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[44,26] ὑπάρχει μὲν οὖν ὑμῖν τοῦθ´, ὅπερ εἶπον, οἴκοθεν καὶ παρὰ τῶν
προγόνων λαβοῦσιν ὀρθῶς βουλεύσασθαι· καὶ διὰ τοῦτο οὐδὲ ξενικοῖς
παραδείγμασι χρῆσθαι ἠθέλησα, μυρία ἂν εἰπεῖν ἔχων. ἓν
δ´ οὖν ὅμως τῆς ἀρίστης καὶ ἀρχαιοτάτης πόλεως, παρ´ ἧς οὐδ´ οἱ
πατέρες ἡμῶν ἐπάγεσθαί τινας νόμους ἀπηξίωσαν, παρέξομαι·
καὶ γὰρ αἰσχρὸν ἂν εἴη τοσοῦτον ἡμᾶς καὶ τῇ ῥώμῃ καὶ τῇ γνώμῃ
τῶν Ἀθηναίων ὑπερέχοντας χεῖρον αὐτῶν βουλεύεσθαι. ἐκεῖνοι
τοίνυν (λέγω δὲ ὃ πάντες ἴστε) στασιάσαντές ποτε, καὶ ἐκ τούτου
καὶ ὑπὸ τῶν Λακεδαιμονίων καταπολεμηθέντες καὶ ὑπὸ τῶν δυνατωτέρων
πολιτῶν τυραννηθέντες, οὐ πρότερον ἀπηλλάγησαν τῶν
κακῶν πρὶν συνθέσθαι καὶ διομολογήσασθαι τῶν τε συμβεβηκότων
σφίσι, πολλῶν που καὶ δεινῶν ὄντων, ἐπιλήσεσθαι, καὶ μηδὲν τὸ
παράπαν ὑπὲρ αὐτῶν μήτε ἐγκαλέσειν ποτὲ μήτε μνησικακήσειν τινί.
τοιγάρτοι σωφρονήσαντες οὕτως οὐχ ὅτι τυραννούμενοι καὶ στασιάζοντες
ἐπαύσαντο, ἀλλὰ καὶ τοῖς ἄλλοις πᾶσιν εὐθένησαν καὶ
τήν τε πόλιν ἀνεκτήσαντο καὶ τῆς τῶν Ἑλλήνων ἀρχῆς ἀντεποιήσαντο,
καὶ τέλος κύριοι καὶ σῶσαι καὶ ἀπολέσαι καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους
αὐτοὺς καὶ τοὺς Θηβαίους πολλάκις ἐγένοντο. καίτοι
εἰ ἠθελήκεσαν ἐκεῖνοι οἱ τὴν Φυλὴν καταλαβόντες καὶ ἐκ τοῦ Πειραιῶς
κατελθόντες τιμωρήσασθαι τοὺς ἐκ τοῦ ἄστεως ὑπὲρ ὧν
ἠδίκηντο, εὔλογον μὲν ἂν πρᾶγμα πεποιηκέναι ἐδεδόχεσαν, πολλὰ
δ´ ἂν καὶ ἐδεδράκεσαν κακὰ καὶ ἐπεπόνθεσαν. ὥσπερ γὰρ κρείττους
αὐτῶν παρὰ τὴν ἐλπίδα ἐγένοντο, τάχ´ ἄν τι καὶ ἠλαττώθησαν αὖθις.
| [44,26] « Ainsi donc, cette sage résolution que j'ai dite,
des exemples domestiques, pris de vos ancêtres, vous
autorisent à l'adopter; et c'est pour cela que je n'ai
pas voulu me servir d'exemples étrangers, bien que je
pusse en citer mille. J'en rapporterai cependant un,
celui de la ville la plus sage et la plus antique, d'une
ville à qui nos pères ne dédaignèrent pas d'emprunter
quelques lois; car ce serait une honte pour nous si,
avec la supériorité de force et d'intelligence que nous
avons sur les Athéniens, nous étions dépassés par
eux en prudence dans nos résolutions. Après avoir
été autrefois (ce que je dis, vous le savez tous), à la
suite de dissensions, vaincus à la guerre par les Lacédémoniens
et avoir subi la tyrannie de citoyens puissants,
ils ne furent délivrés de l'oppression qu'après
s'être engagés par des promesses réciproques à oublier
les malheurs nombreux et terribles qui leur
étaient arrivés, à n'en jamais faire un sujet d'accusation,
à n'en garder de ressentiment contre personne.
