HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLVI

Chapitre 18-19

  Chapitre 18-19

[46,18] ταῦθ´ οὕτως, Κικέρων Κικέρκουλε Κικεράκιε Κικέριθε Γραίκουλε, τι ποτὲ καὶ χαίρεις ὀνομαζόμενος, ἔπραξεν ἀπαίδευτος, γυμνός, μεμυρισμένος· ὧν οὐδὲν σὺ ἐποίησας δεινός, σοφός, πολὺ πλείονι τῷ ἐλαίῳ τοῦ οἴνου χρώμενος, καὶ μέχρι τῶν σφυρῶν τὴν ἐσθῆτα σύρων, οὐ μὰ Δία οὐχ ὥσπερ οἱ ὀρχησταὶ οἱ τὰς ποικιλίας τῶν ἐνθυμημάτων διδάσκοντές σε τοῖς σχήμασιν, ἀλλ´ ἵνα τὰ αἴσχη σου τῶν σκελῶν συγκρύπτῃς. οὐ γάρ που καὶ ὑπὸ σωφροσύνης τοῦτο ποιεῖς τὰ πολλὰ ἐκεῖνα περὶ τῆς τοῦ Ἀντωνίου διαίτης εἰρηκώς. τίς μὲν γὰρ οὐχ ὁρᾷ σου τὰ λεπτὰ ταῦτα χλανίδια; τίς δ´ οὐκ ὀσφραίνεται τῶν πολιῶν σου τῶν κατεκτενισμένων; τίς δ´ οὐκ οἶδεν ὅτι τὴν μὲν γυναῖκα τὴν προτέραν τὴν τεκοῦσάν σοι δύο τέκνα ἐξέβαλες, ἑτέραν δὲ ἐπεσηγάγου παρθένον ὑπεργήρως ὤν, ἵν´ ἐκ τῆς οὐσίας αὐτῆς τὰ δανείσματα ἀποτίσῃς; καὶ οὐδὲ ἐκείνην μέντοι κατέσχες, ἵνα Καιρελλίαν ἐπ´ ἀδείας ἔχῃς, ἣν τοσούτῳ πρεσβυτέραν σαυτοῦ οὖσαν ἐμοίχευσας ὅσῳ νεωτέραν τὴν κόρην ἔγημας, πρὸς ἣν καὶ αὐτὴν τοιαύτας ἐπιστολὰς γράφεις οἵας ἂν γράψειεν ἀνὴρ σκωπτόλης ἀθυρόγλωσσος πρὸς γυναῖκα ἑβδομηκοντοῦτιν πληκτιζόμενος. καὶ ταῦτα μὲν ἄλλως ἐξήχθην, πατέρες, εἰπεῖν, ἵνα μηδὲ ἐν τούτοις ἔλαττόν τι ἔχων ἀπέλθῃ. καίτοι καὶ συμπόσιόν τι ἐτόλμησε τῷ Ἀντωνίῳ προενεγκεῖν, αὐτὸς μὲν ὕδωρ, ὥς φησι, πίνων, ἵνα τοὺς καθ´ ἡμῶν λόγους νυκτερεύων συγγράφῃ, τὸν δὲ υἱὸν ἐν τοσαύτῃ μέθῃ τρέφων ὥστε μήτε νύκτωρ μήτε μεθ´ ἡμέραν σωφρονεῖν. καὶ προσέτι καὶ τὸ στόμα αὐτοῦ διαβάλλειν ἐπεχείρησε, τοσαύτῃ ἀσελγείᾳ καὶ ἀκαθαρσίᾳ παρὰ πάντα τὸν βίον χρώμενος ὥστε μηδὲ τῶν συγγενεστάτων ἀπέχεσθαι, ἀλλὰ τήν τε γυναῖκα προαγωγεύειν καὶ τὴν θυγατέρα μοιχεύειν. [46,18] Les voila, Cicéron, Cicéracien, Cicérithe, méchant petit Grec, ou quel que soit enfin le nom que tu préfères, les choses qu'a faites cet homme ignorant, cet homme nu, cet homme parfumé, toutes choses dont tu n'as fait aucune, toi, l'homme habile, l'homme sage, l'homme consommant plus d'huile que de vin, l'homme traînant sa toge jusque sur les talons, non pas, par Jupiter, pour imiter les histrions qui, par leurs gestes, enseignent la variété des mouvements de l'âme, mais pour cacher la laideur de tes jambes. Car ce n'est pas par pudeur que tu le fais, toi qui parles tant de la vie d'Antoine. Qui ne voit, en effet, ces fins manteaux que tu portes ? Qui ne sent l'odeur de tes cheveux blancs peignés avec tant de soin? Qui ne sait que ta première femme, celle qui t'avait donné deux enfants, tu l'as répudiée, et que tu en a pris une autre à la fleur de l'âge, bien que tu fusses décrépit, afin d'avoir sa fortune pour payer tes dettes? Celle-là même, tu ne l'as pas gardée, afin de posséder sans crainte Cérellia, avec laquelle tu as commis l'adultère, bien qu'elle te surpasse en âge autant que te surpassait en jeunesse la vierge que tu avais épousée, cette femme à qui tu écris des lettres telles que pourrait les écrire un bouffon, un bavard effréné, luttant de propos lascifs avec une femme septuagénaire. Je me suis laissé aller, Pères Conscrits, a raconter ces faits en passant, pour que, même en cela, il ne se retire pas avec moins qu'il n'a donné. Il a osé reprocher à Antoine un banquet, lui qui, à ce qu'il dit, ne boit que de l'eau, afin de passer la nuit à écrire des discours contre nous; lui qui élève son fils dans une ivresse telle que ni la nuit ni le jour il n'a sa raison. Il a essayé également de calomnier la bouche d'Antoine, lui qui, dans toute sa vie, se montre libertin et impur au point de ne pas même respecter ceux qui lui touchent de plus prés, de prostituer sa femme et de souiller sa fille.
