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[44,28] καὶ ὅτι ταῦθ´ οὕτως ἔχει, καὶ ὑμεῖς ἔργῳ μεμαθήκατε.
σκοπεῖτε δέ· ἴσχυσέ τινα χρόνον ἐν τοῖς στασιωτικοῖς ὁ Μάριος, εἶτ´
ἐκπεσὼν καὶ δύναμιν ἀθροίσας ἴστε οἷα εἰργάσατο. ὁμοίως ὁ
Σύλλας, ἵνα μὴ τὸν Κίνναν μηδὲ τὸν Στράβωνα μηδὲ τοὺς ἄλλους
τοὺς διὰ μέσου καταλέγω, δυνηθεὶς τὴν πρώτην, εἶτ´ ἐλαττωθείς,
ἔπειτα δυναστεύσας οὐδὲν ὅ τι οὐχὶ τῶν δεινοτάτων ἔπραξε. τί
γὰρ δεῖ τὸν Μάριον τὸ δεύτερον ἢ τὸν Κίνναν ἐκεῖνον αὐτὸν ἢ
τὸν Κάρβωνα ὀνομάζειν; μετὰ ταῦτα Λέπιδος ἰδίαν τέ τινα, ὡς
δὴ καὶ τούτοις ἐπεξιών, στάσιν ἤγειρε, καὶ πᾶσαν ὀλίγου τὴν Ἰταλίαν
ἐτάραξεν. ὡς δ´ ἀπηλλάγημέν ποτε καὶ τούτου, μέμνησθε
ὅσα αὖ καὶ οἷα πρός τε τοῦ Σερτωρίου καὶ πρὸς τῶν ἄλλων τῶν
μετ´ αὐτοῦ φυγόντων ἐπάθομεν. τί δ´ ὁ Πομπήιος, τί δ´ ὁ Καῖσαρ
αὐτὸς οὗτος; ἵνα μηδὲν ἐνταῦθα μήτε τοῦ Κατιλίνου μήτε τοῦ
Κλωδίου μνημονεύσω. οὐ πρότερον μὲν ἐπολέμησαν ἀλλήλοις,
καὶ ταῦτα συγγενεῖς ὄντες, ἔπειτα μυρίων κακῶν οὐ μόνον τὴν
πόλιν ἡμῶν ἢ καὶ τὴν λοιπὴν Ἰταλίαν, ἀλλὰ καὶ πᾶσαν ὡς εἰπεῖν
τὴν οἰκουμένην ἀνέπλησαν; ἆρ´ οὖν μετά τε τὸν τοῦ Πομπηίου
θάνατον καὶ τὸν πολὺν ἐκεῖνον τῶν πολιτῶν ὄλεθρον ἡσυχία τις
ἐγένετο; πόθεν; πολλοῦ γε καὶ δεῖ. οἶδε δὲ ἡ Ἀφρική, οἶδεν ἡ
Ἰβηρία τὸ πλῆθος τῶν ἑκατέρωθι ἀπολομένων. τί οὖν; ἐπί γε
τούτοις εἰρηνήσαμεν; καὶ πῶς; ὁπότε κεῖται μὲν αὐτὸς ὁ Καῖσαρ
οὕτω σφαγείς, κατέχεται δὲ τὸ Καπιτώλιον, καὶ πεπλήρωται μὲν
ἡ ἀγορὰ τῶν ὅπλων, πεπλήρωται δὲ καὶ πᾶσα ἡ πόλις τοῦ φόβου.
| [44,28] La vérité de ces considérations, vous l'avez,
vous aussi, apprise par expérience. Réfléchissez, en
effet. Marius domina pendant quelque temps au milieu
des guerres civiles; renversé ensuite et ayant rassemblé
une armée, il fit ce que vous savez. De même Sylla,
pour ne citer ni Cinna, ni Carbon, ni les autres intermédiaires,
après avoir été d'abord puissant, fut ensuite
vaincu; puis, lorsqu'il se fut rendu maître du pouvoir,
il n'y eut pas de cruauté qu'il ne commît. Après cela,
Lépidus, sous prétexte de venger leurs excès, se mit
à la tête d'une faction particulière et troubla l'Italie
presque tout entière. Lorsqu'enfin nous fûmes délivrés
de lui, vous vous rappelez combien furent nombreux
et grands les maux que nous avons eus souffrir de la
part de Sertorius et des compagnons de sa fuite. Et
Pompée, et César lui-même, pour ne citer ici ni Catilina
ni Clodius, ne se sont-ils pas d'abord armés l'un
contre l'autre, quoique parents, puis n'ont-ils pas rempli
de maux infinis, non pas seulement notre ville et le
reste de l'Italie, mais l'univers, pour ainsi dire, tout
entier? Après la mort de Pompée et la perte de tant
de citoyens, peut-être y a-t-il eu quelque repos ? De
quelle manière? Il s'en faut de beaucoup. L'Afrique
sait, l'Espagne aussi sait le nombre de ceux qui ont
péri de part et d'autre. Mais, du moins, nous avons,
par suite, eu la paix ? Quelle paix, quand César lui-même
est là étendu sans vie, quand le Capitole est
occupé, quand le Forum est rempli d'armes, quand
la ville entière est pleine de terreur!
