|
[41,42] Ὁ γὰρ Κουρίων πρότερον μέν, ὡς καὶ αὐτοῦ ἐκείνου προσιόντος, ἔς τε τὸ
στρατόπεδον τὸ πρὸς τῇ θαλάσσῃ ὂν μετέστη, καὶ γνώμην ἐποιεῖτο, τῶν τε
νεῶν, ἂν βιάζηται, ἐπιβῆναι, καὶ τὴν Ἀφρικὴν παντελῶς ἐκλιπεῖν· ἐπεὶ δὲ
ὀλίγους τέ τινας, καὶ τούτους ἄνευ τοῦ Ἰόβου, ἀφικνεῖσθαι ἐπύθετο, ἐθάρσησε.
Καὶ εὐθὺς τῆς νυκτὸς, ὡς καὶ ἐφ' ἕτοιμον νίκην, μὴ καὶ διαφύγωσιν αὐτόν,
ἄρας ἐπορεύετο· καί τινας τῶν προδρόμων καθεύδοντας ἐν τῇ ὁδῷ φθείρας,
πολὺ προθυμότερος ἐγένετο. Κἀκ τούτου τοῖς λοιποῖς ὑπὸ τὴν ἕω
προκεχωρηκόσιν ἐκ τοῦ στρατοπέδου ἐντυχὼν, οὐδεμίαν ἀναβολὴν ἐποιήσατο·
ἀλλὰ, καίτοι τῶν στρατιωτῶν καὶ ὑπὸ τῆς πορείας καὶ ὑπὸ τῆς ἀγρυπνίας
τεταλαιπωρημένων, ἐς χεῖράς σφισι παραχρῆμα ἦλθε. Κἀν τούτῳ ἑστώτων τε
αὐτῶν, καὶ ἀντιρρόπως ἀγωνιζομένων, ὁ Ἰόβας αἰφνιδίως οἱ ἐπιφανεὶς, τῷ τε
ἀδοκήτῳ ἅμα αὐτὸν καὶ τῷ πλήθει κατειργάσατο, καὶ ἐκεῖνον μὲν, καὶ τῶν
ἄλλων τοὺς πλείστους αὐτοῦ ταύτῃ ἀπέκτεινεν, τοὺς δὲ λοιποὺς μέχρι τε τῆς
ταφρείας ἐπεδίωξε, καὶ μετὰ τοῦτο ἐς τὰς ναῦς καθεῖρξε. Καὶ τῷ ταράχῳ τούτῳ
πολλῶν μὲν χρημάτων ἐκράτησε πολλοὺς δὲ ἄνδρας ἔφθειρε. Συχνοὶ δὲ δὴ καὶ
διαφυγόντες αὐτῶν ἀπώλοντο, οἱ μὲν ἐν τῇ ἐς τὰ πλοῖα ἐσβάσει ὑπὸ τοῦ
ὠθισμοῦ σφαλέντες· οἱ δὲ καὶ ἐν αὐτοῖς τοῖς σκάφεσιν ὑπὸ τοῦ βάρους αὐτῶν
βαπτισθέντες. Γιγνομένων δὲ τούτων, φοβηθέντες τινὲς μὴ τὰ αὐτὰ αὐτοῖς
πάθωσι, προσεχώρησαν μὲν τῷ, Οὐάρῳ ὡς καὶ σωθησόμενοι· εὕροντο δ' οὐδὲν
ἐπιεικές. Ὁ γὰρ Ἰόβας, προϊσχόμενος ὅτι αὐτός σφας ἐνενικήκει, καὶ ἐκείνους
πλὴν ὀλίγων ἐφόνευσεν. Κουρίων μὲν δὴ, πλεῖστά τε τῷ Καίσαρι συναράμενος,
καὶ πάμπολλα ἐπ' αὐτὸν ἐπελπίσας, οὕτως ἀπώλετο. Ἰόβας δὲ πρὸς μὲν τοῦ
Πομπηίου τῶν τε ἄλλων τῶν ἐν τῇ Μακεδονίᾳ βουλευτῶν τιμάς τε εὕρετο, καὶ
βασιλεὺς προσηγορεύθη· πρὸς δὲ δὴ τοῦ Καίσαρος, τῶν τε ἐν τῇ πόλει, αἰτίαν
εἶχε, καὶ πολέμιος ἀπεδείχθη· ὅ τε Βόκχος καὶ ὁ Βογούας, βασιλῆς, ὅτι ἐχθροὶ
αὐτῷ ἦσαν, ὠνομάσθησαν.
| [41,42] Curion, à la première nouvelle que ce roi venait à sa rencontre, s'était retiré
dans son camp placé prés de la mer ; bien résolu, s'il était poussé vivement, à
s'embarquer et à évacuer complètement l'Afrique ; mais, ayant appris que les
ennemis s'avançaient en petit nombre et que Juba n'était pas avec eux, il prit
confiance, leva le camp, à l'arrivée de la nuit, dans la crainte qu'ils ne lui
échappassent et marcha comme à une victoire assurée. Il tomba sur quelques
soldats de Juba qui avaient pris les devants et s'étaient endormis en route, les
massacra, et sa confiance s'accrut encore. Puis, ayant rencontré le reste de
l'armée ennemie, qui était sortie de son camp à la pointe du jour, il engagea le
combat sans délai, quoique ses troupes fussent épuisées par la marche et par les
veilles. Les barbares tinrent ferme, et la victoire était encore incertaine, lorsque
Juba parut soudain. Sa présence inattendue et le grand nombre de ses soldats
causèrent la défaite de Curion : il périt là avec la plus grande partie de ses troupes.
