HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLVI

Chapitre 20-21

  Chapitre 20-21

[46,20] σὺ δ´, Κικέρων, τί ἐν τῇ ὑπατείᾳ σου οὐχ ὅτι σοφὸν ἀγαθόν, ἀλλ´ οὐ καὶ τιμωρίας τῆς μεγίστης ἄξιον ἔπραξας; οὐχ ἡσυχάζουσαν μὲν καὶ ὁμονοοῦσαν τὴν πόλιν ἡμῶν καὶ ἐξετάραξας καὶ ἐστασίασας, τὴν ἀγορὰν καὶ τὸ Καπιτώλιον ἄλλων τέ τινων καὶ δούλων παρακλήτων πληρώσας; οὐ τὸν Κατιλίναν σπουδαρχήσαντα μόνον, ἄλλο δὲ μηδὲν δεινὸν ποιήσαντα κακῶς ἀπώλεσας; οὐ τὸν Λέντουλον καὶ τοὺς μετ´ αὐτοῦ μήτ´ ἀδικήσαντάς τι μήτε κριθέντας μήτε ἐλεγχθέντας οἰκτρῶς διέφθειρας, καίτοι πολλὰ μὲν περὶ τῶν νόμων πολλὰ δὲ καὶ περὶ τῶν δικαστηρίων ἀεὶ καὶ πανταχοῦ θρυλῶν; εἴ τις ἀφέλοιτο τῶν σῶν λόγων, τὸ λοιπὸν οὐδέν ἐστι. Πομπηίῳ μὲν γὰρ ἐνεκάλεις ὅτι τῷ Μίλωνι παρὰ τὰ νενομισμένα τὴν κρίσιν ἐποίησε· σὺ δὲ οὔτε μικρὸν οὔτε μεῖζον οὐδὲν ἐκ τῶν περὶ ταῦτα τεταγμένων Λεντούλῳ παρέσχες, ἀλλὰ ἄνευ λόγου καὶ κρίσεως ἐνέβαλες ἐς τὸ δεσμωτήριον ἄνδρα ἐπιεικῆ γέροντα, πολλὰ μὲν καὶ μεγάλα πρὸς τὴν πατρίδα ἐκ προγόνων ἐνέχυρα φιλίας ἔχοντα, μηδὲν δὲ μήθ´ ὑπὸ τῆς ἡλικίας μήθ´ ὑπὸ τῶν τρόπων νεωτερίσαι δυνάμενον. τί μὲν γὰρ αὐτῷ κακὸν παρῆν, τῇ μεταβολῇ ἂν τῶν πραγμάτων ἐξιάσατο; τί δ´ οὐκ ἀγαθὸν εἶχε, περὶ οὗ πάντως ἂν νεοχμώσας τι ἐκινδύνευσε; ποῖα ὅπλα ἠθροίκει, ποίους συμμάχους παρεσκεύαστο, ἵν´ οὕτως οἰκτρῶς καὶ ἀνοσίως ἀνὴρ ὑπατευκώς, στρατηγῶν, μήτε τι εἰπὼν μήτ´ ἀκούσας ἔς τε τὸ οἴκημα ἐμπέσῃ καὶ ἐκεῖ ὥσπερ οἱ κακουργότατοι φθαρῇ; τοῦτο γάρ ἐστιν μάλιστα καλὸς οὗτος Τούλλιος ἐπεθύμησεν, ἵν´ ἐν τῷ ὁμωνύμῳ αὐτοῦ χωρίῳ {τῷ Τουλλιείῳ} τὸν ἔγγονον τοῦ Λεντούλου ἐκείνου τοῦ προκρίτου ποτὲ τῆς βουλῆς γενομένου ἀποκτείνῃ. [46,20] Mais toi, Cicéron, qu'as-tu fait dans ton consulat, je ne dis pas de sage ou de bon, mais même qui ne soit digne du dernier supplice? Notre ville jouissait du calme et de la concorde, n'y as-tu pas jeté le trouble et la sédition, en remplissant le Forum et le Capitole d'esclaves, entre autres gens appelés à ton aide? Catilina, dont le seul crime était de briguer le consulat, ne l'as-tu pas fait périr misérablement? Lentulus et ses compagnons, ne les as-tu pas, sans qu'ils fussent coupables, sans qu'ils aient été jugés, sans qu'ils aient été convaincus, livrés à une mort cruelle, malgré ces nombreuses tirades et sur les lois et sur les tribunaux partout et toujours par toi ressassées dans tes discours, qui, sans elles, se réduiraient à rien. Tu as accusé Pompée d'avoir, dans le jugement de MiIon, violé les prescriptions de la loi, quand, toi, tu n'as accordé à Lentulus aucune des garanties, ni petites, ni grandes, établies en pareil cas, quand tu as, sans explications, sans jugement, jeté en prison un homme vertueux, un vieillard, qui, du chef de ses ancêtres, comptait des gages nombreux de son amour pour la patrie, qui, par son âge, par ses mœurs, n'était pas capable de faire une révolution. Quel mal y avait-il qu'une révolution pût guérir pour lui? quel bien qu'il n'eut pas été exposé à perdre? Quelles armes avait-il rassemblées, quels alliés s'était-il préparés, pour être, lui personnage consulaire, lui revêtu de la préture, sans avoir rien dit, sans avoir rien entendu, si cruellement précipité au fond d'une prison et y périr comme les plus vils scélérats ? Cet illustre Tullius n'avait pas de plus ardent désir que de faire mettre à mort, dans le cachot appelé comme lui le Tullianum, le descendant de ce Lentulus qui fut autrefois prince du sénat.
