HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLI

Chapitre 58-59

  Chapitre 58-59

[41,58] Τοιούτῳ μὲν ἀγῶνι συνηνέχθησαν· οὐ μέντοι καὶ εὐθὺς συνέμιξαν, ἀλλ' οἷα ἔκ τε τῆς αὐτῆς πατρίδος καὶ ἐκ τῆς αὐτῆς ἑστίας ὁρμώμενοι, καὶ τά τε ὅπλα παραπλήσια καὶ τὰς τάξεις ὁμοίας ἔχοντες, ὤκνουν μὲν ἄρξαι τῆς μάχης, ὤκνουν δὲ καὶ φονεῦσαί τινας ἑκάτεροι. Σιγή τε οὖν ἀμφοτέρων καὶ κατήφεια πολλὴ ἦν. Καὶ οὔτε τις αὐτῶν ἐς τὰ πρόσω προῄει, οὔθ' ὅλως ἐκινεῖτο, ἀλλ' ἐγκύψαντες ἠτρέμιζον, ὥσπερ ἄψυχοι. Φοβηθέντες οὖν τε Καῖσαρ καὶ Πομπήιος μὴ καὶ ἐπὶ πλεῖον ἡσυχάσαντες, ἀμβλύτεροί πως γένωνται καὶ συναλλαγῶσι, προσέταξαν σπουδῇ τοῖς τε σαλπικταῖς σημῆναι, καὶ ἐκείνοις συμβοῆσαι τὸ πολεμικόν. Καὶ ἐπράχθη μὲν ἑκάτερον· τοσούτου δὲ ἐδέησαν ἐπιρρωσθῆναι, ὥστε καὶ ἐπὶ μᾶλλον ἐκ τε τῆς τῶν σαλπικτῶν ἠχῆς ὁμοφωνούσης, καὶ ἐκ τῆς ἑαυτῶν βοῆς ὁμογλωσσούσης, τό τε ὁμόφυλόν σφων ἐξέφηναν, καὶ τὸ ὁμογενὲς ἐξήλεγξαν. Κἀκ τούτου καὶ ἐς δάκρυα καὶ θρῆνον ἔπεσον. [41,58] C'est pour cette lutte terrible que les deux armées se mirent en marche l'une contre l'autre ; mais elles ne l'engagèrent pas incontinent. Sorties de la même patrie et des mêmes foyers, portant les mêmes armes, rangées dans le même ordre de bataille, elles n'osaient ni l'une ni l'autre commencer le combat et donner le signal du carnage. Des deux côtés régnaient le silence et un profond abattement. Aucun soldat ne faisait un pas en avant, aucun ne bougeait : tous, les yeux attachés à la terre, restaient immobiles, comme des corps inanimés. César et Pompée, craignant qu'une plus longue inaction n'émoussât les courages et n'amenât une réconciliation, ordonnèrent aussitôt aux trompettes de sonner la charge et aux autres soldats de pousser le cri des batailles. Leurs ordres furent exécutés ; mais il s'en fallut beaucoup que les meurs fussent raffermis. Les trompettes faisaient entendre les mêmes sons, et les cris de guerre, proférés dans la même langue, proclamaient plus haut encore que les combattants étaient du même pays et de la même race. Des deux côtés coulèrent des larmes et retentirent des lamentations !
[41,59] Ὀψὲ δ' οὖν ποτε τῶν συμμαχικῶν προκαταρξάντων, καὶ ἐκεῖνοι συνέμιξαν, ἔκφρονες ἐπ' αὐτοῖς γενόμενοι. Καὶ τοῖς μὲν ἄλλοις, οἷς πόρρωθεν ἀλκὴ ἦν, ἧττον τὸ δεινὸν συνέβαινεν· (οὐδὲ γὰρ εἰδότες οὓς ἔβαλλον, ἐτόξευον ἠκόντιζον ἐσφενδόνωνοἱ δὲ δὴ ὁπλῖται οἵ τε ἱππῆς χαλεπώτατα ἀπήλλασσον, ἅτε γὰρ ἐγγὺς ἀλλήλων ὄντες, καί τι καὶ λαλεῖν σφίσι δυνάμενοι. Ἐγνώριζόν τε ἅμα τοὺς ἀντιπαρατεταγμένους, καὶ ἐτίτρωσκον, ἀνεκάλουν, καὶ ἐφόνευον· τῶν πατρίδων ἐμέμνηντο, καὶ ἐσκύλευον. Ταῦτα μὲν οἵ τε Ῥωμαῖοι καὶ οἱ ἄλλοι οἱ ἐκ τῆς Ἰταλίας συστρατευόμενοί σφισιν, ὅπου ποτὲ προστύχοιεν ἀλλήλοις, καὶ ἔπραττον καὶ ἔπασχον· καὶ πολλοὶ πολλὰ καὶ οἴκαδε δι' αὐτῶν τῶν σφαγέων ἐνετέλλοντο. Τὸ δὲ ὑπήκοον καὶ προθύμως καὶ ἀφειδῶς ἐμάχετο, πολλὴν σπουδήν, ὥσπερ ποτὲ ὑπὲρ τῆς σφετέρας ἐλευθερίας, οὕτω τότε κατὰ τῆς τῶν Ῥωμαίων δουλείας, ποιούμενοι, ἐπιθυμίᾳ, ἅτε ἐν πᾶσιν αὐτῶν ἐλαττούμενοι, ὁμοδούλους σφᾶς ἔχειν. [41,59] Enfin, les auxiliaires ayant commencé le combat, les autres en vinrent aussi aux mains, poussés par leur exemple à une sorte de délire. Pour ceux qui se battaient à distance, la lutte était moins horrible ; parce qu'ils ne connaissaient pas ceux qu'atteignaient leurs traits, leurs lances, leurs javelots, leurs frondes ; mais la position des légionnaires et des cavaliers était affreuse. Placés les uns auprès des autres et pouvant même se parler, ils reconnaissaient leurs adversaires, et ils les blessaient ; ils les désignaient par leurs noms, et ils leur donnaient la mort ; ils rappelaient le souvenir de leur commune patrie, et ils les dépouillaient ! Voilà ce qu'avaient à faire et à souffrir, partout où ils se rencontraient, les Romains et les Italiens qui étaient dans leurs rangs : plusieurs donnèrent à leurs meurtriers des commissions pour leurs familles. Quant aux soldats des nations conquises, ils combattaient avec ardeur et sans ménagement, déployant pour l'asservissement des Romains la vigueur qu'ils avaient montrée jadis pour leur propre liberté, et désirant les avoir pour compagnons d'esclavage, parce qu'ils étaient vis-à-vis d'eux dans un état complet d'abaissement.


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Dernière mise à jour : 12/01/2006