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[42,28] (1) Ἐλυποῦντό τε οὖν, καὶ πολλὰ πρὸς ἀλλήλους, οἷς γε καὶ
ἀσφάλειά τις ἦν, διελάλουν. Οὐ γάρ που καὶ πᾶσιν ἀδεῶς
συγγίγνεσθαι ἐδύναντο· κἂν γὰρ πάνυ φίλοι ἐδόκουν τινῶν εἶναι,
συγγενεῖς τε ἕτεροι, διέβαλλόν σφας, τὰ μὲν παρατρέποντες τὰ δὲ
καὶ παντάπασι καταψευδόμενοι.
(2) Ὅθεν οἱ λοιποὶ καὶ κατὰ τοῦτο οὐχ ἥκιστα ἐκακοπάθουν, ὅτι
μήτε προσολοφύρασθαι μήτ' ἐπικοινῶσαι ἔχοντες οὐδ'
ἀπαλλαγῆναί ποτε αὐτοῦ ἐδύναντο.
(3) Ἡ μὲν γὰρ πρὸς τοὺς ὁμοπαθεῖς συνουσία ἔφερέ τινα αὐτοῖς
κούφισιν, καί τις ἀσφαλῶς ἐκλαλήσας τέ τι καὶ ἀντακούσας οἷα
ἔπασχον ῥᾴων ἐγίγνετο· ἡ δὲ δὴ πρὸς τοὺς οὐχ ὁμοήθεις ἀπιστία
καθείργνυ τε ἐν ταῖς ψυχαῖς αὐτῶν τὴν ἀνίαν καὶ ἐπὶ πλεῖον αὐτὰς
ἐξέκαε, μηταποραην μήτ' ἀνάπαυσίν τινα λαμβανούσας.
(4) Πρὸς γὰρ τῷ κατεχόμενα ἔνδον τὰ παθήματά σφας τηρεῖν, καὶ
εὐλογεῖν αὐτὰ καὶ θαυμάζειν, ἑορτάζειν τε καὶ βουθυτεῖν
εὐθυμεῖσθαί τε ἐπ' αὐτοῖς ἠναγκάζοντο.
| [42,28] (1) Ils étaient donc affligés et discutaient de la situation longuement
entre eux, du moins avec ceux dont ils étaient sûrs, parce on ne
pouvait pas tout raconter à n’importe qui en toute impunité. Certains
qui semblaient être de très bons amis et d'autres qui étaient des
parents vous calomniaient, déformant les faits et racontant des
mensonges flagrants sur d'autres points.
(2) Et la cause principale la grande détresse de beaucoup, c’était de ne
pouvoir déplorer ou partager leurs opinions avec d'autres, et ne pas
pourvoir faire partager leurs émotions.
(3) Alors qu'il est vrai que des rapports avec ceux qui sont affligés des
mêmes choses, allège un peu leur fardeau, et l'homme qui pouvait
sans risque parler et entendre en retour quelque chose de ce que les
citoyens subissaient se sentait beaucoup mieux; pourtant la méfiance
qui ne faisait pas partie de leurs habitudes, leur fit rentrer leur vexation
dans leurs propres coeurs et les enflamma d’autant plus, car ils ne
pouvaient ni l’exprimer ni obtenir un soulagement.
(4) En effet, en plus de devoir garder enfermées leurs douleurs dans
leur propre poitrine, ils furent obligées de féliciter et d’admirer leur
traitement, comme de célébrer des fêtes, exécuter des sacrifices, et
sembler être les plus heureux des gens.
| [42,29] (1) Οὕτω μὲν οἱ Ῥωμαῖοι οἱ ἐν τῇ πόλει τότε ὄντες διετίθεντο.
Ὥσπερ δὲ οὐκ ἀποχρῶν αὐτοῖς ὑπὸ τοῦ Ἀντωνίου κακοῦσθαι,
Λούκιός τέ τις Τρεβέλλιος καὶ Πούπλιος Κορνήλιος Δολοβέλλας
δήμαρχοι ἐστασίασαν. Οὗτος μὲν γὰρ τοῖς ὀφείλουσιν, ἐξ ὧν καὶ
αὐτὸς ἦν, καὶ διὸ καὶ ἐκ τῶν εὐπατριδῶν ἐς τὸ πλῆθος ἐπὶ τῇ
δημαρχίᾳ μετέστη, συνηγωνίζετο.
