένθος ὡς καὶ τότε τελευτώντων
αὐτοῦ τέ που κειμένων σφῶν ἐποιοῦντο. καὶ εἴγε τισὶ
μηδὲν αὐτοῖς τοιοῦτο παρῆν, ἀλλ´ ἐπί γε τοῖς τῶν ἄλλων παθήμασιν
ἐταράττοντο· ἢ γὰρ χαίροντί τινι συνήδοντο ἢ πενθοῦντι
συνελυποῦντο, καὶ οὕτως εἰ καὶ ἔξω οἰκείου πάθους ἦσαν, ὅμως
οὐκ ἐδύναντο διὰ τὴν πρὸς τοὺς ἄλλους ὁμιλίαν ἡσυχάζειν. καὶ
ἐκ τούτου οὔτε κόρον οὔτ´ αἰσχύνην, ἅτε καὶ τοῖς αὐτοῖς συμφερόμενοι,
ἐλάμβανον, ἀλλὰ τήν τε ἡμέραν ὅλην καὶ τῆς νυκτὸς τὰ
πλείω ἐς ταῦτα κατανάλωσαν.
| [48,37] Ces conditions arrêtées et rédigées par écrit, ils en
déposèrent l'acte entre les mains des Vestales: après
quoi ils se donnèrent la main et s'embrassèrent
mutuellement. Alors une clameur immense et éclatante
s'éleva de la terre et des vaisseaux tout à la fois.
Beaucoup de soldats, en effet, et aussi beaucoup de
citoyens qui étaient présents, dans leur ennui extrême
de la guerre et leur vif désir de la paix, poussèrent
subitement tous ensemble un cri tel que l'écho des
montagnes en retentit: ce qui occasionna un grand
frisson et un grand saisissement à la suite desquels
plusieurs expirèrent à l'instant, plusieurs autres périrent
foulés aux pieds ou étouffés. Ceux, en effet, qui étaient
dans des barques n'attendirent pas qu'elles eussent
abordé à terre, ils sautaient dans la mer, pendant que les
autres s'élançaient dans les flots. Là, ils se saluaient
mutuellement tout en nageant et s'embrassaient en
s'avançant dans l'eau, en sorte que c'était un spectacle et
des bruits divers. Ceux-ci, sachant que leurs parents et
leurs amis étaient vivants et les voyant alors présents
devant eux, se laissaient aller à des transports sans
borne; ceux-là, qui auparavant les avaient crus morts et
les revoyaient alors contre toute attente, demeuraient
longtemps incertains et restaient sans pouvoir parler,
n'en croyant pas leurs yeux, et, en même temps, priant
les dieux que cette vision devint une réalité; ils ne les
reconnaissaient que lorsqu'ils les avaient appelés par
leurs noms et qu'ils les avaient entendus parler. Leur
joie était aussi grande que si ces parents et ces amis
fussent revenus à la vie, et, comme leur allégresse était
naturellement à son comble, l'entrevue ne se passait pas
sans larmes. D'autres, dans l'ignorance de la mort
d'amis qui leur étaient chers, croyant qu'ils étaient
encore en vie et qu'ils étaient présents, les cherchaient
çà et là et demandaient de leurs nouvelles à tous ceux
qu'ils rencontraient; tant qu'ils ne savaient rien de
certain, ils ressemblaient à des insensés et demeuraient
indécis, espérant les trouver et craignant en même
temps qu'ils ne fussent morts, sans que leur désir leur
permit de se décourager ou leur espérance de se laisser
aller à la douleur. Quand une fois ils savaient la vérité,
ils s'arrachaient les cheveux et déchiraient leurs
vêtements, appelaient les morts par leurs noms comme
s'ils eussent pu être entendus d'eux, et les pleuraient
comme s'ils ne venaient que de mourir et étaient
ensevelis près d'eux. Ceux qui n'avaient aucune
émotion personnelle de ce genre ne laissaient pas
néanmoins de se troubler de celle des autres; ou bien ils
se réjouissaient de l'allégresse de quelqu'un ou bien ils
s'affligeaient de sa douleur; en sorte que, bien qu'étant
en dehors de toute émotion domestique, ils ne postaient,
à cause de leurs rapports avec les autres, demeurer
impassibles. Aussi, emportés tous par les mêmes
sentiments, ils ne connaissaient ni satiété ni honte, et le
jour tout entier, avec la plus grande partie de la nuit, se
consuma dans ces démonstrations.
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