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[44,2] ἤδη πολιτευομένην ἐστασίασαν. δημοκρατία γὰρ ὄνομα μὲν
εὔσχημον ἔχει καί τινα καὶ ἰσομοιρίαν πᾶσιν ἐκ τῆς ἰσονομίας
φέρειν δοκεῖ, ἐν δὲ δὴ τοῖς ἔργοις ἐλέγχεται μηδὲν ὁμολογοῦσα τῷ
προσρήματι· καὶ τοὐναντίον ἡ μοναρχία δυσχερὲς μὲν ἀκοῦσαι,
χρησιμώτατον δὲ ἐμπολιτεύσασθαι ἐστί. ῥᾷόν τε γὰρ ἕνα τινὰ
χρηστὸν ἢ πολλοὺς εὑρεῖν· ἄν τε καὶ τοῦτο χαλεπόν τισιν εἶναι
δοκῇ, πᾶσα ἀνάγκη ἐκεῖνό γε ἀδύνατον ὁμολογηθῆναι εἶναι· οὐ γὰρ
προσήκει τοῖς πολλοῖς ἀρετὴν κτᾶσθαι. εἰ δ´ οὖν καὶ φαῦλός τις
αὐταρχήσειεν, ἀλλὰ τοῦ γε πλήθους τῶν ὁμοίων αἱρετώτερός ἐστιν,
ὥσπερ που καὶ τὰ ἔργα τά τε τῶν Ἑλλήνων καὶ τὰ τῶν βαρβάρων,
τῶν τε Ῥωμαίων αὐτῶν, τεκμηριοῖ. τά τε γὰρ ἀμείνω πολὺ
μείζω καὶ πλείω καὶ πόλεσι καὶ ἰδιώταις ἐκ βασιλέων ἢ δήμων
ἀεί ποτε ἐγένετο, καὶ τὰ δυσχερέστερα ἐν ταῖς μοναρχίαις ἢ ταῖς
ὀχλοκρατίαις συμβαίνει. εἰ γάρ που καὶ δημοκρατία τις ἤνθησεν,
ἀλλ´ ἔν γε βραχεῖ χρόνῳ ἤκμασεν, μέχρις οὗ μήτε μέγεθος μήτ´
ἰσχὺν ἔσχον ὥστε ἢ ὕβρεις σφίσιν ἐξ εὐπραγίας ἢ φθόνους ἐκ
φιλοτιμίας ἐγγενέσθαι. πόλιν τε αὐτήν τε τηλικαύτην οὖσαν καὶ
τοῦ τε καλλίστου τοῦ τε πλείστου τῆς ἐμφανοῦς οἰκουμένης ἄρχουσαν,
καὶ πολλὰ μὲν ἀνθρώπων ἤθη καὶ διάφορα κεκτημένην
πολλοὺς δὲ καὶ μεγάλους πλούτους ἔχουσαν, ταῖς τε πράξεσι καὶ
ταῖς τύχαις παντοδαπαῖς καὶ ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ χρωμένην, ἀδύνατον
μὲν ἐν δημοκρατίᾳ σωφρονῆσαι, ἀδυνατώτερον δὲ μὴ σωφρονοῦσαν
ὁμονοῆσαι. ὥστ´ εἴπερ ταῦτα οὕτως ὅ τε Βροῦτος ὁ Μᾶρκος
καὶ ὁ Κάσσιος ὁ Γάιος ἐξελογίσαντο, οὐκ ἄν ποτε τόν τε προστάτην
καὶ τὸν κηδεμόνα αὐτῆς ἀπέκτειναν, οὐδ´ ἂν μυρίων αἴτιοι
κακῶν καὶ ἑαυτοῖς καὶ τοῖς ἄλλοις τοῖς τότε ἀνθρώποις ἐγένοντο.