(2) Ἐκεῖνος δὲ ἔλεγε μὲν τῶν ἀμεινόνων προίστασθαι, ἐκ δὲ δὴ τοῦ
ὁμοίου αὐτῷ καὶ γράμματα ἐξετίθει καὶ σφαγαῖς ἐχρῆτο. Ταραχή τε
οὖν καὶ ἐκ τούτων πολλὴ ἐγίγνετο, καὶ ὅπλα πολλὰ καὶ πανταχοῦ
ἑωρᾶτο, καίτοι τῶν τε βουλευτῶν ἀπαγορευσάντων μηδὲν πρὸ τῆς
τοῦ Καίσαρος ἀφίξεως καινοτομηθῆναι, καὶ τοῦ Ἀντωνίου μηδένα
ἐν τῷ ἄστει ἰδιώτην ὁπλοφορεῖν.
(3) Καὶ οὐ γὰρ ἐσήκουον, ἀλλὰ πάντα δὴ πάντως καὶ ἐπ' ἀλλήλοις
καὶ ἐπ' ἐκείνοις ἐποίουν, τρίτη στάσις τοῦ τε Ἀντωνίου καὶ τῆς
γερουσίας ἐγένετο· ἵνα γὰρ καὶ παρ' αὐτῆς τά τε ὅπλα καὶ τὴν
ἐξουσίαν τὴν ἀπ' αὐτῶν, ᾗ φθάσας ἐχρῆτο, προστεθεῖσθαι
νομισθείη, στρατιώτας τε ἐντὸς τοῦ τείχους τρέφειν καὶ τὴν πόλιν
διὰ φυλακῆς μετὰ τῶν ἄλλων δημάρχων ποιεῖσθαι ἔλαβε.
(4) Κἀκ τούτου Ἀντώνιος μὲν ἐν νόμῳ δή τινι πάνθ' ὅσα ἐπεθύμει
ἔδρα, Δολοβέλλας δὲ καὶ Τρεβέλλιος ὄνομα μὲν βιαίου πράξεως
εἶχον, ἀντηγωνίζοντο δὲ ὑπό τε τῆς θρασύτητος καὶ ὑπὸ τῆς
παρασκευῆς καὶ ἀλλήλοις καὶ ἐκείνῳ, ὥσπερ τινὰ καὶ αὐτοὶ
ἡγεμονίαν παρὰ τῆς βουλῆς εἰ ληφότες.
| [42,29] (1) Telle était la condition des Romains dans la ville à ce moment-là.
Et, comme ce n'était pas suffisant d’être maltraités par Antoine, un
certain Lucius Trebellius et Publius Cornelius Dolabella, tribuns de la
plèbe, entrèrent en conflit. Ce dernier soutint la cause des débiteurs,
classe dont il faisait partie, et il passa donc des patriciens à la plèbe,
afin d’d'accéder au tribunat.
(2) Trebellius se réclamait de la noblesse, mais il publia des édits et
eut recours aux meurtres de la même façon que l’autre. La
conséquence en fut une grande agitation et on vit partout beaucoup
d'armes, bien que les sénateurs aient recommandé qu'aucun
changement ne se fasse avant l'arrivée de César, et qu’Antoine ait
ordonné qu'aucun particulier dans la ville ne porte des armes.
(3) Mais comme les tribuns ne prêtaient aucune attention à ces ordres
et prenaient toutes sortes de mesures les uns contre les autres et
contre ceux dont je viens de parler (les sénateurs et Antoine), un
troisième parti se constitua composé d'Antoine et du sénat. Pour faire
croire que c’était le sénat qui lui avait accordé ses armes et l'autorité
qui résultait de leur possession, autorité qu'il avait déjà usurpée, il
obtint le privilège de garder des soldats dans les murs et d'aider les
autres tribuns à garder la ville.
(4) Alors Antoine fit tout ce qu’il lui plaisait sous le couvert de la loi,
alors que Dolabella et Trebellius étaient coupables de violence; mais
leur effronterie et leurs ressources les amenèrent à s'opposer l'un
contre l'autre et contre lui, comme s’ils avaient aussi reçu un
commandement du sénat.
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