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[40,54] Τά τε οὖν δικαστήρια ἡσύχως ἐκ τούτων συνήγετο· καὶ
ἐδικαιώθησαν ἐπί τε ἑτέροις τισὶ πολλοὶ, καὶ ἐπὶ τῷ τοῦ
Κλωδίου φόνῳ ἄλλοι τε καὶ ὁ Μίλων, καίτοι τὸν Κικέρωνα
συναγωνιστὴν ἔχων. Ὁ γὰρ ῥήτωρ ἐκεῖνος, τόν τε
Πομπήιον καὶ τοὺς στρατιώτας ἐν τῷ δικαστηρίῳ παρὰ τὸ
καθεστηκὸς ἰδὼν, ἐξεπλάγη καὶ κατέδεισεν· ὥστε τῶν μὲν
παρεσκευασμένων μηδὲν εἰπεῖν, βραχὺ δέ τι καὶ τεθνηκὸς
χαλεπῶς φθεγξάμενος, ἀγαπητῶς μεταστῆναι. Τοῦτον
γὰρ τὸν λόγον τὸν νῦν φερόμενον, ὡς καὶ ὑπὲρ τοῦ
Μίλωνος τότε λεχθέντα, χρόνῳ ποθ' ὕστερον καὶ κατὰ
σχολὴν ἀναθαρσήσας ἔγραψε. Καὶ δὴ καὶ τοιόνδε τι περὶ
αὐτοῦ παραδέδοται. Ὁ Μίλων τῷ λόγῳ πεμφθέντι οἱ ὑπ'
αὐτοῦ ἐντυχών (ἐπεφυγάδευτο γάρ) ἀντεπέστειλε, λέγων
ὅτι ἐν τύχῃ αὐτῷ ἐγένετο τὸ μὴ ταῦθ' οὕτω καὶ ἐν τῷ
δικαστηρίῳ λεχθῆναι. Οὐ γὰρ ἂν τοιαύτας ἐν τῇ
Μασσαλίᾳ (ἐν ᾗ κατὰ τὴν φυγὴν ἦν) τρίγλας ἐσθίειν,
εἴπερ τι τοιοῦτον ἀπελε λόγητο. Τοῦτο δὲ ἔγραψεν οὐχ ὅτι
τοῖς παροῦσιν ἠρέσκετο (πολλὰ γὰρ ἐπὶ τῇ καθόδῳ
ἐπετόλμησεν)· ἀλλ' ἐς τὸν Κικέρωνα ἀποσκώπτων, ὅτι
μηδὲν χρηστὸν ἐν τῷ τῆς ἀπολογίας καιρῷ εἰπὼν, ἔπειτα
ἀκάρπους λόγους καὶ ἐμελέτα καὶ ἔπεμπεν αὐτῷ, ὥσπερ
τι ὠφελῆσαι τότε αὐτὸν δυναμένους.
| [40,54] Les juges purent donc siéger paisiblement, et plusieurs citoyens
furent condamnés pour divers crimes. Milon et d'autres le furent pour le
meurtre de Clodius, quoiqu'il eût Cicéron pour défenseur. A la vue de
Pompée et des soldats qui occupaient le tribunal contre l'usage ; cet
orateur se troubla et fut saisi de crainte, au point de ne pouvoir
prononcer un mot du discours qu'il avait préparé. A peine fit-il entendre
quelques paroles sans vie et se hâta de finir. Quant à la harangue que
nous avons aujourd'hui et qui passe pour avoir été prononcée alors
pour Milon, Cicéron la composa plus tard et à loisir, quand il eut
recueilli ses esprits. On rapporte même que Milon, ayant lu ce discours
qui lui avait été envoyé par Cicéron lorsqu'il était en exil, lui répondit :
"Heureusement pour moi, cette harangue n'a pas été prononcée
devant mes juges; car je ne mangerais pas de si beaux rougets à
Marseille" (c'est là qu'il s'était retiré), si vous m'aviez défendu avec tant
d'éloquence. Il s'exprimait ainsi, non qu'il fût content de sa position,
puisqu'il fit souvent d'audacieuses tentatives pour rentrer dans sa
patrie ; mais il se moquait de Cicéron qui, n'ayant pas su trouver une
parole efficace pour le défendre dans le moment critique, composait
avec soin des discours sans objet et les lui envoyait, comme s'ils
pouvaient lui être alors de quelque utilité.
