HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLVI

Chapitre 22-23

  Chapitre 22-23

[46,22] λέγε τοίνυν, τοιαῦτα γράφων καὶ τοιαῦτα πράττων, οἷα δεῖ τὸν ἀγαθὸν ἄνδρα καὶ λόγῳ δημηγορεῖν καὶ ἔργῳ ποιεῖν· ἀμείνων γὰρ εἶ ἑτέροις τισὶν ὁτιοῦν παραινεῖν αὐτὸς τὰ προσήκοντα πράττειν, καὶ τοῖς ἄλλοις ἐπιτιμᾶν σεαυτὸν ἐπανορθοῦν. καίτοι πόσῳ σε κρεῖττον ἦν, ἀντὶ μὲν τῆς δειλίας ἣν Ἀντωνίῳ ὀνειδίζεις, αὐτὸν τὴν μαλακίαν καὶ τῆς ψυχῆς καὶ τοῦ σώματος ἀποθέσθαι, ἀντὶ δὲ τῆς ἀπιστίας ἣν ἐκείνῳ προφέρεις, αὐτὸν μήτ´ ἄπιστόν τι ποιεῖν μήτ´ αὐτομολεῖν, ἀντὶ δὲ τῆς ἀχαριστίας ἧς ἐκείνου κατηγορεῖς, αὐτὸν μὴ ἀδικεῖν τοὺς εὐεργέτας; ἓν γάρ τοι καὶ τοῦτο τῶν κακῶν τῶν ἐμφύτων αὐτῷ ἐστιν, ὅτι μισεῖ μάλιστα πάντων τούς τι αὐτὸν εὖ πεποιηκότας, καὶ τῶν μὲν ἄλλων ἀεί τινας θεραπεύει, τούτοις δὲ ἐπιβουλεύει. ἵνα γοῦν τἆλλα ἐάσω, ἐλεηθεὶς ὑπὸ τοῦ Καίσαρος καὶ σωθεὶς ἔς τε τοὺς εὐπατρίδας ἐγγραφεὶς ἀπέκτεινεν, οὐκ αὐτοχειρίᾳ (πόθεν, δειλός τε οὕτω καὶ γύννις ὤν;) ἀλλ´ ἀναπείσας καὶ παρασκευάσας τοὺς τοῦτο ποιήσαντας. καὶ ὅτι ταῦτα ἀληθῆ λέγω, αὐτοὶ ἐκεῖνοι ἐδήλωσαν· ὅτε γοῦν γυμνοῖς τοῖς ξίφεσιν ἐς τὴν ἀγορὰν ἐσέδραμον, ὀνομαστὶ αὐτὸν ἀνεκάλεσαν συνεχῶς εἰπόντες, Κικέρων, ὥσπερ που πάντες ἠκούσατε. ἐκεῖνόν τε οὖν εὐεργέτην ὄντα ἐφόνευσε, καὶ παρ´ αὐτοῦ τοῦ Ἀντωνίου καὶ τῆς ἱερωσύνης καὶ τῆς σωτηρίας, ὅτ´ ἀπολέσθαι ἐν τῷ Βρεντεσίῳ ὑπὸ τῶν στρατιωτῶν ἐκινδύνευσε, τυχὼν τοιαύτας αὐτῷ χάριτας ἀνταποδίδωσι, κακηγορῶν τε αὐτὸν ἐπὶ τούτοις μήτ´ αὐτὸς μήτ´ ἄλλος τις πώποτε ἐμέμψατο, καὶ κατατρέχων ἐφ´ οἷς ἄλλους ἐπαινεῖ. τὸν γοῦν Καίσαρα τοῦτον, μήθ´ ἡλικίαν ἄρχειν τι τῶν πολιτικῶν πράττειν ἔχοντα μήθ´ ὑφ´ ἡμῶν προκεχειρισμένον, ὁρῶν καὶ δύναμιν πεπορισμένον καὶ πόλεμον μήτε ἐψηφισμένων ἡμῶν μήτε προστεταχότων αὐτῷ ἀνῃρημένον, οὐ μόνον οὐκ αἰτιᾶταί τι ἀλλὰ καὶ ἐγκωμιάζει. οὕτως οὔτε τὰ δίκαια πρὸς τοὺς νόμους οὔτε τὰ συμφέροντα πρὸς τὸ τῷ κοινῷ χρήσιμον ἐξετάζει, ἀλλὰ πάντα ἁπλῶς πρὸς τὴν ἑαυτοῦ βούλησιν διάγει, καὶ ἐφ´ οἷς ἄλλους ἀποσεμνύνει, ταῦθ´ ἑτέροις ἐγκαλεῖ, καὶ καταψευδόμενος ὑμῶν καὶ προσδιαβάλλων ὑμᾶς. [46,22] Dis-nous donc, puisque tu écris, puisque tu fais de telles choses, dis-nous quels sont les discours que doit tenir au peuple, quelles sont les actions que doit accomplir un homme de bien; car tu es meilleur pour conseiller n'importe quoi à d'autres, que pour faire