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[44,38] τὰ μὲν οὖν τοῦ γένους οὕτως αὐτῷ ἔχει. ὅτι δὲ δὴ τήν τε
τροφὴν καὶ τὴν παιδείαν ἀκόλουθον τῷ τῆς εὐγενείας ὄγκῳ ἔλαβε,
πῶς ἄν τις μᾶλλον κατανοήσειεν ἢ οἷς τὰ ἔργα πίστιν ἀναγκαίαν
αὐτῷ παρέχεται; ᾧ γὰρ τό τε σῶμα διαρκέστατον καὶ ἡ ψυχὴ πολυαρκεστάτη
πρὸς πάνθ´ ὁμοίως καὶ τὰ εἰρηναῖα καὶ τὰ πολέμια
διαφανῶς ὑπῆρξε, πῶς οὐκ ἀνάγκη τοῦτον καὶ τεθράφθαι ἄριστα;
καίτοι χαλεπὸν μὲν περικαλλέστατόν τινα ἀνδρῶν ὄντα καρτερικώτατον
γενέσθαι, χαλεπὸν δὲ ἰσχυριζόμενόν τινα τῷ σώματι φρονιμώτατον
ἐκβῆναι, παγχάλεπον δὲ τὸν αὐτὸν καὶ ἐν τοῖς λόγοις καὶ ἐν
τοῖς ἔργοις διαπρέψαι. οὗτός γε μήν—λέγω δὲ ἐν εἰδόσιν, ὥστε
μήτε τι ἀρχὴν ψεύσασθαι, καὶ γὰρ ἂν αὐτόφωρος ἁλισκοίμην, μήτε
ἐπὶ τὸ μεῖζον ὀγκῶσαι, καὶ γὰρ ἂν ἐς τοὐναντίον οὗ βούλομαι καθισταίμην.
αὐτός τε γὰρ ἀλαζονεύεσθαι δικαιότατα, ἄν γέ τι τοιοῦτο ποιήσω,
ὑποπτευθήσομαι, καὶ τὴν τούτου ἀρετὴν ἐλάσσω τῆς
ὑπαρχούσης αὐτῷ παρ´ ὑμῖν δόξης φαίνεσθαι ποιεῖν νομισθήσομαι.
πᾶς γὰρ λόγος ἐν τῷ τοιῷδε λεγόμενος, κἂν τὸ βραχύτατον ψεύδους
προσλάβῃ, οὐχ ὅσον οὐκ ἔπαινον αὐτῷ φέρει, ἀλλὰ καὶ ἔλεγχον
αὐτοῦ ἔχει· τὸ γὰρ συνειδὸς τῶν ἀκροωμένων, οὐχ ὁμολογοῦν
τῷ πεπλασμένῳ, πρός τε τὴν ἀλήθειαν φέρεται, καὶ τάχα ἀρκεσθὲν
αὐτῇ μανθάνει τε ἅμα ὁποῖόν τινα ἐχρῆν εἶναι, καὶ παραβάλλον
ἑκάτερα καταφωρᾷ τὸ λεῖπον. ἀληθεύων οὖν λέγω τοῦθ´, ὅτι ὁ
Καῖσαρ οὗτος τό τε σῶμα ἅμα ἱκανώτατος καὶ τὴν ψυχὴν εὐκολώτατος
ἐγένετο. τῇ τε γὰρ τῆς φύσεως ἰσχύι θαυμαστῇ ἐκέχρητο,
καὶ παιδείᾳ παντοδαπῇ ἀκριβῶς ἤσκητο, καὶ διὰ τοῦτο οὐκ ἀπεικότως
καὶ γνῶναι πᾶν τὸ δέον ὀξύτατα καὶ ἑρμηνεῦσαι πιθανώτατα
διαθέσθαι τε καὶ διοικῆσαι φρονιμώτατα ἀεὶ ἠδυνήθη, καὶ
οὔτε τις αὐτὸν καιροῦ ῥοπὴ αἰφνιδίως οἱ προσπεσοῦσα προκατέλαβεν,
οὔτ´ ἀπόρρητος μέλλησις χρονίσασα διέλαθε. πάντα γὰρ ἀεὶ
πρὶν ἀπαρτηθῆναι καὶ προδιεγίγνωσκε, καὶ πρὸς πάντα τὰ συμβῆναί
τινι δυνάμενα προπαρεσκεύαστο· τό τε κρυπτόμενον ἰσχυρῶς ἀνευρεῖν
καὶ τὸ φαινόμενον πιθανῶς ψευδαγνοεῖν, τό τε λανθάνον εἰδέναι
προσποιήσασθαι καὶ τὸ γιγνωσκόμενον ἀποκρύψασθαι, τούς τε καιρούς
σφισιν ἐφαρμόσαι καὶ τοὺς λογισμοὺς ὑπὲρ αὐτῶν ἀποδοῦναι, καὶ προσέτι
καὶ ἐπιτελέσαι καὶ ἐπεξελθεῖν πάνθ´ ὡς ἕκαστα καλῶς ἠπίστατο.
