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[46,16] ἀλλὰ ταῦτα μὲν τί ἄν τις ἐπὶ πλεῖον ἐπεξίοι; ἐπεὶ δὲ τραγῳδεῖ
περιιών, καὶ νῦν γε εἶπέ που λέγων ὅτι βαρυτάτην τὴν τῆς ἱππαρχίας
ὄψιν παρέσχετο, πανταχοῦ καὶ διὰ πάντων τῷ τε ξίφει ἅμα
καὶ τῇ πορφύρᾳ τοῖς τε ῥαβδούχοις καὶ τοῖς στρατιώταις χρώμενος,
εἰπάτω μοι σαφῶς, καὶ τί ἐκ τούτων ἠδικήμεθα. ἀλλ´ οὐδὲν ἂν
εἰπεῖν ἔχοι· εἰ γὰρ εἶχεν, οὐδὲν ἂν τούτου πρότερον ἐξελάλησεν.
πᾶν γὰρ τοὐναντίον οἱ μὲν στασιάσαντες τότε καὶ πάντα τὰ κακὰ
ἐργασάμενοι Τρεβέλλιός τε καὶ Δολοβέλλας ἦσαν, Ἀντώνιος δὲ καὶ
οὕτως οὔτε τι ἠδίκησε καὶ πάνθ´ ὑπὲρ ὑμῶν ἔπραττεν ὥστε καὶ
τὴν φυλακὴν τῆς πόλεως παρ´ ὑμῶν ἐπ´ αὐτοὺς ἐκείνους, οὐχ ὅπως
ἀντιλέγοντος τοῦ θαυμαστοῦ τούτου ῥήτορος (παρῆν γάρ) ἀλλὰ
καὶ συναινοῦντος, ἐπετράπη. ἢ δειξάτω, τίνα φωνὴν ἔρρηξεν ὁρῶν
τὸν ἀσελγῆ καὶ μιαρόν, ὡς αὐτὸς λοιδορεῖ, πρὸς τῷ μηδὲν αὐτὸν
τῶν δεόντων ποιεῖν καὶ ἐξουσίαν τοσαύτην παρ´ ὑμῶν προσλαμβάνοντα.
ἀλλ´ οὐκ ἂν ἔχοι δεῖξαι. οὕτω που ὁ μέγας οὗτος καὶ φιλόπολις
ῥήτωρ, ὁ πανταχοῦ καὶ ἀεὶ θρυλῶν καὶ λέγων ‘ἐγὼ μόνος
ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας ἀγωνίζομαι, ἐγὼ μόνος ὑπὲρ τῆς δημοκρατίας
παρρησιάζομαι· ἐμὲ οὔτε χάρις φίλων οὔτε φόβος ἐχθρῶν ἀπείργει
τοῦ μὴ οὐ τὰ συμφέροντα ὑμῖν προσκοπεῖν· ἐγώ, κἂν ἀποθανεῖν
ἐν τοῖς ὑπὲρ ὑμῶν λόγοις δεήσῃ, καὶ μάλ´ ἡδέως τελευτήσω’ οὐδ´
ὁτιοῦν τούτων ὧν νῦν βοᾷ τότε εἰπεῖν ἐτόλμησεν. καὶ πάνυ εἰκότως·
λογίζεσθαι γὰρ αὐτῷ ἐπῄει τοῦτο, ὅτι τοὺς μὲν ῥαβδούχους
καὶ τὸ ἔσθημα τὸ περιπόρφυρον κατὰ τὰ πάτρια τὰ περὶ τῶν
ἱππάρχων νενομισμένα εἶχε, τῷ δὲ δὴ ξίφει καὶ τοῖς στρατιώταις
κατὰ τῶν στασιαζόντων ἀναγκαίως ἐχρῆτο. τί γὰρ οὐκ ἂν τῶν
δεινοτάτων ἐποίησαν εἰ μὴ τούτοις ἐκεῖνος ἐπέφρακτο, ὁπότε καὶ
οὕτως αὐτοῦ κατεφρόνησάν τινες;
| [46,16] Puisqu'il prend le ton tragique avec ses grands
mots, et que, maintenant encore, il prétend qu'Antoine a
fait de la charge de maître de la cavalerie un spectacle
affligeant en usant partout et en toutes circonstances à
la fois du glaive et de la prétexte, ainsi que des licteurs
et des soldats, qu'il me dise donc clairement quel
dommage nous en avons reçu. Il n'en aurait aucun à
citer; car, s'il en avait eu, c'est par là qu'il aurait
commencé son bavardage. Au contraire, les séditieux
alors, ceux qui ont été les auteurs de tous nos malheurs,
ce furent Trébellius et Dolabella ; Antoine, bien loin de
nous avoir, dans ces conjonctures, causé le moindre
dommage, a tout fait pour nous, en sorte que la défense
de la ville contre ces mêmes hommes lui fut confiée par
vous, non seulement sans opposition de la part de cet
admirable orateur (il était présent) , mais encore avec