[46,21] καίτοι τί ποτ´ ἂν ἐποίησεν ἐνοπλίου ἐξουσίας λαβόμενος τοιαῦτα καὶ τοσαῦτα ἐκ μόνων τῶν λόγων εἰργασμένος; ταῦτα γάρ σου τὰ λαμπρὰ ἔργα ἐστί, ταῦτα τὰ μεγάλα στρατηγήματα· ἐφ´ οἷς οὕτως οὐχ ὅπως ὑπὸ τῶν ἄλλων κατεγνώσθης, ἀλλὰ καὶ αὐτὸς σαυτοῦ κατεψηφίσω, ὥστε πρὶν καὶ κριθῆναι φυγεῖν. καίτοι τίς ἂν ἑτέρα μείζων ἀπόδειξις τῆς σῆς μιαιφονίας γένοιτο ὅτι καὶ ἐκινδύνευσας ἀπολέσθαι ὑπ´ αὐτῶν ἐκείνων ὑπὲρ ὧν ἐσκήπτου ταῦτα πεποιηκέναι, καὶ ἐφοβήθης αὐτοὺς ἐκείνους οὓς ἔλεγες ἐκ τούτων εὐηργετηκέναι, καὶ οὐχ ὑπέμεινας οὔτ´ ἀκοῦσαί τι αὐτῶν οὔτ´ εἰπεῖν τι αὐτοῖς δεινός, περιττός, καὶ τοῖς ἄλλοις βοηθῶν, ἀλλὰ φυγῇ τὴν σωτηρίαν ὥσπερ ἐκ μάχης ἐπορίσω; καὶ οὕτω γε ἀναίσχυντος εἶ ὥστε καὶ συγγράψαι ταῦτα τοιαῦτα ὄντα ἐπεχείρησας· ὃν ἐχρῆν εὔχεσθαι μηδὲ τῶν ἄλλων τινὰ αὐτὰ συνθεῖναι, ἵνα ἀλλὰ τοῦτό γε κερδάνῃς, τὸ συναπολέσθαι σοι τὰ πεπραγμένα καὶ μηδεμίαν αὐτῶν μνήμην τοῖς ἔπειτα παραδοθῆναι. καὶ ὅπως γε καὶ γελάσητε, ἀκούσατε τὴν σοφίαν αὐτοῦ. προθέμενος γὰρ πάντα τὰ τῇ πόλει πεπραγμένα συγγράψαι (καὶ γὰρ σοφιστὴς καὶ ποιητὴς καὶ φιλόσοφος καὶ ῥήτωρ καὶ συγγραφεὺς εἶναι πλάττεται) ἔπειτ´ οὐκ ἀπὸ τῆς κτίσεως αὐτῆς, ὥσπερ οἱ ἄλλοι οἱ τοῦτο ποιοῦντες, ἀλλὰ ἀπὸ τῆς ὑπατείας τῆς ἑαυτοῦ ἤρξατο, ἵνα ἀνάπαλιν προχωρῶν ἀρχὴν μὲν τοῦ λόγου ἐκείνην, τελευτὴν δὲ τὴν τοῦ Ῥωμύλου βασιλείαν ποιήσηται. [46,21] Qu'eût donc fait, s'il eût eu la puissance militaire, celui qui a, rien que par ses discours, accompli de si grandes choses ? Car ce sont là tes actions d'éclat, tes exploits guerriers; c'est là ce qui t'a fait, je ne dis pas seulement condamner par les autres, mais porter toi-même le décret contre toi, puisque, avant d'avoir été condamné, tu as pris la fuite. Et quelle autre démonstration plus évidente de ta cruauté, que d'avoir failli périr par le fait de ceux-là même en faveur desquels tu prétendais agir ainsi ? que d'avoir eu peur de ceux qui, à t'entendre, avaient recueilli le bienfait des mesures prises par toi ? Loin d'avoir eu la force de les écouter et de leur répondre, toi, l'homme habile, l'homme supérieur, le défenseur des autres, tu as, comme sur un champ de bataille, cherché ton salut dans la fuite. Ton impudence est telle, que tu as entrepris d'écrire l'histoire de ces temps, toi qui devrais faire des vœux pour que personne ne la recueille, afin d'avoir au moins l'avantage que tes actions meurent avec toi et que la mémoire n'en soit pas transmise à la postérité. Afin de pouvoir en rire, vous aussi, écoutez un trait de la sagesse de cet homme. S'étant proposé d'écrire l'histoire de tout ce qui s'est fait dans Rome ; (car il se donne pour être à la fois rhéteur, poète, philosophe, orateur et historien), il a pris non pas la fondation de la ville, comme les autres écrivains, mais bien son consulat pour point de départ de son récit, afin d'avoir, remontant en arrière, ce consulat au commencement de ses mémoires, et le règne de Romulus à la fin.


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Dernière mise à jour : 31/08/2006