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| [47,4] ἐπὶ μὲν γὰρ τοῦ Σύλλου οἵ τέ τι δρῶντες τάς τε τόλμας πρόσχημα,
 ἅτε καὶ πρῶτον τοῦ τοιούτου πειρώμενοι καὶ οὐκ ἐκ προβουλῆς,
 ἐποιοῦντο, καὶ διὰ τοῦθ´ ἧττον τὰ πλείω κακοτρόπως, οἷα οὐκ ἐκ
 προνοίας ἀλλ´ ἐκ συντυχίας, ἔπραττον· καὶ οἱ πάσχοντες ἐξαπιναίαις 
 τε καὶ ἀνηκούστοις συμφοραῖς περιπίπτοντες ῥᾳστώνην τινὰ
 ἐκ τοῦ ἀνελπίστου τῶν παθῶν ἐλάμβανον. τότε δὲ πάντα μὲν τὰ
 προτολμηθέντα οἱ μὲν αὐτοὶ χειρουργήσαντες οἱ δὲ ἰδόντες, οἱ δ´
 ἀκοῇ γοῦν ὑπογύῳ ἀκριβοῦντες, πολλὰ δ´ οὖν ἐν τῷ διὰ μέσου τῇ
 προσδοκίᾳ τῶν ὁμοίων οἱ μὲν ὡς δράσουσι προσεπινοήσαντες, οἱ
 δ´ ὡς πείσονται προσδείσαντες, ἐκεῖνοί τε πλείστην ἀτοπίαν τῇ
 τε ζηλώσει τῶν προτέρων ἔργων καὶ τῇ ἀπ´ αὐτῶν ἐς τὸ καινῶσαί 
 πως τὰ ἐπιβουλεύματα ἐξ ἐπιτεχνήσεως παρεῖχον, καὶ οἱ
 ἕτεροι πάνθ´ ὅσα παθεῖν ἐδύναντο λογιζόμενοι πολὺ ταῖς ψυχαῖς
 καὶ πρὸ τῶν σωμάτων, ὡς καὶ ἐν αὐτοῖς ἤδη ὄντες, διεκναίοντο.
 | [47,4] Sous Sylla, en effet, les auteurs des massacres se 
faisaient comme un rempart de leur audace même : 
c'était la première fois qu'on essayait pareille chose, et 
ce n'était pas de dessein prémédité. Aussi la plupart des 
meurtres étaient-ils commis avec moins de perversité, 
étant le résultat non de la réflexion, mais du hasard, et 
les victimes , succombant à des accidents subits et 
inouïs jusqu'alors, trouvaient une sorte d'adoucissement 
à leurs malheurs dans ce qu'ils étaient imprévus. Mais, à 
l'époque dont je parle ici, tout ce qu'on avait osé 
auparavant, les uns pour l'avoir eux-mêmes exécuté, les 
autres pour l'avoir su exécuter; d'autres, enfin, pour en 
avoir récemment entendu le détail, ayant d'avance, 
pendant l'intervalle et dans l'attente de circonstances 
pareilles, ceux-ci médité de le commettre, ceux-là 
appréhendé de le souffrir; les premiers, pour rivaliser 
avec les crimes précédents et renchérir par la nouveauté 
sur les raffinements d'autrefois, se livraient à une foule 
d'actions des plus étranges; tandis que les autres, 
réfléchissant à tout ce qu'ils pouvaient souffrir, 
sentaient, comme s'ils y eussent été déjà en proie, leurs 
âmes déchirées bien avant que le fût leur corps.
