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[41,34] « Οὕτω δὴ οὖν τούτων ἐχόντων, οὐκ ἄν ποτε οὔτε συγχωρήσαιμί τι τούτοις
τοῖς θορυβήσασιν, ἀναγκασθεὶς, οὔτ' ἂν ἐπιτρέψαιμι, βιασθείς. Ἢ τί μὲν ἀπό
τε τοῦ Αἰνείου καὶ ἀπὸ τοῦ Ἰούλου γέγονα; τί δὲ ἐστρατήγησα; τί ὑπάτευσα; ἐπὶ
τί δὲ ὑμᾶς, τοὺς μὲν οἴκοθεν ἐξήγαγον τοὺς δ' ὕστερον προσκατέλεξα; ἐπὶ τί
τοσοῦτον ἤδη χρόνον τὴν ἐξουσίαν τὴν ἀνθύπατον ἔχω λαβών, ἄν γε
δουλεύσω τινὶ ὑμῶν, καὶ νικηθῶ τινος ὑμῶν ἐνταῦθα ἐν τῇ Ἰταλίᾳ, πρὸς τὴν
Ῥώμην, δι' οὗ καὶ Γαλάτας ἐχειρώσασθε, καὶ Βρεττανῶν ἐκρατήσατε; τί δείσας,
καὶ τί φοβηθείς; μή μέ τις ὑμῶν ἀποκτείνῃ; ἀλλ' εἰ μὲν πάντες ταῦτ' ἐφρονεῖτε,
ἑκὼν ἂν ἀποθανεῖν εἱλόμην, ἢ τό τε ἀξίωμα τῆς ἡγεμονίας καταλῦσαι, καὶ τὸ
φρόνημα τὸ τῇ προστατείᾳ προσῆκον ἀπολέσαι. Πολὺ γάρ που πλείω πόλει
κινδυνεύεται, τοῦ ἕνα ἄνδρα ἀδίκως ἀποθανεῖν, ἂν ἐθισθῶσιν οἱ στρατιῶται
τοῖς τε στρατηγοῖς σφων προστάττειν τινὰ, καὶ τὰ δίκαια τὰ τῶν νόμων ἐν ταῖς
χερσὶ ποιεῖσθαι.
| [41,34] « Puisqu'il en est ainsi, jamais la contrainte ne me fera rien accorder à des
soldats révoltés ; jamais la violence ne me fera fléchir. A quoi bon être issu d'Énée
et d'Iule ? A quoi bon avoir géré la préture et le consulat ? A quoi bon avoir
emmené loin de vos foyers plusieurs d'entre vous et avoir enrôlé plus tard les
autres par de nouvelles levées ? A quoi bon être investi déjà depuis si longtemps
de la puissance proconsulaire, si je dois être esclave de quelqu'un d'entre vous ; si
je cède ici, en Italie, non loin de Rome ; moi qui vous ai conduits à la conquête de
la Gaule et à la victoire contre les Bretons ? Quelle crainte, quelle appréhension
pourrait m'y réduire ? Serait-ce la peur d'être tué par quelqu'un d'entre vous ? Mais
si vous avez tous résolu ma perte, j'aime mieux mourir que de détruire la majesté
du commandement et d'abjurer les sentiments que demande la dignité dont je suis
revêtu. La mort d'un homme tué injustement a des conséquences moins
dangereuses pour un État que l'habitude contractée par les soldats de commander
à leurs chefs et de prendre en main l'autorité des lois.
