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[46,42] ἀκούοντες δὲ ταῦτα οἱ ἐν τῷ ἄστει τέως μὲν ἐν ὀλιγωρίᾳ αὐτὸν
ἦγον, ἐπεὶ δὲ τόν τε Ἀντώνιον καὶ τὸν Λέπιδον συμπεφρονηκότας
ᾔσθοντο, θεραπεύειν τε αὖθις ἤρξαντο, ἀγνοοῦντες τοὺς
λόγους οὓς πρὸς τὸν Ἀντώνιον ἐπεποίητο, καὶ τῷ πολέμῳ τῷ
πρὸς ἐκείνους προσέταξαν. ὁ οὖν Καῖσαρ καὶ τοῦτον μέν, εἴ πως
ὕπατος δι´ αὐτὸν ἀποδειχθείη, ὑπεδέξατο· πάνυ γάρ τι ἔπρασσεν
διά τε ἄλλων καὶ διὰ τοῦ Κικέρωνος ὅπως χειροτονηθείη, οὕτως
ὥστε καὶ συνύπατον αὐτὸν ὑποσχέσθαι οἱ ποιήσειν. ἐπεὶ δ´ οὐδ´
ὣς ᾑρέθη, ἡτοιμάζετο μὲν ὡς καὶ πολεμήσων καθάπερ ἐδέδοκτο,
παρασκευάσας δὲ ἐν τούτῳ τοὺς στρατιώτας αὑτοῦ, ἐφ´ ἑαυτῶν
δῆθεν, ὀμόσαι αἰφνιδίως πρὸς μηδὲν τῶν στρατοπέδων τῶν τοῦ
Καίσαρος γενομένων πολεμήσειν (ὅπερ που πρὸς τὸν Λέπιδον καὶ
πρὸς τὸν Ἀντώνιον ἔφερεν· τὸ γὰρ πλεῖστον τῶν συστρατευομένων
σφίσιν ἐξ ἐκείνων ἦν), ἀνέσχε, καὶ πρέσβεις ἐπὶ τούτῳ πρὸς τὴν
βουλὴν ἐξ αὐτῶν τῶν στρατιωτῶν τετρακοσίους ἔπεμψε.
| [46,42] Quand les Romains apprirent cette nouvelle, ils le
tinrent quelque temps en mépris; mais, lorsqu'ils surent
qu'Antoine et Lépidus étaient d'accord, ils se mirent à
courtiser de nouveau César, ignorant les conférences
qu'il avait eues avec Antoine, et ils lui confièrent la
conduite de la guerre contre ces deux chefs. César
l'accepta, dans l'espoir que peut-être elle lui vaudrait le
consulat, car il mit tout en œuvre pour se faire élire,
usant, entre autres influences, de celle de Cicéron, à qui
il alla jusqu'à promettre de le prendre pour collègue.
N'ayant pu, malgré ces moyens, réussir à se faire
nommer, il feignit de s'occuper des préparatifs de la
guerre conformément à ce qu'avait décidé le sénat; puis,
après s'être, dans l'intervalle, arrangé de manière que
ses soldats, en apparence de leur propre mouvement,
s'engageassent tout à coup, par serment, à ne porter les
armes contre aucune des légions ayant appartenu à
César (cela était en vue de Lépidus et d'Antoine, la plus
grande partie des soldats qui combattaient sous leurs
ordres étant de ce nombre), il suspendit les préparatifs,
et envoya au sénat quatre cents députés pris parmi les
soldats eux-mêmes.
