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[44,46] μετὰ ταῦτα τοίνυν ὅπως μὲν τὴν Αἴγυπτον κατεστήσατο, καὶ
ὅσα χρήματα ἐκεῖθεν ὑμῖν ἐκόμισε, περιττὸν ἂν εἴη λέγειν· στρατεύσας
δὲ ἐπὶ τὸν Φαρνάκην οὐκ ὀλίγα ἤδη τοῦ τε Πόντου καὶ τῆς
Ἀρμενίας ἔχοντα, προσηγγέλθη τε ἅμα αὐτῷ προσιὼν καὶ ὤφθη
παρὼν καὶ συνέβαλεν αὐθημερὸν καὶ ἐνίκησεν. ἀφ´ ὧνπερ οὐχ
ἥκιστα διέδειξεν ὅτι οὐδὲν χείρων ἐν τῇ Ἀλεξανδρείᾳ ἐγένετο, οὐδ´
ὑπὸ τρυφῆς ἐν αὐτῇ ἐνεχρόνισε· πῶς γὰρ ἂν ῥᾳδίως ἐκεῖνα ἔπραξε
μὴ πολλῇ μὲν παρασκευῇ διανοίας πολλῇ δὲ καὶ ῥώμῃ χρώμενος;
ὡς δ´ οὖν καὶ ὁ Φαρνάκης ἔφυγε, παρεσκευάζετο μὲν εὐθὺς ἐπὶ
τὸν Πάρθον στρατεῦσαι, στασιασάντων δὲ αὖθις ἐνταῦθά τινων
ἀνεκομίσθη τε ἄκων, καὶ οὕτως αὖ καὶ ταῦτα διέθετο ὥστε μηδ´
ὅτι ἀρχὴν ἐταράχθη πιστευθῆναι. οὔτε γὰρ ἀπέθανεν οὔτε ἔφυγεν,
ἀλλ´ οὐδ´ ἠτιμώθη τὸ παράπαν ἐξ ἐκείνων τῶν πραγμάτων οὐδείς,
οὐχ ὅτι οὐ δικαιότατα ἂν πολλοὶ ἐκολάσθησαν, ἀλλ´ ὅτι τοὺς μὲν
πολεμίους ἀφειδῶς ἀπολλύναι τοὺς δὲ δὴ πολίτας σώζειν, κἂν
φαῦλοί τινες ὦσιν, ἡγεῖτο δεῖν, καὶ διὰ τοῦτο τῇ μὲν ἀνδρείᾳ τοὺς
ἀλλοφύλους κατηγωνίζετο, τῇ δὲ φιλανθρωπίᾳ καὶ τοὺς στασιάζοντας
τῶν πολιτῶν, καίτοι καὶ ἀναξίους πολλάκις τούτου γεγονότας
ἀφ´ ὧν ἔπραττον, διετήρει. τὸ δ´ αὐτὸ τοῦτο καὶ ἐν τῇ
Ἀφρικῇ τῇ τε Ἰβηρίᾳ αὖθις ἔπραξε, πάντας ὅσοι μὴ καὶ πρότερόν
ποτε ἁλόντες ὑπ´ αὐτοῦ ἠλέηντο ἀφείς. τὸ μὲν γὰρ τοὺς πολλάκις
ἐπιβουλεύοντάς οἱ ἀεὶ περιποιεῖσθαι μωρίαν, οὐ φιλανθρωπίαν
ἐνόμιζε· τὸ δὲ ἐν τοῖς πρώτοις ἁμαρτήμασι συγγιγνώσκειν τισί,
καὶ μήτ´ ἀκατάλλακτον ὀργὴν ἔχειν καὶ προσέτι καὶ τιμὰς νέμειν,
ἂν δὲ ἐν τοῖς αὐτοῖς ἐμμένωσιν, ἀπαλλαγὴν αὐτῶν ποιεῖσθαι, καὶ
πάνυ ἀνδρὸς ἔργον ἡγεῖτο εἶναι. καίτοι τί τοῦτο εἶπον; πολλοὺς
γάρ τοι καὶ ἐκείνων ἔσωσε, δοὺς τοῖς τε ἑταίροις ἅπασι καὶ τοῖς
συννικήσασιν αὐτῷ ἕνα ἑκάστῳ τῶν ἁλόντων περιποιήσασθαι.