son consentement. Qu'il nous montre quelle parole est
sortie de sa bouche quand il vit ce débauché, cet impur,
ainsi qu'il l'appelle injurieusement, outre qu'il ne
remplissait aucun de ses devoirs, se faire investir par
vous d'une si grande autorité. Il ne pourrait le dire. C'est
ainsi que ce grand orateur si bon citoyen, qui va disant
et répétant sans cesse partout : « Seul, je combats pour
la liberté; seul, je parle librement dans l'intérêt de la
République; ni les égards pour mes amis, ni la crainte
de me faire des ennemis, ne m'empêchent de prévoir ce
qui peut vous être nuisible; s'il me fallait mourir en
défendant vos intérêts par ma parole, j'aimerais à
terminer ainsi ma carrière. » Aucune de ces paroles
qu'il crie aujourd'hui bien haut, il n'a osé alors la
prononcer. Cela se comprend. Il réfléchissait que les
licteurs et la prétexte, Antoine les avait d'après les
anciens règlements relatifs aux maîtres de la cavalerie;
que, pour le glaive et les soldats, il lui fallait s'en servir
contre les séditieux. Quelles atrocités n'auraient-ils pas,
en effet, commises, si Antoine n'eût été armé de ces
moyens, puisque quelques-uns ont, malgré cela, si peu
respecté son pouvoir ?
| [46,17] ὅτι τοίνυν καὶ ταῦτα καὶ τἆλλα πάντα ὀρθῶς καὶ κατὰ τὴν
γνώμην ὅτι μάλιστα τὴν τοῦ Καίσαρος ἐγένετο, δηλοῖ τὰ ἔργα· ἥ,
τε γὰρ στάσις οὐ περαιτέρω προεχώρησε, καὶ ὁ Ἀντώνιος οὐχ ὅσον
οὐ δίκην ἐπ´ αὐτοῖς ἔδωκεν ἀλλὰ καὶ ὕπατος μετὰ ταῦτα ἀπεδείχθη.
καί μοι καὶ ταύτην αὐτοῦ τὴν ἀρχὴν θεάσασθε ὡς διέθετο· εὑρήσετε
γὰρ αὐτήν, ἂν τἀκριβὲς σκοπῆτε, πάνυ πολλοῦ ἀξίαν {ἐν} τῇ
πόλει γεγενημένην. ὅπερ που καὶ αὐτὸς εἰδὼς οὐκ ἤνεγκε τὸν φθόνον,
ἀλλ´ ἐτόλμησεν ἐπὶ τούτοις αὐτὸν διαβαλεῖν ἃ καὶ αὐτὸς ἂν πεποιηκέναι
εὔξατο. καὶ διὰ τοῦτό γε καὶ τὴν γύμνωσιν αὐτοῦ τήν τε
ἀλοιφὴν τούς τε μύθους τοὺς παλαιοὺς ἐκείνους ἐπεσήγαγεν, οὐχ
ὅτι τι προσέδει νῦν αὐτῶν, ἀλλ´ ἵνα τήν τε ἐπιτέχνησιν αὐτοῦ καὶ
τὴν κατόρθωσιν τοῖς ἔξωθεν ψόφοις συσκιάσῃ. ὅστις, ὦ γῆ καὶ
θεοί, (μεῖζον γὰρ σοῦ βοήσομαι καὶ δικαιότερον αὐτοὺς ἐπικαλέσομαι),
τυραννουμένην ἤδη τῷ ἔργῳ τὴν πόλιν ἰδὼν τῷ πάντα μὲν
τὰ στρατόπεδα ἀκούειν τοῦ Καίσαρος, πάντα δὲ αὐτῷ τὸν δῆμον
μετὰ τῆς βουλῆς εἴκειν, οὕτως ὥστε τά τε ἄλλα καὶ δικτάτορα
αὐτὸν διὰ βίου εἶναι τῇ τε σκευῇ τῇ τῶν βασιλέων χρῆσθαι ψηφίσασθαι,
καὶ ἐξήλεγξε σοφώτατα καὶ ἐπέσχεν ἀσφαλέστατα, ὥστε
καὶ αἰδεσθέντα καὶ φοβηθέντα μήτε τὸ ὄνομα τὸ τοῦ βασιλέως
μήτε τὸ διάδημα, ἃ καὶ ἀκόντων ἡμῶν αὐτὸς ἑαυτῷ δώσειν ἔμελλε,
λαβεῖν. ἄλλος μὲν γὰρ ἄν τις ὑπό τε ἐκείνου ταῦτ´ ἔφη ποιῆσαι
κεκελεῦσθαι, καὶ τήν τε ἀνάγκην ἂν προυτείνατο καὶ συγγνώμης
ἐπ´ αὐτῇ ἔτυχε, πῶς γὰρ οὔ, τοιαῦτά τε ἡμῶν τότε ἐψηφισμένων
