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[41,52] Πομπήιος δὲ οὐκ ἐπεδίωξε μὲν αὐτόν· (νυκτός τε γὰρ ἐξαπιναίως ἀπανέστη,
καὶ τὸν ποταμὸν τὸν Γενουσὸν σπουδῇ διέβη·) οὕτω μέντοι τὴν γνώμην εἶχεν,
ὡς καὶ διαπεπολεμηκώς. Κἀκ τούτου τὸ μὲν τοῦ αὐτοκράτορος ὄνομα ἔλαβεν,
οὐ μέντοι καὶ ἐμεγαληγόρει τι, ἢ καὶ δάφνην τινὰ ταῖς ῥάβδοις περιῆψεν,
δυσχεραίνων ἐπὶ πολίταις τοιοῦτό τι ποιῆσαι. Ἐκ δὲ δὴ τῆς αὐτῆς ταύτης
διανοίας, οὐδὲ ἐς τὴν Ἰταλίαν οὔτ' αὐτὸς ἔπλευσεν, οὔτ' ἄλλους τινὰς ἔπεμψε,
καίτοι ῥᾳδίως ἂν πᾶσαν αὐτὴν κατασχών. Τῷ τε γὰρ ναυτικῷ πολὺ ἐκράτει,
ἅτε πεντακοσίας ναῦς ταχείας ἔχων ὥστε πανταχόσε ἅμα κατᾶραι· καὶ τὰ ἐκεῖ
οὔτ' ἄλλως αὐτῷ ἤχθετο· οὔτε, εἰ καὶ τὰ μάλιστα ἠλλοτρίωτο, ἀξιόμαχά γε
ἀντιπολεμῆσαι ἦν. Πόρρω τε γὰρ τοῦ περὶ αὐτῆς δόξαι πολεμεῖν, ἀφεστηκέναι
ἐβούλετο, καὶ φόβον οὐδένα τοῖς ἐν τῇ Ῥώμῃ τότε οὖσι παρασχεῖν ἠξίου. Τῆς
μὲν οὖν Ἰταλίας διὰ ταῦτ' οὐκ ἐπείρασεν· οὐ μὴν οὐδὲ ἐπέστειλε τῷ κοινῷ περὶ
τῶν πραχθέντων οὐδέν. Ἐπὶ δὲ δὴ τὸν Καίσαρα μετὰ τοῦθ' ὁρμήσας, ἐς τὴν
Θεσσαλίαν ἀφίκετο.
| [41,52] Pompée ne poursuivit point César, qui s'était éloigné soudain pendant la nuit et
avait traversé en toute hâte le fleuve Genusus. Persuadé qu'il avait mis fin à la
guerre, il prit le titre d'Imperator ; mais il ne se permit pas la moindre jactance dans
son langage et n'entoura pas ses faisceaux de lauriers : il lui répugnait de faire
parade d'une victoire remportée sur des concitoyens. Le même sentiment le
détermina à ne point faire voile vers l'Italie et à n'y envoyer personne, quoiqu'il lui
fût facile de l'occuper tout entière ; car ses forces navales étaient considérables. II
avait cinq cents vaisseaux légers et il pouvait aborder sur tous les points à la fois.
D'ailleurs les esprits n'étaient pas mal disposés pour lui, et, alors même qu'ils
l'auraient été, il n'y avait pas des forces suffisantes pour lui résister. Enfin il désirait
beaucoup ne pas être soupçonné de faire la guerre en vue de l'Italie et ne voulait
causer aucune crainte à ceux qui étaient à Rome. Il n'entreprit donc rien contre ce
pays et n'adressa même aux magistrats de la République aucune lettre sur ses
exploits. Puis, s'étant mis à la poursuite de César, il arriva en Thessalie.
| [41,53] Ἀντικαθημένων δὲ αὐτῶν ἀλλήλοις, ἡ μὲν ὄψις τῶν στρατοπέδων πολέμου
τινὰ εἰκόνα ἔφερεν· ἡ δὲ δὴ χρεία τῶν ὅπλων ὡς καὶ ἐν εἰρήνῃ ἡσύχαζε· τό τε
γὰρ μέγεθος τοῦ κινδύνου διασκοποῦντες, καὶ τὸ ἄδηλον τό τε ἀστάθμητον
τῶν πραγμάτων προορώμενοι, καί τινα καὶ αἰδῶ τοῦ τε ὁμοφύλου καὶ τῆς
συγγενείας ἔτι ποιούμενοι, διέμελλον· κἀν τούτῳ καὶ λόγους περὶ φιλίας
σφίσιν ἀντέπεμπον, καί τισι καὶ συναλλαγήσεσθαι διὰ κενῆς ἔδοξαν. Αἴτιον
δὲ, ὅτι τοῦ τε παντὸς κράτους ἀμφότεροι ἐφιέμενοι, καὶ πολλῇ μὲν φιλοτιμίᾳ
ἐμφύτῳ, πολλῇ δὲ καὶ φιλονεικίᾳ ἐπικτήτῳ χρώμενοι, (πρός τε γὰρ τῶν ἴσων
καὶ πρὸς τῶν οἰκειοτάτων ἥκιστά τινες ἐλαττούμενοι φέρουσιν·) οὔτε τι
συγχωρῆσαι ἀλλήλοις ἤθελον, ὥσπερ ἀμφότεροι κρατῆσαι δυνάμενοι· οὔτε
πιστεῦσαι, κἂν συμβαθῇ τι, ἐδύναντο, μὴ οὐ τοῦ πλείονός τε ἀεί σφας
ὀριγνήσεσθαι, καὶ ὑπὲρ τοῦ παντὸς αὖθις στασιάσειν.
| [41,53] Campées vis-à-vis l'une de l'autre, les deux armées présentaient une image de
la guerre ; mais les armes étaient au repos, comme en pleine paix. L'imminence
d'un grand danger, l'obscurité de l'avenir, l'incertitude du succès, une certaine
honte de mettre aux prises des concitoyens et des parents, tenaient les deux chefs
en suspens. Pendant ces hésitations, ils entrèrent en négociation, et plusieurs
conçurent en vain l'espérance de voir ces tentatives de réconciliation réussir. Et en
effet, César et Pompée aspirait l'un et l'autre à l'empire : naturellement dévorés
d'ambition, en proie à une rivalité née des circonstances (car certains hommes ne
peuvent se résigner à être au-dessous de leurs égaux et de leurs proches), ils ne
voulaient se faire aucune concession, parce que chacun espérait vaincre, et ils ne
pouvaient se persuader que, même après avoir traité, ils ne chercheraient pas l'un
et l'autre à accroître incessamment leur puissance et ne susciteraient pas de
nouveaux orages pour la posséder sans partage.
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