HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLIV

Chapitre 30-31

  Chapitre 30-31

[44,30] οὐχ ὁρᾶτε πόσον μὲν χρόνον κατατετρίμμεθα πολεμοῦντες ἀλλήλοις, ὅσα δὲ καὶ οἷα ἐν αὐτῷ πεπόνθαμεν, καὶ γε ἔτι τούτου δεινότερόν ἐστι, καὶ δεδράκαμεν; καὶ τίς ἂν ἀριθμῆσαι δύναιτο τὸ πλῆθος τῶν χρημάτων τούς τε συμμάχους περιδύοντες καὶ τοὺς θεοὺς περισυλῶντες, καὶ προσέτι καὶ αὐτοὶ ἐξ ὧν οὐκ εἴχομεν συνεσφέροντες, ἐπ´ ἀλλήλοις δεδαπανήμεθα; τίς τὸ πλῆθος τῶν ἀνδρῶν τῶν ἀπολωλότων, οὐχ ὅτι τῶν ἄλλων, ἐπεὶ τοῦτό γ´ ἀνεξεύρετόν ἐστιν, ἀλλὰ καὶ τῶν ἱππέων καὶ τῶν βουλευτῶν, ὧν εἷς ἕκαστος καὶ πᾶσαν τὴν πόλιν ἐν τοῖς ὀθνείοις πολέμοις σῶσαι καὶ ζῶν καὶ ἀποθανὼν ἐδύνατο; πόσοι μὲν γὰρ Κούρτιοι, πόσοι δὲ Δέκιοι Φάβιοι Γράκχοι Μάρκελλοι Σκιπίωνες τεθνήκασιν; οὐ μὰ Δί´ οὐχ ἵνα Σαυνίτας Λατίνους Ἴβηρας Καρχηδονίους ἀμύνωνται, ἀλλ´ ἵνα καὶ αὐτοὶ προσαπόλωνται. καὶ τῶν μὲν ἐν τοῖς ὅπλοις τετελευτηκότων, εἰ καὶ τὰ μάλιστα καὶ ἐκείνων ὀδύραιτο ἄν τις, ἀλλ´ ἧττόν γε ἄξιόν ἐστιν ὀλοφύρασθαι· ἔς τε γὰρ τὰς μάχας ἐθελονταί, εἴγε ἐθελοντὰς τοὺς ἀναγκασθέντας φόβῳ καλεῖν δεῖ, ἦλθον, καὶ θάνατον εἰ καὶ ἄδικον ἀλλὰ ἀνδρεῖόν γε ὑπέμειναν, ἔν τε ἀγῶνι ἰσοπαλεῖ καὶ ἐν ἐλπίδι τοῦ κἂν περιγενέσθαι καὶ κρατῆσαι ἔπεσον ἀναισθήτως. τοὺς δὲ ἔν τε ταῖς οἰκίαις καὶ ἐν ταῖς ὁδοῖς τῇ τε ἀγορᾷ τῷ τε βουλευτηρίῳ αὐτῷ τῷ τε Καπιτωλίῳ αὐτῷ βιαίως, οὐχ ὅπως ἄνδρας ἀλλὰ καὶ γυναῖκας, οὐχ ὅπως ἀκμάζοντας ἀλλὰ καὶ γέροντας καὶ παῖδας, οἰκτρῶς ἐξολωλότας πῶς ἄν τις κατ´ ἀξίαν θρηνήσειε; καὶ ταῦτα μέντοι τοιαῦτα καὶ τοσαῦτα οἷα καὶ ὅσα οὔτ´ αὐτοί ποτε πρὸς πάντων ἅμα τῶν πολεμίων ἐπάθομεν οὔτε ἐκείνους ἐδράσαμεν, διατιθέντες ἀλλήλους οὐχ ὅσον οὐκ ἀχθόμεθα, οὐδ´ ἀπαλλαγῆναί ποτε αὐτῶν ἀνδρικῶς ἐθέλομεν, ἀλλὰ καὶ χαίρομεν καὶ ἑορτάζομεν, καὶ εὐεργέτας τοὺς ποιοῦντας αὐτὰ ὀνομάζομεν· καίτοι ἔγωγε οὐδ´ ἀνθρώπινόν τινα βίον ἡγοῦμαι τοῦτον ἡμᾶς βεβιωκέναι, ἀλλά τινων θηρίων, δι´ ἀλλήλων φθείρεται. [44,30] Ne voyez-vous pas combien de temps nous nous sommes épuisés à nous faire la guerre les uns aux autres, quels maux innombrables nous avons soufferts durant cet intervalle, et, ce qui est encore plus affreux, quels maux nous avons causés? Qui pourrait calculer la quantité d'argent enlevé aux alliés, sacrilégement ravi aux dieux, ajoutez encore, levé sur nous-mêmes au-delà de ce que permettaient nos ressources; dépensé par nous les uns contre les autres? Qui pourrait dire le nombre de ceux qui ont péri, je ne parle pas des autres hommes en général (on ne pourrait en trouver le nombre), mais parmi les chevaliers et les sénateurs, dont un seul, dans les guerres étrangères, eût été, vivant ou par sa mort, capable de sauver l'État tout entier ? Combien de Curtius, combien de Decius, de Fabius, de Gracques, de Marcellus, de Scipions ont succombé, non pas, par Jupiter! pour repousser les Samnites, ou les Latins, ou les Espagnols, ou les Carthaginois, mais pour périr eux-mêmes avec leurs adversaires ? Et ceux qui sont morts les armes à la main, quelque regrettables `qu'ils soient, sont les moins à plaindre. C'est volontairement (si toutefois ce mot de volontairement doit être appliqué à des hommes contraints par la crainte) qu'ils ont marché au combat et qu'ils ont