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[41,20] Ἐπεπόμφει μὲν γὰρ ἐς αὐτὴν Γάιον Φάβιον· δείσας δὲ μὴ καθ' ἑαυτὸν
ἀγωνισάμενος πταίσῃ, καὶ αὐτὸς ἐστράτευσεν. Εἶχον δὲ τότε τὰ πράγματα τὰ
περὶ τὸν Ἴβηρα ὅ τε Ἀφράνιος καὶ ὁ Πετρέιος. Καὶ φυλακὴν μὲν καὶ τῆς
ὑπερβολῆς τῶν ὀρῶν ἐπε ποίηντο, τὸ δ' ὅλον ἐς Ἰλέρδαν τὰς δυνάμεις
ἀθροίσαντες, ἐνταῦθα τοὺς ἐπιόντας ὑπέμενον. Καὶ τῷ μὲν Φαβίῳ τήν τε ἐπὶ
τοῦ Πυρηναίου φρουρὰν {ἐκποδὼν} ποιησαμένῳ, καὶ τὸν ποταμὸν τὸν Σίκοριν
διαβαίνοντι προσπεσόντες ἐξαίφνης, πολλοὺς ἀπέκτειναν ἀποληφθέντας. Ἡ
γὰρ γέφυρα πρὶν διελθεῖν αὐτοὺς καταρραγεῖσα, πλεῖστόν σφισι συνήρατο. Τῷ
δὲ δὴ Καίσαρι ἐπελθόντι τε οὐ πολλῷ ὕστερον, καὶ τὸν ποταμὸν καθ' ἑτέραν
γέφυραν διαβάντι, προκαλουμένῳ τε αὐτοὺς ἐς μάχην, οὐκ ἐτόλμησαν ἐπὶ
πάνυ πολλὰς ἡμέρας συμβαλεῖν, ἀλλ' ἀντιστρατοπεδευσάμενοι αὐτῷ
ἡσύχαζον. Θαρσήσας οὖν ἐκ τούτου, καταλαβεῖν τὸ χωρίον τὸ μεταξὺ τοῦ τε
ταφρεύματός σφων καὶ τῆς πόλεως, καρτερὸν ὂν, ἐπεχείρησεν, ὡς καὶ τῶν
τειχῶν αὐτοὺς ἀποκλείσων. Αἰσθόμενοι δὲ τοῦτο οἱ περὶ τὸν Ἀφράνιον
προκατέσχον αὐτό, καὶ τούς τε προσβάλλοντάς σφισιν ἀπεώσαντο, καὶ
φεύγουσιν αὐτοῖς ἐπισπόμενοι, τοὺς ἀντεπεξελθόντας ἐκ τοῦ ἐρύματος
ὑπέστησαν· ἐνδόντες τε ἐξεπίτηδες, ὑπήγαγόν σφας ἐς χωρία ἑαυτοῖς
ἐπιτήδεια, κἀνταῦθα πολλῷ πλείους ἐφόνευσαν. Κἀκ τούτων ἐπιθαρσήσαντες,
τοῖς τε προνομεύουσιν αὐτῶν ἐπετίθεντο καὶ τοὺς ἀποσκεδαννυμένους
ἐλύπουν. Καί ποτε διαβάντων τινῶν ἐς τὰ ἐπέκεινα τοῦ ποταμοῦ, κἀν τούτῳ
χειμῶνός τε πολλοῦ γενομένου, καὶ τῆς γεφύρας ᾗ ἐκέχρηντο, διαφθαρείσης,
ἐπιδιέβησαν κατὰ τὴν ἑτέραν γέφυραν τὴν πρὸς τῇ πόλει οὖσαν· καὶ πάντας
αὐτοὺς ἀνάλωσαν, μηδενός σφισιν ἐπαμῦναι δυνηθέντος.
| [41,20] II y avait envoyé C. Fabius ; mais, craignant qu'il ne reçût quelque échec s'il
soutenait seul la lutte, César s'y rendit en personne. L'Espagne était gouvernée
alors par Afranius et Pétréius, qui avaient chargé un corps de troupes de défendre
le passage des montagnes, et rassemblé le gros de leur armée à llerda, où ils
attendaient les ennemis de pied ferme. Ils tombèrent à l'improviste sur Fabius, qui,
après avoir forcé les troupes préposées à la garde des Pyrénées, traversait le
Sicoris, et massacrèrent un grand nombre de ses soldats abandonnés par leurs
compagnons ; car le pont s'était rompu avant qu'ils l'eussent franchi. Cet accident
servit puissamment Afranius et Pétréius. César arriva bientôt après : il passa le
fleuve sur un autre pont, et les provoqua au combat. Pendant plusieurs jours, ils
n'osèrent pas en venir aux mains avec lui, placèrent leur camp en face du sien et
se tinrent tranquilles. Cette attitude lui inspira une telle confiance qu'il tenta de
s'emparer d'une position très forte, qui se trouvait entre leurs retranchements et
Ilerda, espérant les empêcher de rentrer dans la ville. Afranius, qui avait deviné
ses vues, occupa d'avance cette position, repoussa ceux qui l'attaquaient et les mit
en fuite. Pendant qu'il les poursuivait, il eut à soutenir le choc de ceux qui sortirent
de leur camp pour fondre sur lui ; puis, cédant à dessein, il les attira dans un lieu
qui lui était favorable et en tua un plus grand nombre que précédemment. Enhardi
par ce succès, il tomba sur les fourrageurs de l'armée ennemie, et fit beaucoup de
mal à ceux qui étaient dispersés dans la campagne. Quelques soldats de César
avaient traversé le fleuve, et le pont sur lequel ils l'avaient passé avait été détruit
par un violent orage. Afranius franchit le fleuve sur un autre pont voisin de la ville,
et, comme personne ne pouvait les secourir, il les massacra tous.
