HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLVIII

Chapitre 36-37

  Chapitre 36-37

[48,36] οἴκοι μὲν δὴ ταῦτ´ ἔπραττον, τῷ δὲ δὴ Σέξτῳ πρῶτον μὲν διὰ τῶν ἑταίρων, καὶ ὅπως καὶ ἐφ´ οἷς καταλλαγήσοιντο, συνέβησαν, ἔπειτα δὲ καὶ αὐτοὶ πρὸς Μισηνῷ ἐς λόγους ἦλθον. εἱστήκεσαν δὲ οἱ μὲν ἐν τῇ ἠπείρῳ, δὲ ἐν χώματί τινι ἐν τῇ θαλάσσῃ ἐπ´ αὐτὸ τοῦτο περιρρύτῳ οὐ πόρρω σφῶν πρὸς ἀσφάλειαν αὐτῷ πεποιημένῳ· καὶ παρῆν πᾶς μὲν τούτου ναυτικὸς πᾶς δὲ ἐκείνων πεζικὸς ὄχλος, οὐχ ἁπλῶς, ἀλλ´ οἱ μὲν ἐπὶ τῆς γῆς οἱ δὲ ἐπὶ τῶν νεῶν ἐξωπλισμένοι παρετετάχατο, ὥστε καὶ ἀπ´ αὐτοῦ τούτου δῆλον πᾶσι γενέσθαι ὅτι ἔκ τε τοῦ φόβου τῆς παρασκευῆς σφων καὶ ἐξ ἀνάγκης, οἱ μὲν διὰ τὸν δῆμον δὲ διὰ τοὺς συνόντας οἱ, ἐσπείσαντο. αἱ δὲ δὴ συνθῆκαι ἐπὶ τοῖσδε ἐγένοντο, τούς τε αὐτομολήσαντας τῶν δούλων ἐλευθέρους εἶναι, καὶ τοὺς ἐκπεσόντας πλὴν τῶν σφαγέων κατελθεῖν· τούτους γὰρ δῆθεν ὑπεξείλοντο, ἐπεὶ τῷ γε ἔργῳ καὶ ἐκείνων τινὲς κατιέναι ἔμελλον· καὶ γὰρ αὐτὸς Σέξτος εἷς ἐξ αὐτῶν γεγονέναι ἐδόκει. ἀλλ´ ἐγράφη γε τοὺς ἄλλους πλὴν τούτων πάντας ἐπί τε ἀδείᾳ καὶ ἐπὶ τῷ τετάρτῳ τῆς δημευθείσης σφῶν οὐσίας ἐπανελθεῖν, καὶ ἐκείνων μέν τισι καὶ δημαρχίας καὶ στρατηγίας ἱερωσύνας τε εὐθὺς δοθῆναι, αὐτὸν δὲ τὸν Σέξτον ὕπατόν τε αἱρεθῆναι καὶ οἰωνιστὴν ἀποδειχθῆναι, ἔκ τε τῆς οὐσίας τῆς πατρῴας χιλίας καὶ ἑπτακοσίας καὶ πεντήκοντα μυριάδας δραχμῶν κομίσασθαι, καὶ Σικελίας καὶ Σαρδοῦς τῆς τε Ἀχαΐας ἐπὶ πέντε ἔτη ἄρξαι μήτ´ αὐτομόλους δεχόμενον μήτε ναῦς ἐπικτώμενον μήτε τινὰ φρούρια ἐν τῇ Ἰταλίᾳ ἔχοντα, ἀλλὰ τήν τε εἰρήνην αὐτῇ τὴν ἐκ τῆς θαλάσσης πρυτανεύοντα καὶ σῖτον τοῖς ἐν τῇ πόλει τακτὸν πέμποντα. τὸν δὲ δὴ χρόνον αὐτῷ τοῦτον προσέγραψαν, ὅτι καὶ αὐτοὶ πρόσκαιρον δή τινα τὴν ἐξουσίαν ἀλλ´ οὐκ ἀίδιον ἔχειν δοκεῖν ἤθελον. [48,36] Voilà ce qui se fit alors à Rome. César et Antoine traitèrent avec Sextus, d'abord par l'intermédiaire de leurs amis, des clauses et conditions de la paix ; ensuite ils entrèrent eux-mêmes en conférences avec lui près de Misène. César et Antoine se tenaient à terre et Sextus au milieu de la mer sur une digue baignée à dessein de tous côtés par les flots et construite à peu de distance de ses adversaires, afin d'assurer sa sûreté. A cette conférence assistait toute la flotte de l'un, toutes les troupes des autres; ce n'étaient pas des spectateurs indifférents; ils étaient, ceux-ci à terre, ceux-là sur leurs vaisseaux, rangés en armes vis-à-vis les uns des autres, en sorte qu'il fut évident pour tous que la crainte de leurs préparatifs réciproques et la contrainte imposée, aux triumvirs par le peuple, à Sextus par ceux qui étaient avec lui, les forçait à traiter. Les conditions furent la liberté pour les esclaves fugitifs et le rappel des exilés, à l'exception des meurtriers. Ces derniers furent exceptés, sans doute parce que quelques-uns d'entre eux étaient vraiment sur le point de rentrer, Sextus lui-même semblant être un des meurtriers. On décida que les autres citoyens, ceux-là seuls exceptés, pourraient revenir sans être inquiétés et recevraient le quart de leurs biens confisqués; que quelques-uns même obtiendraient sur-le-champ des charges de tribuns du peuple et de préteurs, ainsi que des sacerdoces: que Sextus lui-même serait élu consul et nommé augure, qu'il recouvrerait sur la fortune paternelle dix-sept millions cinq cent mille drachmes, aurait pour cinq ans le gouvernement de la Sicile, de la Sardaigne et de l'Achaïe, à la condition de ne recevoir plus les esclaves fugitifs, de ne point se procurer de nouveaux vaisseaux, de n'avoir aucune garnison en Italie, d'assurer la paix maritime et d'envoyer à Rome une quantité de blé déterminée. Ils lui fixèrent ce terme de cinq ans, parce qu'ils voulaient paraître ne posséder eux-mêmes qu'une puissance temporaire et non une puissance perpétuelle.