toi-même ce qu'il faut; pour gourmander les autres, que pour te corriger toi-même. Combien ne valait-il pas mieux, au lieu d'adresser à Antoine le reproche de lâcheté, te dépouiller de ta mollesse morale et physique; au lieu de lui objecter un manque de foi, ne rien faire de contraire à la loyauté et ne pas être transfuge ; au lieu de l'accuser d'ingratitude, ne pas toi-même être coupable de torts envers tes bienfaiteurs ? Un des vices que la nature a mis dans cet homme, c'est, avant tout, sa haine contre ceux qui lui ont fait du bien; c'est, à l'égard des autres, l'empressement officieux qu'il montre pour ceux-ci et les complots qu'il trame contre ceux-là. Ainsi, pour omettre le reste, c'est que, après avoir éprouvé la pitié de César, après lui avoir été redevable de la vie et avoir été par lui inscrit au nombre des patriciens, il l'a tué, non pas de sa propre main (comment l'eût-il fait, lui si lâche et si efféminé?), mais en excitant et en apostant ceux qui ont fait le coup. La vérité de mes paroles est démontrée par les meurtriers eux-mêmes : lorsqu'ils s'élancèrent avec leurs épées nues dans le Forum, ils l'appelèrent par son nom à leur aide, en criant continuellement : « Cicéron ! Cicéron ! » comme vous l'avez tous entendu. Cicéron a donc tué celui qui était son bienfaiteur. Quant à Antoine, qui lui a fait obtenir la dignité d'augure, et qui lui a sauvé la vie, lorsque, à Brindes, il faillit être massacré par les soldats, voilà les témoignages de reconnaissance qu'il lui accorde, c'est-à-dire des injures pour des choses que ni lui-même ni aucun autre n'a jamais incriminées, et des invectives pour celles qui valent à d'autres ses éloges. C'est ainsi que son César, qui n'a pas encore l'âge ni pour exercer une magistrature, ni pour s'occuper des affaires publiques, et qui n'a pas été élu par nous, il le voit lever une armée, entreprendre la guerre sans que nous l'ayons décrétée, sans que nous lui en avons donné mission; et non seulement il ne l'accuse pas, mais même il le comble d'éloges. Voilà comment, loin de régler les droits suivant les lois, l'utilité suivant l'intérêt commun, il dirige tout suivant son bon plaisir; et ce qu'il exalte chez les uns devient chez les autres le sujet d'un blâme, grâce à ses mensonges et à ses calomnies contre vous.
