HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre XLI

Chapitre 56-57

  Chapitre 56-57

[41,56] Ἔκ τε οὖν τούτων, καὶ ἐξ αὐτῆς τῆς αἰτίας, τῆς τε ὑποθέσεως τοῦ πολέμου, ἀξιολογώτατος ἀγὼν συνηνέχθη. τε γὰρ πόλις τῶν Ῥωμαίων, καὶ ἀρχὴ αὐτῆς ἅπασα, καὶ πολλὴ καὶ μεγάλη ἤδη οὖσα, ἆθλόν σφισι προύκειτο. Εὔδηλον γάρ που πᾶσιν ἦν ὅτι τῷ τότε κρατήσαντι δουλωθήσεται. Τοῦτό τε οὖν ἐκλογιζόμενοι, καὶ προσέτι καὶ τῶν προτέρων ἔργων, Πομπήιος μὲν, τῆς τε Ἀφρικῆς καὶ τοῦ Σερτωρίου, τοῦ τε Μιθριδάτου, καὶ τοῦ Τιγράνου, καὶ τῆς θαλάσσης· Καῖσαρ δὲ, τῆς τε Γαλατίας καὶ τῆς Ἰβηρίας τοῦ τε Ῥήνου καὶ τῆς Βρεττανίας, ἀναμιμνησκόμενοι, καὶ κινδυνεύειν τε καὶ περὶ ἐκείνοις ἡγούμενοι, καὶ προσκτήσασθαι τὴν ἀλλήλων δόξαν σπουδὴν ποιούμενοι, ὤργων. Τά τε γὰρ ἄλλα τῶν ἡττημένων τοῖς κρατοῦσι προσγίγνεται, καὶ εὔκλεια ὅτι μάλιστα. Ὅσῳ γὰρ ἂν μείζω καὶ δυνατώτερόν τις ἀνταγωνιστὴν καθέλῃ, τόσῳ καὶ αὐτὸς ἐπὶ μεῖζον αἴρεται. [41,56] Ces circonstances, la cause même et le sujet de la guerre rendirent cette bataille à jamais mémorable. Rome et son empire, déjà vaste et puissant, allaient être le prix du vainqueur ; car il était clair pour tous que Rome et l'empire tomberaient sous son joug. La pensée fixée sur ce but, les deux généraux se rappelaient, en outre, les victoires qu'ils avaient remportées, Pompée sur Sertorius, sur Mithridate, sur Tigrane, sur la mer et en Afrique ; César dans la Gaule, en Espagne, sur le Rhin et dans la Bretagne. Persuadés que tout leur passé était en jeu, jaloux de s'approprier chacun la gloire de son rival, tout les poussait à un effort suprême ; car ce ne sont pas seulement les biens du vaincu qui deviennent le partage du vainqueur, c'est surtout sa gloire, et plus un adversaire est grand et puissant, plus s'élève celui qui l'a dompté.
[41,57] Καὶ διὰ τοῦτο καὶ τοῖς στρατιώταις πολλὰ μὲν, παραπλήσια δ' οὖν ἀλλήλοις, παρῄνεσαν· εἰπόντες πάνθ' ὅσα ἐν τῷ τοιούτῳ, πρός τε τὸ αὐτίκα τοῦ κινδύνου, καὶ πρὸς τὸ ἔπειτα πρέπει λέγεσθαι. Ἔκ τε γὰρ τῆς αὐτῆς πολιτείας ὁρμώμενοι, καὶ ὑπὲρ τῶν αὐτῶν λόγους ποιούμενοι, καὶ ἀλλήλους τε τυράννους, καὶ αὑτοὺς ἐλευθερωτὰς αὐτῶν ὀνομάζοντες, οὐδέν σφισι διάφορον εἰπεῖν ἔσχον· ἀλλ' ὅτι τοῖς μὲν, ἀποθανεῖν, τοῖς δὲ, σωθῆναι· καὶ τοῖς μὲν, αἰχμαλώτους, τοῖς δὲ, ἐν δεσπότου μοίρᾳ, πάντα τε ἔχειν, πάντων στερηθῆναι, καὶ παθεῖν ποιῆσαι δεινότατα, ὑπάρξει. Τοιαύτας οὖν δή τινας παραινέσεις τοῖς πολίταις ποιησάμενοι, καὶ προσέτι καὶ τὰ τῶν ὑπηκόων, τῶν τε συμμάχων, πρός τε τὰς ἐλπίδας τῶν κρεισσόνων καὶ πρὸς τοὺς φόβους τῶν χειρόνων προαγαγόντες, συνέβαλον ἀλλήλοις τοὺς ὁμοφύλους, τοὺς συσκήνους, τοὺς συσσίτους, τοὺς ὁμοσπόνδους. Καὶ τί ἄν τις τὰ τῶν ἄλλων ὀδύραιτο, ὁπότε καὶ αὐτοὶ ἐκεῖνοι πάντα τε ταῦτα ἀλλήλοις ὄντες, καὶ προσέτι πολλῶν μὲν λόγων ἀπορρήτων, πολλῶν δὲ καὶ ἔργων ὁμοίων κεκοινωνηκότες, κῆδός τέ ποτε συναψάμενοι, καὶ τὸ αὐτὸ παιδίον, μὲν ὡς πατὴρ, δὲ, ὡς πάππος, ἀγαπήσαντες, ὅμως ἐμάχοντο; Ὅσα γὰρ φύσις τὸ αἷμα αὐτῶν μίξασα συνέδησε, τότε ταῦτα τῇ ἀπλήστῳ τῆς δυναστείας ἐπιθυμίᾳ διέλυον καὶ διέσπων καὶ διερρήγνυσαν. Καὶ δι' ἐκείνους καὶ Ῥώμη περί τε ἑαυτῇ καὶ πρὸς ἑαυτὴν ἅμα κινδυνεύειν ἠναγκάζετο, ὥστε καὶ νικήσασα ἡττηθῆναι. [41,57] Aussi, chacun des chefs adressa à ses soldats de longues exhortations, qui se ressemblaient au fond. Ils dirent tout ce qui devait être dit, dans de semblables circonstances, sur le danger du moment et sur l'avenir qui les attendait. Nés dans la même république, discourant sur le même sujet, donnant chacun à sou rival le nom de tyran et s'arrogeant celui de vengeur de la liberté, ils ne pouvaient tenir un langage différent. D'un côté, disaient-ils, est la mort ; de l'autre le salut : d'un côté la captivité ; de l'autre la domination : d'un côté la chance de tout avoir ; de l'autre la chance de tout perdre : ici, tous les maux à souffrir ; là, pouvoir de les faire souffrir à ses adversaires. Après avoir excité ainsi les citoyens et donné par de tels discours aux sujets et aux alliés de Rome l'espérance d'un meilleur avenir et la crainte d'une condition encore plus triste, ils mirent aux prises des hommes de la même nation, qui avaient reposé sous la même tente, mangé à la même table, et qui étaient liés par des traités. Mais comment gémir sur les autres, lorsque les deux chefs, unis par les mêmes liens que tous les combattants, s'étaient, en outre, confié beaucoup de secrets, avaient pris part aux mêmes actes, contracté une alliance de famille et entouré le même enfant de leur affection, l'un comme père, l'autre comme grand-père ; et pourtant ils allaient en venir aux mains ! Ces liens du sang, formés par la nature, ils les dissolvaient alors, ils les brisaient, ils les rompaient par une insatiable ambition, et c'est ainsi que Rome se vit contrainte de combattre contre elle-même pour elle-même, et dut être vaincue, même en remportant la victoire.


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Dernière mise à jour : 12/01/2006