[48,37] ταῦτα μὲν οὖν συνθέμενοι καὶ συγγραψάμενοι τά τε γραμματεῖα ταῖς ἱερείαις ταῖς ἀειπαρθένοις παρακατέθεντο, καὶ μετὰ τοῦτο δεξιάς τέ σφισιν ἔδοσαν καὶ ἐφίλησαν ἀλλήλους. γενομένου δὲ τούτου πολλὴ καὶ ἄπλετος βοὴ καὶ ἐκ τῆς ἠπείρου ἅμα καὶ ἐκ τῶν νεῶν ἠγέρθη. πολλοὶ μὲν γὰρ στρατιῶται πολλοὶ δὲ καὶ ἰδιῶται παρόντες ἀθρόον καὶ ἐξαπιναίως, ἅτε καὶ τῷ πολέμῳ δεινῶς ἀχθόμενοι καὶ τῆς εἰρήνης ἰσχυρῶς ἐπιθυμοῦντες, ἐξέκραγον, ὥστε καὶ τὰ ὄρη συνηχῆσαι, κἀκ τούτου καὶ φρίκην σφίσι καὶ ἔκπληξιν μεγάλην ἐγγενέσθαι, καὶ πολλοὺς μὲν ὑπ´ αὐτῶν τούτων ἐκθανεῖν, πολλοὺς δὲ συμπατηθέντας καὶ ἀποπνιγέντας ἀπολέσθαι. οἵ τε γὰρ ἐν τοῖς σκάφεσιν ὄντες οὐκ ἀνέμειναν τῇ γῇ αὐτῇ προσελθεῖν, ἀλλ´ ἐξεπήδων ἐς τὴν θάλασσαν, καὶ οἱ ἕτεροι ἐς αὐτὸν τὸν βυθὸν ἐπεσέβαινον. κἀν τούτῳ ἠσπάζοντό τε ἀλλήλους ἅμα νηχόμενοι καὶ περιέβαλλον κολυμβῶντες, ὥστε ποικίλην μὲν αὐτῶν θέαν ποικίλην δὲ καὶ ἀκοὴν συμβῆναι. οἱ μὲν γὰρ τούς τε συγγενεῖς καὶ τοὺς ἑταίρους ζῶντας εἰδότες καὶ τότε παρόντας ὁρῶντες ἀπλήστῳ τῇ ἡδονῇ ἐχρῶντο· οἱ δὲ ἀπολωλέναι τέ σφας πρότερον νομίζοντες καὶ τότε παρὰ δόξαν θεωροῦντες ἄποροί τε ἐπὶ πολὺ ἐγίγνοντο καὶ ἀφασίᾳ συνείχοντο, ἀπιστοῦντές τε ἅμα τῇ ὄψει καὶ εὐχόμεν ἀληθῆ ταύτην εἶναι· καὶ οὐ πρότερόν γε ἐγνώριζόν σφας πρὶν τά τε ὀνόματα αὐτῶν ἀνακαλέσαι καὶ φθεγγομένων τι ἀκοῦσαι· οὕτω δὲ ἔχαιρον μὲν ὡς καὶ ἀναβιωσκομένων σφῶν, ἀναγκαζόμενοι δὲ ἀθρόως ἥδεσθαι οὐκ ἀδακρυτὶ διῆγον. καὶ ἕτεροι ἀγνοοῦντές τε τοὺς φιλτάτους ἀπολωλότας, καὶ ζῆν παρεῖναί τε αὐτοὺς ἡγούμενοι, ἐζήτουν τέ σφας ἅμα περιφοιτῶντες, καὶ πάντα τὸν προστυγχάνοντα περὶ αὐτῶν ἐπηρώτων· καὶ τέως μὲν οὐδὲν ἀκριβὲς ἐμάνθανον, μαινομένοις τε ἐῴκεσαν καὶ ἐν ἀπόρῳ καθειστήκεσαν, ἐλπίζοντές τε ἅμα αὐτοὺς εὑρήσειν καὶ φοβούμενοι μὴ τεθνήκασι, καὶ μήτ´ ἀπογνῶναι πρὸς τὴν ἐπιθυμίαν μήτ´ ἀπαλγῆσαι πρὸς τὴν ἐλπίδα δυνάμενοι· μαθόντες δὲ τὴν ἀλήθειαν τάς τε τρίχας ἐσπαράττοντο καὶ τὰς ἐσθῆτας περιερρήγνυντο, ὀνομαστί τε αὐτοὺς ἀνεκάλουν ὡς καὶ ἐπακοῦσαί τι δυναμένους, καὶ πένθος ὡς καὶ τότε τελευτώντων αὐτοῦ τέ που κειμένων σφῶν ἐποιοῦντο. καὶ εἴγε τισὶ μηδὲν αὐτοῖς τοιοῦτο παρῆν, ἀλλ´ ἐπί γε τοῖς τῶν ἄλλων παθήμασιν ἐταράττοντο· γὰρ χαίροντί τινι συνήδοντο πενθοῦντι συνελυποῦντο, καὶ οὕτως εἰ καὶ ἔξω οἰκείου πάθους ἦσαν, ὅμως οὐκ ἐδύναντο διὰ τὴν πρὸς τοὺς ἄλλους ὁμιλίαν ἡσυχάζειν. καὶ ἐκ τούτου οὔτε κόρον οὔτ´ αἰσχύνην, ἅτε καὶ τοῖς αὐτοῖς συμφερόμενοι, ἐλάμβανον, ἀλλὰ τήν τε ἡμέραν ὅλην καὶ τῆς νυκτὸς τὰ πλείω ἐς ταῦτα κατανάλωσαν. [48,37] Ces conditions arrêtées et rédigées par écrit, ils en déposèrent l'acte entre les mains des Vestales: après quoi ils se donnèrent la main et s'embrassèrent mutuellement. Alors une clameur immense et éclatante s'éleva de la terre et des vaisseaux tout à la fois. Beaucoup de soldats, en effet, et aussi beaucoup de citoyens qui étaient présents, dans