| [40,55] Ὅ τε οὖν Μίλων οὕτως ἑάλω, καὶ ὁ Ῥοῦφος ὅ τε
Πλάγκος, ἐπειδὴ πρῶτον ἐκ τῆς ἀρχῆς ἐξῆλθον, ἄλλοι τε
σὺν αὐτοῖς συχνοὶ, διὰ τὴν τοῦ βουλευτηρίου ἔμπρησιν·
καίτοι τῷ Πλάγκῳ καὶ τοῦ Πομπηίου συσπουδάσαντος,
ὥστε καὶ βιβλίον, ἔπαινόν τε ἅμα αὐτοῦ καὶ ἱκετείαν ἔχον,
ἐς τὸ δικαστήριον ἔπεμψεν. Ὁ γὰρ Κάτων ὁ Μᾶρκος
(δικάζειν δὲ ἔμελλεν) οὐκ ἔφη τὸν ἐπαινέτην ἐπὶ τῇ τῶν
ἑαυτοῦ νόμων καταλύσει προσίεσθαι. Καὶ ὁ μὲν οὐκέτι
τὴν ψῆφον ἔδωκεν· ὁ γὰρ Πλάγκος, ὡς καὶ τὴν
καθαιρήσουσαν αὐτὸν οἴσοντα, ἐξέκρινεν· (ἐξῆν γάρ, ἐκ
τῶν Πομπηίων νόμων, πέντε ἑκατέρῳ τῶν διαδικούντων,
ἐκ τῶν δικάσειν σφίσι μελλόντων ἀπολέγειν·) οἱ μέντοι
ἄλλοι δικασταὶ κατεψηφίσαντο αὐτοῦ. Οὔτε γὰρ ἄλλως
ὀρθῶς ἔχειν ἔδοξέ σφισι, τοῦ Ῥούφου κατεγνωκόσιν,
ἐκεῖνον ἐπὶ τοῖς αὐ τοῖς κρινόμενον ἀφεῖναι· καὶ ἐπειδὴ
τὸν Πομπήιον συναιρόμενόν οἱ εἶδον, ἀντεσπούδασαν
αὐτῷ· μὴ καὶ δοῦλοί τινες ἄντικρυς αὐτοῦ μᾶλλον ἢ
δικασταὶ νομισθῶσιν εἶναι. Καίπερ καὶ τότε ὁ Κικέρων
οὐδὲν βέλτιον τοῦ Πλάγκου κατηγόρησεν, ἢ ὑπὲρ τοῦ
Μίλωνος ἀπελογήσατο. Ἥ τε γὰρ τοῦ δικαστηρίου ὄψις ἡ
αὐτὴ ἦν, καὶ ὁ Πομπήιος ἐν ἑκατέρῳ τἀναντία οἱ καὶ
ἐβουλεύετο καὶ ἔπραττεν· ὅθεν οὐχ ἥκιστα αὖθις αὐτῷ
προσέκρουσε.
| [40,55] Milon fut donc condamné. Rufus et Plancus le furent, à la fin de
leur magistrature, et beaucoup d'autres avec eux, pour l'incendie du
palais du sénat. En vain Pompée poussa-t-il le dévouement pour
Plancus jusqu'à adresser aux juges un mémoire qui contenait son
éloge et une supplique en sa faveur : Marcus Caton, qui devait
connaître de cette affaire, déclara qu'il n'écouterait pas un panégyriste
violant ses propres lois ; mais il ne put voter. Plancus, sachant qu'il se
prononcerait contre lui, le récusa; car, d'après les lois de Pompée,
l'accusateur et l'accusé avaient la faculté de récuser chacun cinq des
juges qui devaient statuer sur leur sort. Les autres le condamnèrent :
après le jugement qu'ils avaient rendu contre Rufus, il ne leur parut pas
juste d'absoudre Plancus, accusé du même crime; et par cela même
qu'ils voyaient Pompée agir dans son intérêt, ils luttèrent contre son
influence, pour ne pas être regardés comme ses esclaves plutôt que
comme des juges. Du reste, Cicéron ne se montra pas alors plus
habile pour accuser Plancus qu'il ne l'avait été pour défendre Milon.
L'aspect du tribunal était le même : dans les deux causes, la volonté et
les actes de Pompée lui étaient opposés, et par là il provoqua de
nouveau son mécontentement au plus haut degré.
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