|
[46,4] διὰ μὲν δὴ ταῦτα φυλάττεσθε τὸν ἄνθρωπον. γόης γάρ ἐστι
καὶ μάγος, καὶ ἐκ μὲν τῶν κακῶν τῶν ἀλλοτρίων καὶ πλουτεῖ καὶ
αὔξει, συκοφαντῶν ἕλκων σπαράττων τοὺς μηδὲν ἀδικοῦντας
ὥσπερ οἱ κύνες, ἐν δὲ δὴ τῇ κοινῇ ὁμονοίᾳ ἀπορεῖ καὶ φθίνει·
οὔτε γὰρ ἡ φιλία οὔθ´ ἡ εὔνοια ἡμῶν ἡ πρὸς ἀλλήλους τοιοῦτον
δύνανται τρέφειν ῥήτορα. ἐπεὶ πόθεν ἄλλοθεν πεπλουτηκέναι
αὐτὸν οἴεσθε, πόθεν μέγαν γεγονέναι; οὐ γάρ που καὶ ὁ πατὴρ
αὐτῷ ὁ κναφεύς, ὁ τάς τε σταφυλὰς καὶ τὰς ἐλαίας ἀεί ποτε
ἐργολαβῶν, ἢ γένος ἢ πλοῦτον κατέλιπεν, ἄνθρωπος ἀγαπητῶς ἔκ
τε τούτων καὶ ἐκ τῶν πλυνῶν διατρεφόμενος, καὶ καθ´ ἑκάστην
ἡμέραν καὶ νύκτα τῶν αἰσχίστων ἀναπιμπλάμενος. ἐν οἷς αὐτὸς
τραφεὶς οὐκ ἀπεικότως τοὺς κρείσσονας αὐτοῦ καὶ πατεῖ καὶ πλύνει,
λοιδορίαις τισὶν ἐξ ἐργαστηρίων καὶ τριόδων ἐπιτετηδευμέναις
χρώμενος.
| [46,4] Ainsi donc, gardez-vous de cet homme. Il est
artificieux et magicien; les maux d'autrui font sa
richesse et sa grandeur; il calomnie, entraîne et déchire,
comme les chiens, ceux qui ne font point de mal ; au
sein de la paix générale, il tombe dans l'abattement et la
consomption, car notre amitié et notre concorde ne
peuvent nourrir cet orateur fameux. Par quelle voie
donc pensez-vous qu'il se soit enrichi, qu'il soit devenu
grand? Son père le foulon, continuellement occupé de
ses entreprises de raisins et d'olives, ne lui a laissé ni
illustration de race, ni fortune, lui qui avait grand-peine
à vivre de ce métier et de son lavoir, et se gorgeait,
chaque jour et chaque nuit, des mets les plus
dégoûtants. C'est à la suite d'une telle éducation que ce
personnage se permet de fouler aux pieds ceux qui
valent mieux que lui, et de leur laver la tête avec des
injures d'atelier et de carrefour.
| [46,5] εἶτα τοιοῦτος αὐτὸς ὤν, καὶ γυμνὸς ἐν γυμνοῖς αὐξηθείς, καὶ
οἰσπώτας καὶ ὑσπελέθους καὶ σπατίλας συλλέγων, ἐτόλμησας, ὦ
μιαρώτατε, πρῶτον μὲν τὴν τοῦ Ἀντωνίου ὥραν διαβαλεῖν, ἀνθρώπου
καὶ παιδαγωγοῖς καὶ διδασκάλοις κατὰ τὴν τοῦ γένους
ἀξίαν κεχρημένου, ἔπειτα δὲ κατηγορῆσαι ὅτι τὰ Λυκαῖα τὴν πάτριον
ἑορτὴν ποιῶν γυμνὸς ἐς τὴν ἀγορὰν ἐσῆλθεν; ἀλλὰ τί, ὦ
πάσαις μὲν ταῖς ἀλλοτρίαις ἐσθῆσι διὰ τὴν πατρῴαν τέχνην ἀεὶ
χρησάμενος, ὑφ´ ἁπάντων δὲ τῶν ἀπαντώντων καὶ γνωριζόντων
αὐτὰς ἀποδυθείς, ἐχρῆν ποιῆσαι ἄνθρωπον μὴ μόνον ἱερέα ἀλλὰ
καὶ ἡγεμόνα τῶν συνιερέων ὄντα; μὴ πέμψαι τὴν πομπήν, μὴ ἑορτάσαι
τὴν ἑορτήν, μὴ θῦσαι κατὰ τὰ πάτρια, μὴ γυμνωθῆναι, μὴ
ἀλεῖψαι; ἀλλ´ οὐ τοῦτ´ αὐτῷ, φησίν, ἐγκαλῶ, ἀλλ´ ὅτι τε γυμνὸς
ἐν τῇ ἀγορᾷ καὶ ὅτι τοιαῦτα ἐδημηγόρησε. πάνυ γὰρ πάντα τὰ
προσήκοντα ἀκριβῶς ἐν τῷ κναφείῳ μεμάθηκεν, ἵνα καὶ ἁμαρτήματός
τινος ἀληθινοῦ αἰσθάνηται καὶ ἐπιτιμᾶν αὐτῷ δικαίως δύνηται.
| [46,5] Eh bien donc ! toi qui as grandi nu au milieu des
gens nus, ramassant la crasse de la laine des brebis, la
fiente des pourceaux et les excréments humains, tu as
osé d'abord, homme impur, calomnier la jeunesse
d'Antoine, d'Antoine qui a eu des pédagogues et des
maîtres convenables à la noblesse de sa race, et
l'accuser de ce que, pendant la célébration des
Lupercales, fête instituée par nos ancêtres, il est entré
nu dans le Forum ! Mais toi, qui as toujours, par suite
du métier de ton père, usé de vêtements qui ne
t'appartenaient pas et dont te dépouillaient les passants
qui les reconnaissaient, dis, comment devait agir un
homme qui non seulement était prêtre, mais de plus le
chef de ses collègues ? Ne pas faire cette procession ?
ne pas célébrer la fête? ne pas offrir le sacrifice
consacré par la coutume de nos ancêtres? ne pas se
mettre nu? ne pas se frotter d'huile? Mais, dit Cicéron,
ce n'est pas là ce que je lui reproche ; c'est d'être entré
nu dans le Forum, c'est d'y avoir adressé au peuple une
harangue pareille à celle qu'il a prononcée. Oh ! il les a,
dans son atelier de foulon, toutes apprises avec une
exactitude si parfaite, qu'il s'aperçoit d'un manque
véritable de convenances, et peut avec justice en faire le
sujet d'un blâme contre Antoine.
| | |