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[41,8] Ταῦτα μὲν οὖν οἱ ἐξορμώμενοι ἔπασχον. Οἱ δ' ὑπολειπόμενοι, διαφόροις μὲν,
ἀντιπάλοις δέ τισι καὶ αὐτοὶ παθήμασι συνεφέροντο. Οἵ τε γὰρ ἀπὸ τῶν
προσηκόντων σφίσιν ἀποζευγνύμενοι, οἷα τῶν τε προστατῶν στερισκόμενοι
καὶ ἐπαμῦναι αὑτοῖς ἥκιστα δυνάμενοι, τῷ τε πολεμίῳ ἐκδιδόμενοι, καὶ ἐν τῇ
ἐξουσίᾳ τοῦ τῆς πόλεως κρατήσοντος ἐσόμενοι, αὐτοί τε ὑπὸ τοῦ φόβου καὶ
τῶν ὕβρεων καὶ τῶν σφαγῶν, ὡς καὶ γιγνομένων ἤδη, ἐταλαιπώρουν· καὶ περὶ
ἐκείνων οἵ τε ὀργήν σφισιν ὅτι ἐγκατελείφθησαν ἔχοντες τὰ αὐτὰ ἐπηρῶντο·
καὶ οἱ συγγνώμην τῆς ἀνάγκης ποιούμενοι, τὰ αὐτὰ ἐδέδισαν. Καὶ τὸ λοιπὸν
πλῆθος σύμπαν, εἰ καὶ τὰ μάλιστα μηδεμία αὐτοῖς συγγένεια πρὸς τοὺς
ἀφορμωμένους ἦν, ὅμως ἐλυποῦντο μὲν καὶ ἐπ' ἐκείνοις, οἱ μὲν γείτονας, οἱ δὲ
ἑταίρους πολύ τε ἀπὸ σφῶν ἀφήξειν, καὶ πολλὰ καὶ ἄτοπα καὶ δράσειν καὶ
πείσεσθαι ἐλπίζοντες. Πολλῷ δὲ δὴ μάλιστα ἑαυτοὺς ὠλοφύροντο· τάς τε γὰρ
ἀρχὰς καὶ τὴν βουλὴν τούς τε ἄλλους τούς τι δυναμένους πάντας (οὐ γάρ που
εἴ γέ τις αὐτῶν ὑπολειφθήσεται ᾖδεσαν) τῆς τε πατρίδος ἅμα καὶ σφῶν
ἐξισταμένους ὁρῶντες, καὶ μήτ' ἂν ἐκείνους, εἰ μὴ πάνυ πολλὰ καὶ δεινὰ αὐτῇ
ἐπήρτητο, φυγεῖν ποτε ἐθελῆσαι λογιζόμενοι, καὶ αὐτοὶ ἔρημοι μὲν ἀρχόντων,
ἔρημοι δὲ συμμάχων γιγνόμενοι, πρός τε τὰ ἄλλα πάντα παισί τέ τισιν
ὀρφανοῖς καὶ γυναιξὶ χήραις ἐῴκεσαν, καὶ τὰς ὀργὰς τάς τε ἐπιθυμίας τῶν
ἐπιόντων ἐννοήσαντες παρὰ τῆς τῶν προτέρων παθημάτων μνήμης, οἱ μὲν
αὐτοὶ πειραθέντες, οἱ δὲ καὶ ἐκείνων ἀκούοντες ὅσα καὶ οἷα ὅ τε Μάριος καὶ ὁ
Σύλλας ἐξειργάσαντο, μέτριον οὐδὲν οὐδὲ ἐς τὸν Καίσαρα ὑπώπτευον· ἀλλὰ
καὶ πολὺ πλείω καὶ δεινότερα, ἅτε καὶ βαρβαρικοῦ τὸ πλεῖστον τοῦ στρατοῦ
αὐτοῦ ὄντος, πείσεσθαι προσεδόκων.
