HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLVI

Chapitre 10-11

  Chapitre 10-11

[46,10] τί μὲν γὰρ τῶν κοινῶν σέσωσται ἐπηνώρθωται διὰ σέ; τίνα δὲ ἀδικοῦντα ὄντως τὴν πόλιν ἐσήγγελκας, τίνα ἐπιβουλεύοντα ἀληθῶς ἡμῖν ἐπιδέδειχας; ἵνα γὰρ τἆλλα ἐάσω, αὐτὰ ταῦθ´ τῷ Ἀντωνίῳ νῦν ἐγκαλεῖς, τοιαῦτα καὶ τοσαῦτά ἐστιν ὥστε μηδένα ἂν δίκην ἀξίαν αὐτῶν ὑποσχεῖν. τί ποτ´ οὖν, ὁρῶν ἡμᾶς ἀπ´ ἀρχῆς ὑπ´ αὐτοῦ, ὥς γε καὶ φῄς, ἀδικουμένους, οὐδέποτε ἐπεξῆλθες αὐτῷ παραχρῆμα οὐδὲ κατηγόρησας, ἀλλὰ νῦν ἡμῖν λέγεις ὅσα δημαρχήσας παρενόμησε καὶ ὅσα ἱππαρχήσας ἐπλημμέλησε καὶ ὅσα ὑπατεύσας ἐκακούργησεν, ἐξόν σοι τότε εὐθὺς καθ´ ἕκαστον αὐτῶν τὴν προσήκουσαν παρ´ αὐτοῦ δίκην εἰληφέναι, ἵνα αὐτός τε φιλόπολις ὡς ἀληθῶς ὢν ἐπεφήνεις καὶ ἡμεῖς καὶ ἀβλαβῆ καὶ ἀσφαλῆ τὴν τιμωρίαν παρ´ αὐτὰ τὰ ἀδικήματα ἐπεποιήμεθα. καὶ μὴν ἀνάγκη δυοῖν θάτερον, πεπιστευκότα σε τότε ταῦθ´ οὕτως ἔχειν καθυφεικέναι τοὺς ὑπὲρ ἡμῶν ἀγῶνας, μὴ δυνηθέντα τινὰ αὐτῶν ἐξελέγξαι μάτην νῦν συκοφαντεῖν. [46,10] Lequel des intérêts publics as-tu sauvé ou relevé? Quel homme réellement coupable envers l'État as-tu cité en justice? quel homme conspirant véritablement as-tu dénoncé? Pour passer le reste sous silence, tes griefs que tu reproches aujourd'hui à Antoine sont de telle nature et en tel nombre qu'on ne saurait leur infliger aucune punition digne de leur énormité. Pourquoi donc, lorsque, dès le principe, tu nous voyais, du moins à ce que tu dis, victimes de ses méfaits, ne l'avoir pas prévenu sur-le-champ, ne l'avoir pas même accusé ? Mais non, aujourd'hui tu viens nous raconter toutes ses contraventions aux lois pendant qu'il était tribun du peuple, toutes ses violences pendant qu'il était maître de la cavalerie, tous ses maléfices pendant qu'il était consul : et pourtant il était alors en ton pouvoir de tirer de lui pour chacun de ses crimes un châtiment convenable : c'était une occasion de te montrer toi-même véritablement ami de la patrie, un moyen à nous de nous venger de ses forfaits au moment même, sans dommage et sans danger. De deux choses l'une : ou tu croyais alors à leur réalité, et tu as refusé de combattre pour notre intérêt; ou, n'ayant pu le convaincre d'aucun de ces crimes, tu l'attaques maintenant par de vaines calomnies.
[46,11] ὅτι γὰρ τοῦθ´ οὕτως ἔχει, καθ´ ἕκαστον ὑμῖν, πατέρες, διεξιὼν ἐπιδείξω. ἔλεγέ τινα ἐν τῇ δημαρχίᾳ Ἀντώνιος ὑπὲρ τοῦ Καίσαρος· καὶ γὰρ Κικέρων καὶ ἄλλοι τινὲς ὑπὲρ τοῦ Πομπηίου. τί ποτ´ οὖν τοῦτον μὲν αἰτιᾶται ὅτι τὴν φιλίαν τὴν ἐκείνου προείλετο, ἑαυτὸν δὲ καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς τἀναντία αὐτῷ σπουδάσαντας ἀφίησιν; ἐκώλυσέ τινα ἐκεῖνος ψηφισθῆναι τότε κατὰ τοῦ Καίσαρος· καὶ γὰρ οὗτος πάνθ´ ὡς εἰπεῖν ὅσα ὑπὲρ τοῦ Καίσαρος ἐγιγνώσκετο. ἀλλ´ ἐμποδών, φησίν, ἐγίγνετο