affronté une mort injuste, il est vrai, mais, du moins, courageuse ; c'est dans une lutte à forces égales, c'est avec l'espoir d'échapper et de vaincre, qu'ils sont tombés sans avoir vu venir la mort. Mais ceux qui, dans leurs maisons, dans les rues, dans le Forum, dans le sénat même, et jusque dans le Capitole, je ne parle pas seulement des hommes, mais aussi des femmes; je ne dis pas seulement des personnes dans la vigueur de l'âge, mais aussi des vieillards et des enfants, ont péri misérablement, victimes de la violence, comment déplorer assez leur triste sort? Cependant ces calamités, si nombreuses et si grandes que jamais tous nos ennemis ensemble ne nous en ont fait éprouver de pareilles, et que jamais nous ne leur en avons causé de semblables, c'est après nous les être mutuellement attirées que, loin de nous en affliger et de vouloir, par un généreux effort, en sortir enfin, nous nous en réjouissons, nous célébrons des fêtes, nous donnons le nom de bienfaiteurs à ceux qui les ont appelées sur nous. Pour moi, je m'imagine que cette vie dont nous avons vécu n'est pas une vie d'hommes, mais de bêtes féroces qui se déchirent entre elles.
[44,31] καὶ τὰ μὲν ἤδη συμβεβηκότα τί ἂν ἐπὶ πλέον ὀδυραίμεθα; οὐ γάρ που καὶ ἀγένητα ἂν αὐτὰ ποιησαίμεθα· τῶν δὲ δὴ μελλόντων προϊδώμεθα. διὰ γὰρ ταῦτα καὶ ἐκείνων ἐμνημόνευσα, οὐχ ἵνα τὰς κοινὰς συμφοράς, ἅς γε μηδὲ γενέσθαι ὤφελε, καταλέξω, ἀλλ´ ἵν´ ὑμᾶς ἐξ αὐτῶν ἀναπείσω τὰ γοῦν λοιπὰ διασῶσαι· τοῦτο γὰρ ἄν τις μόνον τῶν κακῶν ἀπόναιτο, τὸ μηδὲν αὖθις ὅμοιόν σφισι παθεῖν φυλάξασθαι. ἔξεστι δὲ τοῦθ´ ὑμῖν ἐν τῷ παρόντι μάλιστα ποιῆσαι, ἕως ἔτι τὸ δεινὸν ἄρχεται καὶ οὔτε πολλοί πω συνεστήκασιν, οἵ τε κεκινημένοι οὔτε πεπλεονεκτήκασιν ἀπ´ ἀλλήλων οὔτ´ ἠλάττωνται, ὥστ´ ἐλπίδι τοῦ κρείττονος ὀργῇ τοῦ καταδεεστέρου καὶ παρὰ τὸ συμφέρον σφίσιν ἀπερισκέπτως κινδυνεῦσαι προαχθῆναι. καὶ τοῦτο μέντοι τηλικοῦτο ὂν κατορθώσετε μήτε πόνον τινὰ πονήσαντες μήτε κινδυνεύσαντες, μὴ χρήματα ἀναλώσαντες, μὴ σφαγὰς ποιήσαντες, ἀλλ´ αὐτὸ τοῦτο μόνον ψηφισάμενοι, μὴ μνησικακεῖν ἀλλήλοις. [44,31] Mais pourquoi déplorer plus longtemps le passé ? Nous ne ferons pas qu'il n'ait point eu lieu ; songeons plutôt à l'avenir. C'est dans cette vue que je vous ai rappelé ces souvenirs, et non pour retracer de communs malheurs qui jamais n'auraient dû arriver; c'est pour vous déterminer à en tirer des moyens de sauver ce qui reste; car le seul avantage à retirer des malheurs, c'est de se préserver d'y tomber une seconde fois. Or il vous est loisible de le faire, en ce moment surtout, tant que le mal n'est encore qu'à son début, qu'il n'y a qu'un petit nombre de citoyens engagés dans la sédition, que ceux qui se sont soulevés n'ont été jusqu'ici ni vainqueurs ni vaincus, de manière que l'espoir du succès ou le ressentiment d'une défaite ne les a pas, contrairement à leur intérêt, poussés à se jeter inconsidérément dans les dangers. Ce résultat si important, vous l'obtiendrez, sans supporter de fatigues, sans courir de dangers, sans dépenser d'argent, sans verser de sang, par un simple décret portant oubli mutuel des injures.


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Dernière mise à jour : 8/06/2006