HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLVI

Chapitre 34-35

  Chapitre 34-35

[46,34] αἴτιοι δὲ τῶν κακῶν τούτων αὐτοὶ ἑαυτοῖς οἱ βουλευταὶ ἐγένοντο. δέον γὰρ αὐτοὺς ἕνα τινὰ τὸν τὰ ἀμείνω φρονοῦντα προστήσασθαι καὶ ἐκείνῳ διὰ παντὸς συνάρασθαι, τοῦτο μὲν οὐκ ἐποίησαν, ὑπολαβόντες δὲ δή τινας καὶ ἐπὶ τοὺς ἑτέρους ἐπαυξήσαντες ἔπειτα καὶ ἐκείνους ἀντικαθελεῖν ἐπεχείρησαν, κἀκ τούτου φίλον μὲν οὐδένα ἐχθροὺς δὲ πάντας ἔσχον. οὐ γὰρ τὸν αὐτὸν τρόπον πρός τε τοὺς λυπήσαντάς τινες καὶ πρὸς τοὺς εὐεργετήσαντας διατίθενται, ἀλλὰ τῆς μὲν ὀργῆς καὶ ἄκοντες μνημονεύουσι, τῆς δὲ δὴ χάριτος καὶ ἑκόντες ἐπιλανθάνονται, τὸ μέν τι ἀπαξιοῦντες εὖ πεπονθέναι δοκεῖν ὑπό τινων, ὡς καὶ ἀσθενέστεροί σφων δόξοντες εἶναι, τὸ δὲ ἀγανακτοῦντες εἴπερ ἀνατὶ κεκακῶσθαι νομισθήσονται πρός τινος, ὡς καὶ ἀνανδρίαν ὀφλήσοντες. καὶ ἐκεῖνοι οὖν ἕνα μὲν μηδένα προσδεξάμενοι, ἄλλῳ δὲ καὶ ἄλλῳ ἐν μέρει προσθέμενοι, καὶ τὰ μὲν ὑπὲρ αὐτῶν τὰ δὲ καὶ κατ´ αὐτῶν καὶ ψηφισάμενοι καὶ πράξαντες, πολλὰ μὲν δι´ αὐτοὺς πολλὰ δὲ καὶ ὑπ´ αὐτῶν ἔπαθον. μὲν γὰρ ὑπόθεσις τοῦ πολέμου μία πᾶσί σφισιν ἦν, τόν τε δῆμον καταλυθῆναι καὶ δυναστείαν τινὰ γενέσθαι· μαχόμενοι δὲ οἱ μὲν ὅτῳ δουλεύσουσιν, οἱ δὲ ὅστις αὐτῶν δεσπόσει, τὰ μὲν πράγματα ἀμφότεροι ὁμοίως ἔφθειρον, πρὸς δὲ δὴ τὴν τύχην διάφορον ἑκάτεροι δόξαν ἐκτήσαντο. οἱ μὲν γὰρ εὖ πράξαντες καὶ εὔβουλοι καὶ φιλοπόλιδες ἐνομίσθησαν, οἱ δὲ δὴ πταίσαντες καὶ πολέμιοι τῆς πατρίδος καὶ ἀλιτήριοι ὠνομάσθησαν. ἐς τοῦτο μὲν δὴ τότε τὰ τῶν Ῥωμαίων πράγματα προήχθη, [46,34] La cause de ces calamités fut le sénat lui-même. Il aurait dû mettre à la tête des affaires un seul homme, le citoyen le plus sage, et lui prêter son concours en tout; il ne le fit pas. Après avoir élevé quelques citoyens et avoir augmenté leur puissance pour les opposer aux autres, il s'efforça ensuite de les renverser à leur tour, ce qui fit qu'il n'en eut aucun pour ami et les eut tous pour ennemis. Il y a, en effet, des gens qui n'agissent pas de même envers ceux qui leur ont fait de la peine et envers ceux qui leur ont fait du bien ; ils se souviennent malgré eux de leur colère et oublient volontiers les bienfaits, ne voulant point passer pour avoir reçu une faveur, de peur de passer en même temps pour des hommes faibles, et craignant, si on venait à les soupçonner d'avoir laissé un outrage impuni, d'encourir le reproche de lâcheté. Or le sénat, en n'acceptant personne franchement, en embrassant tour à tour