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[41,6] Φοβηθεὶς οὖν διὰ ταῦθ' ὁ Πομπήιος (καὶ γὰρ εὖ ἠπίστατο, ὅτι πολὺ τοῦ
Καίσαρος, ἄν γε ἐπὶ τῷ δήμῳ γένωνται, ἐλαττωθήσεται), αὐτός τε ἐς
Καμπανίαν, πρὶν τοὺς πρέσβεις ἐπανελθεῖν, ὡς καὶ ῥᾷον ἐκεῖ πολεμήσων,
προαπῆρε, καὶ τὴν βουλὴν ἅπασαν μετὰ τῶν τὰς ἀρχὰς ἐχόντων ἀκολουθῆσαί
οἱ ἐκέλευσεν· ἄδειάν τέ σφισι δόγματι τῆς ἐκδημίας δούς, καὶ προειπὼν ὅτι τὸν
ὑπομείναντα ἔν τε τῷ ἴσῳ καὶ ἐν τῷ ὁμοίῳ τοῖς τὰ ἐναντία σφίσι πράττουσιν
ἕξοι. Πρὸς δ' ἔτι καὶ τὰ χρήματα τὰ δημόσια, τά τε ἀναθήματα, τὰ ἐν τῇ πόλει
πάντα, ἀναιρεθῆναι, προσέταξεν αὐτοῖς ψηφίσασθαι· ἐλπίζων παμπληθεῖς ἀπ'
αὐτῶν στρατιώτας ἀθροίσειν. Τοσαύτην γὰρ εὔνοιαν αὐτοῦ πᾶσαι, ὡς εἰπεῖν,
αἱ ἐν τῇ Ἰταλίᾳ πόλεις εἶχον, ὥστε, ἐπειδὴ ἤκουσαν αὐτὸν ὀλίγον ἔμπροσθεν
ἐπικινδύνως νοσοῦντα, σωτήρια αὐτοῦ δημοσίᾳ θύσειν εὔξασθαι. Καὶ ὅτι μὲν
μέγα καὶ λαμπρὸν τοῦτ' αὐτῷ ἔδοσαν, οὐδ' ἂν εἷς ἀντιλέξειεν. Οὐ γὰρ ἔστιν
ὅτῳ ποτὲ ἄλλῳ, ἔξω τῶν μετὰ ταῦτα τὸ πᾶν κράτος λαβόντων, τοιοῦτόν τι
ἐψηφίσθη. Οὐ μὴν καὶ ἀκριβῆ πίστιν τοῦ μὴ οὐκ ἐγκαταλείψειν αὐτὸν, πρὸς
τὸν ἐκ τοῦ κρείττονος φόβον, εἶχον. Ἐγνώσθη μὲν δὴ ταῦτα περί τε τῶν
χρημάτων καὶ περὶ τῶν ἀναθημάτων, οὐκ ἐκινήθη δὲ οὐδέτερα. Πυθόμενοι γὰρ
ἐν τούτῳ τόν τε Καίσαρα μήτε τι εἰρηναῖον τοῖς πρέσβεσιν ἀποκεκρίσθαι, καὶ
προσεγκαλεῖν σφισιν, ὡς καὶ καταψευσαμένοις τινὰ αὐτοῦ· καὶ τοὺς
στρατιώτας πολλούς τε καὶ θρασεῖς εἶναι, καὶ πᾶν ὁτιοῦν (οἷά που φιλεῖ περὶ
τῶν τοιούτων ἐπὶ τὸ φοβερώτερον ἀγγέλλεσθαι) κακουργήσειν· ἐφοβήθησαν,
καὶ σπουδῇ τὴν ἔξοδον, πρὶν ἅψασθαί τινος αὐτῶν, ἐποιήσαντο.
| [41,6] Tout cela remplit Pompée de crainte : il savait bien que, si le peuple était pris
pour juge, César l'emporterait. Il se dirigea donc vers la Campanie, avant le retour
des ambassadeurs, dans l'espoir d'y faire plus facilement la guerre. Il ordonna à
tout le sénat et à ceux qui étaient revêtus de quelque charge publique de le suivre,
après avoir fait décréter qu'ils pourraient impunément quitter Rome et déclaré qu'il
regarderait comme ses ennemis tous ceux qui y resteraient. Il fit décréter aussi
qu'il emporterait le trésor public et toutes les offrandes déposées dans les temples,
espérant s'en servir pour lever des troupes considérables. Toutes les villes d'Italie
lui étaient si dévouées que, peu de temps auparavant, à la nouvelle qu'il était
dangereusement malade, elles ordonnèrent des sacrifices publics pour sa
conservation. Ce fut un éclatant témoignage en sa faveur, personne n'oserait le
nier ; car on n'en accorda de semblable qu'à ceux qui furent investis plus tard du
pouvoir suprême. Toutefois ce n'était pas une preuve certaine qu'elles ne
l'abandonneraient point par la crainte d'un homme plus puissant. Malgré ces
décrets sur le trésor public et sur les offrandes sacrées, il n'y fut porté aucune
atteinte ; car, le bruit ayant couru sur ces entrefaites que César n'avait fait
entendre aux ambassadeurs aucune parole de paix, qu'il leur avait même reproché
d'avoir répandu des faussetés sur son compte, que ses soldats étaient nombreux,
pleins d'audace et prêts à ne reculer devant aucune violence, comme il arrive dans
ces conjonctures où les rumeurs alarmantes vont toujours grossissant, les
partisans de Pompée, frappés de terreur, quittèrent Rome en toute hâte, sans
avoir touché à rien.
