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[40,60] Ὁ οὖν Καῖσαρ, μήτ' ἄλλως ὑπομένων ἔκ τε τηλικαύτης
καὶ ἐκ χρονίου ἡγεμονίας ἰδιωτεῦσαι, καὶ φοβηθεὶς μὴ καὶ
ἐπὶ τοῖς ἐχθροῖς γένηται, παρεσκευάζετο ὡς καὶ ἀκόντων
αὐτῶν ἐν τῇ ἀρχῇ ἐμμενῶν· καὶ στρατιώτας
προσκατελέγετο, καὶ χρήματα ἤθροιζεν, ὅπλα τε ἐποίει,
καὶ καθ' ἡδονὴν πᾶσιν ἡγεῖτο. Κἀν τούτῳ καὶ τὰ οἴκοι
τρόπον τινά, τοῦ μὴ πάντῃ βίᾳ, ἀλλὰ καὶ πειθοῖ πράττειν
δοκεῖν, προδιοικήσασθαι ἐθελήσας, ἔγνω συναλλαγῆναι
τῷ Κουρίωνι. Τοῦ τε γὰρ τῶν Κουριώνων γένους ἦν, καὶ
τὴν γνώμην ὀξύς, εἰπεῖν τε δεινός, τῷ τε πλήθει
πιθανώτατος, καὶ χρημάτων ἐς πάντα ἁπλῶς, ἐξ ὧν ἢ
αὐτός τι πλεονεκτήσειν, ἢ καὶ ἑτέρῳ διαπράξειν ἤλπιζεν,
ἀφειδέστατος. Καὶ αὐτὸν πολλὰ μὲν ἐπελπίσας, πάντων
δὲ τῶν ὀφειλημάτων, συχνῶν διὰ τὸ πολλὰ δαπανᾶσθαι,
ὄντων, ἀπαλλάξας, ἀνηρτήσατο. Πρὸς γὰρ τὴν παροῦσαν
ὧν ἔπραττε σπουδὴν οὔτε γὰρ ἀργυρίου, ἅτε καὶ ἐξ αὐτῶν
ἐκείνων ἀργυρολογῶν, ἐφείδετο, καὶ προσυπισχνεῖτό τισι
παμπληθῆ, ὧν οὐδὲ πολλοστὸν μέρος δώσειν ἔμελλε. Καὶ
οὐ μόνον γε τοὺς ἐλευθέρους, ἀλλὰ καὶ τοὺς δούλους,
τούς τι καὶ ὁπωσοῦν παρὰ τοῖς δεσπόταις σφῶν
δυναμένους, ἐθεράπευσε· καὶ συχνοὶ αὐτῷ καὶ ἐκ τούτου
καὶ τῶν ἱππέων καὶ τῶν βουλευτῶν ὑπῆρξαν.
| [40,60] César ne pouvait se résigner à quitter pour la vie privée un pouvoir
si grand et qu'il avait exercé longtemps : il craignait d'ailleurs d'être à la
merci de ses ennemis. Il se disposa donc à garder le commandement
malgré eux, leva des soldats, amassa des fonds, prépara des armes et
rendit son autorité agréable à tous. De plus, voulant paraître, même à
Rome, s'appuyer jusqu'à un certain point sur la persuasion et non pas
sur la violence seule, il résolut de se réconcilier avec Curion, qui était
de la famille des Caton, homme d'un esprit pénétrant, d'une rare
éloquence, très influent sur la multitude, prodigue d'argent, lorsque, par
ses largesses, il comptait obtenir quelque avantage pour lui-même, ou
être utile à un autre. César le gagna par de séduisantes espérances et
en payant toutes ses dettes, devenues très considérables par ses
excessives dépenses ; car César ne regardait pas à l'argent pour
réussir dans le moment, persuadé que le succés lui procurerait le
moyen de s'enrichir : souvent même il promettait de fortes sommes,
sans avoir l'intention d'en donner la plus petite partie, et cherchait à se
concilier non seulement les hommes libres, mais encore les esclaves
qui avaient quelque ascendant sur leurs maîtres. C'est ainsi qu'il gagna
un grand nombre de chevaliers et de sénateurs.
| [40,61] Ὁ δ' οὖν Κουρίων ἐφρόνησε μὲν τὰ τοῦ Καίσαρος, οὐ
μέντοι καὶ παραχρῆμα φανερῶς αὐτὰ πράττειν ἤρξατο.
Πρόφασίν τε γὰρ εὐπρεπῆ, τοῦ μὴ καὶ ἑκὼν, ἀλλὰ
ἀναγκασθεὶς δὴ μεθεστηκέναι δόξαι, ἐζήτει· καὶ ἐνόμισεν,
ὅσῳ ἂν ἐπὶ πλεῖον τοῖς ἐχθροῖς αὐτοῦ, ὡς καὶ φίλος σφῶν,
συγγένηται, καὶ πλείω καὶ μείζω τῶν ἀπορρήτων αὐτῶν
μαθήσεσθαι. Δι' οὖν ταῦτα ἐπὶ μακρότατόν τε
ἐπεκρύψατο· καὶ ὅπως μηδένα τρόπον ὑποπτευθῇ
μεταβεβλῆσθαί τε, καὶ οὐκ ἀνὰ πρώτους καὶ πάντα τὰ
ἐναντία τῷ Καίσαρι καὶ τότε ἔτι καὶ φρονεῖν καὶ λέγειν,
καὶ ἐδημηγόρει κατ' αὐτοῦ, ἀφ' οὗ γε καὶ δημαρχεῖν
ἤρξατο, καὶ ἐσηγεῖτο πολλὰ καὶ ἄτοπα. Καί τινα καὶ ἐπὶ
τῇ βουλῇ, τοῖς τε δυνατωτάτοις σφῶν, οἵπερ που καὶ τὰ
τοῦ Πομπηίου μάλιστ' ἔπραττον, ἔγραφεν. Οὐχ ὅτι καὶ
ἤθελεν, ἢ καὶ ἤλπιζέ τι αὐτῶν γνωσθήσεσθαι, ἀλλ' ἵνα μὴ
προσδεχομένων, μήτε κατὰ τοῦ Καίσαρός τι ψηφισθείη
(πολλὰ γὰρ ἐπ' αὐτῷ ὑπὸ πολλῶν ἐγράφετο) καὶ αὐτὸς
ἐπὶ τῇ προφάσει ταύτῃ μετασταίη.
| [40,61] Curion embrassa sa cause ; mais ce ne fut pas ouvertement tout
d'abord. Il attendit un prétexte plausible pour paraître prendre ce parti
par nécessité, et non de son gré : il pensait d'ailleurs que plus il
resterait, comme ami, au milieu des ennemis de César, mieux il
connaîtrait leurs secrets les plus importants. Il dissimula donc fort
longtemps, et, pour qu'on ne le soupçonnât pas d'avoir changé et de
ne plus être à la tête de ceux dont. les sentiments et les discours
étaient alors encore opposés à César, il parla contre lui, dès le
commencement de son tribunat, et fit les propositions les plus
étranges. Il en présenta aussi quelques autres contre le sénat et contre
ses membres les plus influents et les plus dévoués à Pompée. Il ne
désirait pas qu'elles fussent adoptées, et il ne l'espérait pas : son but
était seulement qu'après leur rejet aucune autre ne put être acceptée
contre César (il en était fait un grand nombre), et il comptait profiter de
cette occasion pour passer de son côte.
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