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[44,32] εἰ γάρ τοί τινα καὶ ἡμάρτηταί τισιν, ἀλλ´ οὔτι γε καιρός ἐστιν οὔτε
πολυπραγμονῆσαι αὐτὰ οὔτε ἐξελέγξαι οὔτε τιμωρήσασθαι. οὐδὲ γὰρ δικάζετέ
τισιν {ἂν} ἐν τῷ παρόντι, ὥστε τὸ πάνυ ἀκριβὲς δίκαιον ζητηθῆναι δεῖν, ἀλλὰ
βουλεύεσθε περὶ τῶν ἐνεστηκότων, ὅπως ὡς ἀσφαλέστατα καταστῇ.
τοῦτο δὲ οὐκ ἂν ὑπάρξειεν ἡμῖν, εἰ μή τι παρίδοιμεν, ὥσπερ που
καὶ ἐπὶ τῶν παίδων ποιεῖν εἰώθαμεν. οὔτε γὰρ πάντα ἀκριβῶς
ἐπ´ αὐτῶν ἐκλογιζόμεθα, καὶ πολλὰ καὶ παρορῶμεν ἀναγκαίως·
τῶν γὰρ μετρίων ἁμαρτημάτων ἕνεκα οὐδέν´ ἀνηκέστως δεῖ κολάζειν,
ἀλλὰ πρᾴως σωφρονίζειν. καὶ νῦν οὖν, ἅτε καὶ κοινοὶ παντὸς
τοῦ δήμου πατέρες οὐ μόνον ὀνομαζόμενοι ἀλλὰ καὶ ἀληθῶς ὄντες,
μὴ καὶ πάντα ἀκριβολογώμεθα, ἵνα μὴ καὶ πάντες ἀπολώμεθα,
ἐπεί τοι πολλὰ μὲν ἄν τις καὶ αὐτῷ τῷ Καίσαρι ἐγκαλέσειεν,
ὥστε καὶ δικαίως αὐτὸν πεφονεῦσθαι δόξαι, πολλὰ δὲ καὶ τοὺς
ἀποκτείναντας αὐτὸν αἰτιάσαιτο, ὥστε καὶ τιμωρίας αὐτοὺς ἀξίους
εἶναι νομισθῆναι. ἀλλὰ τοῦτο μὲν ἀνδρῶν ἔργον ἐστὶ στασιάσαι
αὖθις ἐπιθυμούντων· δεῖ δὲ τοὺς ὀρθῶς βουλευομένους μὴ τὸ πάντῃ
δίκαιον ἐξακριβοῦντας βλάπτεσθαι, ἀλλὰ καὶ τῷ ἐπιεικεῖ προσχρωμένους
σώζεσθαι. ὥστε τὰ μὲν γεγενημένα ταῦτα χαλάζης
τέ τινος καὶ κατακλυσμοῦ τρόπον συμβεβηκέναι νομίσαντες λήθῃ
παράδοτε· γνωρίσαντες δὲ νῦν γε ἀλλήλους, ἅτε καὶ ὁμόφυλοι καὶ
πολῖται συγγενεῖς τε ὄντες, ὁμονοήσατε.
| [44,32] Si certaines fautes ont été commises par quelques-uns,
ce n'est le moment ni d'informer, ni d'accuser,
ni de punir. Dans les circonstances actuelles, ce
n'est pas une cause que vous jugez, en sorte qu'il vous
faille rechercher l'exacte justice; vous délibérez sur les
affaires publiques afin de les régler de la manière la
plus sûre possible. Or ce but, nous n'y parviendrons
pas, si nous ne fermons les yeux sur certaines choses,
comme nous avons coutume de le faire avec les enfants.
Loin de leur demander un compte rigoureux de tout,
nous passons nécessairement sur bien des choses ; car
il ne faut pas, pour des fautes médiocres, châtier impitoyablement
le coupable, mais le ramener par la douceur.
Maintenant donc, nous qui ne sommes pas seulement
de nom, mais qui sommes aussi en réalité les
pères communs de tout le peuple, gardons-nous d'examiner
toutes choses à la rigueur, de peur de périr
tous ensemble : car si, d'un côté, on peut imputer à
César lui-même assez de griefs pour qu'il semble avoir
été justement mis à mort; d'un autre côté, on peut diriger
contre ses meurtriers assez d'accusations pour que,
d'après les lois, ils méritent d'être punis. Mais ce serait
là le fait d'hommes qui désirent rallumer les dissensions,
tandis que ceux dont les délibérations sont guidées
par la sagesse doivent, non se nuire à eux-mêmes
par une justice de tout point rigoureuse, mais pourvoir
à leur conservation par des mesures équitables. Ainsi
donc, ce qui est arrivé, regardez-le comme quelque effet
de la grêle ou d'un ouragan, afin de l'ensevelir dans
l'oubli; et, reconnaissant, de part et d'autre, en vous
tous des enfants de la même tribu, des concitoyens,
des parents, vivez désormais au sein de la concorde.