[46,19] ταῦτα μὲν οὖν ἐάσω, ἐπάνειμι δὲ ὅθεν ἐξέβην. γὰρ Ἀντώνιος ἐκεῖνος, ὃν οὗτος καταδεδράμηκεν, ἰδὼν τὸν Καίσαρα ὑπὲρ τὴν πολιτείαν ἡμῶν αἰρόμενον, ἐποίησεν αὐτὸν μηδὲν ὧν ἐνενόει πρᾶξαι, δι´ αὐτῶν ὧν χαρίζεσθαι αὐτῷ ἐδόκει. οὐδὲν γὰρ οὕτως ἀποτρέπει τινὰς ὧν ἂν μὴ ὀρθῶς ἐπιθυμοῦντες τυχεῖν διαπράσσωνται, ὡς τὸ τοὺς φοβουμένους αὐτὰ μὴ πάθωσιν ἐθελοντὰς δὴ δοκεῖν ὑπομένειν. τοῦτο μὲν γάρ, ἐξ ὧν ἀδικοῦσιν ἑαυτοῖς συνίσασιν, οὐ πιστεύουσι, πεφωρᾶσθαι δὲ νομίζοντες καὶ αἰσχύνονται καὶ φοβοῦνται, τὰ μὲν λεγόμενα ἄλλως, ὡς καὶ κολακείαν, μετ´ ἐλέγχου λαμβάνοντες, τὰ δ´ ἐξ αὐτῶν ἀποβησόμενα, ὡς καὶ ἐπιβουλήν, μετ´ αἰσχύνης ὑποπτεύοντες. ἅπερ που καὶ Ἀντώνιος ἀκριβῶς εἰδὼς πρῶτον μὲν τά τε Λυκαῖα καὶ τὴν πομπὴν ἐκείνην ἐπελέξατο, ἵν´ Καῖσαρ ἔν τε τῷ ἀνειμένῳ τῆς γνώμης καὶ ἐν τῷ παιγνιώδει τῶν γιγνομένων ἀσφαλῶς σωφρονισθῇ, ἔπειτα δὲ καὶ τὴν ἀγορὰν καὶ τὸ βῆμα, ἵνα ἐξ αὐτῶν τῶν χωρίων αἰσχυνθῇ· τάς τε ἐντολὰς τὰς παρὰ τοῦ δήμου συνέπλασεν, ἵν´ αὐτὰς ἀκούσας λογίσηται οὐχ ὅσα τότε Ἀντώνιος ἔλεγεν, ἀλλ´ ὅσα ἂν δῆμος Ῥωμαίων εἰπεῖν τινι ἐνετείλατο. πόθεν γὰρ ἂν ἐπίστευσε τὸν δῆμον ταῦτ´ ἐπεσταλκέναι τῳ, μήτε ἐψηφισμένον τι τοιοῦτον αὐτὸν εἰδὼς μήτε ἐπιβοῶντα αἰσθόμενος; ἀλλ´ ἔδει γὰρ αὐτὸν καὶ ἐν τῇ ἀγορᾷ τῇ Ῥωμαίᾳ, ἐν πολλὰ πολλάκις ὑπὲρ τῆς ἐλευθερίας ἐβουλευσάμεθα, καὶ παρὰ τῷ βήματι, ἀφ´ οὗ μυρία ἐπὶ μυρίοις ὑπὲρ τῆς δημοκρατίας ἐπολιτευσάμεθα, ἔν τε τῇ ἑορτῇ τῶν Λυκαίων, ἵνα ἀναμνησθῇ τοῦ Ῥωμύλου, καὶ ὑπὸ τοῦ ὑπάτου, ἵν´ ἐννοήσῃ τὰ τῶν ἀρχαίων ὑπάτων ἔργα, καὶ ἐπὶ τῷ τοῦ δήμου ὀνόματι ταῦτα ἀκοῦσαι, ἵν´ ἐνθυμηθῇ τοῦθ´, ὅτι οὐκ Ἄφρων οὐδὲ Γαλατῶν οὐδὲ Αἰγυπτίων ἀλλ´ αὐτῶν Ῥωμαίων τυραννεῖν ἐπεχείρει. ταῦτα αὐτὸν τὰ ῥήματα ἐπέστρεψεν, ταῦτ´ ἐταπείνωσε· καὶ τάχα ἂν τὸ διάδημα, εἴπερ τις ἄλλος αὐτῷ προσήνεγκε, λαβών, ἔπειτα δι´ ἐκεῖνα καὶ ἐκολούσθη καὶ ἔφριξε καὶ κατέδεισε. τὰ μὲν οὖν Ἀντωνίου ἔργα σοι ταῦτά ἐστιν, οὐ σκέλος ἄλλως κατάξαντος ἵνα αὐτὸς φύγῃ, οὐδὲ χεῖρα κατακαύσαντος ἵνα Πορσένναν φοβήσῃ, ἀλλὰ τὴν τυραννίδα τὴν τοῦ Καίσαρος σοφίᾳ καὶ περιτεχνήσει, καὶ ὑπὲρ τὸ δόρυ τὸ Δεκίου καὶ ὑπὲρ τὸ ξίφος τὸ Βρούτου, παύσαντος. [46,19] Mais passons; je reviens au point d'où je suis parti. Cet Antoine, qu'on attaque avec tant d'acharnement, voyant César s'élever au-dessus de la république, l'a, par des moyens même qu'un soupçonne de flatterie, empêché d'accomplir aucun des projets qu'il méditait. Il y a des gens, en