un parti après l'autre, en s'inspirant, dans ses décrets et dans ses actes, tantôt de ce qui était l'intérêt de quelques-uns, tantôt de ce qui leur était contraire, le sénat eut beaucoup à souffrir du fait des autres et beaucoup aussi de son propre fait. Car la guerre pour tous n'avait qu'un but : détruire le gouvernement populaire et y substituer le pouvoir absolu; et dans cette lutte où il s'agissait de savoir, pour les uns, de qui ils seraient esclaves, pour les autres, qui d'entre eux serait le maître, les deux partis ruinèrent également l'État, et la fortune décida de l'estime qu'on ferait de chacun d'eux. Les uns, parce qu'ils ont réussi, ont passé pour des gens sensés et de bons citoyens; les autres, parce qu'ils ont échoué, ont reçu les noms d'ennemis de la patrie et d'hommes exécrables. Voilà où en étaient venues les affaires des Romains.
[46,35] λέξω δὲ καὶ καθ´ ἕκαστον τῶν γενομένων· καὶ γὰρ καὶ παίδευσις ἐν τούτῳ τὰ μάλιστα εἶναί μοι δοκεῖ, ὅταν τις τὰ ἔργα τοῖς λογισμοῖς ὑπολέγων τήν τε ἐκείνων φύσιν ἐκ τούτων ἐλέγχῃ καὶ τούτους ἐκ τῆς ἐκείνων ὁμολογίας τεκμηριοῖ. ἐπολιόρκει μὲν Ἀντώνιος τὸν Δέκιμον ἐν τῇ Μουτίνῃ ὄντα, ὡς μὲν τἀκριβὲς εἰπεῖν, ὅτι οὐ παρῆκεν αὐτῷ τὴν Γαλατίαν, ὡς δ´ αὐτὸς ἐπλάττετο, ὅτι τῶν τοῦ Καίσαρος σφαγέων ἐγεγόνει. ἐπειδὴ γὰρ οὔτε κόσμον οἱ ἀληθὴς τοῦ πολέμου αἰτία ἔφερε, καὶ ἅμα καὶ τὰ τοῦ δήμου πρὸς τὸν Καίσαρα ἐπὶ τῇ τοῦ πατρὸς αὐτοῦ τιμωρίᾳ ἀποβλέποντα ἑώρα, τοῦτο τὸ πρόσχημα τοῦ πολέμου προεβάλετο. ὅτι γὰρ ἐσκήπτετο αὐτὸ ἵνα τὴν Γαλατίαν κατάσχῃ, καὶ αὐτὸς ἐδήλωσε τόν τε Κάσσιον καὶ τὸν Βροῦτον τὸν Μᾶρκον ὑπάτους ἀποδειχθῆναι αἰτήσας· πρὸς γάρ τοι τὰ ἑαυτοῦ συμφέροντα ἑκάτερον ἐκ τοῦ ἐναντιωτάτου προσεποιεῖτο. Καῖσαρ δὲ ἐστράτευτο μὲν ἐπ´ αὐτὸν πρὶν καὶ ψηφισθῆναί οἱ τὸν πόλεμον, οὐ μὴν καὶ ἐπεποιήκει λόγου ἄξιον οὐδέν. μαθὼν δὲ δὴ τὰ δεδογμένα τὰς μὲν τιμὰς ἀπεδέχετο καὶ ἔχαιρεν, ἄλλως τε καὶ ὅτι θύοντι αὐτῷ, ὅτε τὸν κόσμον καὶ τὴν ἐξουσίαν τοῦ στρατηγοῦ ἀνέλαβε, διττὰ τὰ ἥπατα ἐν πᾶσι τοῖς ἱερείοις δώδεκα οὖσιν εὑρέθη· τῷ δὲ δὴ καὶ πρὸς τὸν Ἀντώνιον καὶ πρέσβεις καὶ λόγους πεμφθῆναι, ἀλλὰ μὴ οὐκ ἀκήρυκτον εὐθὺς αὐτῷ τὸν πόλεμον ἐπαγγελθῆναι, ἤσχαλλε, καὶ μάλισθ´ ὅτι καὶ τοὺς ὑπάτους ἐκείνῳ τε ἰδίᾳ τι περὶ τῆς ὁμονοίας ἐπεσταλκότας, καὶ γράμματα παρ´ αὐτοῦ πρός τινας τῶν βουλευτῶν πεμφθέντα καὶ ἁλόντα τούτοις τε ἀποδόντας καὶ ἑαυτὸν ἀποκρυψαμένους, τόν τε πόλεμον μήτε σπουδῇ μήτε παραχρῆμα τῇ τοῦ χειμῶνος προφάσει ποιουμένους ᾔσθετο. οὐ μέντοι