| [44,38] Voilà pour sa naissance. Quant à son éducation
et à son instruction, elles répondirent à la noblesse
de son origine : quelle preuve meilleure peut-on
en donner que celle d'actions qui imposent la nécessité
d'y croire ? Celui en effet qui avait manifestement le
corps capable à un très haut degré, l'âme capable au
degré le plus haut de toutes choses également, oeuvres
de paix et oeuvres de guerre, comment n'est-il
pas de toute nécessité qu'il ait eu la meilleure éducation ?
Sans doute il est difficile, quand on est le plus
beau des hommes, d'en devenir le plus vigoureux; il
est difficile, quand on en est le plus fort au physique,
d'arriver à en être le plus intelligent : mais il est très
difficile que le même soit un homme supérieur et
pour la parole et pour l'action. Quant à César (je
parle devant des hommes qui l'ont connu, de sorte
qu'il n'y a lieu ni au mensonge, ce serait me faire prendre
en flagrant délit ; ni à l'exagération des faits, ce
serait aller contre le but que je me propose : moi-même,
je serais, avec justice, soupçonné de jactance si
je le faisais, et je passerais pour vouloir rendre sa vertu
inférieure à l'opinion que vous en avez. Tout discours
prononcé sur un pareil sujet, si peu qu'il touche au
mensonge, loin d'apporter quelque lustre à celui qui
en est l'objet, contient lui-même sa propre réfutation ;
car la conscience des auditeurs, ne pactisant pas avec
la fiction, se porte vers la vérité, et, s'en contentant
bientôt, reconnaît ce qu'un homme aurait dû être, et,
en même temps, comparant l'un avec l'autre, découvre
ce qui lui a manqué), quant à César, dis-je, j'affirmerai
avec vérité qu'il eut à la fois un corps robuste et
un esprit heureux. Il était, en effet, d'une force naturelle
surprenante et parfaitement exercé dans toute
espèce de sciences; c'est pour cela vraisemblablement
qu'il pouvait connaître avec promptitude ce qu'il fallait
faire, l'expliquer de manière à persuader, et toujours
concevoir et conduire ses plans avec prudence.
Jamais en effet circonstance imprévue ne le prit à court
d'expédients ; jamais retard secret de l'avenir n'échappa
à sa pénétration. Devinant toujours, même avant
qu'ils fussent accomplis, tous les événements, il était
préparé à tout ce qui peut arriver à un homme. Il
savait découvrir habilement ce qui était caché, et
feindre, de manière à se faire croire, d'ignorer ce qui
était manifeste ; faire semblant de savoir ce qui lui
échappait et renfermer au fond de sa pensée ce qu'il
connaissait ; saisir les occasions favorables pour agir
et en donner la raison ; enfin, exécuter et mener à
leur fin aussi bien l'ensemble que les détails de ses projets.