 |  | [47,5] κἄν τε τούτῳ χαλεπωτέρως ἢ πρὶν ἀπήλλασσον, καὶ διότι τότε
 μὲν μόνοι οἱ τοῦ Σύλλου τῶν τε περὶ αὐτὸν δυνατῶν ἐχθροὶ διώλοντο, 
 τῶν δὲ δὴ φίλων αὐτοῦ τῶν τε ἄλλων ἀνθρώπων οὐδεὶς
 ἐκείνου γε κελεύσαντος ἐφθάρη, ὥστε ἔξω τῶν πάνυ πλουσίων
 (τούτοις γὰρ οὐκ ἔστιν ὅτε εἰρήνη πρὸς τὸν ἰσχυρότερον ἐν τοῖς
 τοιούτοις γίγνεται) οἵ γε λοιποὶ ἐθάρσουν· ἐν δὲ δὴ ταῖς δευτέραις 
 ταύταις σφαγαῖς οὐχ ὅπως οἱ ἐχθροὶ αὐτῶν ἢ καὶ οἱ πλούσιοι, 
 ἀλλὰ καὶ οἱ πάνυ φίλοι καὶ παρὰ δόξαν ἐκτείνοντο. ἄλλως
 μὲν γὰρ ἤ τις ἢ οὐδεὶς ἐς ἔχθραν ἀπ´ ἰδίας τινὸς αἰτίας τοῖς ἀνδράσιν 
 ἐκείνοις, ὡς καὶ σφαγῆναι πρὸς αὐτῶν, ἐληλύθει· τὰ δὲ
 δὴ κοινὰ πράγματα καὶ αἱ τῶν δυναστειῶν διαλλαγαὶ καὶ τὰς φιλίας 
 τάς τε ἔχθρας τὰς σφοδρὰς αὐτοῖς ἐπεποιήκεσαν. πάντας
 γὰρ τοὺς τῷ πέλας συναραμένους τέ τι καὶ συμπράξαντας ἐν πολεμίου 
 μοίρᾳ οἱ ἕτεροι ἐτίθεντο· καὶ οὕτω συνέβαινε τοὺς αὐτοὺς
 καὶ φίλους τινὶ αὐτῶν καὶ ἐχθροὺς πάντως γεγονέναι ὥστε, ἐν ᾧ
 ἰδίᾳ ἕκαστος τοὺς ἐπιβουλεύσαντάς οἱ ἠμύνετο, καὶ τοὺς φιλτάτους 
 κοινῇ συναπώλλυσαν. ἐκ γὰρ τῶν πρὸς ἀλλήλους πραγμάτων
 τό τε οἰκειωθέν σφισι καὶ τὸ ἀλλοτριωθὲν ἐν λόγῳ τινὶ τιθέμενοι
 οὔτε τὸν ἑαυτοῦ τις αὐτῶν ἐχθρὸν τιμωρήσασθαι, φίλον ἑτέρου
 ὄντα, ἐδύνατο μὴ ἀντιδιδοὺς ἄλλον, καὶ ἐκ τῆς τῶν γεγονότων
 ὀργῆς τῆς τε ἔπειτα ὑποψίας παρ´ οὐδὲν τὴν τοῦ ἑταιρικοῦ σωτηρίαν 
 πρὸς τὴν τοῦ διαφόρου τιμωρίαν ποιούμενοι ῥᾳδίως σφᾶς ἀντεδίδοσαν. 
 | [47,5] C'est pour cela que les résultats furent alors pires que 
la première fois, et aussi parce que, au temps de Sylla, 
ses ennemis et ceux d'hommes puissants près de lui 
furent les seuls qui périrent, et que nul autre, par son 
ordre du moins, ne fut mis à mort; de telle sorte qu'en 
dehors des gens tout à fait riches (pour ceux-là en effet, 
jamais, en pareil cas, il n'y a de paix avec le plus fort), 
le reste des citoyens était sans crainte; au lieu que, dans 
ces nouveaux massacres, non seulement les ennemis 
des triumvirs et les riches, mais même leurs plus grands 
amis, étaient tués contre toute attente. Presque personne 
d'ailleurs n'avait, pour une cause privée, encouru 
l'inimitié de ces hommes au point d'être égorgé par eux; 
mais les affaires publiques et des compromis d'ambition 
avaient fait naître chez eux des amitiés et des haines 
très fortes. Quiconque avait favorisé l'un et pris son 
parti, les autres le mettaient au rang de leurs ennemis. 
Aussi arriva-t-il que les mêmes hommes étaient 
inévitablement amis de l'un et ennemis des autres; en 
sorte que si chacun, en son particulier, se vengeait de 
ceux qui avaient agi contre lui, en commun, tous 
faisaient périr leurs amis les plus chers. Car comme, 
vis-à-vis les uns des autres, ils tenaient compte des 
bonnes et des mauvaises dispositions qui leur avaient 
été témoignées, aucun d'eux ne pouvait punir son 
ennemi, quand il était ami d'un autre, sans en livrer un 
autre en échange; et leur ressentiment pour ce qui s'était 
passé, ainsi que les soupçons qui en étaient la suite, les 
poussant à ne faire aucun cas du salut d'un ami en 
comparaison de la punition d'un adversaire, les 
décidaient sans peine à consentir à cet échange.
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