Par cette sage conduite, non seulement ils échappérent
à la tyrannie comme aux dissensions, mais de
plus ils virent renaître leur prospérité, recouvrèrent
leur ville, conquirent l'empire de la Grèce et finirent
par être souvent maîtres de sauver ou de perdre
les Lacédémoniens eux-mêmes et les Thébains. Pourtant,
si ceux qui s'emparèrent de Phylé et descendirent
du Pirée eussent voulu se venger contre les habitants
de la ville de l'injustice qu'ils avaient soufferte,
peut-être eussent-ils fait une chose fondée en
raison, mais assurément ils eussent causé et souffert
beaucoup de maux; car de même qu'ils avaient eu
le dessus contre toute espérance, de même ils auraient
pu, dans la suite, avoir le dessous.
| [44,27] οὐ γάρ ἐστιν ἐν τοῖς τοιούτοις βέβαιον οὐδέν, οὐδ´ ἐξ
ὧν ἰσχύει τις, πρὸς ἐπικράτησιν, ἀλλὰ πάμπολλοι μὲν θαρσοῦντες
ἔπταισαν, πάμπολλοι δὲ ζητοῦντες ἀμύνασθαί τινα προσαπώλοντο.
οὔτε γὰρ τὸ πλεονεκτούμενον ἔν τινι πάντως εὐτυχεῖ, διότι καὶ ἀδικεῖται,
οὔτε τὸ δυνάμει προῦχον πάντως κατορθοῖ, διότι καὶ προήκει,
ἀλλ´ ἀμφότερα ἀπὸ τῆς ἴσης καὶ τῷ παραλόγῳ τοῦ ἀνθρωπίνου
καὶ τῷ ἀσταθμήτῳ τῆς τύχης ὑποκείμενα, καὶ τὴν ῥοπὴν
πολλάκις οὐ πρὸς τὸ σφέτερον εὔελπι ἀλλὰ πρὸς τὸ ἐκείνων ἀδόκητον
λαμβάνει. ὅθεν ἔκ τε τούτων καὶ ἐκ τῆς φιλονεικίας (δεινὸν
γάρ ἐστιν ἄνθρωπος ἀδικηθεὶς ἢ νομίσας γε ἀδικεῖσθαι ὑπὲρ
δύναμιν θρασύνασθαι) καὶ πολλοὶ πολλάκις καὶ παρὰ τὴν ἰσχὺν
ἐπαίρονται διακινδυνεύειν ὡς καὶ κρατήσοντες ἢ οὔτι γε καὶ ἀναιμωτὶ
διολούμενοι, καὶ οὕτω τὰ μὲν νικῶντες τὰ δὲ ἡττώμενοι, καὶ
τοτὲ μὲν ἀντεπικρατοῦντες ἄλλων τοτὲ δὲ ἀντελαττούμενοι, οἱ μὲν
πασσυδὶ συναπόλλυνται, οἱ δὲ τήν τε Καδμείαν λεγομένην νίκην
νικῶσιν, καὶ ἐν τῷ χρόνῳ, ὅτ´ οὐδὲν ὄφελός ἐστιν, αἰσθάνονται
ὅτι κακῶς ἐβουλεύσαντο.
| [44,27] « En effet, dans de pareilles occurrences, il n'y a
rien de stable, et parce qu'un homme est fort, ce n'est
pas une raison pour qu'il remporte la victoire ; loin
de là, bien des gens qui étaient pleins de confiance ont
éprouvé un échec, bien d'autres qui cherchaient à se
venger se sont perdus eux-mêmes. Une position inférieure
à certains égards n'est pas, pour être exposée à
l'injure, malheureuse de tous points; la supériorité de
puissance, non plus, ne donne pas, pour cela même,
le succès dans tous les cas : également soumises l'une
et l'autre à l'imprévu des choses humaines et à l'inconstance
de la fortune, elles voient souvent la balance
pencher non du côté de leurs belles espérances,
mais du côté des chances inattendues de la fortune et
de l'humanité. Aussi ces motifs et l'esprit de vengeance
(car un homme qui a éprouvé ou qui croit avoir
éprouvé une injustice est porté à oser plus qu'il ne
peut) poussent souvent bien des gens à affronter des
dangers au-dessus de leurs forces, dans l'espoir de l'emporter
ou du moins de ne pas périr sans vengeance,
vainqueurs ici et là vaincus, tantôt ayant l'avantage,
tantôt ayant à leur tour le dessous, les uns sont complétement
anéantis, les autres ne s'aperçoivent pas
qu'ils ont, comme on dit, remporté une victoire Cadméenne,
et, avec le temps, lorsqu'ils n'en peuvent plus profiter,
ils reconnaissent qu'ils ont pris une résolution mauvaise.
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