| [44,46] Il serait superflu de raconter comment, à la suite
de ces événements, il organisa l'Égypte, et combien
d'argent il vous en rapporta. Marchant alors contre
Pharnace, à l'instant où l'on annonça qu'il se mettait en
marche, on le vit paraître; le jour même il lui livra
bataille, et il le vainquit. Ce n'est pas là certes une
des moindres preuves qu'il ne se corrompit point à
Alexandrie et que ce ne fut pas par mollesse qu'il y prolongea
son séjour. Comment en effet eût-il accompli facilement
ces travaux, s'il n'eût eu à son service un courage
et une vigueur depuis longtemps préparés? Lors
donc que Pharnace fut en fuite, César se disposa aussitôt
à marcher contre le Parthe; mais, quelques hommes
ayant de nouveau fomenté ici la sédition, il revint malgré
lui et rétablit si bien la tranquillité qu'on eût dit
qu'elle n'avait jamais été troublée. Personne en effet
ne fut mis à mort, personne ne fut exilé, personne
même ne fut, à l'occasion de ces mouvements, noté
d'infamie. Ce n'est pas que beaucoup n'eussent été justement
punis, mais il regardait comme un devoir de
faire périr sans ménagement les ennemis et de pardonner
à des citoyens, même pervers; c'est pour cela
que contre les étrangers il luttait avec bravoure, et
que son humanité lui faisait sauver même des citoyens
séditieux, bien que par leurs actions ils s'en fussent
souvent montrés indignes. En Afrique et en Espagne,
sa conduite fut encore la même; il rendit la liberté à tous
les captifs, excepté ceux qui, déjà pris une première fois,
avaient obtenu leur pardon. Car épargner sans cesse
ceux qui plusieurs fois avaient tramé sa perte, c'était,
à ses yeux, de la folie et non de la clémence ; tandis que
pardonner à quelques-uns une première faute,
ne pas conserver contre eux un ressentiment implacable,
et, en outre, leur accorder des honneurs, mais s'en
délivrer quand ils persistaient dans les mêmes errements,
c'était, selon lui, se conduire en homme. Et
pourtant, que dis-je? il a accordé la vie à un grand
nombre même de ces derniers, donnant à ses amis et
aux compagnons de sa victoire le droit de sauver chacun un captif.
| [44,47] καὶ μέντοι καὶ ὅτι ταῦτα πάντα ἀπ´ ἐμφύτου χρηστότητος,
καὶ οὔτε προσποιητῶς οὔτε ἐπὶ κατασκευῇ πλεονεξίας τινός, ὥσπερ
ἕτεροι συχνοὶ ἐφιλανθρωπεύσαντό τινα, ἔπραξε, μέγιστον μὲν καὶ
ἐκεῖνο μαρτύριόν ἐστιν, ὅτι πανταχοῦ καὶ διὰ πάντων ὅμοιος ἐγένετο
καὶ οὔτ´ ὀργή τις αὐτὸν ἠγρίανεν οὔτε εὐπραγία διέφθειρεν,
οὐ τὸ κράτος ἠλλοίωσεν, οὐχ ἡ ἐξουσία μετέβαλεν. καίτοι χαλεπώτατον
ἐν τοῖς τοσούτοις καὶ τοιούτοις καὶ προσέτι καὶ ἐπαλλήλοις
πράγμασιν ἐξετασθέντα, καὶ τὰ μὲν κατωρθωκότα τὰ δὲ ἐν χερσὶν
ἔτ´ ἔχοντα τὰ δ´ ὑποπτεύοντα, χρηστόν τε ἀεὶ δι´ ἴσου γενέσθαι,
καὶ μηδὲν τραχὺ μηδὲ δεινόν, εἰ καὶ μὴ πρὸς τιμωρίαν τῶν παρεληλυθότων,
ἀλλὰ πρός γε φυλακὴν τῶν μελλόντων ἐθελῆσαι ποιῆσαι.
ἱκανὰ μὲν καὶ ταῦτα τὴν χρηστότητα αὐτοῦ τεκμηριῶσαί
ἐστιν· οὕτω γὰρ ἐκ θεῶν ὄντως ἔφυ ὥστε ἓν μόνον ἠπίστατο, σώζειν
τούς γε σώζεσθαι δυναμένους· προσέτι δὲ καὶ ἐκεῖνα, ὅτι τοῖς
τε αὐτῷ πολεμήσασι τὸ μηδ´ ὑπ´ ἄλλου τινὸς κολασθῆναι παρεσκεύασε,
καὶ τοὺς ἐν τῷ πρὶν ἐπταικότας ἀνεκτήσατο. πᾶσι μὲν
γὰρ τοῖς μετὰ τοῦ Λεπίδου καὶ μετὰ τοῦ Σερτωρίου γενομένοις
ἄδειαν δοθῆναι ἐποίησε, πᾶσι δὲ ἐκ τούτου τοῖς ἐκ τῶν ἐπικηρυχθέντων
ὑπὸ τοῦ Σύλλου περιλειφθεῖσι τὴν σωτηρίαν ὑπάρξαι παρεσκεύασε,
καὶ αὐτοὺς μετὰ τοῦτο κατήγαγε, τούς τε παῖδας ἁπάντων
τῶν ὑπ´ ἐκείνου θανατωθέντων καὶ τιμῶν καὶ ἀρχῶν ἠξίωσεν.
