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[44,44] καὶ διὰ τοῦτο καταλιπὼν τὰ προκείμενα ταχέως ὑμῖν ἐπεκούρησε,
καὶ πᾶσαν τὴν Ἰταλίαν ἐκ τῶν ἐπαρτηθέντων αὐτῇ κινδύνων ἠλευθέρωσε,
καὶ προσέτι τήν τε Ἰβηρίαν ἀλλοτριουμένην ἐκομίσατο, καὶ τὸν Πομπήιον
τήν τε πατρίδα καταλιπόντα καὶ βασιλείαν ἰδίαν ἐν Μακεδονίᾳ
κατασκευάζοντα, καὶ ἐκεῖσε πάντα τὰ ὑμέτερα ἀγαθὰ μεταφέροντα,
τούς τε ὑπηκόους ὑμῶν ἐφ´ ὑμᾶς συσκευαζόμενον καὶ τοῖς
χρήμασιν ὑμῶν ἐφ´ ὑμᾶς χρώμενον ἰδὼν τὸ μὲν πρῶτον πεῖσαί πως
ἠθέλησε, καὶ ἰδίᾳ καὶ κοινῇ προσπέμπων, παύσασθαι καὶ μεταθέσθαι,
πίστεις λαβόντα μεγίστας ἦ μὴν ἐν τοῖς ἴσοις καὶ ὁμοίοις
αὖθις αὐτὸν γενήσεσθαι· ἐπεὶ δ´ οὐδένα τρόπον ἠδυνήθη τοῦτο
ποιῆσαι, ἀλλ´ ἐκεῖνος τά τε ἄλλα καὶ τὴν συγγένειαν τὴν πρὸς
τὸν Καίσαρα αὐτῷ ὑπάρξασαν ὑπερβὰς ἀντιπολεμεῖν ὑμῖν εἵλετο,
οὕτω δὴ καταναγκασθεὶς τοῦ ἐμφυλίου πολέμου προσάψασθαι τί
μὲν δεῖ λέγειν ὡς εὐτόλμως ἐπ´ αὐτόν, καίπερ χειμῶνος ὄντος,
ἔπλευσε, τί δὲ ὡς εὐθαρσῶς αὐτῷ, καίτοι πάντα τὰ ἐκεῖ χωρία
ἔχοντι, συνέμιξε, τί δὲ ὡς ἀνδρικῶς αὐτοῦ, καίπερ πολὺ τῷ πλήθει
τῶν στρατιωτῶν ἐλαττούμενος, ἐκράτησεν; ἂν γάρ τις καθ´ ἕκαστον
αὐτῶν ἐπεξελθεῖν ἐθελήσῃ, παῖδα ἂν ἀποδείξειε τὸν θαυμαστὸν
ἐκεῖνον Πομπήιον· οὕτως ἐν πᾶσιν αὐτοῖς κατεστρατηγήθη.
| [44,44] Aussi, abandonnant ses projets, il vola à votre
secours, délivra l'Italie entière des périls suspendus
sur elle, et recouvra l'Espagne qui faisait défection;
quant à Pompée, qu'il voyait déserter sa patrie, fonder
en Macédoine une royauté à son profit, y transporter
vos trésors, armer contre vous les peuples soumis à
votre obéissance, se servir contre vous de votre argent,
il voulut d'abord, par des députations envoyées tant
en son propre nom qu'au nom de l'intérêt public, le
persuader de renoncer à ses desseins et de changer de
conduite, moyennant les promesses les plus formelles
de rentrer dans les mêmes conditions d'égalité. N'ayant
pu y réussir en aucune façon, et Pompée, après avoir
foulé aux pieds tous les liens, même ceux de la parenté,
qui l'unissaient à César, ayant pris les armes contre
vous ; César, forcé enfin de s'engager dans la guerre
civile, fit voile contre lui au coeur de l'hiver, faut-il
dire avec quelle audace ? Il en vint aux mains avec lui ;
faut-il dire avec quelle hardiesse, quoique son adversaire
fût maître de tout le pays ? Il le battit; faut-il
dire avec quelle bravoure, quoique son armée fût
beaucoup moins nombreuse? Si l'on voulait parcourir
une à une ses actions, on ferait voir que ce Pompée,
si admiré, n'était qu'un enfant, tellement il se
laissa arrêter dans toutes ses manoeuvres.