| [41,8] Tel était l'état de ceux qui quittaient Rome ceux qui y restaient éprouvaient des
angoisses différentes, mais aussi vives. Séparés des leurs, privés de défenseurs
et incapables de se défendre eux-mêmes, exposés à toutes les horreurs de la
guerre, destinés à tomber entre les mains de celui qui serait maître de la ville, ils
redoutaient les outrages et les meurtres, comme s'ils se commettaient déjà. Ceux
qui faisaient à leurs proches un crime de les avoir abandonnés leur souhaitaient
tous les maux qu'ils craignaient pour eux-mêmes, et ceux qui les excusaient par la
nécessité tremblaient qu’ils n'eussent à les souffrir. Les autres citoyens,
quoiqu'ils ne tinssent par aucun lien à ceux qui partaient, compatissaient à leur
sort, et s'affligeaient de ce qu'une grande distance allait les séparer de leurs
voisins ou de leurs amis, pressentant qu'ils auraient d'indignes traitements à
exercer ou à souffrir ; mais c'était surtout leur propre sort qu'ils déploraient. Voyant
les magistrats, le sénat et tous ceux qui avaient de l'influence s'éloigner d'eux et de
leur patrie (ils ne savaient pas si un seul resterait), et réfléchissant que des
hommes si considérables ne sortiraient point de Rome si elle n'était pas menacée
de maux nombreux et terribles ; enfin, privés de leurs magistrats et de leurs frères
d'armes, ils ressemblaient à des orphelins et à des veuves. Déjà préoccupés des
ressentiments et de la cupidité de ceux qui rentreraient vainqueurs dans leur
patrie, se rappelant les excès commis dans le passé, les uns pour avoir été
victimes des fureurs de Marius et de Sylla, les autres, pour les avoir entendu
raconter par ceux qui les avaient souffertes, ils n'espéraient aucune modération de
la part de César. Ils s'attendaient même à souffrir des maux plus nombreux et plus
terribles, parce que la plus grande partie de son armée était composée de
barbares.
| [41,9] Οὕτως οὖν δὴ πάντων αὐτῶν διακειμένων, καὶ μηδενός, ἔξω τῶν προσφιλῶν
πῃ τῷ Καίσαρι δοκούντων εἶναι, ἐν ἐλαφρῷ τὸ πρᾶγμα ποιουμένου, καὶ
ἐκείνων δὲ πρὸς τὰς μεταβολὰς τῶν τρόπων ( ἃς οἱ πλείους πρὸς τὰ παρόντα
σφίσι λαμβάνουσιν) οὐ φερεγγύῳ πίστει θαρσούντων· οὐδ' ἐπινοῆσαι ῥᾴδιον,
ὅση μὲν ταραχὴ, ὅσον δὲ καὶ πένθος ἐν τῇ τῶν τε ὑπάτων, καὶ τῶν ἄλλων τῶν
συνεξορμωμένων σφίσιν ἐξόδῳ ἐγένετο. Τήν τε γὰρ νύκτα πᾶσαν
ἀνασκευαζόμενοι καὶ περιφοιτῶντες ἐθορύβουν· καὶ ἐπὶ τὴν ἕω πολὺς μὲν
οἶκτος ( καὶ γὰρ ἑκασταχόθι περιιόντες εὐχὰς ἐποιοῦντο) πάντας αὐτοὺς
ἐλάμβανε· τούς τε γὰρ θεοὺς ἀνεκάλουν, καὶ τὰ δάπεδα κατεφίλουν· ὁσάκις τε
καὶ ἐξ οἵων περιεγένοντο ἀνηριθμοῦντο, καὶ ὅτι τὴν πατρίδα ( ὃ μηπώποτε
ἐτετόλμητό σφισιν) ἐξέλειπον ὠδύροντο· πολὺς δὲ καὶ περὶ τὰς πύλας θρῆνος
ἦν. Οἱ μὲν γὰρ ἀλλήλους τε ἅμα καὶ ἐκείνην, ὡς καὶ τελευταῖον ὁρῶντες,
ἠσπάζοντο· οἱ δὲ ἑαυτούς τε ἐθρήνουν, καὶ τοῖς ἐξιοῦσι συνηύχοντο· καὶ οἵ γε
πλείους ὡς καὶ προδιδό μενοι κατηρῶντο. Πάντες γὰρ καὶ οἱ ὑπομένοντες
παμπαιδὶ καὶ παγγυναικὶ παρῆσαν. Καὶ μετὰ τοῦτο οἱ μὲν ἐξωρμῶντο, οἱ δὲ
προέπεμπόν σφας· ἄλλοι τε ἐνεχρόνιζον, καὶ πρὸς τῶν γνωρίμων κατείχοντο·
καί τινες περιβάλλοντες ἀλλήλους ἐπὶ πλεῖστον συνηρτῶντο. Ἀκολουθοῦντές
τε τοῖς ἐξορμωμένοις οἱ ὑπομένοντες ἐπὶ μακρότατον, ἐπεβοῶντό τε ἅμα
αὐτοὺς καὶ κατῴκτιζον· ἄγειν τέ σφας ἢ καὶ ἐκείνους οἴκοι μένειν ἀξιοῦντες,
ἐπεθείαζον. Κἀν τούτῳ ὀλολυγὴ ἐφ' ἑκάστῳ αὐτῶν πολλὴ καὶ παρὰ τῶν
ἄλλων, καὶ δάκρυα ἄπλετα ἐγίγνετο. Τὴν μὲν γὰρ τοῦ κρείττονος ἐλπίδα
ἥκιστα, ἅτε ἐν τοῖς τοιούτοις ὄντες, τὰ δὲ δὴ πάθη πρότερον μὲν οἱ
καταλειπόμενοι, ἔπειτα δὲ καὶ οἱ ἀφορμώμενοι, προσεδέχοντο. Εἴκασε δ' ἄν τις,
αὐτοὺς ἰδὼν, δύο τε δήμους καὶ δύο πόλεις ἐκ μιᾶς γίγνεσθαι· καὶ τὴν μὲν
ἀνίστασθαί τε καὶ φεύγειν, τὴν δὲ ἐγκαταλείπεσθαί τε καὶ ἁλίσκεσθαι.
