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[44,36] "εἰ μὲν οὗτος ἰδιωτεύων ἐτεθνήκει κἀγὼ ἐν ἰδιωτείᾳ ὢν ἐτύγχανον,
οὔτ´ ἂν πολλῶν, ὦ Κυιρῖται, λόγων ἐδεήθην, οὔτ´ ἂν πᾶσι
τοῖς ὑπ´ αὐτοῦ πεπραγμένοις ἐπεξῆλθον, ἀλλ´ ὀλίγα ἂν περί τε τοῦ
γένους καὶ περὶ τῆς παιδείας τῶν τε τρόπων αὐτοῦ εἰπών, καί πῃ
καὶ τῶν ἐς τὸ κοινὸν αὐτῷ πεπολιτευμένων μνησθείς, ἠρκέσθην,
ἵνα μὴ καὶ δι´ ὄχλου τοῖς οὐδέν οἱ προσήκουσι γένωμαι. ἐπειδὴ
δὲ οὗτός τε τὴν μεγίστην ἐν ὑμῖν ἡγεμονίαν ἔχων ἀπόλωλε καὶ ἐγὼ
τὴν δευτέραν ἄρχω λαβών, τόν τε λόγον ἀνάγκη μοι διπλοῦν, τὸν
μὲν ὡς κληρονόμῳ γεγραμμένῳ τὸν δὲ ὡς ἄρχοντι, ποιήσασθαι, καὶ
μηδ´ ὁτιοῦν τῶν λεχθῆναι ὀφειλόντων παραλιπεῖν, ἀλλ´ ἅπερ ἂν ὁ
σύμπας δῆμος ἀπὸ μιᾶς γλώσσης, εἴγε μίαν φωνὴν ἠδυνήθη λαβεῖν,
ὕμνησεν, εἰπεῖν. εὖ μὲν γὰρ οἶδα τοῦθ´, ὅτι χαλεπόν ἐστι τῆς διανοίας
ὑμῶν τυχεῖν. ἄλλως τε γὰρ οὐ ῥᾴδιον τῶν τηλικούτων ἐφικέσθαι·
τίς γὰρ ἂν λόγος ἔργοις μεγάλοις ἐξισωθείη; καὶ ὑμεῖς τὰ
βουλήματα ἄπληστα ἐξ ὧν σύνιστε ἔχοντες οὐκ εὐχερεῖς αὐτῶν
κριταὶ γενήσεσθε. εἰ μὲν γὰρ ἐν ἀγνῶσί τισιν οἱ λόγοι ἐγίγνοντο,
ῥᾷστον ἂν ἦν αὐτοὺς τῷ γε μεγέθει τῶν ἔργων ἐκπλήξαντα πεῖσαι·
νῦν δ´ ὑπὸ τοῦ συνήθους ἔλαττον ἀνάγκη ἐστὶ πᾶν τὸ λεχθησόμενον
τοῦ πεπραγμένου νομισθῆναι. οἱ μὲν γὰρ ἀλλότριοι, κἂν ἀπιστήσωσιν
αὐτοῖς διὰ φθόνον, ἀλλ´ ὑπ´ αὐτοῦ γε ἐκείνου πᾶν τὸ
ἀκουσθὲν αὔταρκες ἡγοῦνται· τὸ δὲ ὑμέτερον ἀκόρεστον ὑπὸ τῆς
εὐνοίας ἐξ ἀνάγκης γίγνεται. τῶν γὰρ ἀρετῶν τῶν τοῦ Καίσαρος
αὐτοὶ πλεῖστον ἀπολελαυκότες καὶ τὸν ἔπαινον αὐτῶν οὐ φθονερῶς,
ὡς οὐδὲν προσήκοντα, ἀλλ´ εὐμενῶς, ὡς οἰκεῖον, ἀπαιτεῖτε. σπουδάσω
δ´ οὖν ἐπὶ μακρότατον τὰς βουλήσεις ὑμῶν ἀποπληρῶσαι,
εὖ εἰδὼς ὅτι οὐ πρὸς τὴν δύναμίν μου τῶν λόγων καὶ τὴν προαίρεσιν
ἐξετάσετε, ἀλλ´ ἐκ τῆς προθυμίας καὶ τὸ κατ´ ἐκείνην ἐνδεὲς ἀνισώσετε.