καί {τοι} τὸ μέγιστον, πάντα ἁπλῶς τὰ γράμματα ὅσα ἢ παρὰ τῷ
Πομπηίῳ ἢ παρὰ τῷ Σκιπίωνι ἀπόρρητα εὑρέθη κατέκαυσε, μήτ´
ἀναγνούς τι αὐτῶν μήτε τηρήσας, ἵνα μηδ´ ἄλλῳ τινὶ πονηρευθῆναί
τι δι´ αὐτὰ ἐγγένηται. ὅτι δὲ ταῦθ´ οὕτως οὐκ εἶπε μόνον
ἀλλὰ καὶ ἔπραξε, δηλοῖ τὰ ἔργα· οὐδεὶς γοῦν ἐκ τῶν γραμμάτων
ἐκείνων οὐχ ὅσον οὐκ ἔπαθέ τι δεινόν, ἀλλ´ οὐδ´ ἐφοβήθη. οὔκουν
οὐδ´ οἶδεν οὐδεὶς τοὺς ἐξ αὐτῶν περιγενομένους πλὴν αὐτῶν
ἐκείνων. τοῦτο γάρ ἐστι παραδοξότατον καὶ μηδεμίαν ὑπερβολὴν
ἔχον, ὅτι τε ἀφείθησαν πρὶν αἰτιαθῆναι καὶ ὅτι ἐσώθησαν πρὶν κινδυνεῦσαι,
καὶ οὐδ´ αὐτὸς ὁ περιποιήσας σφᾶς ἔμαθεν οὓς ἠλέησε.
| [44,47] Tout cela, il le fit par bonté naturelle et non
par dissimulation ou par calcul, motifs qui ont inspiré
à beaucoup d'autres quelques actes d'humanité; ce qui
le prouve le plus, c'est que, partout et en toute occasion,
il s'est montré le même, que jamais la colère ne
l'a aigri, que jamais la prospérité ne l'a corrompu; c'est
que la puissance ne l'a pas rendu différent, que le pouvoir
de tout faire ne l'a pas changé. Et pourtant il est
bien difficile, quand on est pris par tant et de si grandes
affaires et qu'elles se succèdent sans cesse les unes
aux autres, celles-ci achevées, celles-là en cours d'exécution,
et quand quelques-unes sont un sujet d'inquiétudes,
d'être toujours également bon et de ne
consentir à faire rien de dur, rien de rigoureux en vue
sinon de se venger, du moins de se défendre. Voilà des
témoignages suffisants de sa bonté, car il était si véritablement
de race divine qu'il ne savait qu'une seule
chose, sauver ceux qui pouvaient être sauvés; il
l'était si bien qu'il s'arrangea de façon à ce que
ceux qui avaient porté les armes contre lui ne fussent
pas punis, même par un autre, et qu'il rétablit
dans leur état primitif ceux qui, dans les temps précédents,
étaient tombés dans le malheur. Il fit accorder
l'impunité à tous ceux qui avaient été avec Lépidus
et avec Sertorius, il obtint ensuite la vie sauve
pour tous ceux qui avaient échappé aux proscriptions
de Sylla, et il les rappela plus tard ; en outre, il donna
des honneurs et des charges aux enfants de ceux qui
avaient été mis à mort par Sylla. Enfin, ce qui dit plus
que tout le reste, toutes les lettres secrètes trouvées
parmi les papiers de Scipion et de Pompée, il les brûla
sans en avoir lu ni conservé une seule, de peur qu'elles
ne fournissent à quelque autre un moyen de commettre
une mauvaise action. Et il ne se contenta pas
de le dire, il le fit réellement, les actes sont là pour le
montrer. Personne à cette occasion non seulement
n'éprouva aucun désagrément, mais ne fut même inquiété.
Aussi personne ne connut ceux qui furent
l'objet de cette générosité, à l'exception des seuls
auteurs des lettres. Car ce qu'il y a là de plus extraordinaire,
ce que rien ne peut surpasser, c'est qu'ils furent
absous avant d'avoir été en péril, et que lui-même,
qui les fit échapper au péril, ignora ceux à
qui il avait fait grâce.
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