| [44,2] Le gouvernement républicain impose par son nom
et semble, par suite de l'égalité devant la loi, donner à
tous l'égalité des droits; mais les faits démontrent qu'il
n'est nullement conforme à son nom. Tout au contraire,
le mot de monarchie sonne péniblement aux oreilles;
mais c'est la forme de gouvernement qui offre le plus
d'avantages. Il est plus facile, en effet, de trouver un
seul homme de bien que d'en trouver plusieurs. Si l'une
de ces choses parait être difficile, on avouera de toute
nécessité que l'autre, du moins, est impossible; car la
vertu n'est pas un bien qui appartienne à la foule. Si donc
c'est un méchant qui exerce l'autorité, mieux vaut que
ce soit lui que la multitude de ses pareils, ainsi qu'en témoigne
l'histoire des Grecs, des Barbares et des Romains
eux-mêmes. Les avantages pour les villes et pour les
particuliers ont toujours été plus grands et plus nombreux
avec la royauté qu'avec la république ; les revers
sous une monarchie arrivent plus difficilement que sous
un gouvernement populaire. Si, en effet, une démocratie
a été quelque part florissante, elle n'a subsisté que peu
de temps, c'est-à-dire tant qu'elle n'a eu ni assez de
grandeur ni assez de force pour que la prospérité donnât
naissance aux violences, l'ambition aux rivalités. Or
Rome elle-même, dans l'état où elle était, Rome, qui
commandait à la partie la plus belle et la plus grande du
monde connu, qui avait conquis des peuples de moeurs si
diverses, qui renfermait des trésors si nombreux, qui se
distinguait, État et particuliers, par des hauts faits et des
exploits de toute espèce, ne pouvait garder la modération
sous un gouvernement républicain; elle pouvait bien
moins encore, en s'écartant de la modération, conserver
la concorde. Ainsi donc, si Marcus Brutus et Caïus Cassius
eussent fait ces réflexions, jamais ils n'auraient
assassiné le chef et le tuteur de Rome, et ne seraient devenus
pour eux-mêmes et pour tous les autres hommes
de ce temps la cause de maux sans nombre.
| [44,3] ἔσχε δὲ ὧδε, καὶ αἰτίαν τήνδε ὁ θάνατος αὐτοῦ ἔλαβεν· οὐ
γὰρ δὴ καὶ ἀναίτιον πάντῃ τὸ ἐπίφθονον ἐκτήσατο, πλὴν καθ´ ὅσον
αὐτοὶ οἱ βουλευταὶ ταῖς τε καινότησι καὶ ταῖς ὑπερβολαῖς τῶν τιμῶν
ἐπάραντές τε αὐτὸν καὶ φυσήσαντες ἔπειτα ἐπ´ αὐταῖς ἐκείναις
καὶ ἐμέμφοντο καὶ διέβαλλον ὡς ἡδέως τέ σφας λαμβάνοντα καὶ
ὀγκηρότερον ἀπ´ αὐτῶν ζῶντα. ἔστι μὲν γὰρ ὅτε καὶ ὁ Καῖσαρ
ἥμαρτε, δεξάμενός τέ τινα τῶν ψηφισθέντων οἱ καὶ πιστεύσας ὄντως
αὐτῶν ἀξιοῦσθαι, πλεῖστον δὲ ὅμως ἐκεῖνοι, οἵτινες ἀρξάμενοι
τιμᾶν αὐτὸν ὡς καὶ ἄξιον, προήγαγον ἐς αἰτίαν οἷς ἐψηφίζοντο.
οὔτε γὰρ διωθεῖσθαι πάντα αὐτὰ ἐτόλμα, μὴ καὶ ὑπερφρονεῖν νομισθείη,
οὔτ´ αὖ λαμβάνων ἀσφαλὴς εἶναι ἐδύνατο· τὸ γὰρ ὑπερβάλλον
τῶν τε τιμῶν καὶ τῶν ἐπαίνων χαυνοτέρους πως καὶ τοὺς
πάνυ σώφρονας, ἄλλως τε κἂν ἀληθῶς γίγνεσθαι δοκῶσι, ποιεῖ.
| [44,3] Voici, du reste, comment se passa la chose, et la
raison qu'on donna du meurtre de César : car ce ne fut
pas tout à fait sans motif que l'envie s'attacha à lui, quoique
les sénateurs eux-mêmes semblassent l'élever à ces
honneurs nouveaux et excessifs qui le remplirent de vanité,
tout exprès pour le blâmer ensuite et le calomnier à cause
de ces mêmes honneurs, prétendant qu'il les recevait avec
plaisir et qu'il n'en devenait que plus orgueilleux. Sans
doute, César commit une faute en acceptant quelquesuns
des décrets en son honneur, et en s'imaginant qu'on
l'en jugeait véritablement digne ; mais la plus grande
faute, cependant, fut à ceux qui, lui ayant, dès le principe,
décerné des honneurs comme s'il en était digne, l'exposèrent
au blâme par leurs décrets. En effet, César n'osait
les repousser tous dans la crainte de paraître les dédaigner,
et, en les recevant, il ne pouvait échapper à bien des
dangers ; car des honneurs et des éloges excessifs rendent
vain même l'homme le plus sage, surtout quand ces
honneurs semblent mérités.
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