HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLIV

Chapitre 24-25

  Chapitre 24-25

[44,24] πρότερον μὲν γάρ, οὐκ ὀλίγος ἐξ οὗ χρόνος, οἱ τὰ ὅπλα ἔχοντες καὶ τῆς πολιτείας ἐγκρατεῖς ὡς τὸ πολὺ ἐγίγνοντο, ὥστ´ αὐτοὺς τι δεῖ βουλεύειν ὑμῖν ἐπιτάττειν, ἀλλ´ οὐχ ὑμᾶς τι χρὴ πράττειν ἐκείνους προσκοπεῖν· νῦν δ´ ἐς τοῦτο καιροῦ πάνθ´ ὡς εἰπεῖν τὰ πράγματα πάρεστιν ὥστε ἐφ´ ὑμῖν τε αὐτὰ εἶναι καὶ ἐς ὑμᾶς ἀνακεῖσθαι, καὶ παρ´ ὑμῶν ἤτοι τὴν ὁμόνοιαν καὶ μετὰ ταύτης τὴν ἐλευθερίαν, στάσεις καὶ πολέμους ἐμφυλίους αὖθις καὶ ἀπ´ αὐτῶν καὶ δεσπότην λαβεῖν. τι γὰρ ἂν τήμερον ψηφίσησθε, τούτῳ καὶ οἱ ἄλλοι πάντες ἀκολουθήσουσι. τούτων οὖν οὕτως, ὥς γε ἐμαυτὸν πείθω, ἐχόντων φημὶ δεῖν ἡμᾶς τὰς μὲν πρὸς ἀλλήλους ἔχθρας φιλονεικίας, ὅπως ἄν τις αὐτὰς ὀνομάσῃ, καταλύσασθαι, πρὸς δὲ δὴ τὴν παλαιὰν ἐκείνην εἰρήνην καὶ φιλίαν καὶ ὁμόνοιαν ἐπανελθεῖν, ἐνθυμηθέντας τοῦτό γε, εἰ μηδὲν ἄλλο, ὅτι τέως μὲν ἐκείνως ἐπολιτευόμεθα, καὶ χώρας καὶ πλούτους καὶ δόξαν καὶ συμμάχους ἐκτησάμεθα, ἀφ´ οὗ δὲ ἐς τὰ πρὸς ἀλλήλους κακὰ προήχθημεν, οὐχ ὅσον οὐκ ἀμείνους ἀλλὰ καὶ πολὺ χείρους ἐγενόμεθα. καὶ ἔγωγε τοσούτου δέω νομίζειν ἄλλο τι σῶσαι ἂν {μὲν} ἐν τῷ παρόντι τὴν πόλιν, ὥστ´ ἂν μή τι τήμερον καὶ ἤδη γε ὅτι τάχιστα προβουλεύσωμεν, οὐδ´ ἀναλαβεῖν δυνησόμεθα. [44,24] « Autrefois, et cet état n'a pas peu duré, ceux qui avaient les armes entre les mains étaient aussi, la plupart du temps, les maîtres du gouvernement, en sorte que c'étaient eux qui vous prescrivaient les objets sur lesquels vous deviez délibérer, et non vous qui examiniez ce qu'ils devaient exécuter. Maintenant les choses en sont toutes, pour ainsi dire, venues à ce point, qu'elles sont en votre pouvoir, et qu'il dépend de vous de faire renaître ou la concorde, et avec elle la liberté, ou des dissensions et de nouvelles guerres civiles qui vous donneront une seconde fois un maître. Ce que vous décréterez aujourd'hui, tous les autres s'y conformeront. Les conjonctures donc étant telles (c'est du moins ma conviction), je prétends que nous devons renoncer à nos inimitiés et à nos rivalités intestines, quelque nom qu'on leur donne, et revenir à la paix, à l'amitié et à la concorde d'autrefois, songeant, à défaut d'autre motif, que tout le temps que nous avons été gouvernés de la sorte nous avons conquis des pays, des richesses, de la gloire, des alliés, et que, depuis que nous nous sommes laissé entraîner à nous causer des maux les uns aux autres, notre condition, au lieu de s'améliorer, est, au contraire, allée en empirant. Pour moi, je suis si loin de croire à un autre moyen de salut dans les circonstances présentes, que, si nous n'avons pas pris aujourd'hui, et même au plus vite, une résolution, nous ne pourrons plus relever la République.
[44,25] σκοπεῖτε δὲ ὡς ἀληθῆ λέγω, πρός τε τὰ παρόντα ἀπιδόντες καὶ τὰ ἀρχαῖα ἀναλογισάμενοι. οὐχ ὁρᾶτε μὲν τὰ γιγνόμενα, καὶ ὅτι διαιρεῖταί τε καὶ περισπᾶται δῆμος αὖθις, καὶ οἱ μὲν ταῦτα οἱ δὲ ἐκεῖνα προαιρούμενοι διχῇ τε ἤδη νενέμηνται καὶ διχῇ στρατοπεδεύονται, καὶ οἱ μὲν τὸ Καπιτώλιον προκατειλήφασιν ὥσπερ τινὰς Γαλάτας φοβούμενοι, οἱ δὲ ἐκ τῆς ἀγορᾶς πολιορκεῖν αὐτοὺς παρασκευάζονται καθάπερ Καρχηδόνιοί τινες ἀλλ´ οὐ Ῥωμαῖοι καὶ αὐτοὶ ὄντες; οὐκ ἀκούετε δὲ ὅτι καὶ πρότερον πολλάκις διχογνωμονησάντων τινῶν ὥστε καὶ τὸν Ἀουεντῖνόν