| [41,35] « Ἀλλὰ τοῦτο μὲν οὐδὲ ἐπηπείληκέ τις αὐτῶν ( καὶ γὰρ ἂν καὶ παραχρῆμα
εὖ οἶδ' ὅτι πρὸς ὑμῶν τῶν ἄλλων ἀπέσφακτο)· τὴν δὲ δὴ στρατείαν ὡς
κεκμηκότες ἐξίστανται, καὶ τὰ ὅπλα ὡς καὶ πεπονημένοι κατατίθενται· καὶ
πάντως, ἄν γε μὴ παρ' ἑκόντος μου τούτου τύχωσι, καὶ τὴν τάξιν ἐκλείψουσι,
καὶ πρὸς τὸν Πομπήιον μεταστήσονται· ἅπερ που καὶ παραδηλοῦσί τινες. Καὶ
τίς μὲν οὐκ ἂν ἐθελήσειε τοιούτων ἀνθρώπων στερηθῆναι; τίς δ' οὐκ ἂν
εὔξαιτο τοιούτους ἐκείνῳ στρατιώτας ὑπάρξαι, οἵτινες μήτε τοῖς διδομένοις
ἀρκοῦνται μήτε τοῖς προσταττομένοις πείθονται· ἀλλ' ἐν ἡλικίᾳ γῆρας, καὶ ἐν
ἰσχύι ἀσθένειαν προβαλλόμενοι, δεσπόζειν τε τῶν ἀρχόντων, καὶ τυραννεῖν
τῶν ἡγουμένων σφῶν ἀξιοῦσιν; ἐγὼ γὰρ μυριάκις ἂν καὶ πρὸς τὸν Πομπήιον
ὁπωσδήποτε καταλλαγῆναι, καὶ ἄλλο ὁτιοῦν παθεῖν ἑλοίμην, ἤ τι ἀνάξιον τοῦ
τε πατρίου φρονήματος καὶ τῆς ἐμαυτοῦ προαιρέσεως πρᾶξαι. Ἢ ἀγνοεῖτε ὅτι
οὔτε δυναστείας οὔτε πλεονεξίας ἐπιθυμῶ; οὐδέ μοι πρόκειται πάντως τι καὶ
ἐκ παντὸς τρόπου καταπρᾶξαι, ὥστε τι ἐπὶ τούτῳ καὶ ψεύσασθαι, καὶ
θωπεῦσαι καὶ κολακεῦσαί τινας; παύσασθε μὲν δὴ διὰ ταῦτα τῆς στρατείας, ὦ,
τί ἂν ὑμᾶς ὀνομάσαιμι; οὐ μέντοι ὡς καὶ αὐτοὶ καὶ βούλεσθε καὶ φατέ, ἀλλ' ὡς
τῷ κοινῷ καὶ ἐμοὶ συμφέρει. » Ταῦτ' εἰπὼν, ἐκλήρωσεν αὐτοὺς ἐπὶ θανάτῳ· καὶ
τοὺς μὲν θρασυτάτους ( οὗτοι γὰρ ἐκ παρασκευῆς ἔλαχον) ἐδικαίωσε, τοὺς δ'
ἄλλους, ὡς οὐδέν σφων δεόμενος, διῆκε· καὶ ἐκεῖνοι μὲν, μετα νοήσαντες ἐφ'
οἷς ἔπραξαν, ἀναστρατεύεσθαι ἔμελλον.
| [41,35] « Parmi les rebelles aucun ne m'a menacé de la mort : à l'instant même vous
l'auriez tous égorgé, je le sais ; mais ils refusent de continuer la guerre, sous
prétexte qu'ils sont épuisés de fatigue, et ils mettent bas les armes, sous prétexte
qu'ils n'ont plus la force de les porter. Si je ne les congédie pas volontairement, ils
déserteront leur poste pour passer sous les drapeaux de Pompée : quelques-uns
du moins laissent voir cette intention. Mais qui ne voudrait pas être délivré de tels
hommes ? Qui ne souhaiterait pas à Pompée des soldats mécontents de ce qu'on
leur donne, indociles aux ordres qu'ils reçoivent, se disant vieux à la force de l'âge,
faibles quand ils sont pleins de vigueur, se croyant faits pour commander à leurs
chefs et leur imposer le joug ? Quant à moi, j'aimerais mieux mille fois me
réconcilier avec Pompée, n'importe à quelles conditions, et me soumettre à tout,
plutôt que de rien faire qui soit indigne de mes principes et de la grandeur d'âme
de mes ancêtres. Ignorez-vous que je n'aspire ni à la domination ni à l'opulence,
que je ne poursuis pas un but à tout prix ; fallût-il même recourir au mensonge, aux
caresses, à la flatterie pour l'atteindre ? Abandonnez donc mes drapeaux, vous
que je ne sais comment appeler : ce ne sera pourtant pas comme vous le voulez et
comme vous l'annoncez ; mais comme il est utile pour la République et pour moi. »
Après ce discours, César tira au sort le nom de ceux qui devaient être punis de
mort et il infligea cette peine aux plus mutins ; car il avait tout arrangé pour qu'ils
fussent désignés par le sort. Quant aux autres, il les congédia sous prétexte qu'il
n'avait pas besoin d'eux ; mais ils témoignèrent du repentir et servirent plus tard
sous ses ordres.
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