τῇ κοινῇ τῆς βουλῆς γνώμῃ. καὶ πρῶτον μὲν πῶς ἂν εἷς ἀνὴρ τοσοῦτον ἴσχυσεν; ἔπειτα δέ, εἰ καὶ κατεψηφίσθη διὰ τοῦθ´, ὥσπερ λέγει, πῶς οὐκ ἂν καὶ ἐκολάσθη; ἔφυγε γάρ, ἔφυγε πρὸς τὸν Καίσαρα ἀπελθών. οὐκοῦν καὶ σύ, Κικέρων, οὐκ ἀπεδήμησας νῦν ἀλλ´ ἔφυγες, ὥσπερ καὶ πρότερον. ἀλλὰ μήτι γε καὶ ἐπὶ πάντας ἡμᾶς τὰ σεαυτοῦ ὀνείδη προπετῶς οὕτως ἄγε· φυγεῖν μὲν γάρ ἐστι τοῦτο σὺ πεποίηκας, τό τε δικαστήριον φοβηθεὶς καὶ τὴν τιμωρίαν αὐτὸς σαυτοῦ προκαταγνούς. ἀμέλει καὶ ἐγράφη σοι κάθοδος· πῶς μὲν καὶ διὰ τίνα, οὐ λέγω, ἐγράφη δ´ οὖν, καὶ οὐ πρίν γε ἐπέβης τῆς Ἰταλίας πρὶν ἐκείνην σοι δοθῆναι. Ἀντώνιος δὲ καὶ ἀπῆλθε πρὸς τὸν Καίσαρα μηνύσων αὐτῷ τὰ πεπραγμένα, καὶ ἐπανῆλθε μηδενὸς ψηφίσματος δεηθείς, καὶ τέλος τήν τε εἰρήνην τήν τε φιλίαν τὴν πρὸς αὐτὸν πᾶσι τοῖς ἐν τῇ Ἰταλίᾳ τότε εὑρεθεῖσιν ἐπρυτάνευσεν· ἧς καὶ οἱ λοιποὶ ἂν μετεσχήκεσαν, εἰ μὴ σοὶ πεισθέντες ἐπεφεύγεσαν. [46,11] La vérité de mes paroles, Pères Conscrits, chacune de ses actions va vous la démontrer. Si Antoine, dans son tribunat, a quelquefois parlé en faveur de César, c'est que Cicéron et quelques autres plaidaient la cause de Pompée. Pourquoi donc accuser Antoine d'avoir préféré l'amitié de César, quand lui-même et les autres, qui ont préféré le parti contraire, sont laissés de côté ? L'un s'est alors opposé à ce que certains décrets fussent rendus contre César; l'autre condamnait pour ainsi dire tout ce qui se faisait dans l'intérêt de César. Mais il s'est, dit Cicéron, mis en opposition avec l'avis du sénat. Et d'abord, comment un seul homme a-t-il eu tant de puissance? Puis, s'il a été, ainsi qu'on le dit, poursuivi à ce titre, comment n'a-t-il pas été châtié ? C'est parce qu'il a pris la fuite, c'est parce qu'il est allé se réfugier auprès de César. Et toi aussi, Cicéron, tout récemment encore, tu n'es point parti en voyage, tu t'es enfui comme auparavant. Ne viens donc pas nous accabler, dans ta pétulance, d'injures qui retombent sur toi-même. Car c'est s'exiler soi-même que de faire ce que tu as fait par crainte d'être traîné devant les tribunaux, te condamnant par avance au dernier supplice. Sans doute ton rappel a été décrété. Comment et par qui, je ne m'en inquiète pas; il a été décrété, et tu n'es rentré en Italie qu'après avoir obtenu cette faveur. Mais Antoine est allé trouver César pour lui annoncer ce qui s'était passé, et il est revenu sans avoir besoin pour cela d'aucun décret. Enfin il a, par ses négociations, obtenu la paix et l'amitié de César pour tous ceux qui se seraient alors trouvés en Italie, paix où le reste des citoyens aurait eu aussi sa part, si, cédant à tes conseils, ils n'avaient pas pris la fuite.


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Dernière mise à jour : 31/08/2006