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[41,4] Πυθόμενος οὖν ταῦτα ἐκεῖνος ἔς τε Ἀρίμινον ἦλθεν, ἔξω τῆς ἑαυτοῦ ἀρχῆς
τότε πρῶτον προχωρήσας· καὶ συναγαγὼν τοὺς στρατιώτας ἐκέλευσε τόν τε
Κουρίωνα, καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς μετ' αὐτοῦ ἐλθόντας, σφίσι τὰ πραχθέντα
διηγήσασθαι. Γενομένου δὲ τούτου, προσπαρώξυνεν αὐτούς, ἐπειπὼν ὅσα ὁ
καιρὸς ἀπῄτει. Καὶ μετὰ τοῦτο ἄρας, ἐπ' αὐτὴν ἄντικρυς τὴν Ῥώμην ἤλασε,
πάσας τὰς ἐν ποσὶ πόλεις ἀμαχεὶ προστιθέμενος, τῶν φρουρῶν, τῶν μὲν
ἐκλειπόντων αὐτὰς ἀσθενείᾳ, τῶν δὲ τὰ ἐκείνου ἀνθαιρουμένων. Αἰσθόμενος
δὲ τοῦτο ὁ Πομπήιος,, καὶ ἅμα καὶ τὴν διάνοιαν αὐτοῦ πᾶσαν παρὰ τοῦ
Λαβιήνου μαθών, ἔδεισεν. Οὗτος γὰρ, ἐγκαταλιπὼν τὸν Καίσαρα,
ἐξηυτομόλησε καὶ πάντα οἱ τὰ ἀπόρρητα αὐτοῦ ἐξήγγειλε. Θαυμάσειε μὲν οὖν
ἄν τις ὅτι ἐς τὰ πρῶτα ὑπὸ τοῦ Καίσαρος ἀεί ποτε τιμηθείς, ὥστε καὶ πάντων
τῶν ὑπὲρ τὰς Ἄλπεις στρατοπέδων, ὁπότε ἐκεῖνος ἐν τῇ Ἰταλίᾳ εἴη, ἄρχειν,
ἐποίησε τοῦτο. Αἴτιον δὲ, ὅτι αὐτός τε καὶ πλοῦτον καὶ δόξαν περιβαλόμενος,
ὀγκηρότερον τῆς ἡγεμονίας διάγειν ἤρξατο· καὶ ὁ Καῖσαρ παρισούμενόν οἱ
αὐτὸν ἰδὼν, οὐκέθ' ὁμοίως ἠγάπα. Τήν τε οὖν μεταβολὴν μὴ φέρων, καὶ
φοβηθεὶς ἅμα μὴ πάθῃ τι, μετέστη.
| [41,4] A cette nouvelle, César mit, alors pour la première fois, le pied hors de son
gouvernement et s'avança jusqu'à Ariminum. Il assembla les soldats, et ordonna à
Curion et à ceux qui étaient venus avec lui de leur raconter ce qui s'était passé.
Après ce récit, il les aigrit encore davantage lui-même par un discours adapté à la
circonstance. Puis il leva le camp, marcha directement vers Rome, et s'empara,
sans coup férir, de toutes les villes situées sur son passage : parmi les garnisons
chargées de leur défense, les unes, trop faibles pour résister, les abandonnèrent ;
les autres embrassèrent son parti. Instruit de ces événements et tenu au courant
de tous les projets de César par Labiénus, Pompée éprouva des craintes.
