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[41,12] Ὁ δ' οὖν Καῖσαρ σπουδὴν μὲν εἶχε συμμῖξαί τε αὐτῷ, πρὶν ἐκπλεῦσαι, κἀν
τῇ Ἰταλίᾳ διαπολεμῆσαι, καταλαβεῖν τε αὐτὸν ἐν τῷ Βρεντεσίῳ ἔτ' ὄντα (
ἐπειδὴ γὰρ τὰ πλοῖα οὐκ ἐξήρκεσέ σφισι, προέπεμψεν ἄλλους τε καὶ τοὺς
ὑπάτους, μὴ καὶ νεοχμώσωσί τι, κατὰ χώραν ὑπομείναντες)· ἰδὼν δὲ τὸ
δυσάλωτον τοῦ χωρίου, προεκαλέσατο αὐτὸν ἐς συνθήκας, ὡς καὶ τὴν εἰρήνην
τήν τε φιλίαν ἀποληψόμενον. Ἀποκριναμένου τε αὐτοῦ οὐδὲν ἄλλο, ἢ ὅτι τοῖς
ὑπάτοις ἃ λέγει κοινώσεται, ἐπειδὴ ἐδέδοκτό σφισι μηδένα τῶν πολιτῶν τῶν ἐν
τοῖς ὅπλοις ὄντων ἐς λόγους δέχεσθαι, προσέβαλε τῇ πόλει. Καὶ αὐτὸν ὁ
Πομπήιος ἡμέρας μέν τινας ἠμύνατο, μέχρις οὗ τὰ πλοῖα ἐπανῆλθε.
Διοικοδομήσας δὲ ἐν τούτῳ καὶ ἀποφράξας τὰς ἐς τὸν λιμένα ὁδούς, μὴ καὶ
ἐπίθηταί τις αὐτῷ ἐκπλέοντι, ἔπειτα νυκτὸς ἐξανήχθη. Καὶ ὁ μὲν ἀσφαλῶς ἐς
τὴν Μακεδονίαν ἐπεραιώθη· τὸ δὲ δὴ Βρεντέσιον, δύο τε ἐν αὐτῷ πλοῖα μεστὰ
ἀνδρῶν, ἑάλω.
| [41,12] César désirait ardemment d'en venir aux mains avec Pompée avant qu'il mît à
la voile, de terminer la guerre en Italie, et d'écraser son rival pendant qu'il était
encore à Brindes, car, comme ses vaisseaux ne suffisaient pas pour transporter
toute son armée, Pompée avait fait prendre les devants aux consuls et à d'autres,
afin qu'ils ne pussent rien tenter à la faveur d'un plus long séjour en Italie. César,
voyant que cette place était difficile à prendre, invita Pompée à traiter, et lui offrit la
paix et son amitié ; mais, celui-ci s'étant borné à répondre qu'il communiquerait sa
proposition aux consuls, qui avaient décrété qu'on n'entrerait point en négociation
avec un citoyen armé, César attaqua Brindes. Pompée soutint la lutte contre lui
pendant quelques jours, jusqu'au retour de la flotte, et profita de ce temps pour
garnir de retranchements et de palissades les issues qui conduisaient au port, afin
qu'on ne pût l'attaquer lorsqu'il en sortirait. Puis il mit à la voile pendant la nuit, et
parvint sain et sauf en Macédoine. Brindes et deux vaisseaux chargés de soldats
tombèrent au pouvoir de César.
| [41,13] Πομπήιος μὲν οὖν τήν τε πατρίδα καὶ τὴν ἄλλην Ἰταλίαν οὕτως ἐξέλιπε,
πάντα τὰ ἐναντιώτατα τοῖς πρόσθεν, ὅτε ἐς αὐτὴν ἐκ τῆς Ἀσίας κατέπλευσε,
καὶ ἑλόμενος καὶ πράξας· ἀφ' ὧνπερ καὶ τὴν τύχην καὶ τὴν δόξαν ἀντίπαλον
ἐκτήσατο. Τά τε γὰρ στρατό πεδα πρότερον εὐθὺς ἐν τῷ Βρεντεσίῳ, ἵνα μή τι
τοὺς πολίτας λυπήσῃ, ἀφείς, ἕτερα δι' αὐτοῦ τότε ἐκ τῆς Ἰταλίας ἐπ' αὐτοὺς
ἐξήγαγε· καὶ τοὺς πλούτους τῶν βαρβάρων ἐς τὴν Ῥώμην ἀγαγών, πάνθ' ὅσα
ἠδυνήθη τότε ἐξ αὐτῆς ἑτέρωσε ἐκόμισε· καὶ τῶν μὲν οἴκοι πάντων ἀπέγνω,
τοῖς δ' ἀλλοτρίοις καὶ τοῖς γε ὑφ' ἑαυτοῦ ποτε δουλωθεῖσι, συμμάχοις κατὰ τῆς
πατρίδος χρήσασθαι ἐνόει· καὶ ἐν αὐτοῖς πολὺ πλείω ἐλπίδα καὶ τῆς σωτηρίας
καὶ τῆς δυναστείας, ἢ ἐν τοῖς εὐεργετηθεῖσιν, ἐποιεῖτο. Καὶ διὰ ταῦτα ἀντὶ μὲν
τῆς λαμπρότητος ἣν ἐκ τῶν πολέμων ἐκείνων κτησάμενος ἀφίκετο,
ταπεινότητα πρὸς τὸν παρὰ τοῦ Καίσαρος φόβον ἀντιλαβὼν ἀπῆρεν· ἀντὶ δὲ
τῆς εὐκλείας ἣν ἐκ τοῦ τὴν πατρίδα αὐξῆσαι ἔσχε, δυσκλεέστατος ἐπὶ τῇ τότε
ἐκλείψει αὐτῆς ἐγένετο.
| [41,13] C'est ainsi que Pompée quitta Rome et l'Italie. Ses résolutions et sa manière
d'agir furent alors le contraire de ce qu'elles avaient été à son retour d'Asie : aussi
sa fortune et l'opinion qu'il donna de lui furent-elles également tout l'opposé. A son
retour d'Asie, il avait congédié immédiatement son armée en arrivant à Brindes,
pour qu'elle n'inspirât aucune inquiétude à ses concitoyens : alors, au contraire, il
emmenait hors de l'Italie, par cette même ville, une armée destinée à combattre
contre sa patrie. A son retour d'Asie, il avait apporté à Rome les trésors des
barbares : maintenant il enlevait de Rome tout ce qu'il pouvait, et, n'ayant aucun
secours à attendre de sa patrie, il prenait pour alliés contre elle les étrangers qu'il
avait asservis autrefois, et, pour assurer son salut et sa puissance, il s'appuyait
plus sur eux que sur ceux dont il avait bien mérité. Ainsi, revenu en Italie tout
couvert de la gloire qu'il avait conquise dans tant de guerres, il en partait accusé
de s'être laissé abattre par la crainte de César, et l'éclat que lui avait attiré
l'agrandissement de sa patrie était remplacé alors par la honte d'un lâche
abandon.
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