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[46,2] οὐδὲ γὰρ ἄλλο γε οὐδὲν διαπρᾶξαι
βούλεται ἢ ἵνα ἡμεῖς, τὸ τὰ ἀσφαλέστατα τῷ κοινῷ προϊδεῖν ἀφέντες,
στασιάσωμεν αὖθις. τοῦτο γὰρ οὐ νῦν πρῶτον ποιεῖ, ἀλλὰ
ἀπ´ ἀρχῆς, ἀφ´ οὗπερ πρὸς τὴν πολιτείαν προσῆλθεν, ἄνω καὶ
κάτω ταράττων διατετέλεκεν. ἢ γὰρ οὐχ οὗτός ἐστιν ὁ τόν τε
Καίσαρα τῷ Πομπηίῳ συγκρούσας καὶ τὸν Πομπήιον τῷ Καίσαρι
καταλλαγῆναι κωλύσας; ὁ πείσας μὲν ὑμᾶς ἐκεῖνα κατὰ Ἀντωνίου
ψηφίσασθαι δι´ ὧν παρώξυνε τὸν Καίσαρα, πείσας δὲ τὸν Πομπήιον
τήν τε Ἰταλίαν ἐκλιπεῖν καὶ ἐς τὴν Μακεδονίαν μετοικῆσαι;
ὅπερ που αἰτιώτατον πάντων τῶν μετὰ ταῦτα συμβάντων ἡμῖν
κακῶν ἐγένετο. οὐχ οὗτός ἐστιν ὁ τόν τε Κλώδιον διὰ Μίλωνος
ἀποκτείνας καὶ τὸν Καίσαρα διὰ Βρούτου φονεύσας; ὁ τόν τε Κατιλίναν
ἐκπολεμώσας ἡμῖν καὶ τὸν Λέντουλον ἄκριτον ἀπολέσας;
| [46,2] Il ne se propose, en effet, d'autre but que de nous
faire négliger les précautions les plus capables d'assurer
le bien public, afin de nous jeter de nouveau dans les
séditions. Et ce n'est pas aujourd'hui pour la première
fois qu'il tient cette conduite: depuis le premier jour où
il est arrivé aux affaires, il n'a cessé d'y introduire le
désordre et le trouble. N'est-ce pas lui, en effet, qui a
brouillé César et Pompée, et empêché Pompée de se
réconcilier avec César? N'est-ce pas lui qui vous a
persuadé de rendre contre Antoine ces décrets qui l'ont
irrité contre César, et conseillé à Pompée d'abandonner
l'Italie pour se transporter en Macédoine, détermination
qui a été la principale cause de tous les maux que nous
avons éprouvés dans la suite? N'est-ce pas lui qui a fait
tuer Clodius par Milon, et assassiner César par Brutus?
N'est-ce pas lui qui a poussé Catilina à entreprendre la
guerre contre nous, et mis Lentulus à mort sans jugement?
| [46,3] ὅθεν ἔγωγε καὶ πάνυ ἂν ὑμῶν θαυμάσαιμι, εἰ τότε ἐπ´ ἐκείνοις
μεταγνόντες καὶ δίκην παρ´ αὐτοῦ λαβόντες, εἶτα καὶ νῦν ὅμοια
αὐτῷ καὶ λέγοντι καὶ πράττοντι πεισθήσεσθε. ἢ οὐχ ὁρᾶτε ὅτι
καὶ μετὰ τὸν τοῦ Καίσαρος θάνατον, ὅτε μὲν τὰ πράγμαθ´ ἡμῶν
δι´ Ἀντώνιον ὅτι μάλιστα, ὡς οὐδ´ αὐτὸς ἀρνήσασθαι δύναται,
κατέστη, ἀπεδήμησε, καὶ ἀλλότριον καὶ ἐπικίνδυνον ἑαυτῷ τὸν τῆς
ὁμονοίας ἡμῶν βίον εἶναι νομίζων· ἐπεὶ δὲ τεταραγμένα αὐτὰ αὖθις
ᾔσθετο, μακρὰ χαίρειν τῷ τε υἱεῖ καὶ ταῖς Ἀθήναις φράσας
ἐπανῆλθε; καὶ τὸν μὲν Ἀντώνιον, ὃν τέως ἀγαπᾶν ἔλεγεν, ὑβρίζει
καὶ λοιδορεῖ, τῷ δὲ δὴ Καίσαρι, οὗ καὶ τὸν πατέρα ἀπέκτεινε,
συναίρεται; κἂν οὕτω τύχῃ, κἀκείνῳ οὐκ ἐς μακρὰν ἐπιθήσεται·
ἄπιστός τε γὰρ φύσει καὶ ταραχώδης ἐστί, καὶ οὔτε τι ἕρμα ἐν
τῇ ψυχῇ ἔχει καὶ πάντα ἀεὶ κυκᾷ καὶ στρέφει, πλείονας μὲν τροπὰς
τρεπόμενος τοῦ πορθμοῦ πρὸς ὃν ἔφυγεν, ἐφ´ ᾧπερ καὶ αὐτόμολος
ἐπωνομάσθη, πάντας δὲ ὑμᾶς ἀξιῶν καὶ φίλον καὶ ἐχθρὸν
νομίζειν ὃν ἂν αὐτὸς κελεύσῃ.
| [46,3] Aussi mon étonnement serait grand si, après vous
être alors repentis de ces mesures et en avoir puni cet
homme, vous vous laissiez aujourd'hui encore entraîner
par lui, lorsqu'il tient devant vous le même langage et la
même conduite qu'autrefois. Ne le voyez-vous pas,
après la mort de César, lorsque vos affaires eurent été
rétablies, principalement par Antoine (lui-même ne peut
le nier), se mettre en voyage dans la persuasion qu'il ne
lui appartenait pas, qu'il était même dangereux pour lui
de vivre avec nous au sein de la concorde; et, lorsqu'il
apprend que les troubles ont recommencé, dire un long
adieu à son fils et à Athènes pour revenir ici? Antoine,
que jusque-là il disait être son ami, devient l'objet de
ses injures et de ses outrages, tandis qu'il se fait le
protecteur de César, dont il a tué le père, bien que, si
l'occasion s'en présente, il ne doive pas tarder â lui
dresser, à lui aussi, quelque embûche. Car, de son
naturel, il est sans foi, il est brouillon; il n'y a dans son
âme rien sur quoi on puisse faire fond : sans cesse il
embrouille et bouleverse tout, se repliant en plus de
replis que ce détroit près duquel il s'est réfugié, et d'où
lui est venu le surnom de transfuge; en un mot, voulant
que tous vous avez pour ami ou pour ennemi celui qu'il
vous aura désigné.
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