[46,23] σύμπαντα γὰρ τὰ μετὰ τὴν τοῦ Καίσαρος τελευτὴν ὑπ´ Ἀντωνίου πεπραγμένα εὑρήσετε ὑφ´ ὑμῶν κεκελευσμένα. καὶ τὸ μὲν περί τε τῆς τῶν χρημάτων διοικήσεως καὶ περὶ τῆς τῶν γραμμάτων ἐξετάσεως λέγειν περιττὸν εἶναι νομίζω. διὰ τί; ὅτι τὸ μὲν τῷ κληρονομοῦντι αὐτοῦ τῆς οὐσίας προσῆκον ἂν εἴη πολυπραγμονεῖν, τὸ δέ, εἴπερ τινὰ ἀλήθειαν κακουργίας εἶχε, τότε ἐχρῆν παραχρῆμα κεκωλῦσθαι. οὔτε γὰρ ὑπὸ μάλης τι αὐτῶν, Κικέρων, ἐπράχθη, ἀλλ´ ἐς στήλας, ὡς καὶ αὐτὸς φῄς, πάντα ἀνεγράφη· εἰ δὲ ἐκεῖνος φανερῶς οὕτω καὶ ἀναισχύντως τά τε ἄλλα ἐκακούργησεν ὡς λέγεις, καὶ τὴν Κρήτην ὅλην ἥρπασεν ὡς καὶ ἐκ τῶν τοῦ Καίσαρος γραμμάτων ἐλευθέραν μετὰ τὴν τοῦ Βρούτου ἀρχὴν ἀφειμένην, ἣν ὕστερον ἐκεῖνος παρ´ ἡμῶν ἐπετράπη, πῶς μὲν ἂν σὺ ἐσιώπησας, πῶς δ´ ἂν τῶν ἄλλων τις ἠνέσχετο; ἀλλὰ ταῦτα μέν, ὥσπερ εἶπον, παραλείψω· οὔτε γὰρ ὀνομαστὶ τὰ πολλὰ αὐτῶν εἴρηται, οὔτ´ Ἀντώνιος δυνάμενος ὑμᾶς ἀκριβῶς καθ´ ἕκαστον ὧν πεποίηκε διδάξαι πάρεστι· περὶ δὲ δὴ τῆς Μακεδονίας τῆς τε Γαλατίας καὶ τῶν ἄλλων ἐθνῶν τῶν τε στρατοπέδων ὑμέτερα ἔστιν, πατέρες, ψηφίσματα, καθ´ τοῖς τε ἄλλοις ὡς ἕκαστα προσετάξατε καὶ ἐκείνῳ τὴν Γαλατίαν μετὰ τῶν στρατιωτῶν ἐνεχειρίσατε. καὶ τοῦτο καὶ Κικέρων οἶδεν· παρῆν γάρ, καὶ πάντα γε αὐτὰ ὁμοίως ὑμῖν ἐψηφίζετο. καίτοι πόσῳ κρεῖττον ἦν τότε αὐτὸν ἀντειπεῖν, εἴπερ τι αὐτῶν μὴ δεόντως ἐγίγνετο, καὶ διδάξαι ὑμᾶς ταῦτα νῦν προΐσχεται, παραχρῆμα μὲν σιωπῆσαι καὶ περιιδεῖν ὑμᾶς ἁμαρτάνοντας, νῦν δὲ λόγῳ μὲν Ἀντωνίῳ ἐγκαλεῖν ἔργῳ δὲ τῆς βουλῆς κατηγορεῖν; [46,23] Tout ce qui, après la mort de César, a été fait par Antoine, vous trouverez qu'il l'a été en vertu d'ordres émanés de vous. Quant à l'administration des finances et à l'examen des mémoires de César, je crois superflu d'en parler. Pourquoi ? Parce que, d'un côté, c'est à celui qui hérite des biens qu'il conviendrait de s'en enquérir; et que, d'un autre côté, s'il y avait véritablement quelque malversation, il fallait l'arrêter sur-le-champ. Rien n'a été fait en cachette, Cicéron; tout a bien été, comme tu le dis toi-même, gravé sur des plaques. Si donc, entre autres maléfices commis aussi ouvertement et aussi impudemment que tu le prétends, Antoine nous a enlevé la Crète tout entière en laissant libre, soi-disant en vertu des mémoires de César, après le gouvernement de Brutus, une province qui a été, plus tard, confiée par nous à ce même Brutus, comment as-tu gardé le silence ? comment les autres citoyens l'ont-ils enduré ? Mais, je l'ai dit, je passerai sur ces griefs. La plupart, en effet, n'ont pas été nettement articulés, et Antoine, qui peut vous renseigner exactement sur chacun de ses actes, est absent. Quant à la Macédoine, à la Gaule et aux autres provinces, il existe des décrets de vous, Pères Conscrits, décrets par lesquels vous avez assigné aux autres chacune d'elles séparément, tandis que vous avez, par votre vote, remis à Antoine et la Gaule et les soldats. Et Cicéron le sait bien : il était présent et il a pris part avec vous à tous les décrets. Combien il eût été préférable pour lui de s'y opposer alors, si quelqu'un d'eux n'était pas convenable, et de vous instruire des considérations qu'il allègue aujourd'hui, plutôt que d'avoir, sur le moment, gardé le silence et vous avoir laissé commettre la faute, pour venir aujourd'hui, en apparence adresser des reproches à Antoine, mais, en réalité, accuser le sénat!


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Dernière mise à jour : 31/08/2006