| [44,29] οὕτως ἐπειδὰν ἄρξωνταί τινες στασιάζειν, καὶ τὰ βίαια ἀεὶ τοῖς
βιαίοις ἀμύνεσθαι ζητῶσι, καὶ τὰς τιμωρίας μήτε πρὸς τὸ ἐπιεικὲς
μήτε πρὸς τὸ ἀνθρώπινον ἀλλὰ πρός τε τὴν ἐπιθυμίαν καὶ τὴν
ἐξουσίαν τὴν ἐκ τῶν ὅπλων ποιῶνται, κύκλος τις ἐξ ἀνάγκης ἀεὶ
τῶν κακῶν γίγνεται καὶ ἀνταπόδοσις ἐκ διαδοχῆς τῶν δεινῶν συμβαίνει.
τό τε γὰρ εὐτυχῆσαν ὕβρει τε πλεονάζει καὶ οὐδένα ὅρον
τῆς πλεονεξίας ποιεῖται, καὶ τὸ πταῖσαν ὀργῇ τῆς συμφορᾶς, ἄν
γε μὴ παραχρῆμα ἀπόληται, ἀντιτιμωρήσασθαι τὸν ἀδικήσαντα
ἐπιθυμεῖ μέχρις ἂν τὸν θυμὸν ἐκπλήσῃ. καὶ αὐτοῖς καὶ τὸ λοιπὸν
πλῆθος, κἂν μὴ συμμετάσχῃ τῶν πραγμάτων, ἀλλὰ τότε γε τῷ τε
ἐλέῳ τοῦ νενικημένου καὶ τῷ φθόνῳ τοῦ κεκρατηκότος, δεῖσάν τε
ἅμα μὴ καὶ τὰ αὐτὰ ἐκείνῳ πάθῃ, καὶ ἐλπίσαν τὰ αὐτὰ τούτῳ
δράσειν, συναίρεται. καὶ οὕτω καὶ τὰ μέσα τῶν πολιτῶν στασιάζειν
προάγεται, καὶ ἄλλοι τε ἐπ´ ἄλλοις τὸ κακόν, προφάσει
τιμωρίας τῶν ἀεὶ ἐλαττουμένων, ὥσπερ τι ἔννομον καὶ ἐγκύκλιον
πρᾶγμα ἀνταμυνόμενοι διαδέχονται, καὶ αὐτοὶ μὲν ὡς ἕκαστοι
ἀπαλλάσσουσι, τὸ δὲ δὴ κοινὸν ἐξ ἅπαντος τρόπου φθείρουσιν.
| [44,29]« Ainsi, lorsque quelques citoyens ont une fois
commencé à exciter des séditions et cherchent sans
cesse à repousser la violence par la violence, lorsque,
au lieu de régler leurs vengeances sur la modération
et l'humanité, ils n'écoutent que leur passion et la
licence des armes, il se produit nécessairement comme
un cercle perpétuel de maux, et une période de calamités
qui se succèdent et s'attirent fatalement l'une
l'autre. La bonne fortune, en effet, abuse avec insolence
de ses avantages et ne met aucune borne à ses
abus; l'irréussite, par la colère qu'excite le malheur,
inspire, à moins que la ruine ne soit immédiate, le
désir de se venger de l'oppresseur jusqu'à ce que ce
désir ait été satisfait. Le reste de la multitude, bien
qu'il n'ait point pris part à la lutte, par pitié néanmoins
pour le vaincu et par envie contre celui qui domine,
craignant d'éprouver le même sort que l'un, et
en même temps espérant faire les mêmes choses que
l'autre, ne laisse pas que de secourir les opprimés.
C'est ainsi que la partie neutre des citoyens est entraînée
dans les séditions; que, les uns après les autres,
sous prétexte de venger les plus faibles, ils subissent,
comme chose légitime et périodique, le mal qu'ils
cherchent à repousser; qu'ils périssent eux-mêmes, et
entraînent de toutes les manières l'État à sa perte.
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