| [44,33] καὶ ὅπως γε μηδεὶς ὑμῶν ὑποπτεύσῃ με χαρίσασθαί τι τοῖς
τὸν Καίσαρα ἀποκτείνασιν, ἵνα μὴ δίκην δῶσιν, ὅτι ποτὲ ἐν τῇ
τοῦ Πομπηίου μερίδι ἐγενόμην, βούλεσθαι, ἕν τι ὑμῖν ἐρῶ. καὶ
γάρ τοι καὶ νομίζω πάντας ὑμᾶς πεπεῖσθαι σαφῶς ὅτι οὔτε φιλίαν
οὔτε ἔχθραν πρὸς οὐδένα πώποτε δι´ ἐμαυτὸν ἀνειλόμην, ἀλλ´ ἀεὶ
πάντας ὑμῶν ἕνεκα καὶ τῆς κοινῆς καὶ ἐλευθερίας καὶ ὁμονοίας τοὺς
μὲν ἐμίσησα τοὺς δὲ ἠγάπησα. δι´ οὖν τοῦτο τὰ μὲν ἄλλα ἐάσω,
βραχὺ δέ τι ὑμῖν μόνον φράσω. τοσούτου γὰρ δέω τοῦτο ποιεῖν
καὶ μὴ τῆς κοινῆς σωτηρίας προσκοπεῖν, ὥστε καὶ τοῖς ἑτέροις οὐχ
ὅτι τὴν ἄδειαν ἁπάντων ὧν ἐπιπολάσαντες ἐπὶ τοῦ Καίσαρος ἔξω
τοῦ καθεστηκότος ἐποίησαν δοθῆναί φημι χρῆναι, ἀλλὰ καὶ τὰς
τιμὰς καὶ τὰς ἀρχὰς καὶ τὰς δωρεάς, ὅσας ἔλαβον παρ´ αὐτοῦ,
καίπερ οὐκ ἀρεσκόμενός τισιν αὐτῶν, φυλαχθῆναι. πρᾶξαι μὲν γὰρ
ἔτι καὶ προχειρίσασθαί τι τοιοῦτον οὐκ ἂν ὑμῖν συμβουλεύσαιμι·
ἐπειδὴ δὲ γέγονεν, οὐδὲν οὐδὲ ἐκείνων οἶμαι δεῖν ὑμᾶς πολυπραγμονῆσαι.
τί γὰρ ἂν καὶ ζημιωθείητε τοσοῦτον, ἄν τι ὁ δεῖνα ἢ ὁ
δεῖνα ἔξω τοῦ δικαίου καὶ παρὰ τὴν ἀξίαν λαβὼν ἔχῃ, ὅσον ὠφεληθείητε
μήτε φόβον μήτε ταραχὴν τοῖς γε δυνηθεῖσι τότε παρασχόντες;
ταῦτα μὲν ἐν τῷ παρόντι πρὸς τὸ κατεπεῖγον ἤδη λέγω· ἐπειδὰν
δὲ καταστῇ τὰ πράγματα, τότε καὶ περὶ τῶν λοιπῶν σκεψώμεθα."
| [44,33] Et pour que personne ne me soupçonne de vouloir
favoriser les meurtriers de César afin d'empêcher
qu'ils soient punis, parce que j'ai été autrefois du parti
de Pompée, je ne vous dirai qu'une seule chose : tous,
je le présume, vous savez, à n'en pas douter, que ni mon
amitié ni mon inimitié ne me furent jamais, à l'égard
de personne, inspirées par des considérations particulières ;
que, loin de là, toujours votre intérêt, celui de
la liberté publique et de la concorde furent la seule règle
de mes haines comme de mes affections. C'est pourquoi
je passerai sur tout le reste, et ne dirai plus que
quelques mots. Je suis si loin de tenir une telle conduite
et de ne pas songer au salut de l'État, qu'à mon avis,
il faut, non seulement accorder aux autres l'impunité
pour toutes les actions contraires aux lois qu'ils ont insolemment
commises sous César, mais encore leur
conserver les honneurs, les charges, les dons qu'ils
ont reçus de lui, bien qu'il y ait là des choses que je
n'approuve pas. Certes je n'aurais pas conseillé un
acte ou une résolution de ce genre ; mais, puisque
c'est un fait accompli, mon avis est que vous ne devez
pas faire de recherches rigoureuses à ce sujet. Pourquoi,
en effet, parce que tel ou tel conserve ce qu'il a
reçu injustement et sans le mériter, vous causer un
dommage aussi grand que l'avantage que vous recueillerez
en ne donnant ni crainte ni trouble à ceux qui
dominaient hier . Au reste, mes paroles en ce moment
n'ont trait qu'au plus urgent; quand le calme sera rétabli,
alors nous examinerons le reste".
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