ἔχων ὅπως ἐκφήνειεν αὐτά (οὔτε γὰρ ἀλλοτριῶσαί σφας ἤθελεν οὔτ´ αὖ πεῖσαί τι καὶ βιάσασθαι ἐδύνατο) ἡσυχίαν καὶ αὐτὸς ἐν τῇ Κορνηλίου ἀγορᾷ χειμάζων ἦγε, μέχρις οὗ περὶ τῷ Δεκίμῳ ἐφοβήθη. [46,35] Je raconterai en détail ce qui se passa, parce que, selon moi, il y a là un enseignement, surtout lorsque, appliquant le raisonnement aux faits, on démontre par lui la nature des actions et que, par l'accord des faits, on prouve la justesse du raisonnement. Antoine tenait Décimus assiégé dans Mutina, parce que, à parler exactement, il refusait de lui céder la Gaule, mais, suivant ses allégations, parce qu'il était un des meurtriers de César. Comme la véritable cause de la guerre ne lui faisait pas honneur, voyant, d'ailleurs, le peuple tourner ses regards vers César qui cherchait à venger son père, il mettait ce motif en avant pour faire la guerre à Décimus. Que ce lui fût là, en effet, un prétexte pour s'emparer de la Gaule, c'est ce qu'il fit voir lui-même en demandant que Cassius et Marius Brutus fussent créés consuls; car c'était en vue de ses intérêts qu'il affichait ces deux prétentions si contradictoires. Quant à César, il avait marché contre Antoine avant même qu'un décret l'eût chargé de cette guerre; il n'avait cependant rien fait qui mérite d'être rapporté. Quand il connut la décision du sénat, il accepta les honneurs et s'en réjouit, surtout parce que, dans un sacrifice qu'il offrit après avoir reçu les ornements et la puissance de la préture, les foies furent trouvés doubles dans toutes les victimes au nombre de douze; mais, d'un autre côté, il fut affligé d'apprendre qu'on envoyait à Antoine des députés chargés de propositions, au lieu de lui déclarer sur-le-champ une guerre à outrance ; surtout, il s'était aperçu que les consuls, en leur nom privé, avaient expédié à Antoine des messages de conciliation ; que des lettres adressées à quelques sénateurs et qui avaient été interceptées, leur avaient été remises par eux à son insu, et que, sous prétexte de l'hiver, ils, ne faisaient ni une guerre sérieuse ni une guerre immédiate. Cependant n'ayant pas les moyens de dévoiler leur conduite (il ne voulait pas se les aliéner et ne pouvait rien sur eux ni par persuasion ni par violence), il prit lui-même tranquillement ses quartiers d'hiver à Forum Cornelii, jusqu'au moment où il craignit pour Décimus.


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Dernière mise à jour : 31/08/2006