effet, que rien ne détourne tant de l'exécution de desseins mauvais que l'apparente résignation de ceux qui craignent d'avoir à les subir. La conscience de leur injustice les empêche d'y ajouter foi, et la pensée qu'ils sont découverts les couvre de honte et les remplit d'inquiétude, en leur faisant prendre comme une flatterie qu'ils réprimandent, des paroles dites dans un autre sens, et soupçonner dans ce qui en serait la conséquence un piège dont ils rougissent. C'est parce qu'il avait une parfaite connaissance de ces dispositions qu'Antoine a choisi les Lupercales et la procession qui les accompagne, afin que César, dans l'abandon de la pensée et dans les divertissements de la fête, reçût, sans danger pour lui, une leçon de modération : le Forum et les Rostres, afin que les lieux seuls le fissent rougir: il a feint un ordre du peuple, pour que, en l'entendant, César songeât, non pas aux paroles prononcées par Antoine, mais au langage que le peuple romain aurait pu ordonner de lui tenir. Comment, en effet, César aurait-il cru à un ordre du peuple, quand il savait qu'il n'y avait eu aucun décret rendu à ce sujet, quand il s'apercevait qu'on lui refusait les acclamations ? Oui, il fallait que ce fût dans le Forum Romain, où souvent nous avons rendu des décisions en faveur de la liberté; au pied des Rostres, où nous avons mille et mille fois montré notre amour pour le gouvernement populaire; que ce fût pendant la fête des Lupercales, afin de lui rappeler le souvenir de Romulus; que ce fût par un consul, pour qu'il songeât aux actions des anciens consuls; que ce fût au nom du peuple qu'il entendit ces paroles, pour réfléchir que c'était, non pas des Africains, ni des Gaulois, mais des Romains eux-mêmes, qu'il cherchait à se faire le tyran. Ces paroles l'ont détourné de ses desseins : elles l'ont abaissé; prêt peut-être, si un autre le lui eût présenté, à accepter le diadème, il en fut empêché par cette démonstration, il frissonna, il eut peur. Voilà les actes d'Antoine : il n'a pas eu besoin de se briser une jambe par hasard, pour fuir ensuite, ni de se brûler la main, pour effrayer Porsenna; il a su, par une sagesse et une habileté supérieures et à la lance de Décius et au glaive de Brutus, mettre un terme à la tyrannie de César.


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Dernière mise à jour : 31/08/2006