ποτε καὶ τὸ Καπιτώλιον, ἔστι δ´ οὓς αὐτῶν καὶ τὸ ἱερὸν ὄρος κατασχεῖν, ὁσάκις μὲν ἐπὶ τοῖς ἴσοις, καὶ βραχύ τι συγχωρήσαντες οἱ ἕτεροι τοῖς ἑτέροις, κατηλλάγησαν, μισοῦντές τε ἀλλήλους εὐθὺς ἐπαύσαντο, καὶ ἐν εἰρήνῃ καὶ ὁμονοίᾳ τὸ λοιπὸν τοῦ χρόνου διήγαγον οὕτως ὥστε καὶ πολλοὺς καὶ μεγάλους πολέμους κοινῇ κατορθῶσαι· ὁσάκις δὲ δὴ πρὸς φόνους καὶ σφαγὰς ἐχώρησαν, οἱ μὲν δικαιώσει τοῦ ἀμύνεσθαι τοὺς προϋπάρξαντας, οἱ δὲ καὶ φιλονεικίᾳ τοῦ μηδενὸς ἐλασσοῦσθαι δοκεῖν ἀπατηθέντες, οὐδὲν πώποτε χρηστὸν ἐγένετο; τί γὰρ δεῖ πρὸς οὐδὲν ἧττον ὑμᾶς εἰδότας τὸν Οὐαλέριον, τὸν Ὁράτιον, τὸν Σατορνῖνον, τὸν Γλαυκίαν, τοὺς Γράκχους λέγοντα διατρίβειν; τοιαῦτ´ οὖν παραδείγματα, καὶ ταῦτα οὐκ ἀλλότρια ἀλλ´ οἰκεῖα ἔχοντες, μὴ μελλήσητε τὰ μὲν ζηλῶσαι τὰ δὲ φυλάξασθαι, ἀλλ´ ἅτε ἀπ´ αὐτῶν τῶν πραγμάτων τὴν πεῖραν τῆς ἐκβάσεως ὧν βουλεύεσθε προειληφότες, μηκέτι τοὺς ἐμοὺς λόγους ὡς καὶ ῥήματα διασκοπεῖτε, ἀλλὰ τὰ τῷ κοινῷ διαφέροντα ὡς καὶ ἐν τῷ ἔργῳ ἤδη ὄντα θεωρεῖτε. οὐδὲ γὰρ ἀσαφεῖ τινι ἐνθυμήσει τἀφανὲς τῆς ἐλπίδος ἀναρρίψετε, ἀλλ´ ἐχεγγύῳ πίστει τὸ βέβαιον τοῦ λογισμοῦ προνοήσετε. [44,25] « Pour juger de la vérité de mes paroles, considérez l'état présent et comparez-le à l'état ancien. Ne voyez-vous pas ce qui arrive ? Ne voyez-vous pas que le peuple est de nouveau divisé et entraîné en sens contraires? qu'embrassant ici tel parti et là tel autre, il forme déjà deux nations et deux camps? que les uns occupent le Capitole, comme s'ils craignaient les Gaulois, tandis que, réunis sur le Forum, les autres se préparent à les assiéger, comme s'ils étaient eux-mêmes des Carthaginois et non des Romains? N'avez-vous pas aussi entendu dire que jadis, à plusieurs reprises, lorsque la division des esprits poussa des citoyens à s'emparer de l'Aventin et du Capitole, quelques-uns même du mont Sacré, toutes les fois que, moyennant des conditions égales ou même de légères concessions réciproques, ils se réconcilièrent et renoncèrent sur-le-champ à leur haine mutuelle, ils purent ensuite, grâce à la paix et à la concorde, mener à bonne fin, par des efforts communs, des guerres nombreuses et importantes; tandis que, toutes les fois qu'ils en vinrent aux meurtres et aux massacres, égarés, les uns par la pensée de tirer une juste vengeance de ceux qui les avaient les premiers offensés, les autres par l'ambition de n'avoir point de supérieurs, jamais il n'est rien arrivé de bon? Qu'est-il besoin, en effet, de perdre le temps à vous rappeler, à vous qui ne les connaissez pas moins bien que moi, Valérius, Horatius, Saturninus, Glaucia et les Gracques ? Quand donc vous avez de pareils exemples, non pas dans l'histoire étrangère, mais dans vos propres annales, n'hésitez pas à imiter les uns et à vous garder des autres; et, puisque les événements eux-mêmes vous ont, par l'expérience que vous en avez faite, instruits du résultat des choses sur lesquelles vous délibérez, ne voyez plus dans mon discours de simples paroles, mais considérez ce qui est utile au bien général comme étant déjà une réalité. Vous n'irez pas, en effet, vous lancer à la légère dans un espoir incertain ; mais c'est sur une foi solide que vous affermirez les prévisions de votre esprit.


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Dernière mise à jour : 8/06/2006