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[40,8] Κινδυνευόντων οὖν αὐτῶν ἁλῶναι· (οὔτε γὰρ τὰ
τραύματα θεραπεύειν ἀπορίᾳ τῶν ἐπιτηδείων ἐδύναντο,
οὔτε τὴν τροφὴν ἀφθόνως, ἅτε ἐν ἀδοκήτῳ πολιορκίᾳ,
εἶχον· οὐδ' ἐπήμυνέ τις αὐτοῖς, καίτοι πολλῶν οὐκ
ἄπωθεν χειμαζόντων. Οἱ γὰρ βάρβαροι, τὰς ὁδοὺς
ἀκριβῶς φυλάσσοντες, πάντας τοὺς ἐκπεμπομένους
σφῶν συνελάμβανον, κἀν τοῖς ὀφθαλμοῖς αὐτῶν
ἐφόνευον.) Νέρουιός τις εὐνοϊκῶς σφισιν ἐξ εὐεργεσίας
ἔχων, καὶ τότε σὺν τῷ Κικέρωνι πολιορκούμενος, δοῦλόν
τινα ἑαυτοῦ διάγγελον αὐτῷ παρέσχεν. Ἔκ τε γὰρ τῆς
σκευῆς καὶ ἐκ τῆς φωνῆς τῆς ἐπιχωρίας ἠδυνήθη λαθεῖν
συγγενόμενος τοῖς πολεμίοις, ὡς καὶ ἐξ αὐτῶν ὢν, καὶ
μετὰ τοῦτο ἀποχωρήσας.
| [40,8] Ils couraient risque de tomber au pouvoir des ennemis ; car ils
n'avaient rien de ce qui était nécessaire pour guérir leurs blessures, et
ils manquaient de vivres, parce qu'ils avaient été bloqués à
l'improviste. Enfin aucun des leurs ne leur venait en aide, quoique les
quartiers d'hiver d'une grande partie de notre armée fussent peu
éloignés : les barbares, qui bardaient les routes avec soin, arrêtaient et
massacraient sous les yeux des Romains tous ceux qu'on envoyait
pour les secourir. Un Nervien, qui nous était dévoué par
reconnaissance et qui se trouvait cerné alors avec Cicéron, lui offrit
pour émissaire un de ses esclaves. Habillé en Gaulois, parlant la
langue de ce peuple, cet esclave put, sans être reconnu, se glisser au
milieu des ennemis, comme un des leurs, et s'éloigner ensuite.
| [40,9] Μαθὼν οὖν ὁ Καῖσαρ τὸ γιγνόμενον, (οὐδέπω δὲ ἐς τὴν
Ἰταλίαν ἀπεληλύθει, ἀλλ' ἔτ' ἐν ὁδῷ ἦν) ἀνέστρεψε, καὶ
τοὺς ἐν τοῖς χειμαδίοις δι' ὧν διῄει, στρατιώτας
παραλαμβάνων, ἠπείγετο. Κἀν τούτῳ φοβηθεὶς, μὴ καὶ
φθάσῃ ὁ Κικέρων, ἀπογνώσει τῆς βοηθείας, δεινόν τι
παθὼν ἢ καὶ συνθέμενος, προέπεμψεν ἱππέα. Τῷ μὲν γὰρ
οἰκέτῃ τῷ τοῦ Νερουίου, καίτοι πεῖραν ἔργῳ τῆς εὐνοίας
αὐτοῦ λαβών, οὐκ ἐπίστευσε, μὴ καὶ τοὺς πατριώτας
ἐλεήσας, μέγα τι κακόν σφας ἐξεργάσηται·
ἐκ δὲ δὴ τῶν συμμάχων ἱππέα, τήν τε διάλεκτον αὐτῶν εἰδότα,
καὶ τῇ στολῇ τῇ ἐκείνων σκευασθέντα, ἔπεμψε. Καὶ ὅπως γε μηδ'
αὐτός τι μήτ' οὖν ἐθελοντὴς μήτ' ἄκων ἐξείπῃ, οὔτε τι
αὐτῷ ἐξελάλησε, καὶ τῷ Κικέρωνι πάνθ' ὅσα ἠβουλήθη,
ἑλληνιστὶ ἐπέστειλεν· ἵνα ἂν καὶ τὰ γράμματα ἁλῷ, ἀλλ'
ἀσύνετά γε καὶ τότε τοῖς βαρβάροις ὄντα, μηδέν σφας
ἐκδιδάξῃ. Εἰώθει δὲ καὶ ἄλλως, ὁπότε τι δι' ἀπορρήτων
τινὶ ἐπέστελλε, τὸ τέταρτον ἀεὶ στοιχεῖον ἀντὶ τοῦ
καθήκοντος ἀντεγγράφειν, ὅπως ἂν ἄγνωστα τοῖς
πολλοῖς ᾖ τὰ γραφόμενα. Ὁ δ' οὖν ἱππεὺς ἦλθε μὲν πρὸς
τὸ τῶν Ῥωμαίων στρατόπεδον· μὴ δυνηθεὶς δ' ἐγγύθεν
αὐτῷ προσμῖξαι, συνέδησε τὰ γράμματα ἀκοντίῳ, καὶ
ὤσας αὐτὸ ἐς τοὺς πολεμίους, πρὸς πύργον ἐξεπίτηδες
προσέπηξε. Καὶ ὁ μὲν Κικέρων οὕτω τὴν πρόσοδον τοῦ
Καίσαρος μαθὼν, ἀνεθάρσησε, καὶ προ θυμότερον
διεκαρτέρησεν.
| [40,9] A la nouvelle de ce qui venait de se passer, César, qui était en route
et n'avait pas encore atteint l'Italie, rebroussa chemin à marches
forcées et prit tous les soldats qu'il trouva dans les quartiers d'hiver
placés sur son passage ; mais de peur que Cicéron, désespérant de
recevoir des secours, ne traitât ou ne succombât avant son arrivée, il
lui envoya un cavalier. Malgré les preuves de dévouement données
par l'esclave du Nervien, César ne se fiait pas à lui : il craignait que,
par sympathie pour les siens, cet esclave ne causât quelque grand
malheur aux Romains.
Il envoya donc un cavalier pris parmi les alliés,
sachant la langue des Gaulois, vêtu comme eux, et, pour qu'il ne pût
rien révéler ni volontairement ni contre son gré, il ne lui fit aucune
confidence verbale et écrivit en grec tout ce qu'il voulait faire savoir à
Cicéron. De cette manière, sa lettre, vînt-elle à tomber entre les mains
des barbares qui ne savaient pas encore le grec, ne leur apprendrait
rien. Il avait d'ailleurs l'habitude, quand il communiquait un secret par
écrit, de remplacer toujours la lettre qu'il aurait dû mettre la première
par celle qui, dans l'ordre alphabétique, vient la quatrième après elle,
afin que ce qu'il écrivait ne pût être compris par le premier venu. Ce
cavalier se dirigea vers le camp des Romains et n'ayant pu en
approcher, il attacha la lettre à un javelot qu'il lança, comme s'il eût
visé les ennemis, mais avec l'intention de l'enfoncer dans les flancs
d'une tour. Cicéron, ainsi informé de la prochaine arrivée de César,
reprit courage et tint ferme avec plus d'ardeur.
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