leur ennui extrême de la guerre et leur vif désir de la paix, poussèrent subitement tous ensemble un cri tel que l'écho des montagnes en retentit: ce qui occasionna un grand frisson et un grand saisissement à la suite desquels plusieurs expirèrent à l'instant, plusieurs autres périrent foulés aux pieds ou étouffés. Ceux, en effet, qui étaient dans des barques n'attendirent pas qu'elles eussent abordé à terre, ils sautaient dans la mer, pendant que les autres s'élançaient dans les flots. Là, ils se saluaient mutuellement tout en nageant et s'embrassaient en s'avançant dans l'eau, en sorte que c'était un spectacle et des bruits divers. Ceux-ci, sachant que leurs parents et leurs amis étaient vivants et les voyant alors présents devant eux, se laissaient aller à des transports sans borne; ceux-là, qui auparavant les avaient crus morts et les revoyaient alors contre toute attente, demeuraient longtemps incertains et restaient sans pouvoir parler, n'en croyant pas leurs yeux, et, en même temps, priant les dieux que cette vision devint une réalité; ils ne les reconnaissaient que lorsqu'ils les avaient appelés par leurs noms et qu'ils les avaient entendus parler. Leur joie était aussi grande que si ces parents et ces amis fussent revenus à la vie, et, comme leur allégresse était naturellement à son comble, l'entrevue ne se passait pas sans larmes. D'autres, dans l'ignorance de la mort d'amis qui leur étaient chers, croyant qu'ils étaient encore en vie et qu'ils étaient présents, les cherchaient çà et là et demandaient de leurs nouvelles à tous ceux qu'ils rencontraient; tant qu'ils ne savaient rien de certain, ils ressemblaient à des insensés et demeuraient indécis, espérant les trouver et craignant en même temps qu'ils ne fussent morts, sans que leur désir leur permit de se décourager ou leur espérance de se laisser aller à la douleur. Quand une fois ils savaient la vérité, ils s'arrachaient les cheveux et déchiraient leurs vêtements, appelaient les morts par leurs noms comme s'ils eussent pu être entendus d'eux, et les pleuraient comme s'ils ne venaient que de mourir et étaient ensevelis près d'eux. Ceux qui n'avaient aucune émotion personnelle de ce genre ne laissaient pas néanmoins de se troubler de celle des autres; ou bien ils se réjouissaient de l'allégresse de quelqu'un ou bien ils s'affligeaient de sa douleur; en sorte que, bien qu'étant en dehors de toute émotion domestique, ils ne postaient, à cause de leurs rapports avec les autres, demeurer impassibles. Aussi, emportés tous par les mêmes sentiments, ils ne connaissaient ni satiété ni honte, et le jour tout entier, avec la plus grande partie de la nuit, se consuma dans ces démonstrations.


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Dernière mise à jour : 31/08/2006