Juba en poursuivit les débris jusque dans leur camp et les força à se renfermer
dans leurs vaisseaux. A la faveur du désordre, il s'empara de sommes
considérables et fit un grand carnage des Romains. La plupart de ceux qui avaient
pris la fuite trouvèrent aussi la mort ; ceux-ci en montant sur les vaisseaux, parce
qu'ils se heurtaient les uns contre les autres et se renversaient mutuellement ceux-
là dans les vaisseaux mêmes qui, trop chargés, coulèrent à fond. Dans cette
catastrophe, plusieurs, craignant le même sort, se réfugièrent auprès de Varus
dans l'espoir de conserver la vie ; mais ils n'obtinrent point grâce. Juba, sous
prétexte que c'était lui qui avait remporté la victoire, les fit mettre à mort, sauf
quelques-uns. Ainsi périt Curion, l'un des plus fermes appuis de César et qui lui
avait donné les plus belles espérances. Juba fut comblé d'honneurs par Pompée
et par les sénateurs qui étaient en Macédoine : il reçut même le titre de roi. Mais
César et les sénateurs qui étaient restés à Rome le déclarèrent criminel et ennemi
public, tandis qu'ils donnèrent le nom de roi à Bocchus et à Bogud, ennemis de
Pompée.
| [41,43] Τῷ δὲ ἐχομένῳ ἔτει διττοί τε τοῖς Ῥωμαίοις ἄρχοντες παρὰ τὸ καθεστηκὸς
ἐγένοντο, καὶ μάχη μεγίστη δὴ συνηνέχθη. Οἱ μὲν γὰρ ἐν τῷ ἄστει καὶ ὑπάτους
τόν τε Καίσαρα καὶ Πούπλιον Σερουίλιον, καὶ στρατηγοὺς, τά τε ἄλλα τὰ ἐκ
τῶν νόμων ᾕρηντο· οἱ δὲ ἐν τῇ Θεσσαλονίκῃ, τοιοῦτο μὲν οὐδὲν
προπαρεσκευάσαντο, καίτοι τῆς τε ἄλλης βουλῆς (ὥς φασί τινες) ἐς
διακοσίους, καὶ τοὺς ὑπάτους ἔχοντες· καί τι καὶ χωρίον ἐς τὰ οἰωνίσματα ( τοῦ
δὴ καὶ ἐν νόμῳ δή τινι αὐτὰ δοκεῖν γίγνεσθαι) δημοσιώσαντες, ὥστε καὶ τὸν
δῆμον, δι' αὐτῶν, τήν τε πόλιν ἅπασαν ἐνταῦθα εἶναι νομίζεσθαι. Αἴτιον δὲ, ὅτι
τὸν νόμον οἱ ὕπατοι τὸν φρατριατικὸν οὐκ ἐσενηνόχεσαν. Τοῖς δὲ δὴ αὐτοῖς
ἐκείνοις, οἷσπερ καὶ πρόσθεν, ἐχρήσαντο, τὰς ἐπωνυμίας σφῶν μόνας
μεταβαλόντες· καὶ τοὺς μὲν, ἀνθυπάτους, τοὺς δὲ, ἀντιστρατήγους, τοὺς δὲ
ἀντιταμίας ὀνομάσαντες. Πάνυ γάρ που τῶν πατρίων αὐτοῖς ἔμελε, τά τε ὅπλα
ἀνταιρομένοις, καὶ τὴν πατρίδα ἐκλελοιπόσιν, ὥστε μὴ πάντα τὰ ἀναγκαῖα,
πρὸς τὴν τῶν παρόντων ἀπαίτησιν, καὶ παρὰ τὴν τῶν τεταγμένων ἀκρίβειαν
ποιεῖν. Οὐ μὴν ἀλλὰ τῷ μὲν ὀνόματι οὗτοί σφισιν ἑκατέροις ἦρχον· ἔργῳ δὲ, ὁ
Πομπήιος καὶ ὁ Καῖσαρ, τῆς μὲν φήμης ἕνεκα τὰς ἐννόμους ἐπικλήσεις, ὁ μὲν
τὴν τοῦ ὑπάτου, ὁ δὲ τὴν τοῦ ἀνθυπάτου ἔχοντες, πράττοντες δὲ οὐχ ὅσα
ἐκεῖναι ἐπέτρεπον, ἀλλ' ὅσα αὐτοὶ ἤθελον.
| [41,43] L'année suivante, les Romains eurent, contrairement aux lois, un nombre
double de magistrats et il se livra une très grande bataille. A Rome, César et P.
Servilius furent nommés consuls : on élut aussi des préteurs et d'autres magistrats,
en se conformant aux lois. Rien de semblable ne se fit à Thessalonique :
cependant il y avait là, suivant certains auteurs, deux cents sénateurs avec les
consuls, et l'on y avait même consacré un lieu pour prendre les auspices, afin que
tout parût se faire légalement. On eût dit que dans cette ville se trouvaient ainsi le
peuple et Rome tout entière. Ce qui empêcha d'y élire des magistrats, c'est que les
consuls n'avaient pas rendu de loi curiate. On conserva ceux de l'année
précédente et l'on ne changea que leurs noms. Les uns furent appelés proconsuls,
les autres propréteurs ou proquesteurs ; car, quoiqu'ils eussent pris les armes et
quitté leur patrie, ils respectaient tellement les coutumes de leur pays qu'ils ne s'en
écartaient en rien, même quand il s'agissait d'adopter des mesures
impérieusement réclamées par les circonstances. Du reste, dans les deux partis,
ces magistrats ne gouvernaient que de nom : en réalité, César et Pompée, qui,
dans l'intérêt de leur réputation avaient pris, conformément aux lois, l'un le titre de
Consul, l'autre celui de proconsul, faisaient, non ce que ce titre permettait, mais
tout ce qu'il leur plaisait de faire.
| | |