| [44,36] "Si César était mort simple particulier, et que
moi aussi je me trouvasse dans une condition privée,
je n'aurais pas besoin, Quirites, de longs discours; je
n'exposerais pas en détail tout ce qu'il a fait: quelques
mots seulement sur sa naissance, son éducation et ses
moeurs; un souvenir donné à ce qu'il a fait, comme
citoyen, pour le bien général, auraient suffi, et je me
dispenserais d'être importun à ceux qui n'ont aucune
parenté avec lui. Mais puisqu'il était, quand il a péri,
revêtu de la suprême magistrature parmi vous, et que
moi, j'occupe la seconde, il y a double nécessité pour
moi de prononcer un discours, et comme héritier inscrit
et comme magistrat, de ne rien omettre de ce qui
doit être dit, et de rapporter les choses que le peuple
tout entier d'une seule voix, s'il pouvait avoir une
seule bouche, ne manquerait pas de célébrer. En outre,
il n'est pas aisé d'atteindre à une pareille hauteur (quel
discours en effet pourrait égaler les paroles à la grandeur
de telles actions ?), et vous, ce que vous savez de
lui vous inspirant une grande exigence, vous rendra
des juges redoutables. Si je parlais devant des gens qui
n'ont point connu César, il me serait facile de les séduire
en les frappant par la grandeur de ses actions; mais
pour vous qui êtes familiarisés avec elles, tout ce que
je dirai sera nécessairement au-dessous des actions
accomplies. Pour les étrangers, si par envie ils refusent
d'y ajouter foi, par cela même ils trouveront toujours
qu'on en a dit assez ; mais vous, votre bienveillance
rend nécessairement votre esprit insatiable; car
ayant, plus que tous, recueilli le fruit des vertus de
César, vous réclamez leur éloge, non par envie, comme
s'il ne vous touchait en rien, mais avec des dispositions
favorables, comme chose qui vous est propre. Je ferai
donc tous mes efforts pour remplir vos désirs, bien
persuadé que vous regarderez non pas à mon talent
oratoire et au sujet choisi, mais que mon zèle me
tiendra lieu prés de vous de ce qui manquerait à mon
éloquence.
| [44,37] λέξω δὲ περὶ τοῦ γένους αὐτοῦ πρῶτον, οὐχ ὅτι λαμπρότατόν
ἐστι· καίτοι καὶ τοῦτο οὐ σμικρὸν ἐς ἀρετῆς φύσιν φέρει, τὸ μήτε
ἀπὸ ταὐτομάτου τινὰ ἀλλ´ ἐκ παρασκευῆς συγγενοῦς ἀγαθὸν γενέσθαι.