| [44,39] τεκμήριον δέ, τά τε ἴδια εὐοικότατός τε ἅμα καὶ εὐδαπανώτατος
ἐγένετο, ἀκριβὴς μὲν ὢν ἐς τὸ τὰ ὑπάρχοντα διαρκῶς
φυλάξαι, δαψιλὴς δὲ ἐς τὸ τὰ προσήκοντα ἀφειδῶς ἀναλῶσαι, καὶ
τοὺς συγγενεῖς πάντας πλὴν τῶν ἀνοσιωτάτων ἰσχυρῶς ἠγάπησεν·
οὔτε γὰρ δυστυχήσαντά τινα αὐτῶν ὑπερεῖδεν οὔτε εὐτυχήσαντί
τινι ἐφθόνησεν, ἀλλὰ καὶ τούτοις τὰ προϋπάρχοντα συνεπηύξησε
καὶ ἐκείνοις τὰ ἐλλείποντα ἀνεπλήρωσε, τοῖς μὲν χρήματα τοῖς δὲ
χωρία τοῖς δὲ ἀρχὰς τοῖς δὲ ἱερωσύνας δούς. καὶ μέντοι καὶ πρὸς
τοὺς φίλους τούς τε ἄλλους τοὺς προσομιλοῦντάς οἱ θαυμαστῶς
προσεφέρετο· οὔτε γὰρ ὑπερεφρόνει τινὰ αὐτῶν οὔθ´ ὕβριζεν, ἀλλ´
εὐπροσήγορος πᾶσιν ὁμοίως ὢν τούς τε ὑπουργοῦντάς τι πολλαπλασίως
ἠμείβετο καὶ τοὺς λοιποὺς εὐεργεσίαις ἀνηρτᾶτο, καὶ οὔτε
λαμπρυνόμενόν τινα ἐβάσκηνέ ποτε οὔτ´ αὐξανόμενον ἐταπείνωσεν,
ἀλλ´ ὡς καὶ αὐτὸς διὰ πάντων σφῶν καὶ μεγαλυνόμενος καὶ ἰσχὺν
καὶ κόσμον προσκτώμενος, ἔχαιρε πλείστους ἑαυτῷ παρισουμένους.
τοιοῦτος μέντοι περὶ τοὺς φίλους καὶ περὶ τοὺς γνωρίμους ὢν
οὐδ´ ἐς τοὺς ἐχθροὺς ὠμὸς οὐδ´ ἀπαραίτητος ἐγένετο, ἀλλὰ πολλοὺς
μὲν καὶ τῶν ἰδίᾳ τι προσκρουσάντων οἱ ἀθῴους ἀφῆκε, πολλοὺς
δὲ καὶ τῶν προσπολεμησάντων ἀπέλυσε, καί τισιν αὐτῶν καὶ
τιμὰς καὶ ἀρχὰς ἔδωκεν. οὕτω που πᾶς πρὸς ἀρετὴν ἐπεφύκει,
καὶ κακίαν οὐ μόνον αὐτὸς οὐκ εἶχεν ἀλλ´ οὐδὲ ἐν ἄλλῳ τινὶ ἐνεῖναι
ἐπίστευεν.
| [44,39] La preuve, c'est qu'il était à la fois sagement
économe et sagement prodigue de ses deniers, attentif
pour conserver une fortune suffisante, libéral pour
dépenser sans mesure quand les circonstances l'exigeaient.
Il aima vivement tous ses parents, à l'exception
de ceux qui étaient souillés de crimes. Loin de
mépriser aucun d'eux dans leur malheur et de leur
porter envie dans leur prospérité, il augmenta les
biens de ceux-ci et suppléa aux besoins de ceux-là, en
donnant aux uns de l'argent, aux autres des terres, à
ceux–ci des charges, à ceux-là des sacerdoces. A l'égard
de ses amis et des autres qui étaient en relation
avec lui, il se comportait d'une façon admirable :
point de mépris pour aucun d'eux, point d'insolence;
également affable pour tous, il récompensait au centuple
ceux qui avaient fait quelque chose pour lui, et
il s'attachait le reste par des bienfaits. Jamais non plus
il ne vit d'un oeil jaloux ceux qui s'illustraient, jamais
il n'abaissa ceux qui s'élevaient : loin de là, comme
si toutes ces condescendances le grandissaient lui-même
et ajoutaient à sa puissance et à son éclat, il se plaisait
à élever beaucoup de gens jusqu'à lui. Tel il était envers
ses amis et ceux de sa connaissance, et il ne fut ni
cruel ni implacable envers ses ennemis : beaucoup de
ceux qui l'avaient offensé quand il était simple particulier
sont restés impunis ; beaucoup de ceux même
qui avaient porté les armes contre lui ont reçu de lui
leur pardon; quelques-uns même ont reçu des honneurs
et des charges ; tant il était né tout entier pour
la vertu, et non seulement n'avait lui-même nulle
méchanceté, mais même ne la soupçonnait pas dans les autres.
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