καὶ τοσοῦτο τῶν στρατιωτῶν δεδυνημένων; Ἀντώνιος δέ, ἅτε καὶ
τῆς διανοίας τῆς τοῦ Καίσαρος διαπεφυκὼς καὶ πάντα ἀκριβῶς
ὅσα παρεσκευάζετο συννοῶν, φρονιμώτατα αὐτὸν καὶ ἀπέτρεψεν
ἀπ´ αὐτῶν καὶ ἀπέσπευσε. τεκμήριον δὲ ὅτι οὐδὲν ἔτι τὸ παράπαν
ὡς καὶ δυναστεύων ἔπραξε, καὶ προσέτι καὶ κοινῶς καὶ ἀφυλάκτως
πᾶσιν ἡμῖν συνῆν· ἀφ´ οὗπερ καὶ τὰ μάλιστα ἠδυνήθη παθεῖν
ἃ ἔπαθε.
| [46,17] L'opportunité de ces mesures et de toutes les
autres, leur parfait accord avec l'opinion de César, sont
démontrés par les faits : la sédition s'arrêta, et Antoine
non seulement n'a pas été puni pour ces actes, mais
même il a été, à la suite, nommé consul. Examinez avec
moi quelle conduite il a tenue dans cette magistrature.
Vous trouverez, si vous y faites une sérieuse attention,
que son consulat fut bien précieux pour cette ville.
Cicéron le savait bien lui-même, puisqu'au lieu de
contenir son envie, il a osé calomnier Antoine à
l'occasion de ce que lui-même il a voulu faire. S'il a mis
en avant la nudité d'Antoine, l'huile dont il était frotté,
et toutes ces vieilles histoires, ce n'est pas parce que le
besoin s'en fait aujourd'hui sentir, c'est pour obscurcir
par les bruits du dehors l'habileté d'Antoine et ses
succès. C'est Antoine, ô Terre, ô dieux (car je crierai
plus haut que toi, et je les invoquerai pour des motifs
plus justes), c'est Antoine qui, voyant notre ville déjà en
réalité tombée sous le joug d'un tyran, puisque les
légions obéissaient à César et que le peuple tout entier,
de concert avec le sénat, lui cédait au point de décréter,
entre autres privilèges, qu'il serait dictateur pendant
toute sa vie et qu'il serait entouré d'un appareil royal,
c'est Antoine, dis-je, qui l'a si bien deviné, si bien arrêté
dans ses projets que César, saisi de honte et de crainte,
ne prit ni le titre de roi ni le diadème que son intention
était de se donner lui-même malgré nous. Si un autre
prétendait avoir reçu de César l'ordre d'agir ainsi, et
qu'il se retranchât derrière la nécessité, il obtiendrait,
n'est-il pas vrai? son pardon, attendu les décrets alors
rendus par nous et la toute-puissance des soldats. Eh
bien donc ! Antoine, qui avait pénétré au fond de la
pensée de César et qui avait une connaissance exacte de
tous les desseins qu'il méditait, l'en a prudemment
détourné par ses conseils. La preuve, c'est que César ne
fit plus absolument rien en vue de la domination, et
que, de plus, il vécut au milieu de nous tous comme un
citoyen ordinaire et sans garde, cause principale pour
laquelle il a pu subir le sort qu'il a subi.
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