| [44,45] ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἐάσω· οὐδὲ γὰρ οὐδ´ αὐτὸς ὁ Καῖσαρ ἐσεμνύνατό
ποτε ἐπ´ αὐτοῖς, μισῶν αὐτὰ τῆς ἀνάγκης· ἐπεὶ δὲ τὸ δαιμόνιον
δικαιότατα τὴν μάχην ἔκρινε, τίνα μὲν τῶν τότε πρῶτον ἁλόντων
ἀπέκτεινε, τίνα δὲ οὐκ ἐτίμησεν, οὐχ ὅτι τῶν βουλευτῶν ἢ τῶν
ἱππέων ἢ καὶ ὅλως τῶν πολιτῶν, ἀλλὰ καὶ τῶν συμμάχων τῶν τε
ὑπηκόων; οὐδὲ γὰρ οὐδὲ ἐκείνων τις οὔτ´ ἀπέθανε βιαίως οὔτε
αἰτίαν ἔλαβεν, οὐκ ἰδιώτης, οὐ βασιλεύς, οὐκ ἔθνος, οὐ πόλις·
ἀλλ´ οἱ μὲν καὶ συνεξητάσθησαν αὐτῷ, οἱ δὲ τὴν γοῦν ἄδειαν ἐντίμως
ἔσχον, ὥστε τότε δὴ καὶ πάντας ὀδύρεσθαι τῶν ἀπολωλότων.
τοσαύτῃ γὰρ περιουσίᾳ φιλανθρωπίας ἐχρήσατο ὥστε τοὺς
μὲν συναραμένους τῷ Πομπηίῳ ἐπαινέσαι καὶ πάντα σφίσι τὰ
δοθέντα ὑπ´ αὐτοῦ φυλάξαι, τὸν δὲ δὴ Φαρνάκην καὶ τὸν Ὀρώδην
μισῆσαι ὅτι οὐκ ἐπεκούρησαν φίλοι αὐτοῦ ὄντες. καὶ διὰ τοῦτό
γε οὐχ ἥκιστα τῷ μὲν οὐκ ἐς μακρὰν ἐπολέμησε, τῷ δὲ ἐπιστρατεύσειν
ἔμελλε. πάντως δ´ ἂν καὶ - - - ζῶντα εἰλήφει. τεκμήριον
δὲ ὅτι μήτε εὐθὺς αὐτὸν ἐπεδίωξεν ἀλλὰ κατὰ σχολὴν εἴασε φυγεῖν,
καὶ τὸν θάνατον αὐτοῦ ἀηδῶς ἤκουσε, τούς τε φονεύσαντας
αὐτὸν οὐκ ἐπῄνεσεν ἀλλὰ καὶ ἀνταπέκτεινεν οὐ πολλῷ ὕστερον,
καὶ αὐτόν γε τὸν Πτολεμαῖον, ὅτι καίτοι παῖς ὢν τὸν εὐεργέτην
ἀπολόμενον περιεῖδε, προσδιέφθειρε.
| [44,45] Mais je laisse ce sujet; César lui-même ne s'est
jamais enorgueilli de ces exploits, qu'il détestait comme
l'effet de nécessités fâcheuses. Mais quand la divinité,
avec une si grande justice, eut décidé du sort du combat,
parmi les hommes qui tombèrent entre ses mains
pour la première fois, en est-il un qu'il ait fait mettre
à mort? en est—il un à qui il n'ait accordé quelque distinction,
je ne dis pas parmi les sénateurs et les chevaliers,
ni même parmi les simples citoyens ; mais parmi
les alliés et les peuples soumis à notre domination?
Nul d'entre eux n'a péri de mort violente ni encouru
une accusation, particulier, roi, peuple ou ville : les
uns passèrent de son côté, les autres obtinrent une
honorable impunité, de telle sorte que tous purent
alors pleurer les morts. Car sa clémence fut si grande
qu'il donna des éloges à ceux qui avaient soutenu
Pompée, qu'il les laissa en possession de tout ce qu'ils
avaient reçu de lui, et poursuivit de sa haine Pharnace
et Orode, qui ne l'avaient pas secouru, quoique étant
ses amis. C'est pour cela surtout qu'il fit peu de temps
après la guerre à l'un et qu'il se disposait à marcher
contre l'autre. Nul doute {qu'il n'eût aussi épargné
Pompée} s'il l'eût pris vivant. La preuve, c'est qu'il ne
se mit pas immédiatement à sa poursuite, qu'il lui
laissa tout le temps de fuir, qu'il apprit sa mort avec
déplaisir, et que, loin de donner des éloges à ses assassins,
il les fit, bientôt après, périr à leur tour, et mit
à mort Ptolémée lui-même, pour avoir, quoique enfant,
laissé égorger son bienfaiteur.
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