|
[46,6] ἐγὼ δὲ ὑπὲρ μὲν ἐκείνων μετὰ ταῦτα ἃ προσήκει πάντα ἐρῶ,
τοῦτον δὲ ἐν τῷ παρόντι ἀνερέσθαι τι βούλομαι. οὐ σὺ μέντοι
ἔν τε τοῖς ἀλλοτρίοις κακοῖς ἐντέθραψαι καὶ ἐν ταῖς τῶν πέλας
συμφοραῖς ἐκπεπαίδευσαι, καὶ διὰ τοῦτο ἐλευθέριον μὲν μάθημα
οὐδὲν ἐπίστασαι, συνέδριον δέ τι κατασκευάσας ἐνταῦθα ὥσπερ
αἱ πόρναι τὸν δώσοντά τι ἀεὶ ἀναμένεις, καὶ προσαγωγέας τῶν
λημμάτων πολλοὺς ἔχων πολυπραγμονεῖς τίς τίνα ἠδίκηκεν ἢ δοκεῖ
γε ἠδικηκέναι, τίς τίνα μισεῖ, τίς τίνι ἐπιβουλεύει; καὶ τούτοις
συναίρῃ, καὶ διὰ τούτων τρέφῃ, πωλῶν μὲν αὐτοῖς τὰς παρὰ
τῆς τύχης ἐλπίδας, ἐργολαβῶν δὲ καὶ τὰς τῶν δικαστῶν ἀποφάσεις,
καὶ φίλον μὲν μόνον τὸν τὸ πλέον ἀεὶ διδόντα, ἐχθροὺς δὲ
δὴ πάντας τοὺς ἀπράγμονας ἢ καὶ ἄλλῳ τινὶ συνηγόρῳ χρωμένους
νομίζων, καὶ τοὺς μὲν ἐν χερσὶν ἤδη ὄντας οὐδ´ εἰδέναι δοκῶν,
ἀλλὰ καὶ δι´ ὄχλου ποιούμενος, τοὺς δ´ ἄρτι προσιόντας σαίνων
καὶ γελῶν ὥσπερ αἱ πανδοκεύτριαι.
| [46,6] Pour moi, je dirai à ce propos tout ce qu'il convient
de dire, mais, pour le moment, je veux adresser
quelques questions à cet homme. N'as-tu pas été nourri
au milieu des malheurs d'autrui, élevé au milieu des
calamités de tes voisins? C'est, sans doute, pour cela
que tu ne connais aucune science digne d'un homme
libre; que tu as, comme les courtisanes, établi ici une
sorte de collège ou tu te tiens sans cesse, attendant qui
te donne? que tu as de nombreux procureurs chargés de
fournir à tes gains, et par l'entremise desquels tu
t'enquiers avec soin quel est celui qui a fait tort à
quelqu'un; quel est celui qui hait quelqu'un; quel est
celui qui tend des embûches à quelqu'un? Tu leur viens
en aide, et c'est par eux que tu vis, leur vendant des
espérances qui dépendent du hasard; entreprenant
même d'obtenir le suffrage des juges en leur faveur,
n'ayant pour ami que celui qui donne le plus, et
regardant comme ennemis tous ceux qui n'ont point
d'affaires ou qui s'adressent à un autre défenseur, ne
faisant pas même semblant de connaître ceux qui sont
déjà entre tes mains et leur créant des embarras, mais
prodiguant les caresses et les sourires aux nouveaux
venus, ainsi que le font les cabaretières.
| [46,7] καὶ πόσῳ κρεῖττον ἦν καὶ σὲ
Βαμβαλίωνα γεγονέναι, εἴ γέ τις ὁ Βαμβαλίων οὗτός ἐστιν, ἢ τοιοῦτον
ἐπανῃρῆσθαι βίον ἐν ᾧ πᾶσα ἀνάγκη ἤτοι τὸν ὑπὲρ τοῦ
δικαίου λόγον πωλεῖν ἢ καὶ τοὺς ἀδικοῦντας σώζειν; καίτοι σύγε
οὐδὲ ταῦτα καλῶς ποιεῖν, καίπερ τρία ἐν Ἀθήναις ἔτη κατατρίψας,
δύνασαι. ποῦ; πόθεν; ὅστις ὑποτρέμων ἀεὶ πρὸς τὰ δικαστήρια
προσέρχῃ καθάπερ ὁπλομαχεῖν μέλλων, καὶ φθεγξάμενος ταπεινόν
τι καὶ τεθνηκὸς ἀπαλλάττῃ, μήθ´ ὧν οἴκοθεν ἐσκεμμένος ἥκεις
μνημονεύων, μήτε ἐκ τοῦ παραχρῆμά τι εἰπεῖν εὑρίσκων. ἐς μὲν
γὰρ τὸ φῆσαι καὶ ὑποσχέσθαι τι θρασύτητι πάντας ἀνθρώπους
ὑπερβάλλεις, ἐν δὲ δὴ τοῖς ἀγῶσιν αὐτοῖς, ἔξω τοῦ λοιδορῆσαί
τινα καὶ κακῶς εἰπεῖν, καὶ ἀσθενέστατος καὶ δειλότατος εἶ.
ἢ οἴει τινὰ ἀγνοεῖν ὅτι μηδένα τῶν θαυμαστῶν σου τούτων λόγων
οὓς ἐκδέδωκας εἴρηκας, ἀλλὰ πάντας αὐτοὺς μετὰ ταῦτα συγγέγραφας,
ὥσπερ οἱ τούς τε στρατηγοὺς καὶ τοὺς ἱππάρχους τοὺς πηλίνους
πλάττοντες; εἰ δ´ ἀπιστεῖς, ἀναμνήσθητι πῶς μὲν τοῦ
Οὐέρρου κατηγόρησας, καίπερ καὶ ἐκ τῆς τέχνης τι τῆς πατρῴας
αὐτῷ παρασχών, ὅτε ἐνούρησας.
ἀλλὰ γὰρ ὀκνῶ μὴ τὰ προσήκοντά σοι ἀκριβῶς λέγων αὐτὸς
οὐ προσήκοντας ἐμαυτῷ λόγους ποιεῖσθαι δόξω.
| [46,7] Combien ne valait-il pas mieux pour toi devenir un
Bambalion, si Bambalion il y a, que d'avoir adopté une
manière de vivre qui te contraint à vendre ta parole, soit
pour la défense de la justice, soit pour le salut des
coupables? Et pourtant, ce métier, bien que tu aies
passé trois ans à Athènes, tu es incapable de l'exercer
honorablement. Comment le pourrais-tu, en effet ?
Jamais tu ne parais devant les tribunaux qu'en
tremblant, comme si tu devais combattre les armes à la
main; tu te retires après avoir prononcé quelques
paroles rampantes et sans vie, ne te souvenant plus de
ce que tu as étudié chez toi, et ne trouvant rien à
improviser. Pour affirmer et pour promettre, tu
surpasses tout le monde en audace; mais, dans le cours
des débats, à part les injures et les mauvais propos, tu es
le plus faible et le plus timide de tous les hommes.
Crois-tu qu'aucun de nous ignore que nul de ces
admirables discours publiés par toi n'a été prononcé, et
que tu les as tous écrits après coup, à l'exemple de ceux
qui fabriquent des généraux et des maîtres de cavalerie
en argile? Si tu ne le crois pas, souviens-toi de la façon
dont tu as accusé Verrès, à qui tu as administré certains
ingrédients sentant l'art paternel, quand tu as lâché
l'urine? Mais je crains, en rapportant en détail tes
qualités, de paraître moi-même tenir des discours peu
convenables dans ma bouche.
| | |