Labiénus, qui avait abandonné César, livra ses secrets à Pompée auprès duquel il
s'était retiré. On s'étonnera sans doute de la défection d'un homme jadis comblé
d'honneurs par César et qui avait été chargé du commandement de son armée au-
delà des Alpes, toutes les fois qu'il était lui-même en Italie. Voici quelle en fut la
cause : Labienus, opulent et couvert de gloire, commençait à vivre avec plus de
faste que n'en comportait son rang. César, qui le voyait s'égaler à lui, ne lui
témoigna plus la même affection. Labienus ne put se faire à ce changement : il
craignit une disgrâce, et se sépara de lui.
| [41,5] Ὁ οὖν Πομπήιος, ἔκ τε τῶν περὶ τοῦ Καίσαρος αὐτῷ λεχθέντων, καὶ ὅτι ἰσχὺν
ἀξιόμαχον οὔπω παρεσκεύαστο, καὶ τοὺς ἐν τῇ πόλει, τούς τε ἄλλους, καὶ
αὐτοὺς μάλιστα τοὺς στασιώτας τόν τε πόλεμον ὀκνοῦντας, μνήμῃ τῶν τε τοῦ
Μαρίου καὶ τῶν τοῦ Σύλλου ἔργων, καὶ ἀπαλλαγῆναι ἀσφαλῶς αὐτοῦ
βουλομένους εἶδε, μετεβάλετο· καὶ πρέσβεις πρὸς τὸν Καίσαρα, Λούκιόν τε
Καίσαρα συγγενῆ αὐτῷ ὄντα, καὶ Λούκιον Ῥώσκιον στρατηγοῦντα,
αὐτεπαγγέλτους ἀπέστειλεν εἴ πως, τὴν ὁρμὴν αὐτοῦ ἐκφυγὼν, ἔπειτ' ἐπὶ
μετρίοις τισὶ συμβαίη. Ἀποκριναμένου δὲ ἐκείνου τά τε ἄλλα, ἅπερ ἐπεστάλκει,
καὶ ὅτι αὐτὸς τῷ Πομπηίῳ διαλεχθῆναι ἐθέλοι, τοῦτο μὲν οὐχ ἡδέως οἱ πολλοὶ
ἤκουσαν, δείσαντες μὴ καὶ κατὰ σφῶν τι σύνθωνται· ἐπεὶ μέντοι οἱ πρέσβεις,
ἄλλα τε πολλὰ ἐπαινοῦντες τὸν Καίσαρα ἔλεγον, καὶ τέλος οὔτε τι κακὸν ὑπ'
αὐτοῦ πείσεσθαί τινα, καὶ τὰ στρατεύματα αὐτίκα ἀφεθήσεσθαι
προσυπισχνοῦντο· ἥσθησαν, καὶ πρός τε ἐκεῖνον τοὺς αὐτοὺς αὖθις πρέσβεις
ἔπεμψαν, καὶ ἠξίουν, ἐπιβοῶντες ἀεὶ καὶ πανταχοῦ καὶ ἀμφοτέρους ἅμα
αὐτοὺς τὰ ὅπλα καταθέσθαι.
| [41,5] D'après ce qu'il avait appris au sujet de César, Pompée, qui n'avait pas encore
rassemblé des forces suffisantes, et qui voyait d'ailleurs qu'à Rome, surtout parmi
ses partisans, on redoutait la guerre par le souvenir des cruautés de Marius et de
Sylla, et qu'on désirait en être dispensé, si on le pouvait sans danger, changea de
résolution. Il députa vers César L. César, son parent, et le préteur L. Roscius, qui
s'étaient offerts pour cette mission. Son but était d'échapper à la première
impétuosité de César, et de traiter ensuite avec lui à des conditions modérées.
César répéta de vive voix ce qu'il avait écrit dans ses lettres, et ajouta qu'il serait
bien aise de s'aboucher avec Pompée. Cette réponse fut mal accueillie par la
plupart des partisans de Pompée, qui craignirent que César et Pompée ne fissent
quelque pacte contraire à leurs intérêts ; mais les ambassadeurs, après un long
éloge de César, assurèrent que personne n'aurait rien à souffrir de sa part, et
promirent qu'il congédierait ses troupes sur-le-champ. Alors on se livra à la joie et
on lui envoya les mêmes députés, en les conjurant hautement, sans cesse et
partout d'obtenir que César et Pompée missent bas les armes simultanément.
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