| [41,21] Ὁ οὖν Καῖσαρ, ὡς ταῦτ' ἐγίγνετο, καὶ οὔτε τῶν συμμάχων τις ἐπεκούρει οἱ
(ἐκδεχόμενοι γὰρ αὐτοὺς οἱ ἐναντίοι, ὡς ἑκάστους αἴσθοιντο προσιόντας
ἀπήλαυνον) τά τ' ἐπιτήδεια, ἅτε ἔν τε ἀλλοτρίᾳ ὢν καὶ πταίων, χαλεπῶς
ἐπορίζετο, ἐν παντὶ ἐγένετο. Πυνθανόμενοι δὲ ταῦθ' οἱ ἐν οἴκῳ Ῥωμαῖοι
ἐκείνου τε, ὡς οὐκέτι πλείω χρόνον περιοίσοντος, ἀπέγνωσαν, καὶ πρὸς τὸν
Πομπήιον ἀπέκλινον· καί τινες καὶ τότε πρὸς αὐτὸν ἄλλοι τε καὶ βουλευταὶ
ἀπῆραν. Καὶ εἴγε μὴ οἱ Μασσαλιῶται ἐν τούτῳ ναυμαχίᾳ πρὸς τοῦ Βρούτου τῷ
τε μεγέθει τῶν νεῶν αὐτοῦ καὶ τῇ ῥώμῃ τῶν ἐπιβατῶν, καίπερ καὶ τῷ Δομιτίῳ
συμμάχῳ χρώμενοι, καὶ τῇ ἐμπειρίᾳ τῶν ναυτικῶν προέχοντες, ἡττήθησαν,
κἀκ τούτου παντελῶς ἀπεκλείσθησαν· οὐδὲν ἂν ἐκώλυσε πάντα τὰ πράγματα
αὐτοῦ φθαρῆναι. Νῦν δὲ ἐπὶ τὸ μεῖζον ἐκ παρασκευῆς τοῖς Ἴβηρσιν
ἀγγελθέντα ταῦτα, οὕτως ἠλλοίωσέ τινας αὐτῶν, ὥστε καὶ τὰ τοῦ Καίσαρος
φρονῆσαι. Καὶ αὐτοὺς παραλαβὼν, τῆς τε τροφῆς ηὐπόρησε καὶ γεφύρας
κατεσκεύασε, τούς τε ἐναντίους ἐλύπει, καί ποτε συχνοὺς αὐτῶν αἰφνίδιον ἐν
τῇ χώρᾳ πλανωμένους ἀπολαβὼν ἀπώλεσεν.
| [41,21] Ces événements réduisaient César aux dernières extrémités : il ne recevait
aucun secours de ses alliés ; car l'ennemi les observait, et interceptait leur marche
aussitôt qu'ils se rapprochaient de lui, et il manquait de vivres, par suite de ses
revers sur une terre étrangère. Lorsque sa situation fut connue à Rome, les uns,
désespérant de sa fortune et Pensant qu'il ne se soutiendrait pas longtemps,
penchèrent du côté de Pompée ; d'autres, appartenant aux diverses classes de
citoyens et même, au sénat, se rendirent aussi auprès de lui. Si les Marseillais,
secourus par Domitius, et d'ailleurs plus habiles marins que les Romains, n'avaient
pas été vaincus en ce moment dans un combat naval par Brutus, qui dut cet
avantage à la grandeur de ses vaisseaux et à la force de ses soldats ; s'ils
n'avaient pas été renfermés dans leurs murs, à la suite de cette défaite, rien
n'aurait arrêté la ruine de César. La nouvelle de cette victoire, exagérée à dessein,
opéra un tel changement parmi les Espagnols que plusieurs se déclarèrent pour
lui. A peine eurent-ils embrassé sa cause qu'il trouva des vivres en abondance,
construisit des ponts, tomba inopinément sur, ses adversaires dispersés dans la
campagne, et en fit un grand carnage.
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