| [41,7] Κἀκ τούτου καὶ ἐς τὰ ἄλλα ὁμοίως πάντα, θορυβώδης σφῶν καὶ ταραχώδης
ἡ ἀνάστασις ἐγένετο. Οἵ τε γὰρ ἐξιόντες (ἦσαν δὲ πάντες ὡς εἰπεῖν οἱ πρῶτοι
καὶ τῆς βουλῆς καὶ τῆς ἱππάδος, καὶ προσέτι καὶ τὸ τοῦ ὁμίλου) λόγῳ μὲν, ἐπὶ
πολέμῳ ἀφωρμῶντο, ἔργῳ δὲ, τὰ τῶν ἑαλωκότων ἔπασχον. Τήν τε γὰρ
πατρίδα καὶ τὰς ἐν αὐτῇ διατριβὰς ἐκλιπεῖν, καὶ τὰ ἀλλότρια τείχη οἰκειότερα
τῶν σφετέρων νομίζειν ἀναγκαζόμενοι, δεινῶς ἐλυποῦντο. Οἵ τε γὰρ
πανοικησίᾳ ἀνιστάμενοι, τὰ ἱερὰ καὶ τοὺς οἴκους τό τε ἔδαφος τὸ πατρῷον, ὡς
καὶ τῶν ἀντιστασιωτῶν εὐθὺς ἐσόμενα, ἀπέλιπον. Καὶ αὐτοὶ οὕτω τὴν γνώμην,
ἄν γε καὶ περισωθῶσιν, εἶχον ὡς κἀν τῇ Μακεδονίᾳ τῇ τε Θρᾴκῃ
κατοικήσοντες· τὴν γὰρ τοῦ Πομπηίου διάνοιαν οὐκ ἠγνόουν. Καὶ οἱ κατὰ
χώραν τούς τε παῖδας καὶ τὰς γυναῖκας, τά τε ἄλλα τὰ τιμιώτατα
καταλιπόντες, ἔχειν μέν τινα ἐλπίδα τῆς πατρίδος ἐδόκουν, πολὺ δὲ δὴ τῶν
ἑτέρων, ἅτε καὶ ἀπὸ τῶν φιλτάτων ἀπαρτώμενοι, διττῇ τε τύχῃ καὶ
ἐναντιωτάτῃ παραβαλλόμενοι, χαλεπωτέρως ἀπήλλασσον. Τὰ γὰρ οἰκειότατα
τῷ πολεμιωτάτῳ σφῶν ἐκδόντες, ἔμελλον ἐθελοκακοῦντες μὲν αὐτοὶ
κινδυνεύσειν, προθυμούμενοι δὲ, ἐκείνων στερηθήσεσθαι· καὶ προσέτι φίλον
μὲν μηδέτερον, ἐχθροὺς δὲ ἀμφοτέρους ἕξειν· Καίσαρα μὲν, ὅτι μὴ καὶ αὐτοὶ
κατέμειναν· Πομπήιον δὲ, ὅτι μὴ καὶ ἐκεῖνα συνεπηγάγοντο· ὥστε καὶ ἐς
ἀμφίβολον καὶ ταῖς γνώμαις καὶ ταῖς εὐχαῖς ταῖς τε ἐλπίσι καθιστάμενοι τοῖς
τε σώμασιν ἅμα ἀπὸ τῶν οἰκειοτάτων σφίσιν ἀπεσπῶντο, καὶ τὰς ψυχὰς δίχα
διῃροῦντο.
| [41,7] Leur départ fut en tout marqué par le désordre et par le trouble. La foule qui
sortait de Rome (elle se composait des membres les plus éminents du sénat, de
l'ordre des chevaliers et même de la fleur des plébéiens), semblait partir pour la
guerre ; mais, en réalité, elle subissait le sort ordinaire des captifs. Contraints
d'abandonner leur patrie et de n'y plus séjourner, de préférer une ville étrangère à
celle qui les avait vus naître, ils étaient en proie à la plus vive douleur. Ceux qui
s'éloignaient avec toute leur famille savaient que les temples, leurs pénates et le
sol natal allaient tomber aussitôt au pouvoir de leurs ennemis ; et comme ils
n'ignoraient pas les dispositions de Pompée, ils s'attendaient, s'ils échappaient aux
dangers de la guerre, à avoir pour demeure la Macédoine et la Thrace. Ceux qui
laissaient à Rome leurs femmes, leurs enfants et ce qu'ils avaient de plus
précieux, semblaient conserver quelque espérance d'y revenir ; mais, au fond, leur
départ était beaucoup plus douloureux que celui des autres : arrachés à ce que les
hommes ont de plus cher au monde, ils étaient exposés aux jeux les plus
contraires de la fortune. Et en effet, ayant laissé à la merci de leurs plus
implacables ennemis les êtres qu'ils affectionnaient le plus, ils devaient, s'ils
disputaient à dessein la victoire avec peu d'ardeur, courir eux-mêmes des dangers,
ou les perdre à tout jamais, s'ils combattaient avec vaillance, et n'avoir pour amis
ni Pompée ni César ; ou plutôt les avoir l'un et l'autre pour ennemis : César, parce
qu'ils n'étaient point restés à Rome ; Pompée, parce qu'ils n'avaient pas emmené
toute leur famille avec eux. Ainsi, leurs sentiments, leurs vœux, leurs espérances
flottant au hasard, ils étaient physiquement séparés de ceux qu'ils aimaient le plus,
et livrés moralement à mille anxiétés.
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