| [46,43] τοῦτο μὲν δὴ πρόσχημα τῆς πρεσβείας αὐτοῖς ἦν, τὸ δ´ ὅλον τά τε
χρήματα τὰ ἐψηφισμένα σφίσιν ἀπῄτουν καὶ ὕπατον τὸν Καίσαρα
ἀποδειχθῆναι ἐκέλευον. ἀναβαλλομένων οὖν αὐτῶν τὴν ἀπόκρισιν
ὡς καὶ σκέψεως δεομένην, ἄδειάν τινι τῶν τὰ τοῦ Ἀντωνίου πραξάντων
ἐκ τῆς τοῦ Καίσαρος, ὥσπερ εἰκὸς ἦν, ἐντολῆς ᾔτησαν,
οὐχ ὅτι καὶ ἐβούλοντο αὐτῆς τυχεῖν, ἀλλ´ ἵνα ἀποπειραθῶσί τε
αὐτῶν εἰ ταύτην γε δώσουσί σφισιν, ἢ καὶ ἀφορμὴν ὀργῆς λάβωσι
τὸ καὶ δι´ ἐκείνην δοκεῖν χαλεπαίνειν. ἀποτυχόντες γοῦν αὐτῆς
(ἀντεῖπε μὲν γὰρ οὐδείς, πολλῶν δὲ τὸ αὐτὸ τοῦτο ὑπὲρ ἑτέρων
ἅμα ἀξιωσάντων, καὶ τὸ κατ´ ἐκείνους ὡς πολὺ ἐγίγνετο, εὐπρεπῶς
πως διεκρούσθη) οἵ τε ἄλλοι φανερῶς ὠργίζοντο, καὶ εἷς τις αὐτῶν
ἐξῆλθέ τε ἐκ τοῦ βουλευτηρίου, καὶ τὸ ξίφος λαβών (ἄοπλοι
γὰρ ἐσεληλύθεσαν) ἥψατό τε αὐτοῦ καὶ εἶπεν ὅτι, "ἂν ὑμεῖς τὴν
ὑπατείαν μὴ δῶτε τῷ Καίσαρι, τοῦτο δώσει". καὶ αὐτῷ ὁ Κικέρων
ὑπολαβὼν "ἂν οὕτως" ἔφη "παρακαλῆτε, λήψεται αὐτήν." ἐκείνῳ
μὲν καὶ τοῦτο τὸν ὄλεθρον παρεσκεύασεν· ὁ δὲ δὴ Καῖσαρ τὸ μὲν
ὑπὸ τοῦ στρατιώτου πραχθὲν οὐκ ἐμέμψατο, ὅτι δὲ τά τε ὅπλα
ἐς τὸ συνέδριον ἐσιόντες ἀποθέσθαι ἠναγκάσθησαν, καί τις αὐτῶν
ἐπύθετο πότερον παρὰ τῶν στρατοπέδων ἢ παρὰ τοῦ Καίσαρος
ἐπέμφθησαν, ἔγκλημα ἐποιεῖτο, καὶ τόν τε Ἀντώνιον καὶ
τὸν Λέπιδον (καὶ γὰρ ἐκεῖνον κατὰ τὴν φιλίαν αὐτοῦ τὴν πρὸς
τὸν Ἀντώνιον προσετέθειτο) σπουδῇ μετεπέμψατο, καὶ αὐτὸς ἐπὶ
τὴν Ῥώμην, ἐκβιασθεὶς δῆθεν ὑπὸ τῶν στρατιωτῶν, μετὰ πάντων
αὐτῶν ὥρμησε.
| [46,43] C'était là le motif dont on couvrait leur députation,
mais, en réalité, c'était pour réclamer l'argent décrété en
leur faveur et pour ordonner d'élire César consul. Le
sénat différait sa réponse, comme si elle eût eu besoin
d'examen ; ils demandèrent alors, vraisemblablement
d'après les instructions de César, l'impunité pour un
citoyen qui avait embrassé le parti d'Antoine : ce n'était
pas qu'ils désirassent l'obtenir, ils voulaient seulement
sonder les dispositions du sénat à leur égard, voir si on
accéderait à cette demande, et trouver ainsi, dans une
apparente colère de son rejet, une occasion de montrer
leur mécontentement. Refusés (personne, il est vrai, ne
parla contre eux, mais plusieurs sénateurs à la fois
ayant sollicité la même faveur pour d'autres, ces
instances, en se multipliant, les firent éconduire sous un
prétexte honorable), ils témoignèrent ouvertement leur
irritation; même l'un d'eux sortit du sénat, et, prenant
son épée (ils étaient entrés sans armes), y porta la main
en s'écriant : « Si vous, vous ne donnez pas le consulat
à César, voici qui le lui donnera. » Cicéron alors
reprenant : « Si vous nous y invitez de la sorte, dit-il, il
l'obtiendra. » Cette parole fut un des motifs de sa mort.
Quant à César, au lieu de blâmer l'action du soldat, il se
plaignit, au contraire, de ce qu'à leur entrée dans la
curie, on les avait contraints de déposer leurs armes et
de ce qu'un sénateur avait demandé s'ils étaient envoyés
par les légions ou par César; il s'empressa d'appeler
Antoine et Lépidus (il s'était adjoint ce dernier à titre
d'ami d'Antoine), puis lui-même, comme s'il eût été
contraint par ses soldats, marcha avec toute l'armée sur Rome.
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