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[40,26] Γνοὺς δὲ τοῦτο ὁ Σουρήνας, καὶ φοβηθεὶς μὴ
μεταστάντες ποι αὖθίς σφισι προσπολεμῶσι, προσβαλεῖν
μὲν πρὸς τὰ μετέωρα ἄφιππα ὄντα οὐκ ἠθέλησεν·
(ὁπλῖταί τε γὰρ ὄντες καὶ ἐξ ὑπερδεξίων μαχόμενοι, καί τι
καὶ δι' ἀπονοίας ὑπ' ἀπογνώσεως ἔχοντες, οὐ ῥᾴδιοι
προσμῖξαί οἱ ἐγένοντο·) πέμπει δὲ πρὸς αὐτοὺς, ἐς
σπονδὰς δῆθέν σφας προκαλούμενος, ἐφ' ᾧ τὴν ἐντὸς τοῦ
Εὐφράτου πᾶσαν ἐκλίπωσι. Καὶ αὐτῷ ὁ Κράσσος, οὐδὲν
ἐνδοιάσας, ἐπίστευσεν. Ἒν τε γὰρ ἀκμῇ τοῦ δέους ὢν, καὶ
ὑπ' ἐκπλήξεως τῆς τε ἰδίας ἅμα καὶ τῆς δημοσίας
συμφορᾶς τεθολωμένος, καὶ προσέτι καὶ τοὺς
στρατιώτας, τήν τε ὁδὸν, ὡς πολλὴν καὶ τραχεῖαν,
ὀκνοῦντας καὶ τὸν Ὀρώδην φοβουμένους ὁρῶν, οὐδὲν τῶν
δεόντων προϊδέσθαι ἠδυνήθη. Ἑτοίμου οὖν αὐτοῦ πρὸς
τὰς σπονδὰς γενομένου, ὁ Σουρήνας οὐκ ἠθέλησε δι'
ἑτέρων σπείσασθαι, ἀλλ' ὅπως αὐτὸν μετ' ὀλίγων
ἀπολαβὼν συλλάβῃ, αὐτῷ ἐκείνῳ ἔφη βούλεσθαι ἐς
λόγους ἐλθεῖν. Κἀκ τούτου δόξαν σφίσιν ἐν τῷ μεταιχμίῳ
μετ' ἴσων ἀνδρῶν ἑκατέρωθεν συμβαλεῖν ἀλλήλοις, ὅ τε
Κράσσος ἐς τὸ ὁμαλὸν ὑποκατέβη, καὶ ὁ Σουρήνας ἵππον
αὐτῷ δῶρον, ἵνα δὴ θᾶσσον πρὸς αὐτὸν ἀφίκηται, ἔπεμψε.
| [40,26] A cette nouvelle, le Suréna craignit qu'ils ne fissent encore la
guerre aux Parthes, s'ils parvenaient à s'échapper ; mais il ne voulut
pas les attaquer sur des hauteurs inaccessibles pour la cavalerie.
D'ailleurs les romains étaient des fantassins pesamment armés ; ils
auraient l'avantage de combattre d'un lieu élevé, et le désespoir
pouvait leur inspirer une sorte de fureur qui rendrait la lutte difficile. Il
leur fit donc demander la paix par une ambassade, à condition que tout
le pays en deçà de l'Euphrate serait évacué. Crassus ne conçut aucun
soupçon, et crut à sa sincérité : en proie à mille craintes, abattu par
son malheur et par celui de la République, voyant que ses soldats
reculaient devant une marche longue, pénible, et qu'ils avaient peur
d'Orode, il fut hors d'état de prendre les mesures que réclamaient les
circonstances, et se montra disposé à traiter. Le Suréna ne voulut pas
négocier par des intermédiaires : il exprima le désir de conférer avec
lui, dans l'espoir que Crassus viendrait avec une faible escorte et qu'il
pourrait le faire prisonnier. L'espace laissé entre les deux armées fut
choisi pour l'entrevue, et l'on convint que les deux chefs s'y rendraient
avec le même nombre d'hommes. Crassus descendit dans la plaine, et
pour qu'il arrivât plus promptement auprès de lui, le Suréna lui envoya
un cheval dont il lui fit présent.
| [40,27] Καὶ οὕτω διαμέλλοντα τὸν Κράσσον, καὶ
βουλευόμενον ὅ τι ποιήσῃ, συναρπάσαντες οἱ βάρβαροι
βίᾳ ἐπὶ τὸν ἵππον ἀνέβαλον. Κἀν τούτῳ
ἀντιλαμβανομένων αὐτοῦ τῶν Ῥωμαίων, ἔς τε χεῖράς
σφισιν ἦλθον· καὶ τέως μὲν ἰσοπαλεῖς ἐγίγνοντο, ἔπειτα
δὲ προσβοηθησάντων τινῶν αὐτοῖς, ἐπεκράτησαν· οἱ γὰρ
βάρβαροι ἔν τε τῷ πεδίῳ ὄντες καὶ προπαρεσκευασμένοι,
ἔφθησαν τοὺς ἄνω Ῥωμαίους, ἀμύναντες σφίσι. Καὶ οἵ τε
ἄλλοι ἔπεσον, καὶ ὁ Κράσσος· εἴτ' οὖν ὑπὸ τῶν σφετέρων
τινὸς, ὅπως μὴ ζωγρηθῇ, εἴτε καὶ ὑπὸ τῶν πολεμίων,
ἐπειδὴ κακῶς ἐτέτρωτο, ἐσφάγη. Καὶ ἐκείνῳ μὲν τοῦτο τὸ
τέλος ἐγένετο· καὶ αὐτοῦ χρυσὸν ἐς τὸ στόμα οἱ Πάρθοι (
ὥς γέ τινες λέγουσιν) ἐνέτηξαν, ἐπισκώπτοντες. Οὕτω
γὰρ δὴ περὶ τὰ χρήματα, καίτοι πολυχρήματος ὤν,
ἐσπουδάκει, ὥστε καὶ ὡς πένητας οἰκτείρειν τοὺς μὴ
δυναμένους στρατόπεδον ἐκ καταλόγου οἴκοθεν θρέψαι.
Τῶν δὲ δὴ στρατιωτῶν τὸ μὲν πλεῖον διὰ τῶν ὀρῶν ἐς τὴν
φιλίαν ἀπέφυγε, τὸ δέ τι καὶ ἐς τοὺς πολεμίους ἑάλω.
| [40,27] Pendant que Crassus hésitait et délibérait sur ce qu'il devait faire,
les barbares se saisirent de lui, et le placèrent de force sur ce cheval.
Ses soldats voulurent le reprendre, et une lutte s'engagea : la victoire
resta quelque temps incertaine. Enfin elle se déclara pour les
barbares, soutenus par des renforts qui, se trouvant dans la plaine et
tout préparés pour ce coup de main, devancèrent les Romains placés
sur la hauteur. Là périrent une partie de notre armée et Crassus lui-même,
soit qu'un des siens lui ait donné la mort pour qu'il ne fut pas
pris vivant, soit qu'il ait été tué par les Parthes, après avoir reçu de
graves blessures. Telle fut la fin de Crassus : les Parthes, du moins à
ce qu'on rapporte, versèrent dans sa bouche de l'or fondu, en
l'insultant par des sarcasmes ; car, malgré ses immenses richesses, il
avait une telle soif d'en amasser de nouvelles qu'il plaignait et regardait
comme pauvres ceux qui ne pouvaient, avec leurs revenus, nourrir une
légion. La plupart de nos soldats parvinrent, à travers les montagnes,
dans un pays ami ; mais une partie tomba au pouvoir des barbares.
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