οἱ μὲν γὰρ οὐκ ἐξ εὐγενῶν φύντες δύναιντο μὲν ἂν καὶ προσποιητῶς
ἀνδραγαθίζεσθαι, δύναιντο δ´ ἂν καὶ ἐλεγχθῆναί ποτε ἐς
τὸ κακογενὲς ὑπὸ τοῦ συμφύτου· ὅσοις δὲ ἄνωθεν ἐκ πολλοῦ σπέρμα
ἀνδραγαθίας ὑπάρχει, πᾶσα αὐτοὺς ἀνάγκη καὶ αὐτόφυτον καὶ
διαρκῆ τὴν ἀρετὴν ἔχειν. οὐ μὴν ἀλλ´ ἔγωγε οὐ τοῦτο μάλιστα
νῦν ἐπαινῶ τοῦ Καίσαρος, ὅτι τὰ μὲν νεώτατα ἐκ πολλῶν καὶ γενναίων
ἀνδρῶν ἔφυ, τὰ δὲ ἀρχαιότατα ἐκ βασιλέων καὶ θεῶν ἐγίγνετο,
ἀλλ´ ὅτι πρῶτον μὲν τῆς πόλεως ἡμῶν ὅλης συγγενής ἐστιν
(ἐκ γὰρ ὧν οὗτος ἐγεννήθη, πρὸς τούτων ἡμεῖς ᾠκίσθημεν), ἔπειθ´
ὅτι τῶν προπατόρων αὐτοῦ ἐς τὸ θεῖον δι´ ἀρετὴν ἀνήκειν νομισθέντων
οὐχ ὅπως ἐπηλήθευσε τὴν φήμην, ἀλλὰ καὶ ἐπηύξησεν,
ὥστ´ εἰ καί τις ἠμφεσβήτει πρότερον μήποτ´ ἂν ἐκ τῆς Ἀφροδίτης
τὸν Αἰνείαν γενέσθαι, νῦν δὴ πιστευσάτω. θεοῖς μὲν γὰρ ἤδη
τινὲς οὐκ ἄξιοι παῖδες ἐπεφημίσθησαν· τούτου δὲ οὐδ´ ἂν εἷς ἀπαξιώσειεν
θεοὺς τοὺς προγόνους γεγονέναι. ἐβασίλευσε μὲν γὰρ καὶ
αὐτὸς ὁ Αἰνείας καὶ τῶν ἐγγόνων αὐτοῦ τινες. τοσούτῳ δὲ οὗτος
ἀμείνων ἐκείνων ἐγένετο ὅσῳ οἱ μὲν Λαουινίου καὶ Ἄλβης ἐμονάρχησαν,
οὗτος δὲ τῆς Ῥώμης οὐκ ἠθέλησε βασιλεῦσαι, καὶ οἱ μὲν
τὴν κρηπῖδα τῆς πόλεως ἡμῶν προκατεβάλοντο, οὗτος δὲ ἐς τοσοῦτον
αὐτὴν ἐπῆρεν ὥστε τά τε ἄλλα καὶ ἀποικίας μείζους ὧν ἐκεῖνοι
πόλεων ἐβασίλευσαν καταστήσασθαι.
| [44,37] Je parlerai d'abord de sa naissance, non pas
parce qu'elle est illustre, quoique cependant il ne soit
pas d'une faible importance pour la vertu d'être un
produit du hasard, ou une tradition de famille. Ceux
qui sont nés de parents obscurs peuvent bien, par un
mérite d'emprunt, se montrer honnêtes, mais ils peuvent
aussi trahir la bassesse de leur race par quelques
vices de nature ; tandis que ceux qui ont reçu
dès l'origine la plus reculée les germes de l'honnêteté
ont nécessairement une vertu spontanée et durable.
Toutefois, ce que je loue avant tout, en ce moment,
dans César, ce n'est pas d'être, par ses parents
immédiats, issu d'une foule d'hommes illustres, et
d'être, par ses ancêtres les plus reculés, de la race des
rois et des dieux : c'est d'abord d'être le parent de
Rome tout entière (ceux, en effet, dont il descendait,
ont été nos fondateurs) ; c'est ensuite que, ses ancêtres
ayant été, par leur vertu, regardés comme des rejetons
divins, il a non seulement justifié cette opinion,
mais il l'a encore fortifiée, de telle sorte que, si quelqu'un
doutait auparavant qu'Énée fût le fils de Vénus,
il en a aujourd'hui la certitude. Bien des hommes,
jadis et sans le mériter, furent appelés enfants des
dieux mais lui, personne ne peut lui refuser d'avoir
eu des dieux pour ancêtres. En effet, Énée a régné
ainsi que quelques-uns de ses descendants : mais
César leur a été d'autant supérieur que, s'ils ont été
les souverains de Lavinium et d'Albe, il n'a pas voulu
régner sur Rome ; que, s'ils ont jeté les fondements
de notre ville, il l'a élevée à un tel point que, sans
parler de ses autres actions, il a fondé des colonies
plus grandes que les villes sur lesquelles ils régnèrent.
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