Πομπήιος μὲν οὖν οὕτω τὸ ἄστυ ἐξέλιπεν, συχνοὺς τῶν βουλευτῶν
ἐπαγόμενος. Ὑπελείφθησαν γάρ τινες, οἱ μὲν τὰ τοῦ Καίσαρος φρονοῦντες, οἱ
δὲ, καὶ ἐκ μέσου ἀμφοῖν ἱστάμενοι. Καὶ καταλόγους τε ἐκ τῶν πόλεων σπουδῇ
ἐποιεῖτο καὶ χρήματα ἐξέλεγε, φρουράς τε ὡς ἑκασταχόσε ἔπεμπε.
| [41,9] Ils étaient tous livrés à de semblables inquiétudes, et tout le monde regardait la
situation comme grave, excepté les amis de César, qui pourtant n'étaient pas eux-
mêmes dans une complète sécurité, à cause des changements que les
circonstances amènent d'ordinaire dans le caractère des hommes. On ne saurait
s'imaginer facilement quel trouble et quelle douleur accompagnèrent le départ des
consuls et des citoyens qui sortirent de Rome avec eux. Pendant toute la nuit,
poussés par la dure nécessité qui pesait sur eux, ils coururent çà et là en désordre.
Aux premiers rayons du jour, pressés autour des temples, ils faisaient entendre
des voeux, invoquaient les dieux, baisaient la terre, énuméraient les périls
auxquels ils avaient tant de fois échappé, et se lamentaient de quitter leur patrie ;
cruelle extrémité que jusqu'alors aucun d'eux n'avait eu à subir, et la
commisération publique éclatait en leur faveur. De longs gémissements retentirent
aussi aux portes de la ville. Ceux-ci s'embrassaient les uns les autres et
embrassaient ces portes, comme s'ils se voyaient et s'ils les voyaient pour la
dernière fois ; ceux-là pleuraient sur eux-mêmes, et faisaient des voeux pour ceux
qui s'éloignaient. La plupart se croyaient trahis et proféraient des imprécations ; car
tous les citoyens, même ceux qui devaient rester à Rome, étaient là avec leurs
femmes et leurs enfants. Puis, les uns sortirent de la ville ; les autres les
escortèrent : quelques-uns temporisèrent, retenus par leurs amis ; quelques autres
se tinrent longtemps enlacés dans de mutuels embrassements. Ceux qui ne
quittaient pas Rome suivirent jusqu'à une grande distance ceux qui partaient en les
accompagnant de cris, expression de leur douleur : ils les conjuraient, au nom des
dieux ; de les emmener avec eux, ou de ne pas abandonner leurs foyers. Chaque
séparation provoquait des cris de douleur et faisait couler des larmes abondantes.
Sous le coup du malheur présent, ceux qui restaient à Rome et ceux qui
s'éloignaient n'espéraient pas un meilleur avenir, et s'attendaient même à de
nouveaux malheurs. A ce spectacle, on eût dit deux nations et deux villes formées
d'une seule nation et d'une seule ville ; l'une partant pour l'exil, l'autre délaissée et
tombée au pouvoir des ennemis. C'est ainsi que Pompée quitta Rome, suivi d'un
grand nombre de sénateurs : quelques-uns y restèrent, parce qu'ils étaient
dévoués à César ou n'avaient embrassé aucun parti. Il se hâta de lever des
troupes dans les villes, d'exiger de l'argent et d'envoyer des garnisons sur tous les
points.
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